Buch lesen: «Un Règne de Fer »
À propos de Morgan Rice
Morgan Rice est l'auteur à succès n 1 et l'auteur à succès chez USA Today de la série d'épopées fantastiques L'ANNEAU DU SORCIER, qui compte dix-sept tomes, de la série à succès n°1 SOUVENIRS D'UNE VAMPIRE, qui compte onze tomes (pour l'instant), de la série à succès n°1 LA TRILOGIE DES RESCAPÉS, thriller post-apocalyptique qui contient deux tomes (pour l'instant) et de la nouvelle série d'épopées fantastiques ROIS ET SORCIERS. Les livres de Morgan sont disponibles en édition audio et papier, et des traductions sont disponibles en plus de 25 langues.
TRANSFORMATION (Livre # 1 de Mémoires d'une vampire), ARÈNE UN (Livre # 1 de la Trilogie des rescapés) et LA QUÊTE DE HÉROS (Livre # 1 dans L'anneau du sorcier) et LE RÉVEIL DES DRAGONS (Livre # 1 de Rois et sorciers) sont disponibles en téléchargement gratuit!
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Sélection de critiques pour Morgan Rice
« L’ANNEAU DU SORCIER a tous les ingrédients pour un succès immédiat : intrigue, contre-intrigue, mystère, de vaillants chevaliers, des relations s’épanouissant remplies de cœurs brisés, tromperie et trahison. Cela vous tiendra en haleine pour des heures, et conviendra à tous les âges. Recommandé pour les bibliothèques de tous les lecteurs de fantasy. »
--Books and Movie Review, Roberto Mattos
« [Un ouvrage] de fantasy épique et distrayant. »
--KirkusReviews
« Le début de quelque chose de remarquable ici. »
--San Francisco Book Review
« Rempli d’action… L’écriture de Rice est respectable et la prémisse intrigante. »
--PublishersWeekly
« [Un livre de] fantasy entrainant… Seulement le commencement de ce qui promet d’être une série pour jeunes adultes épique. »
--Midwest Book Review
Du même auteur
ROIS ET SORCIERS
LE RÉVEIL DES DRAGONS (Tome n 1)
LE RÉVEIL DU VAILLANT (Tome n 2)
LE POIDS DE L'HONNEUR (Tome n 3)
UNE FORGE DE BRAVOURE (Tome n 4)
UN ROYAUME D'OMBRES (Tome n 5)
LA NUIT DES BRAVES (Tome n 6)
L'ANNEAU DU SORCIER
LA QUÊTE DES HÉROS (Tome 1)
LA MARCHE DES ROIS (Tome 2)
LE DESTIN DES DRAGONS (Tome 3)
UN CRI D'HONNEUR (Tome 4)
UNE PROMESSE DE GLOIRE (Tome 5)
UN PRIX DE COURAGE (Tome 6)
UN RITE D'ÉPÉES (Tome 7)
UNE CONCESSION D'ARMES (Tome 8)
UN CIEL DE SORTILÈGES (Tome 9)
UNE MER DE BOUCLIERS (Tome 10)
UN RÈGNE D'ACIER (Tome 11)
UNE TERRE DE FEU (Tome 12)
UNE LOI DE REINES (Tome 13)
UN SERMENT FRATERNEL (Tome 14)
UN RÊVE DE MORTELS (Tome 15)
UNE JOUTE DE CHEVALIERS (Tome 16)
LE DON DE BATAILLE (Tome 17)
LA TRILOGIE DES RESCAPÉS
ARÈNE UN : LA CHASSE AUX ESCLAVES (Tome 1)
DEUXIÈME ARÈNE (Tome 2)
MÉMOIRES D'UN VAMPIRE
TRANSFORMATION (Tome 1)
ADORATION (Tome 2)
TRAHISON (Tome 3)
PRÉDESTINATION (Tome 4)
DÉSIR (Tome 5)
FIANÇAILLES (Tome 6)
SERMENT (Tome 7)
TROUVÉE (Tome 8)
RENÉE (Tome 9)
ARDEMMENT DESIRÉE (Tome 10)
SOUMISE AU DESTIN (Tome 11)
Écoutez L’ANNEAU DU SORCIER en format audio !
