Buch lesen: «Une Terre De Feu »
À propos de Morgan Rice
Morgan Rice est l'auteur à succès n 1 et l'auteur à succès chez USA Today de la série d'épopées fantastiques L'ANNEAU DU SORCIER, qui compte dix-sept tomes, de la série à succès n°1 SOUVENIRS D'UNE VAMPIRE, qui compte onze tomes (pour l'instant), de la série à succès n°1 LA TRILOGIE DES RESCAPÉS, thriller post-apocalyptique qui contient deux tomes (pour l'instant) et de la nouvelle série d'épopées fantastiques ROIS ET SORCIERS. Les livres de Morgan sont disponibles en édition audio et papier, et des traductions sont disponibles en plus de 25 langues.
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Sélection de critiques pour Morgan Rice
« L’ANNEAU DU SORCIER a tous les ingrédients pour un succès immédiat : intrigue, contre-intrigue, mystère, de vaillants chevaliers, des relations s’épanouissant remplies de cœurs brisés, tromperie et trahison. Cela vous tiendra en haleine pour des heures, et conviendra à tous les âges. Recommandé pour les bibliothèques de tous les lecteurs de fantasy. »
–-Books and Movie Review, Roberto Mattos
« [Un ouvrage] de fantasy épique et distrayant. »
–-KirkusReviews
« Le début de quelque chose de remarquable ici. »
–-San Francisco Book Review
« Rempli d’action… L’écriture de Rice est respectable et la prémisse intrigante. »
–-PublishersWeekly
« [Un livre de] fantasy entrainant… Seulement le commencement de ce qui promet d’être une série pour jeunes adultes épique. »
–-Midwest Book Review
Du même auteur
ROIS ET SORCIERS
LE RÉVEIL DES DRAGONS (Tome n 1)
LE RÉVEIL DU VAILLANT (Tome n 2)
LE POIDS DE L'HONNEUR (Tome n 3)
UNE FORGE DE BRAVOURE (Tome n 4)
UN ROYAUME D'OMBRES (Tome n 5)
LA NUIT DES BRAVES (Tome n 6)
L'ANNEAU DU SORCIER
LA QUÊTE DES HÉROS (Tome 1)
LA MARCHE DES ROIS (Tome 2)
LE DESTIN DES DRAGONS (Tome 3)
UN CRI D'HONNEUR (Tome 4)
UNE PROMESSE DE GLOIRE (Tome 5)
UN PRIX DE COURAGE (Tome 6)
UN RITE D'ÉPÉES (Tome 7)
UNE CONCESSION D'ARMES (Tome 8)
UN CIEL DE SORTILÈGES (Tome 9)
UNE MER DE BOUCLIERS (Tome 10)
UN RÈGNE D'ACIER (Tome 11)
UNE TERRE DE FEU (Tome 12)
UNE LOI DE REINES (Tome 13)
UN SERMENT FRATERNEL (Tome 14)
UN RÊVE DE MORTELS (Tome 15)
UNE JOUTE DE CHEVALIERS (Tome 16)
LE DON DE BATAILLE (Tome 17)
LA TRILOGIE DES RESCAPÉS
ARÈNE UN : LA CHASSE AUX ESCLAVES (Tome 1)
DEUXIÈME ARÈNE (Tome 2)
MÉMOIRES D'UN VAMPIRE
TRANSFORMATION (Tome 1)
ADORATION (Tome 2)
TRAHISON (Tome 3)
PRÉDESTINATION (Tome 4)
DÉSIR (Tome 5)
FIANÇAILLES (Tome 6)
SERMENT (Tome 7)
TROUVÉE (Tome 8)
RENÉE (Tome 9)
ARDEMMENT DESIRÉE (Tome 10)
SOUMISE AU DESTIN (Tome 11)
Écoutez L’ANNEAU DU SORCIER en format audio !
Copyright © 2013 par Morgan Rice
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Il s'agit d'une œuvre de fiction. Les noms, les personnages, les entreprises, les organisations, les lieux, les évènements et les incidents sont le fruit de l'imagination de l'auteur ou sont utilisés dans un but fictionnel. Toute ressemblance avec des personnes réelles, vivantes ou mortes, n'est que pure coïncidence.
Image de couverture : Copyright justdd, utilisée en vertu d'une licence accordée par Shutterstock.com.
