Buch lesen: «Le Don du Combat »
À propos de Morgan Rice
Morgan Rice est l'auteur à succès n°1 et l'auteur à succès chez USA Today de la série d'épopées fantastiques L'ANNEAU DU SORCIER, qui compte dix-sept tomes, de la série à succès n°1 SOUVENIRS D'UNE VAMPIRE, qui compte onze tomes (pour l'instant), de la série à succès n°1 LA TRILOGIE DES RESCAPÉS, thriller post-apocalyptique qui contient deux tomes (pour l'instant) et de la nouvelle série d'épopées fantastiques ROIS ET SORCIERS. Les livres de Morgan sont disponibles en édition audio et papier, et des traductions sont disponibles en plus de 25 langues.
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Sélection de critiques pour Morgan Rice
« L’ANNEAU DU SORCIER a tous les ingrédients pour un succès immédiat : intrigue, contre-intrigue, mystère, de vaillants chevaliers, des relations s’épanouissant remplies de cœurs brisés, tromperie et trahison. Cela vous tiendra en haleine pour des heures, et conviendra à tous les âges. Recommandé pour les bibliothèques de tous les lecteurs de fantasy. »
--Books and Movie Review, Roberto Mattos
« [Un ouvrage] de fantasy épique et distrayant. »
--KirkusReviews
« Le début de quelque chose de remarquable ici. »
--San Francisco Book Review
« Rempli d’action… L’écriture de Rice est respectable et la prémisse intrigante. »
--PublishersWeekly
« [Un livre de] fantasy entrainant… Seulement le commencement de ce qui promet d’être une série pour jeunes adultes épique. »
--Midwest Book Review
Du même auteur
Livres de Morgan Rice
DE COURONNES ET DE GLOIRE
ESCLAVE, GUERRIERE, REINE (Tome n°1)
ROIS ET SORCIERS
LE RÉVEIL DES DRAGONS (Tome n°1)
LE RÉVEIL DU VAILLANT (Tome n°2)
LE POIDS DE L'HONNEUR (Tome n°3)
UNE FORGE DE BRAVOURE (Tome n°4)
UN ROYAUME D'OMBRES (Tome n°5)
LA NUIT DES BRAVES (Tome n°6)
L'ANNEAU DU SORCIER
LA QUÊTE DES HÉROS (Tome 1)
LA MARCHE DES ROIS (Tome 2)
LE DESTIN DES DRAGONS (Tome 3)
UN CRI D'HONNEUR (Tome 4)
UNE PROMESSE DE GLOIRE (Tome 5)
UN PRIX DE COURAGE (Tome 6)
UN RITE D'ÉPÉES (Tome 7)
UNE CONCESSION D'ARMES (Tome 8)
UN CIEL DE SORTILÈGES (Tome 9)
UNE MER DE BOUCLIERS (Tome 10)
UN RÈGNE D'ACIER (Tome 11)
UNE TERRE DE FEU (Tome 12)
UNE LOI DE REINES (Tome 13)
UN SERMENT FRATERNEL (Tome 14)
UN RÊVE DE MORTELS (Tome 15)
UNE JOUTE DE CHEVALIERS (Tome 16)
LE DON DE BATAILLE (Tome 17)
TRILOGIE DES RESCAPÉS
ARÈNE UN: SLAVERSUNNERS (Tome n°1)
ARÈNE DEUX (Tome n°2)
SOUVENIRS D'UNE VAMPIRE
TRANSFORMÉE (Tome n°1)
AIMÉE (Tome n°2)
TRAHIE (Tome n°3)
PRÉDESTINÉE (Tome n°4)
DÉSIRÉE (Tome n°5)
FIANCÉE (Tome n°6)
VOUÉE (Tome n°7)
TROUVÉE (Tome n°8)
RENÉE (Tome n°9)
ARDEMMENT DÉSIRÉE (Tome n°10)
SOUMISE AU DESTIN (Tome n°11)
OBSESSION (Tome n°12)
Écoutez L’ANNEAU DU SORCIER en format audio !