Copyright © 2013 par Morgan Rice
Tous droits réservés. Sauf dérogations autorisées par la Loi des États-Unis sur le droit d'auteur de 1976, aucune partie de cette publication ne peut être reproduite, distribuée ou transmise sous quelque forme que ce soit ou par quelque moyen que ce soit, ou stockée dans une base de données ou système de récupération, sans l'autorisation préalable de l'auteur.
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Il s'agit d'une œuvre de fiction. Les noms, les personnages, les entreprises, les organisations, les lieux, les évènements et les incidents sont le fruit de l'imagination de l'auteur ou sont utilisés dans un but fictionnel. Toute ressemblance avec des personnes réelles, vivantes ou mortes, n'est que pure coïncidence.
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« Il y a un pays où la nourriture poussait autrefois – mais cet endroit a été transformé, ressemblant à un brasier. C’était un lieu où les pierres étaient des saphirs, et la poussière était d’or. »
Le cheval se rit de la peur, rien ne l’effraie ; il ne bronche pas face à l’épée. Il ne peut rester calme quand la trompette sonne. Au son de la trompette, il renâcle : ‘Hourrah !’ »
--Le Livre de Job
CHAPITRE UN
Reece se tenait debout, la dague dans sa main plantée dans la poitrine de Tirus, figé dans un moment de surprise. Son univers tout entier tournait au ralenti, toute sa vie semblait estompée. Il venait tout juste de tuer son pire ennemi, l’homme responsable de la mort de Selese. Pour cela, Reece éprouvait un immense sentiment de satisfaction, de vengeance. Enfin, un grand tort avait été réparé.
Pourtant en même temps, Reece se sentait insensible au reste du monde, l’impression étrange de s’apprêter à embrasser la mort, se préparant lui-même au trépas qui s’ensuivrait à coup sûr. La pièce était remplie d’hommes de Tirus, tous là debout, aussi figés sous le choc, tous ayant été témoins de l’évènement. Reece se préparait à mourir. Cependant il n’avait pas de regrets. Il était reconnaissant qu’on lui ait donné la chance de tuer cet homme, qui osait penser que Reece lui présenterait vraiment des excuses.
Reece savait que la mort était inévitable ; il était bien trop en sous-nombre dans cette pièce, et les seuls dans cette grande salle à être de son côté étaient Matus et Srog. Srog, blessé, était ligoté avec des cordes, captif, et Matus se tenait à côté de lui, sous l’œil vigilant des soldats. Ils ne seraient pas d’une grande aide contre cette armée d’Insulaires loyaux envers Tirus.
Mais avant que Reece ne meure, il voulait mener à bien sa vengeance, et emporter autant de ces Insulaires qu’il lui était possible.
Tirus s’effondra aux pieds de Reece, mort, et Reece n’hésita pas : il retira sa dague et immédiatement se retourna et trancha la gorge du général de Tirus, debout derrière lui ; dans le même mouvement, Reece pivota et poignarda un autre général dans le cœur.
Alors que l’assemblée choquée commençait à réagir, Reece se mit rapidement en mouvement. Il tira les deux épées des fourreaux des deux hommes agonisants, et chargea le groupe de soldats lui faisant face. Il en tua quatre avant qu’ils n’aient eu une chance de réagir.
Des centaines de guerriers se mirent en action, déferlant sur Reece de toutes parts. Reece fit appel à tous ses entrainements à la Légion, toutes les fois où il avait été forcé de se battre contre des groupes d’hommes, et alors qu’ils l’encerclaient, il leva son épée des deux mains. Il n’était pas embarrassé par une armure, comme ces hommes, ou par une ceinture garnie d’armes, ou par un bouclier ; il était plus léger et rapide qu’eux tous, et il était enragé, acculé, et se battait pour sa vie.