« Ainsi je tourne le dos :
Il y a un monde ailleurs. »
--William Shakespeare
CHAPITRE UN
Gwendolyn se tenait sur les rives des Isles Boréales, contemplant fixement l’océan, observant avec horreur le brouillard se lever et commencer à envelopper son enfant. Elle eut l’impression que son cœur se brisait en deux tandis qu’elle regardait Guwayne flotter de plus en plus loin, vers l’horizon, disparaissant dans les brumes. La marée l’emportait vers Dieu savait où, chaque seconde l’emmenant de plus en plus hors de sa portée.
Des larmes roulèrent sur les joues de Gwendolyn pendant qu’elle contemplait la scène, incapable de s’arracher à la vue, insensible au reste du monde. Elle perdit toute idée du temps et de l’espace, ne pouvait plus sentir son corps. Une part d’elle-même mourut alors qu’elle observait la personne qu’elle aimait le plus au monde être emportée par le courant. C’était comme si une part d’elle était aspirée vers l’océan avec lui.
Gwen se détestait pour ce qu’elle avait fait ; mais en même temps, elle savait qu’il s’agissait de la seule chose au monde qui pourrait sauver son enfant. Gwen entendit le rugissement et le grondement à l’horizon derrière elle, et elle sut que, bientôt, l’île toute entière serait consumée par les flammes – et que rien au monde ne pouvait les sauver. Ni Argon, qui était toujours impuissant ; ni Thorgrin, qui était au bout du monde, dans le Pays des Druides ; ni Alistair ou Erec, qui étaient à un autre bout du monde, dans les Îles Méridionales ; ni Kendrick ou l’Argent ou aucun des autres braves hommes qui étaient ici en ce lieu, aucun d’entre eux n’ayant les moyens d’affronter un dragon. La magie était ce dont ils avaient besoin – et c’était la seule chose dont ils étaient à court.
Ils avaient tout simplement eu de la chance de s’échapper de l’Anneau, et à présent, elle le savait, le destin les avait rattrapés. Il n’y avait plus de course, plus de dissimulation. Il était temps de faire face à la mort qui les avait poursuivis.
Gwendolyn pivota vers l’horizon, à l’opposé, et elle put voir même de là la masse noire des dragons se dirigeant dans sa direction. Elle avait peu de temps ; elle ne voulait pas mourir toute seule ici sur ces berges, mais avec les siens, les protégeant du mieux qu’elle pouvait.
Gwen se retourna pour jeter un dernier regard vers l’océan, espérant avoir un dernier aperçu de Guwayne.
Mais il n’y avait rien. Guwayne était loin d’elle maintenant, quelque part à l’horizon, déjà en route vers un monde qu’elle ne connaîtrait jamais.
S’il vous plaît, Dieu, pria Gwen. Soyez avec lui. Prenez ma vie pour la sienne. Je ferais n’importe quoi. Gardez Guwayne en sécurité. Laissez-moi le prendre à nouveau dans mes bras. Je vous en supplie. S’il vous plaît.
Gwendolyn ouvrit les yeux, espérant voir un signe, peut-être un arc-en-ciel – n’importe quoi.
Mais l’horizon était vide. Il n’y avait rien d’autre que des nuages noirs, lugubres, comme si l’univers était furieux de ce qu’elle avait fait.
Sanglotant, Gwen tourna le dos à l’océan, de ce qu’il restait de sa vie, et se mit à courir, chaque pas l’amenant plus près de sa dernière résistance, avec son peuple.
*
Gwen se tenait sur les parapets supérieurs du fort de Tirus, entourée par des douzaines des siens, parmi lesquels ses frères Kendrick et Reece et Godfrey, ses cousins Matus et Stara, Steffen, Aberthol, Srog, Brandt, Atme, et toute la Légion. Ils faisaient tous face au ciel, silencieux et sombres, sachant ce qui les attendait.
Pendant qu’ils écoutaient les rugissements distants qui faisaient trembler la terre, ils se tenaient là, impuissants, regardant Ralibar mener leur guerre pour eux, un seul dragon courageux combattant de son mieux, tenant à distance la horde de dragons ennemis. Le cœur de Gwen s’emballa tandis qu’elle regardait Ralibar se battre, si valeureux, si audacieux, un dragon contre des douzaines d’autres et pourtant sans peur. Ralibar crachait du feu sur eux, levait ses grandes serres et les entaillait, les saisissait avec force, et plongeait ses dents dans leurs gorges. Il était non seulement plus fort que les autres, mais plus rapide, aussi. Il était quelque chose à voir.