Copyright © 2014 par Morgan Rice
Tous droits réservés. Sauf dérogations autorisées par la Loi des États-Unis sur le droit d'auteur de 1976, aucune partie de cette publication ne peut être reproduite, distribuée ou transmise sous quelque forme que ce soit ou par quelque moyen que ce soit, ou stockée dans une base de données ou système de récupération, sans l'autorisation préalable de l'auteur.
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Il s'agit d'une œuvre de fiction. Les noms, les personnages, les entreprises, les organisations, les lieux, les évènements et les incidents sont le fruit de l'imagination de l'auteur ou sont utilisés dans un but fictionnel. Toute ressemblance avec des personnes réelles, vivantes ou mortes, n'est que pure coïncidence.
Image de couverture : Copyright Photosani, utilisée en vertu d'une licence accordée par Shutterstock.com.
À Jake Maynard.
Un véritable guerrier.
« Tu viens à moi avec une épée, une lance et un javelot—
Mais je viens à toi avec le Nom du Seigneur, Maître de Légions, Dieu des bataillons. »
– David à GoliathI Samuel, 17:45
CHAPITRE UN
Thorgrin, debout sur le navire qui tanguait violemment, regarda devant lui et lentement, horrifié, commença à prendre conscience de ce qu’il venait juste de faire. Sous le choc, il baissa les yeux sur ses propres mains, serrant encore l’Épée du Mort, puis releva le regard pour voir, à seulement quelques dizaines de centimètres, le visage de son meilleur ami, Reece, qui le dévisageait, les yeux écarquillés à cause de la douleur et de la trahison. Les mains de Thor tremblaient fortement, tandis qu’il réalisait qu’il avait tout juste poignardé son meilleur ami au torse, et qu’il le regardait mourir sous ses yeux.
Thor n’arrivait pas à comprendre ce qu’il s’était passé. Pendant que le navire à se tourner et retourner, les courants continuaient à le pousser à travers le Détroit de la Folie, jusqu’à ce que finalement, ils émergent de l’autre côté. Les courants se calmèrent, le bateau se stabilisa, et les épais nuages commencèrent à se lever tandis qu’en une dernière accélération, ils arrivèrent dans les eaux calmes.
Quand ils l’eurent fait, le brouillard qui enveloppait l’esprit de Thor se leva, et il commença à sentir son ancien soi, à voir de nouveau le monde avec clarté. Il contempla Reece devant lui, et son cœur se brisa quand il se rendit compte qu’il ne s’agissait pas du visage d’un ennemi, mais celui de son meilleur ami. Il réalisa lentement ce qu’il avait fait, réalisa qu’il avait été sous l’emprise de quelque chose de plus grand que lui-même, un esprit de folie qu’il ne pouvait pas contrôler, qui l’avait forcé à commettre cet acte horrible.
« Non ! » cria Thorgrin, la voix cassée par l’angoisse.
Thor retira l’Épée du Mort de la poitrine de son meilleur ami, et ce faisant, Reece haleta et commença à s’effondrer. Thor jeta l’épée, ne voulant plus poser les yeux dessus, et elle atterrit avec un bruit sourd sur le pont, tandis que Thor tombait à genoux et rattrapait Reece, le tenant dans ses bras, déterminé à le sauver.
« Reece ! » s’écria-t-il, accablé par la culpabilité.
Thor tendit la main et appuya sa paume contre la blessure, pour essayer de stopper le saignement. Mais il pouvait sentir le sang chaud courir à travers ses doigts, pouvait sentir la vie de Reece s’écouler hors de lui pendant qu’il le tenait dans ses bras.
Elden, Matus, Indra et Ange se précipitèrent en avant, eux aussi, enfin libérés des griffes de leur folie, et ils se rassemblèrent autour. Thor ferma les yeux et pria de toutes ses forces que son frère revienne à lui, que lui, Thor, se voie accordé une chance de rectifier son erreur.
Thor entendit des bruits de pas, et leva les yeux pour voir Selese accourir, le teint plus pâle que jamais, les yeux embrasés par une lueur venue d’un autre monde. Elle tomba à genoux devant Reece, le prit dans ses bras, et quand elle le fit, Reece le laissa partir, en voyant la lumière qui l’englobait, et en se souvenant de ses pouvoirs en tant que guérisseuse.
Selese regarda Thor, les yeux brûlant intensément.