Reece combattit vaillamment, plus rapide que chacun d’eux, se rappelant toutes les fois où il avait croisé le fer avec Thor, le plus grand guerrier qu’il ait jamais affronté, se rappelant à quel point ses capacités avaient été aiguisées. Il abattit homme après homme, son épée s’entrechoquant avec bien d’autres, des étincelles volant alors qu’il se battait dans toutes les directions. Il frappa et frappa jusqu’à ce que ses bras se fassent lourds, transperçant une douzaine d’hommes avant qu’ils ne puissent cligner des yeux.
Mais de plus en plus se déversaient. Ils étaient simplement trop nombreux. Pour six tombés, une douzaine d’autres apparaissait, et la cohue se fit plus dense alors qu’ils se ralliaient et le pressaient de toutes parts. Reece était essoufflé quand il sentit une épée lui entailler le bras, et il cria, du sang coulant de son biceps. Il pivota et frappa l’homme dans les côtes, mais les dégâts avaient déjà été faits. Il était maintenant blessé, et encore d’autres hommes apparaissaient de tous côtés. Il sut que son temps était venu.
Au moins, prit-il conscience, reconnaissant, il avait la possibilité d’être abattu dans un acte valeureux.
« REECE ! »
Un cri transperça soudainement l’air, une voix que Reece reconnut immédiatement.
Une voix de femme.
Le corps de Reece s’engourdit en réalisant à qui appartenait cette voix. C’était celle de la seule femme restante dans ce monde qui pouvait attirer son attention, même au cœur de cette grande bataille, même au milieu de ses derniers moments :
Stara.
Reece leva les yeux et le vit se tenant en hauteur, au sommet des gradins de bois qui s’alignaient le long des côtés de la pièce. Elle était au-dessus de la cohue, son expression féroce, les veines de sa gorge palpitantes tandis qu’elle criait pour lui. Il vit qu’elle tenait un arc et des flèches, et il la regarda alors qu’elle visait vers le haut, vers un objet de l’autre côté de la salle.
Reece suivit son regard, et il réalisa quelle était sa cible : une épaisse corde, de quinze mètres de long, maintenant un énorme lustre métallique de neuf mètres de diamètre, accrochée à un crochet de fer enfoncé dans le sol. La structure était aussi épaisse qu’un tronc d’arbre, et supportait plusieurs centaines de chandelles allumées.
Reece s’avisa : Stara avait pour objectif de tirer sur la corde. Si elle la touchait, cela enverrait s’écraser le lustre – et il anéantirait la moitié des hommes dans cette salle. Quand Reece leva le regard, il prit conscience que se tenait juste en dessous.
Elle le prévenait pour qu’il bouge.
Le cœur de Reece cogna dans sa poitrine sous l’effet de la panique alors qu’il se tournait, abaissait son épée et chargeait violemment dans le groupe de ses assaillants, se hâtant de se mettre hors d’atteinte avant qu’il ne tombe. Il donna des coups de pieds, de coudes et de tête aux soldats sur son passage alors qu’il se précipitait au travers du groupe. Reece se rappelait, d’après son enfance, combien Stara était une bonne tireuse – surpassant toujours les garçons – et il savait que son tir serait bon. Même s’il courait avec ses arrières exposés aux hommes le poursuivant, il lui faisait confiance, sachant qu’elle viserait juste.
Un instant après Reece entendit le son d’une flèche transperçant les airs, d’une grosse corde claquant, puis d’une pièce massive de fer se débloquant, chutant droit vers le sol, se précipitant à travers les airs à pleine vitesse. Il y eut un énorme fracas, la salle tout entière trembla, l’onde de choc faisant tomber Reece. Ce dernier sentit le courant d’air dans son dos, le lustre ne le manquant que de quelques trentaines de centimètres alors qu’il tombait au sol sur ses mains et pieds.
Reece entendit les cris des hommes, et il jeta un regard par-dessus son épaule et vit les dégâts que Stara avait causés : des douzaines d’hommes étaient étendus sous le lustre, écrasés, du sang partout, hurlant, immobilisés jusqu’à la mort. Elle lui avait sauvé la vie.