Pendant que Gwen observait, son cœur fit un bond dans un dernier sursaut d’espoir ; une partie d’elle-même osa croire que peut-être Ralibar pourrait les vaincre. Elle vit ce dernier esquiver et descendre en piqué alors que trois dragons crachaient du feu vers sa tête, le manquant de peu. Ralibar se projeta ensuite vers l’avant et plongea ses grandes serres dans le poitrail d’un des dragons, et utilisa son élan pour le pousser vers l’océan.
Plusieurs dragons crachèrent du feu sur Ralibar pendant qu’il plongeait, et Gwen regarda avec horreur Ralibar et l’autre dragon devenir une boule de feu, tombant vers l’océan. Le dragon résista, mais Ralibar employa tout son poids pour le mener dans les vagues – et rapidement ils plongèrent tous deux dans l’océan.
Un grand sifflement s’éleva, en même temps que des nuages de vapeur, et l’eau éteignit le feu. Gwen observa avec impatience, espérant qu’il allait bien – et quelques instants plus tard, Ralibar refit surface, seul. L’autre dragon apparut aussi, mais il dansait sur l’eau, flottant dans les vagues, mort.
Sans hésitation, Ralibar monta en flèche vers les douzaines d’autres dragons plongeant en piqué vers lui. Comme ils descendaient, leurs grandes gueules ouvertes, le visant, Ralibar passa à l’attaque : il tendit ses grandes serres, se pencha vers l’arrière, ouvrit les ailes, et en saisit deux, puis pivota et les entraina vers la mer.
Ralibar les maintenait sous lui, mais pendant qu’il faisait cela, une douzaine de dragons bondirent sur son dos exposé. Le groupe tout entier chuta vers l’océan, emportant Ralibar avec eux. Ralibar, aussi vaillamment qu’il se battait, était tout bonnement dépassé, et il plongea dans les eaux, s’agitant dans tous les sens, maintenu par de douzaines de dragons, poussant des hurlements furieux.
Gwen déglutit, son cœur se brisant à la vue de Ralibar se battant pour eux tous, tout seul là-bas ; elle souhaitait plus que tout pouvoir l’aider. Elle ratissa la surface de l’océan, attendant, espérant un signe quelconque de Ralibar, voulant qu’il refasse surface.
Mais à sa son horreur, il ne le fit pas.
Les autres dragons firent surface, et ils s’envolèrent tous, se regroupèrent, et jetèrent leur dévolu sur les Isles Boréales. Ils semblaient regarder droit vers Gwendolyn alors qu’ils laissaient échapper un grand rugissement et étendaient leurs ailes.
Gwen sentit son cœur se briser. Son cher ami Ralibar, leur dernier espoir, leur dernière ligne de défense, était mort.
Gwen se tourna vers ses hommes, qui se tenaient là, sous le choc. Ils savaient ce qui arrivait ensuite : une vague de destruction impossible à arrêter.
Gwen se sentait lasse ; elle ouvrit la bouche, et les mots se bloquèrent dans sa gorge.
« Sonnez les cloches », dit-elle finalement, la voix rauque. « Ordonnez à notre peuple de se mettre à l’abri. Quiconque en surface doit aller en dessous, maintenant. Dans les grottes, les caves – n’importe où mais pas ici. Donnez-leur l’ordre – maintenant ! »
« Sonnez les cloches ! » s’écria Steffen, courant vers l’extrémité du fort, criant dans la cour. Rapidement, des cloches retentirent à travers la place. Des centaines de personnes, des survivants de l’Anneau, fuyaient, se précipitant pour s’abriter, se dirigeant vers les grottes à la périphérie de la ville ou se ruant vers des caves ou des abris en sous-sol, se préparant contre l’inévitable vague de feu qui arriverait.
« Ma Reine », dit Srog, se tournant vers elle, « peut-être pouvons-nous trouver refuge dans ce fort. Après tout, il est fait de pierre. »
Gwen secoua la tête, en connaissance de cause.
« Tu ne comprends pas le courroux des dragons », dit-elle. « Rien en surface ne sera sûr. Rien. »
« Mais ma dame, peut-être serons-nous plus en sécurité dans ce fort », pressa-t-il. « Il a tenu face au épreuves du temps. Ces murs de pierre sont épais de trente centimètres. Ne préfèreriez-vous pas être là plutôt que sous terre ? »
Gwen secoua la tête. Il y eut un rugissement, elle regarda vers l’horizon et put voir les dragons approcher. Son cœur se brisa quand elle vit, au loin, les dragons déverser un mur de flammes sur sa flotte qui se trouvait dans le port sud. Elle regarda ses précieux navires, sa planche de salut pour quitter cette île, de magnifiques bateaux qui avaient nécessités des décennies de construction, étaient réduits à rien d’autre que du petit bois. Elle se sentit heureuse d’avoir anticipé cela, et d’avoir dissimulé quelques embarcations de l’autre côté de l’île. Si jamais ils survivaient pour les utiliser.