« Seul toi peux le sauver », dit-elle urgemment. « Place ta main sur sa blessure, maintenant ! » ordonna-t-elle.
Thor tendit le bras et posa sa paume sur le torse de Reece, et ce faisant, Selese posa sa main par-dessus la sienne. Il pouvait sentir la chaleur et le pouvoir courir à travers sa paume, sur sa main, et à l’intérieur de la blessure de Reece.
Elle ferma les yeux et commença à fredonner, et Thor sentit une vague de chaleur s’élever dans le corps de son ami. Thor pria de toutes ses forces pour que son frère revienne à lui, pour qu’il soit pardonné pour cette folie qui l’avait conduit à faire cela.
Pour le plus grand soulagement de Thor, Reece ouvrit doucement les yeux. Il cilla et regarda vers le ciel, puis s’assit lentement.
Thor observa, stupéfait, Reece battre des paupières, et baissa les yeux sur sa plaie : elle était complètement guérie. Thor était sans voix, bouleversé, admiratif face aux pouvoirs de Selese.
« Mon frère ! » s’écria Thor.
Il tendit les bras et l’étreignit, et Reece, désorienté, l’enlaça lentement en retour, tandis que Thor l’aidait à se remettre sur pieds.
« Tu es vivant ! » s’exclama Thor, osant à peine y croire, serrant son épaule. Thor pensa à toutes les batailles dans lesquelles ils avaient été impliqués ensemble, à toutes leurs aventures, et il n’aurait pu supporter l’idée de le perdre.
« Et pourquoi ne le serais-je pas ? », dit Reece en clignant des yeux, confus. Il regarda tout autour de lui les visages interrogatifs de la Légion, et parut perplexe. Les autres s’avancèrent et l’étreignirent, un par un.
Pendant que les autres approchaient, Thor parcourut les environs du regard, fit le point, et se rendit soudain compte, avec horreur, que quelqu’un manquait : O’Connor.
Thor se précipita jusqu’au bastingage et chercha frénétiquement dans les eaux, se rappelant qu’O’Connor, à l’apogée de sa folie, avait bondi du navire dans les courants tumultueux.
« O’Connor ! » hurla-t-il.
Les autres se hâtèrent à ses côtés et scrutèrent les eaux, eux aussi. Thor gardait les yeux fixés vers le bas, et tendit le cou pour regarder vers le Détroit, dans les eaux en furie, épaisses de sang – et ce faisant, il vit O’Connor, qui se débattait, en train d’être emporté juste au bord du Détroit.
Thor ne perdit pas de temps ; il régit instinctivement et sauta sur le bastingage, puis plongea tête la première par-dessus bord, dans la mer.
Submergé, surpris par sa chaleur, Thor sentit combien cette eau état épaisse, dense, comme s’il nageait dans du sang. Nager dans l’eau, qui était si chaude, était comme nager dans de la boue.
Il fallut toute la force de Thor pour progresser à travers l’eau visqueuse, jusqu’à la surface. Il braqua son regard vers O’Connor, qui commençait à couler, et il pouvait voir la panique dans ses yeux. Il pouvait aussi voir, alors qu’O’Connor passait la frontière avec la haute mer, la folie commencer à le quitter.
Cependant, alors qu’il se démenait, il commençait à couler, et Thor sut que s’il ne l’atteignait pas bientôt, il sombrerait au fond du Détroit et ne serait jamais retrouvé.
Thor redoubla d’efforts, nageant de toutes ses forces, malgré la douleur intense et l’épuisement qu’il ressentait dans ses épaules. Et pourtant, juste quand il se rapprochait, O’Connor commença à s’enfoncer dans l’eau.
Thor eut une poussée d’adrénaline en voyant son ami disparaître sous la surface, et sut que c’était maintenant ou jamais. Il se jeta en avant, plongea sous l’eau, et donna un grand coup de pied. Il nagea sous l’eau, luttant pour ouvrir les yeux et voir à travers l’épais liquide ; il ne le pouvait pas. Ils piquaient trop.
Thor ferma les yeux et fit appel à son instinct. Il invoqua une part profonde en lui qui pouvait voir sans regarder.
Avec un autre mouvement désespéré, Thor tendit les bras, tâtonnant dans les eaux devant lui, et sentit quelque chose : une manche.