Reece se hissa à grand-peine sur ses pieds, cherchant Stara du regard, et vit qu’elle était en danger à présent. Plusieurs hommes se rapprochaient d’elle, et tandis qu’elle les mettait en joue avec son arc et ses flèches, il savait qu’elle ne pourrait tirer qu’un nombre limité de fois.
Elle se tourna et regarda nerveusement la porte, pensant de toute évidence qu’ils pourraient s’échapper par là. Mais alors que Reece suivait son regard, son cœur s’arrêta en voyant des douzaines d’hommes de Tirus se précipiter et la bloquer, barrant les deux grands battants avec une épaisse poutre de bois.
Ils étaient pris au piège, toutes les sorties bloquées. Reece sut qu’ils allaient mourir là.
Reece remarqua Stara parcourant la pièce du regard, affolée, jusqu’à ce que ses yeux s’arrêtent sur la plus haute rangée des gradins de bois le long du mur.
Elle fit signe à Reece alors qu’elle y courait, et il n’eut aucune idée de ce qu’elle avait à l’esprit. Il ne voyait là aucune issue. Mais elle connaissait le château mieux que lui, et peut-être avait-elle en tête un chemin d’évasion qu’il ne pouvait voir.
Reece pivoté et courut, se frayant un chemin à travers les hommes alors qu’ils commençaient à se regrouper et à l’attaquer. Tandis qu’il sprintait à travers cohue, il ne se battit qu’au minimum, essayant de ne pas trop engager le combat avec eux, mais plutôt de percer une voie unique à travers les hommes et d’atteindre le coin opposé de la pièce.
Alors qu’il courait, Reece jeta un coup d’œil vers Srog et Matus, décidé à les aider, eux aussi, et il fut heureusement surpris de voir que Matus s’était saisi des épées de ses gardiens et les avait tous deux poignardés ; il observa Matus trancher rapidement les liens de Srog, libérant ce dernier, qui s’empara d’une épée et tua plusieurs soldats qui s’approchaient.
« Matus ! » cria Reece.
Matus se tourna et le regarda, il vit Stara le long du mur opposé et vers où Reece courait. Matus tira Srog d’un coup sec, ils pivotèrent et coururent dans la même direction, eux aussi, tous se dirigeant maintenant vers le même endroit.
Alors que Reece se taillait un passage à travers la salle, ce dernier commença à s’éclaircir. Il n’y avait pas autant de soldats dans le coin opposé de la pièce, loin du coin opposé, de la sortie bloquée vers laquelle tous les soldats convergeaient. Reece espérait que Stara savait ce qu’elle faisait.
Stara courut le long des gradins, sautant les rangées de plus en plus haut, frappant du pied les visages des soldats qui tendaient les bras pour se saisir d’elle. Pendant que Reece la regardait, essayant de la rattraper, il ne savait toujours pas exactement où elle se dirigeait, ou quel pouvait être son plan.
Reece atteignit le coin le plus éloigné et sauta sur les gradins, sur le premier rang de bois, puis le suivant, et le suivant, grimpant de plus en plus haut, jusqu’à ce qu’il soit à trois bons mètres au-dessus de la foule, sur le banc le plus éloigné et le plus haut, contre le mur. Il rencontra Stara, et ils convergèrent vers le mur le plus distant avec Matus et Srog. Ils avaient une bonne avance sur les soldats, sauf un : il bouscula Stara par derrière, Reece plongea en avant et le poignarda dans le cœur, juste avant qu’il ne plante sa dague dans le dos de Stara.
Stara leva son arc et se tourna vers deux soldats se jetant vers le dos exposé de Reece, épées tirées, et les abattit tous deux.
Les quatre se tenaient là, dos contre le mur de l’autre côté de la pièce, sur l’estrade la plus haute, Reece parcourut l’espace du regard et vit cent hommes se hâter à travers la salle, gagnant sur eux. Ils étaient piégés dans ce coin, avec nulle part où aller.
Reece ne comprenait pas pourquoi Stara les avait tous menés là. Ne voyant aucun moyen possible de s’échapper, il était certain qu’ils seraient bientôt tous morts.