« Il n’y a pas de temps pour discuter. Nous allons tous quitter cet endroit immédiatement. Suivez-moi. »
Ils suivirent Gwen tandis qu’elle se hâtait loin des toits et dans les escaliers en spirales, les descendant aussi vite qu’elle le pouvait ; en chemin, Gwen tendit instinctivement le bras pour étreindre Guwayne – puis son cœur se brisa encore une fois quand elle réalisa qu’il était parti. Elle sentit une part d’elle-même lui manquer tandis qu’elle dévalait les marches, entendant les bruits de pas derrière elle, en sautant deux à la fois, tous se précipitant pour se mettre à l’abri. Gwen pouvait entendre les rugissements distants des dragons se rapprochant, faisant déjà trembler les lieux, et elle pria seulement pour que Guwayne soit en sécurité.
Gwen sortit en trombes du château et courut à travers la cour avec les autres, tous se hâtant vers l’entrée des donjons, depuis longtemps vides de prisonniers. Plusieurs de ses soldats attendaient devant les portes d’acier, s’ouvrant sur des marches menant dans le sol, et avant qu’ils entrent, Gwen s’arrêta et se tourna vers son peuple.
Elle vit plusieurs personnes courir encore dans la cour, hurlant de peur, hébétés, incertains d’où aller.
« Venez ici ! » appela-t-elle. « Venez dans les sous-sol ! Vous tous ! »
Gwen fit un pas de côté, s’assurant qu’ils se mettaient tous à l’abri d’abord, et un par un, les siens passèrent à côté d’elle, le long des marches de pierre dans les ténèbres.
Les derniers à s’arrêter et à se tenir à côté d’elle furent ses frères, Kendrick et Reece et Godfrey, avec Steffen. Eux cinq se tournèrent et examinèrent le ciel ensemble, alors qu’un autre rugissement à faire trembler la terre s’élevait.
La horde de dragons était à présent si proche que Gwen pouvait les voir, à peine à cent mètres, leurs ailes plus grandes que nature, tous enhardis, leurs faces emplies de fureur. Leurs énormes gueules étaient grandes ouvertes, comme s’ils anticipaient le moment où ils les mettraient en pièces, et leurs dents étaient chacune aussi grandes que Gwendolyn.
Ainsi, pensa Gwendolyn, c’est à cela que la mort ressemble.
Gwen jeta un dernier regard alentours, et elle vit des centaines des siens s’abritant dans leurs nouvelles maisons, en surface, refusant d’aller dans les sous-sols.
« Je leur ai dit d’aller sous terre ! » cria Gwen.
« Certains de notre peuple ont écouté », observa tristement Kendrick, secouant la tête, « mais beaucoup ne le voulaient pas. »
Gwen sentit quelque chose se briser en elle-même. Elle savait ce qu’il adviendrait à ceux qui restaient en surface. Pourquoi son peuple devait-il toujours être si obstiné ?
Puis cela arriva – le premier des feu des dragons se déversa sur eux, assez loin pour ne pas les brûler, mais assez près pour que Gwen puisse sentir la chaleur dessécher son visage. Elle observa avec horreur alors que des cris s’élevaient, venant de eux de l’autre côté de la cour qui avaient décidés d’attendre en surface, dans leurs demeures ou dans le fort de Tirus. Le fort de pierres, si invincible quelques instants auparavant, était maintenant en train de flamber, des flammes jaillissant des côtés et de l’avant et de l’arrière, comme si ce n’était rien d’autre qu’une maison de flammes, ses pierres carbonisées et brûlées en un instant. Gwen déglutit difficilement, sachant que s’ils avaient essayés d’attendre dans le fort, ils seraient tous morts.
D’autres n’avaient pas été aussi chanceux : ils hurlaient, en feu, et couraient dans les rues avant de s’effondrer au sol. L’horrible odeur de chairs brûlées envahit les airs.