Ravi, il empoigna O’Connor et le tint fermement, stupéfait par son poids tandis qu’il coulait.
Thor tira avec force tout en se retournant et, de toutes ses forces, visa à remonter à la surface. Il était à l’agonie, chaque muscle de son corps protestait, tandis qu’il battait des jambes et nageait vers la liberté. Les eaux étaient si denses, maintenaient tant de pression, ses poumons paraissaient être sur le point d’exploser. À chaque coup de sa main, il avait l’impression de tirer l’univers.
Juste quand il pensait qu’il n’y arriverait jamais, qu’il sombrerait à nouveau dans les abîmes avec O’Connor et mourrait ici dans ce lieu terrible, Thor fit soudain surface. Haletant, il se tourna, regarda tout autour où il était et vit, avec soulagement, qu’ils avaient émergé de l’autre côté du Détroit de la Folie, dans les eaux libres. Il vit la tête d’O’Connor apparaître à côté de lui et remarqua que, lui aussi, chercher à reprendre sa respiration, et son soulagement fut complet.
Thor observa la folie quitter son ami et la lucidité lentement revenir dans ses yeux.
O’Connor battit des paupières plusieurs fois, toussant et recrachant l’eau, puis il regarda Thor d’un air interrogateur.
« Que faisons-nous ici ? » demanda-t-il, confus. « Où sommes-nous ? »
« Thorgrin ! » s’écria une voix.
Thor entendit un bruit d’éclaboussure, se tourna et vit une corde lourde atterrir dans l’eau à côté de lui. Il leva les yeux et vit Ange debout là, rejointe par les autres au bastingage du navire, qui avait fait demi-tour pour les rejoindre.
Thor l’agrippa, empoigna O’Connor avec l’autre main, et quand il l’eut fait la corde bougea, Elden la saisit et avec sa grande force les tira tous deux le long de la coque. Les autres membres de la Légion se joignirent à lui et tirèrent, un coup à la fois, jusqu’à ce que Thor sente qu’il s’élevait dans les airs et, enfin, par-dessus bord. Ils atterrirent tous deux sur le pont du navire avec un bruit sourd.
Thor, exténué, à court de souffle, recrachant encore de l’eau de mer, s’étala sur le pont à côté d’O’Connor ; ce dernier se tourna et regarda vers lui, également éreinté, et Thor put voir de la reconnaissance dans ses yeux. Il pouvait voir qu’O’Connor le remerciait. Aucun mot n’avait besoin d’être prononcé – Thor comprenait. Ils avaient un code silencieux. Ils étaient frères de Légion. Se sacrifier les uns pour les autres était ce qu’ils faisaient. C’était ce pour quoi ils vivaient.
Soudain, O’Connor se mit à rire.
Au premier abord Thor fut inquiet, se demandant si la folie pesait encore sur lui, mais ensuite il se rendit compte qu’O’Connor allait bien. Il était simplement à nouveau lui-même. Il riait de soulagement, riait de joie d’être en vie.
Thor commença à rire, lui aussi, le stress était derrière lui, et tous les autres se joignirent à eux. Ils étaient en vie ; contre toute attente, ils étaient en vie.
Les autres membres de la Légion s’avancèrent, empoignèrent O’Connor et Thor et les remirent sur pieds. Ils se serrèrent tous la main, s’étreignirent gaiement, leur navire, enfin, entra dans des eaux dont la navigation s’annonçait douce.
Thor regarda au loin et vit avec soulagement qu’ils s’éloignaient de plus en plus du Détroit, et la lucidité les envahissait tous. Ils avaient réussi ; ils étaient passés à travers le Détroit, bien qu’à un prix lourd. Thor ne pensait pas qu’ils pourraient survivre à une autre traversée.
« Là ! » s’écria Matus.
Thor se tourna avec les autres et suivit son doigt du regard tandis qu’il montrait – et il fut stupéfait par la vue s’offrant à eux. Il vit un tout nouveau panorama s’étendre devant eux à l’horizon, un nouveau paysage dans cette Terre du Sang. C’était une perspective pleine d’obscurité, avec des nuages sombres qui s’attardaient bas à l’horizon, l’eau était encore épaisse de sang – et pourtant à présent, le contour du rivage était plus proche, plus visible. Il était noir, dépourvu d’arbres ou de vie, ressemblait à des cendres et de la boue.