« Quel est ton plan ? » lui cria-t-il, alors qu’ils se tenaient côte à côte, repoussant les hommes. « Il n’y a aucune issue ! »
« Lève les yeux ! », répondit-elle.
Reece tendit le cou et aperçu au-dessus d’eux un autre lustre de fer, avec une longue corde allant de ce dernier jusqu’au sol, juste à côté de lui.
Les sourcils de Reece se froncèrent dans sa confusion.
« Je ne comprends pas », dit-il.
« La corde », dit-elle. « Attrapez-la, vous tous. Et accrochez-vous de toutes vos forces. »
Ils firent comme elle en avait donné l’ordre, chacun s’agrippant à la corde des deux mains et s’accrochant fermement. Subitement, Reece prit conscience de ce que Stara était sur le point de faire.
« Es-tu sûre que ce soit une bonne idée ? », s’écria-t-il.
Mais il était trop tard.
Alors qu’une douzaine de soldats s’approchaient d’eux, Stara s’empara de l’épée de Reece, sauta dans les bras de ce dernier, et trancha la corde à côté d’eux, celle maintenant le lustre.
Reece sentit son estomac chuter d’un coup tandis qu’eux quatre, se cramponnant à la corde et aux uns les autres, s’élancèrent dans les airs à une vitesse vertigineuse, s’accrochant pour sauver leurs vies pendant que le lustre tombait. Il écrasa les hommes en dessous et propulsa les quatre haut dans les airs, se balançant avec la corde.
Cette dernière s’arrêta enfin, et les quatre pendirent là, se balançant dans les airs, à quinze bons mètres du sol.
Reece regarda en bas, transpirant, perdant presque sa prise.
« Là ! » s’écria Stara.
Reece se tourna et vit un immense vitrail devant eux, et réalisa quel était son plan. La corde grossière sciait les paumes de Reece, et il commençait à glisser avec la sueur. Il ignorait combien de temps il pourrait encore tenir.
« Je perds ma prise ! » s’exclama Srog, tentant de s’accrocher du mieux qu’il le pouvait malgré ses blessures.
« Nous devons nous balancer ! » cria Stara. « Nous avons besoin d’un élan ! Poussez contre le mur ! »
Reece suivit sa direction : il se pencha en avant avec ses bottes contre le mur et ensemble, ils appuyèrent contre le mur, la corde oscillant de plus en plus fortement. Ils poussèrent encore et encore, jusqu’à ce qu’avec un dernier coup de pied, ils se balancèrent au point le plus haut, comme un pendule, puis tous, criant, se préparèrent tandis qu’ils retombaient droit dans l’énorme vitrail.
Le verre explosa, volant en éclats tout autour d’eux, et les quatre lâchèrent la corde, se laissant tomber sur la large plateforme à la base de la fenêtre.
Se tenant là, perchés à une quinzaine de mètres au-dessus de la salle, l’air froid se précipitant à l’intérieur, Reece baissa le regard, et d’un côté il vit l’intérieur de la pièce, des centaines de soldats les yeux levés vers eux, se demandant comment les poursuivre, de l’autre côté, il vit l’extérieur du fort. C’était le déluge dehors, un vent puissant et une pluie aveuglante, et la descente en contrebas était d'une dizaine de mètres, certainement assez pour se casser une jambe. Mais Reece, au moins, vit plusieurs grands buissons, et il vit aussi que le sol était détrempé et ramolli par la boue. Ce serait une chute longue et dure, mais peut-être qu’ils seraient assez amortis.
Soudainement, Reece s’écria alors qu’il sentait du métal transpercer sa chair. Il baissa les yeux, se pris le bras et réalisé qu’une flèche l’avait juste éraflé, le faisant saigner. C’était une blessure mineure, mais cela piquait.
Reece pivota et vérifia en contrebas par-dessus son épaule, et vit des douzaines d’hommes de Tirus bander leurs arcs et tirer, des flèches sifflant maintenant autour d’eux de toutes les directions.