« Ma dame », dit Steffen, « nous devons descendre. Maintenant ! »
Gwen ne pouvait se résoudre à se détourner, et pourtant elle savait qu’il avait raison. Elle se laissa être emmenée par les autres, être tirée à travers les portes, le long des marches, dans l’obscurité, tandis qu’une vague de feu roulait vers elle. Les portes d’acier se refermèrent en claquant une seconde avant qu’elles ne l’atteignent, et tandis qu’elle les entendait se réverbérer derrière elle, elles furent comme une porte se refermant dans son cœur.
CHAPITRE DEUX
Alistair s’agenouilla en sanglotant à côté du corps d’Erec, le serra dans ses bras, sa robe de mariage couverte de se son sang. Tandis qu’elle le tenait, son univers tout entier tournoyant, elle sentit son flux vital commencer à le quitter. Erec, blessé à l’arme blanche, gémissait, et elle pouvait sentir à son pouls qu’il était en train de mourir.
« NON ! » gémit Alistair, le tenant et le berçant dans ses bras. Elle sentit son cœur se déchirer en deux tandis qu’elle le tenait, avait le sentiment qu’elle mourrait elle-même. Cet homme qu’elle avait été sur le point d’épouser, qui l’avait contemplée avec tant d’amour à peine quelques instants auparavant, était à présent étendu presque sans vie dans ses bras ; elle pouvait difficilement l’imaginer. Il avait reçu ce coup tout en étant si serein, tellement empli d’amour et de joie ; il avait été pris au dépourvu à cause d’elle. À cause de son jeu idiot, lui demandant de fermer les yeux pendant qu’elle approchait avec sa robe. Alistair se sentit envahie de culpabilité, comme si tout était de sa faute.
« Alistair », gémit-il.
Elle baissa les yeux et vit les siens à moitié ouverts, les vit s’assombrir, la vie commencer à le quitter.
« Sache que ce n’est pas de ta faute », murmura-t-il. « Et sache combien je t’aime. »
Alistair pleura, le tenant contre sa poitrine, le sentant se refroidir. Ce faisant, quelque chose en elle se cassa net, quelque chose qui ressentait l’injustice de tout cela, quelque chose qui refusait absolument de le laisser mourir.
Alistair éprouva soudainement un sentiment familier et un picotement, comme des milliers de piqûre d’épingles dans le bout de ses doigts, et elle sentit son corps tout entier s’empourprer sous l’effet de la chaleur, de la tête aux pieds. Une force étrange la submergea, quelque chose de fort et de primal, quelque chose qu’elle ne comprenait pas ; cela vint plus fortement que n’importe quelle poussée d’énergie qu’elle ait jamais eu dans sa vie, comme un esprit extérieur s’emparant de son corps. Elle sentit ses mains et ses bras brûler, et par réflexe elle les tendit et posa ses paumes sur le torse et le front d’Erec.
Alistair les maintint là, ses mains brûlant encore plus, et elle ferma les yeux. Des images apparurent en flash à travers son esprit. Elle vit Erec jeune, quittant les Îles Méridionales, si fier et noble, se tenant sur un grand navire ; elle le vit entrer à la Légion ; rejoindre l’Argent ; jouter ; devenant un champion, vainquant ses ennemis, défendant l’Anneau. Elle le vit assit droit, avec une posture parfaite, sur son cheval, vêtu d’argent brillant, un modèle de noblesse et de courage. Elle savait qu’elle ne pouvait le laisser mourir ; le monde ne pouvait se permettre de le laisser mourir.
Les mains d’Alistair devenaient encore plus chaudes encore, elle ouvrit les yeux et vit les siens se fermer. Elle vit aussi une lumière blanche émanant de ses paumes, s’étendant à tout le corps d’Erec ; elle le vit envahi par elle, entouré par un globe. Tandis qu’elle regardait, elle vit ses blessures, suintant de sang, commencer lentement à se cicatriser.
Les yeux d’Erec s’ouvrirent en un éclair, emplis de lumière, et elle sentit quelque chose changer en lui. Son corps, froid il y avait encore quelques instants, commença à se réchauffer. Elle sentit sa force vitale revenir.
Erec leva les yeux vers elle avec surprise et étonnement, et ce faisant, Alistair sentit sa propre énergie s’épuiser, sa propre force vitale diminuer, alors qu’elle lui transférait son énergie.
Ses yeux se fermèrent et il tomba dans un profond sommeil. Ses mains devinrent brusquement froides, et elle vérifia son pouls, le sentit revenir à la normale.
Elle soupira dans un grand soulagement, sachant qu’elle l’avait ramené à la vie. Ses mains tremblaient, tellement exténuées par l’expérience, et elle se sentit vidée, pourtant ravie.
