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Buch lesen: «Les Mystères du Louvre», Seite 39

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CONCLUSION

Quelle était donc la femme dont le médaillon dérobé au jeune peintre rappelait les traits?

Nous sommes forcé d'un convenir, aucun indice ne nous est arrivé sur ce point. Mais Richelieu avait été jeune, très jeune, disent ses biographes; il avait eu de nombreuses amours; – comme tout le monde, peut-être, il avait conservé de ses fougueuses aventures une première impression, plus pure et plus durable que les autres.

Ce qui demeure constant, c'est qu'il favorisa l'union de Philippe de Champaigne et de la fille de maître Duchesne. C'est aussi qu'il devint, pour cet artiste, le plus ardent des protecteurs.

Il lui donna au Luxembourg le logement et les gages dont maître Duchesne avait joui; non seulement il lui fit achever son portrait, mais il exigea que ses châteaux de Bois-le-Comte et de Richelieu fussent entièrement décorés de sa main. Il voulut encore lui départir la meilleure portion dans les peintures du Palais-Royal. Il lui fit attribuer, par le roi, la décoration de la grande galerie du Louvre; mais, surchargé par tant de travaux, Philippe, toujours modeste au sein de ses plus grands succès, se laissa volontiers supplanter dans cette dernière tâche par Simon Vouet.

Sa fortune, dès lors, ne connut pas plus de limites que sa gloire.

Quant au personnage mystique de frère Jean, il avait définitivement pris son vol vers l'Allemagne, où il commença à exercer, sur une grande échelle, son rôle de novateur.

Il entraîna par son éloquence l'une des femmes les plus célèbres de cette époque, mademoiselle de Schurmann, avec laquelle Richelieu entretint une correspondance fameuse. A son tour, mademoiselle Schurmann, disciple ardente des nouvelles idées, y rallia la princesse palatine Élisabeth, qui devint pour les sectateurs du prophète une protection précieuse. Enfin, ces doctrines ont laissé de telles traces, qu'aujourd'hui encore on en retrouve les partisans dans le duché de Clèves, sous le nom de Labadistes. Ses livres nombreux et bizarres sont d'ailleurs dans les principales bibliothèques, où les curieux peuvent les consulter.

L'histoire du père Joseph n'est pas moins connue.

En dépit de ses efforts pour conserver intacte la faveur du maître, il finit par laisser percer des idées ambitieuses, qui éveillèrent la méfiance de celui-ci.

Le cardinal en vint à éprouver des velléités de jalousie à l'idée que son confident, plus jeune et plus robuste que lui, avait l'espoir de lui succéder. Leur intérêt les rendait solidaires, et lorsqu'ils en furent arrivés à se détester, il leur fallut encore vivre en société, en rapports constants.

Le châtiment de ces deux hommes commença, et comme ils avaient commis leurs attentats l'un avec l'autre, l'un par l'autre, ils devinrent l'un l'autre leurs propres persécuteurs.

Cependant, Richelieu, fidèle jusqu'au bout à sa diplomatie tortueuse, accablait en apparence son ancien favori de toutes les grâces imaginables. La seule ambition que le capucin lui eût clairement manifestée était d'obtenir le chapeau de cardinal. Richelieu ouvrit à cet effet des négociations avec le Saint-Siège.

Mais ces démonstrations extérieures n'abusaient pas un esprit aussi retors; le père Joseph sentait très bien sa disgrâce, et il en conçut un tel chagrin que la maladie le prit.

Richelieu hâta alors davantage ses démarches auprès du pape; deux ambassadeurs furent envoyés à Rome, et le chapeau tant sollicité arriva. Mais celui auquel il était destiné n'eut pas la joie de le porter. Lorsque Richelieu se présenta pour le lui remettre, le père Joseph venait de mourir; l'objet de sa brûlante convoitise ne servit qu'à orner son cercueil. On ne manqua pas de voir, dans cette circonstance, un châtiment de la Providence, qui avait voulu punir enfin l'auteur de tant d'odieux attentats contre le ciel et contre les hommes.

FIN