Reece savait qu’il n’y avait pas de temps à perdre. Il examina la scène et vit Stara debout d’un côté, Matus et Srog de l’autre, tous les yeux écarquillés par la peur face au saut devant eux. Il prit la main de Stara, sachant que c’était maintenant ou jamais.
Sans un mot, tous sachant qu’il fallait le faire, ils sautèrent ensemble. Ils hurlèrent tandis qu’ils chutaient à travers les airs dans la pluie aveuglante et le vent, battant des bras et des jambes et tombant, et Reece ne peut s’empêcher de se demander s’il n’avait pas sauté d’une mort certaine à une autre.
CHAPITRE DEUX
Godfrey leva son arc de ses mains tremblantes, se pencha au-dessus du bord du parapet, et visa. Il voulait choisir une cible et tirer immédiatement – mais à la vue de la scène se déroulant en dessous, il tomba à genoux, figé sous le choc. En contrebas chargeaient des milliers de soldats McCloud, une armée bien entrainée inondant le paysage, tous se dirigeant vers les portes de la Cour du Roi. Une douzaine d’entre eux se précipitèrent en avant avec un bélier en fer, et le projetèrent contre la herse encore et encore, faisant trembler les murs, le sol sous les pieds de Godfrey.
Godfrey perdit l’équilibre et tira, et la flèche s’envola sans causer de dommages. Il en attrapa une autre et l’encocha sur l’arc, le cœur battant, sachant pour sûr qu’il mourrait là le jour même. Il se pencha par-dessus le parapet, mais avant qu’il ne puisse tirer, une pierre lancée par une fronde vola et percuta son heaume d’acier.
Il y eut un grand fracas, et Godfrey tomba en arrière, sa flèche volant droit dans les airs. Il arracha son heaume et frotta sa tête douloureuse. Il n’aurait jamais imaginé qu’une pierre puisse faire si mal, l’acier semblait résonner dans son crâne même.
Godfrey se demanda dans quoi il s’était engagé. Il est vrai qu’il s’était montré héroïque, il avait apporté son aide en avertissant la cité entière de l’arrivée des McClouds, leur faisant gagner un temps précieux. Il avait peut-être même sauvé quelques vies. Il avait certainement sauvé sa sœur.
Pourtant il était là, avec seulement une petite douzaine de soldats étant restés là, aucun d’entre eux n’étant de l’Argent, aucun étant chevalier, défendant cette coquille qu’était devenue la cité évacuée contre une armée entière de McCloud. Ces affaires de soldats n’étaient pas pour lui.
Il y eut un énorme fracas, et Godfrey trébucha à nouveau alors que la herse était enfoncée et ouverte.
À travers les portes ouvertes de la cité s’engouffrèrent des milliers d’hommes, dans une clameur, là pour le sang. Alors qu’il s’asseyait sur le parapet, Godfrey sut que ce n’était qu’une question de temps jusqu’à ce qu’ils montent là-haut, jusqu’à ce qu’il ait à se battre jusqu’à la mort. Était-ce cela qu’impliquait être un soldat ? Était-ce ce que cela signifiait d’être brave et sans peur ? De mourir, pour que d’autres puissent vivre ? Maintenant qu’il accueillait la mort en face, il n’était pas si sûr que cela soit une bonne idée. Être un soldat, être un héros était bien, mais être en vie était mieux.
Pendant que Godfrey pensait à partir, à s’enfuir et essayer de se cacher quelque part, soudainement, plusieurs soldats McCloud envahirent les parapets, se ruant en une seule file. Godfrey regarda alors qu’un de ses camarades soldat était poignardé et tombait à genoux, grognant.
Et là, encore une fois, cela se produisit. Malgré toutes ses pensées rationnelles, tout son sens commun contre le fait d’être un soldat, il y eut un déclic à l’intérieur de Godfrey qu’il ne pouvait contrôler. Quelque chose en lui ne pouvait supporter de laisser les autres souffrir. Pour lui-même, il ne pouvait rassembler le courage, mais quand il vit son compagnon d’armes attaqué, quelque chose le submergea – une certaine témérité. Certains auraient même pu appeler cela de la chevalerie.