Merci, Dieu, pensa-t-elle, alors qu’elle se penchait en avant, posait son visage sur son torse, et l’enlaçait avec des larmes de joie. Merci de ne pas m’avoir pris mon mari.
Alistair cessa de pleurer, leva les yeux et embrassa la scène du regard : elle vit l’épée de Bowyer sur le sol, sa garde et sa lame couvertes de sang. Elle haïssait Bowyer plus que ce qu’elle pouvait concevoir ; elle était déterminée à venger Erec.
Alistair tendit la main et ramassa l’épée ensanglantée ; ses paumes furent recouvertes de sang alors qu’elle la tenait et l’examinait. Elle se prépara à la jeter, à la voir aller atterrir bruyamment de l’autre côté de la pièce – quand soudain, la porte s’ouvrit avec fracas.
Alistair se tourna, l’épée ensanglantée à la main, pour voir la famille d’Erec se précipiter dans la pièce, flanquée d’une douzaine de soldats. Tandis qu’ils venaient plus près, leur expression alarmée se transforma en une d’horreur, alors que leurs regards allaient tous depuis elle à Erec inconscient.
« Qu’as-tu fait ? » s’écria Dauphine.
Alistair la dévisagea en retour, ne comprenant pas.
« Moi ? » demanda-t-elle. « Je n’ai rien fait. »
Dauphine lui lança un regard noir alors qu’elle se précipitait en avant comme un ouragan.
« Vraiment ? » dit-elle. « Tu as seulement tué notre meilleur et plus grand chevalier ! »
Alistair la fixa du regard avec horreur quand elle réalisa qu’ils la considéraient tous comme une meurtrière.
Elle baissa les yeux et vit l’épée ensanglantée dans sa main, vit les traces de sang sur ses paumes et partout sur sa robe, et elle prit conscience qu’ils pensaient tous qu’elle l’avait fait.
« Mais je ne l’ai pas poignardé ! » protesta Alistair.
« Non ? » l’accusa Dauphine. « Alors l’épée est-elle apparue par magie dans ta main ? »
Alistair regarda autour d’elle, alors qu’ils se rassemblaient tous autour d’elle.
« C’est un homme qui a fait ça. Celui qui l’a défié sur le champ au combat : Bowyer. »
Les autres se regardèrent, sceptiques.
« Oh vraiment, alors ? » répliqua Dauphine. « Et où est cet homme ? » demanda-t-elle, parcourant la pièce du regard.
Alistair ne vit aucun signe de lui, et elle réalisa qu’ils pensaient tous qu’elle mentait.
« Il a fui », dit-elle. « Après l’avoir poignardé. »
« Alors comment cette épée ensanglantée a-t-elle atterri dans ta main ? » rétorqua Dauphine.
Alistair baissa les yeux sur l’épée avec horreur, et elle la lança, tintant sur les pierres.
« Mais pourquoi voudrais-je tuer mon futur époux ? » demanda-t-elle.
« Tu es une sorcière », dit Dauphine, se tenant au-dessus d’elle à présent. « On ne peut faire confiance à ton espèce. Oh, mon frère ! » dit Dauphine, se précipitant en avant, tombant à genoux à côté d’Erec, se mettant entre lui et Alistair. Dauphine enlaça Erec, le serrant avec force.
« Qu’as-tu fait ? » gémit-elle, entre ses larmes.
« Mais je suis innocente ! » s’exclama Alistair.
Dauphine de tourna vers elle avec une expression de haine, puis vers les soldats.
« Arrêtez-la ! » ordonna-t-elle.
Alistair sentit des mains l’agripper par derrière, et elle fut sèchement remise sur pieds. Elle était épuisée, et elle fut incapable de résister tandis que les gardes liaient ses poignets derrière son dos et commençaient à l’emmener de force. Elle se souciait peu de ce qu’il lui arrivait – cependant, alors qu’ils l’emportaient, elle ne pouvait supporter l’idée d’être séparée d’Erec. Pas maintenant, pas quand il avait le plus besoin d’elle. Les soins qu’elle lui avait donnés étaient seulement temporaires ; elle savait qu’il avait besoin d’une autre séance, et que s’il ne l’obtenait pas, il mourrait.
« NON ! » hurla-t-elle. « Laissez-moi ! »
Mais ses cris tombèrent dans l’oreille d’un sourd tandis qu’ils l’emmenaient, l’enchaînaient, comme si elle était une vulgaire prisonnière.