Godfrey réagit sans réfléchir. Il se trouva lui-même en train de s’emparer d’une longue pique et de charger les rangs de McClouds, qui gravissaient à toute vitesse les escaliers, une file unique le long des parapets. Il laissa échapper un grand cri et, tenant fermement la pique, il renversa le premier homme. L’énorme lame de métal alla dans sa poitrine, et Godfrey courut, utilisant son poids, mais son centre à bière, pour tous les repousser.
À sa propre surprise, Godfrey réussit, refoulant le rang d’hommes en bas de la spirale de la cage d’escalier, les éloignant des parapets, bloquant d’une seule main les McClouds envahissant la place.
Quand il eut fini, Godfrey laissa tomber la pique, étonné par lui-même, ne sachant pas ce qui l’avait pris. Ses camarades d’armes semblaient stupéfaits eux aussi, comme s’ils ne réalisaient pas qu’il avait cela en lui.
Alors que Godfrey se demandait ce que faire ensuite, la décision fut prise pour lui, quand il détecta un mouvement du coin de l’œil. Il se tourna et vit une douzaine de plus de McClouds le chargeant depuis le côté, se déversant sur les parapets à l’opposé.
Avant que Godfrey n’ait pu préparer une défense, le premier soldat l’atteignit, maniant un énorme marteau de guerre, le balançant vers sa tête. Godfrey prit conscience que le coup broierait son crâne.
Godfrey plongea hors de la trajectoire du danger – une des rares choses qu’il savait bien faire – et le marteau siffla au-dessus de sa tête. Ensuite Godfrey abaissa son épaule et fonça dans le soldat, le repoussant, l’empoignant.
Godfrey le refoula, de plus en plus loin, jusqu’à ce qu’ils luttent au bord du parapet, se battant au corps-à-corps, essayant chacun d’attraper la gorge de l’autre. Cet homme était fort, mais Godfrey l’était aussi, un des rares cadeaux qui lui avaient été accordés par la vie.
Ensemble ils grimpèrent, tournoyant l’un sur l’autre, jusqu’à ce que, soudainement, ils roulèrent tous deux par-dessus le bord.
Les deux volèrent tombèrent à travers les airs, s’accrochant l’un à l’autre, chutant d’environ cinq mètres sur le sol en contrebas. Godfrey tournoya dans les airs, espérant qu’il atterrirait sur ce soldat, au lieu du contraire. Il savait que le poids de cet homme, et toute son armure le broieraient.
Godfrey tourna à la dernière seconde, atterrissant sur l’homme, et le soldat grogna alors que le poids de Godfrey l’écrasait, lui faisant perdre conscience.
Mais la chute prit aussi son dû auprès de Godfrey, le faisant tourner, il cogna sa tête, et alors qu’il roulât à côté de l’homme, chacun de ses os douloureux, Godfrey resta étendu là une seconde avant que le monde ne tourbillonne et lui, allongé à côté de son ennemi, s’évanouit. La dernière chose qu’il vit en levant les yeux était une armée de McClouds, se déversant à l’intérieur de la Cour du Roi et la proclamant leur.
*
Elden se trouvait sur les terrains d’entrainement de la Légion, mains sur les hanches, Conven et O’Connor à côté de lui, eux trois examinant les nouvelles recrues que Thorgrin leur avait laissées. Elden observait d’un œil expert tandis que les garçons galopaient en faisant des allers et retours à travers le terrain, essayant de sauter au-dessus de fossés et de lancer des lances sur des cibles suspendues. Quelques garçons n’arrivaient pas à sauter, tombant avec leur cheval dans les trous ; d’autres y parvenaient, mais manquaient les cibles.
Elden secoua la tête, tentant de se rappeler comment il était quand il avait commencé son entrainement à la Légion, et de prendre comme un encouragement le fait que, au cours des derniers jours, les garçons avaient déjà montré des signes de progrès. Cependant ils étaient loin d’être les guerriers endurcis qu’il avait besoin qu’ils soient avant qu’il ne puisse les accepter en tant que recrues. Il avait placé la barre très haut, en particulier parce qu’il avait la grande responsabilité de rendre Thorgrin et tous les autres fiers ; Conven et O’Connor, eux aussi, ne permettraient rien de moins.
« Sire, il y a des nouvelles. »
Elden jeta un coup d’œil pour voir une des recrues, Merek, un ancien voleur, arriver en courant vers lui, les yeux écarquillés. Interrompu dans ses pensées, Elden était perturbé.
« Mon garçon, je t’ai déjà dit de ne jamais interrompre— »
« Mais sire, vous ne comprenez pas ! Vous devez— »
« Non, TU ne comprends pas », répliqua Elden. « Quand les recrues sont en entrainement, tu ne— »
« REGARDEZ ! » s’écria Merek, l’agrippant et pointant du doigt.
Elden, en rage, était sur le point de l’empoigner et de le jeter à terre, jusqu’à ce qu’il jette un œil à l’horizon, et il se figea. Il ne pouvait s’expliquer la vue devant lui. Là, à l’horizon, de grands nuages de fumée noire s’élevaient dans les airs. Tous provenant de la Cour du Roi.
Elden cligna des yeux, ne comprenant pas. Se pouvait-il que la Cour du Roi soit en feu ? Comment ?
De grands cris s’élevèrent de l’horizon, les cris d’une armée – en même temps que le bruit d’une herse s’effondrant. Le cœur d’Elden s’arrêta ; les portes de la Cour du Roi avaient été prises d’assaut. Il savait que cela ne pouvait signifier qu’une chose – une armée professionnelle avait pénétré. En ce jour parmi tous, celui du Jour du Pèlerinage, la Cour du Roi était envahie.
Conven et O’Connor entrèrent en action, criant aux recrues d’arrêter de qu’ils faisaient, et les rassemblant.
Les recrues se pressèrent, et Elden s’avança aux côtés de Conven et O’Connor, alors qu’ils se taisaient tous, se tenant au garde-à-vous, attendant les ordres.
« Messieurs », tonna Elden. « La Cour du Roi a été attaquée ! »
Il y eut un murmure surpris et agité parmi le groupe de garçons.
« Vous n’êtes pas encore de la Légion, et certainement pas de l’Argent ou les guerriers endurcis que l’on s’attendrait à voir aller affronter une armée professionnelle. Ces envahisseurs viennent pour tuer, et si vous leur faites face, vous pourriez très bien y perdre la vie. Conven, O’Connor et moi avons le devoir de protéger la cité, et nous devons partir maintenant pour la guerre. Je n’attends d’aucun de vous que vous nous rejoignez ; en fait, je vous en découragerais. Cependant si aucun d’entre vous le souhaite, avancez maintenant, sachant que vous pourriez très bien mourir sur le champ de bataille en ce jour.
Il y eut quelques instants de silence, puis soudain, chacun des garçons se tenant devant eux fit un pas en avant, tous brave, noble. Le cœur d’Elden gonfla de fierté à cette vue.
« Vous êtes tous devenus des hommes aujourd’hui. »
Elden monta sur son cheval et les autres suivirent, tous laissant échapper un grand cri alors qu’ils s’élançaient simultanément, comme des hommes, pour risquer leurs vies pour les leurs.
*
Elden, Conven, et O’Connor montrèrent la voie, une centaine de recrues derrière eux, tous galopant, armes dégainées, alors qu’ils se hâtaient vers la Cour du Roi. Comme ils approchaient, Elden jeta un coup d’œil et fut ébranlé de voir plusieurs milliers de soldats McCloud prendre d’assaut les portes, une armée bien organisée profitant du Jour du Pèlerinage pour prendre en embuscade la Cour du Roi. Ils étaient surpassés, dominés à dix contre un.
Conven sourit, chevauchant l’avant.
« Justement la sorte de cote que j’aime ! » cria-t-il, partant devant dans un grand cri, chargeant au-devant de tous les autres, voulant être le premier à l’avant. Conven leva haut sa hache de guerre, et Elden l’observa avec admiration et inquiétude tandis que Conven attaquait hardiment l’arrière-garde de l’armée des McCloud tout seul.