Le rythme cardiaque de Thor s’accéléra quand, au loin, il repéra un château noir, fait de ce qui semblait être de la terre, des cendres et de la boue, s’élevant du sol comme s’il faisait un avec lui. Thor pouvait sentir le mal qui en émanait.
Un étroit canal menait au château, sur ses rives étaient alignés des flambeaux, et il était bloqué par un pont-levis. Thor vit les torches brûlant aux fenêtres du château, et il éprouva une soudaine certitude : de tout son cœur, il savait que Guwayne était à l’intérieur, et l’attendait.
« Pleines voiles ! » s’écria Thor, qui sentait qu’il reprenait le contrôle, avec un nouvel objectif.
Ses frères se mirent en action, hissèrent les voiles tandis qu’ils prenaient la brise forte qui se levait derrière eux et les propulsait en avant. Pour la première fois depuis qu’ils avaient pénétré dans la Terre du Sang, Thor ressentit de l’optimisme, qu’ils pourraient vraiment trouver son fils et le sauver de là.
« Je suis heureuse que tu sois en vie », dit une voix.
Thor pivota et baissa les yeux pour voir Ange lui sourire, tirant sur sa chemise. Il sourit, s’agenouilla à côté d’elle, et l’enlaça.
« Tout comme moi pour toi », répondit-il.
« Je ne comprends pas ce qui s’est passé », dit-elle. « À un moment j’étais moi-même, et le suivant…c’était comme si je ne me reconnaissais plus. »
Thor secoua lentement la tête, tentant d’oublier.
« La folie est le pire des ennemis », répondit-il. « Nous sommes nous-mêmes des ennemis que nous ne pouvons vaincre. »
Elle fronça les sourcils, soucieuse.
« Cela se reproduira-t-il ? » demanda-t-elle. « Y a-t-il quelque chose d’autre dans cet endroit qui soit similaire ? » le questionna-t-elle, la peur dans la voix tandis qu’elle examinait l’horizon.
Thor le scruta, lui aussi, se demandant la même chose lui aussi – quand bien trop rapidement, à sa grande épouvante, la réponse se jeta sur eux.
Un incroyable bruit d’éclaboussure s’éleva, comme le bruit d’une baleine faisant surface, et Thor fut stupéfait de voir la créature la plus hideuse qu’il ait jamais vue émerger devant lui. Elle ressemblait à un monstrueux calmar, de quinze mètres de haut, rouge vif, de la couleur du sang, et elle se profila par-dessus le bateau tandis qu’elle jaillissait des eaux avec ses innombrables tentacules de neuf mètres de long, dont des dizaines s’étiraient dans toutes les directions. Ses perçants yeux jaunes les fusillaient du regard, emplis de fureur, tandis que son énorme gueule, dans laquelle s’alignaient des crocs jaunes et aiguisés, s’ouvrait avec un son répugnant. La créature occultait le peu de lumière que le ciel sombre permettait d’avoir, et elle poussa un hurlement perçant, surnaturel, tout en commençant à fondre sur eux, les tentacules écartés, prête à dévorer le navire tout entier.
Thor la contempla avec terreur, pris dans son ombre avec tous les autres, et il sut qu’ils étaient passés d’une mort certaine à une autre.
CHAPITRE DEUX
Le commandant de l’Empire cravacha encore et encore son zerta tout en galopant à travers la Grande Désolation, suivant la piste, comme il l’avait fait pendant des jours, sur le sol du désert. Derrière lui, ses hommes chevauchaient, haletants, sur le point de s’effondrer, car il ne leur avait pas laissé un instant pour se reposer durant tout le temps qu’ils avaient avancé – même pendant la nuit. Il savait comment pousser les zertas au maximum – et il savait comment mener les hommes, aussi.
Il n’avait aucune pitié pour lui-même, et il n’en avait certainement pas pour ses hommes. Il voulait qu’ils soient insensibles à l’épuisement, à la chaleur et au froid – en particulier quand ils étaient sur une mission aussi sacrée que celle-là. Après tout, si la piste menait réellement là où il espérait – vers la légendaire Crête elle-même – cela pourrait changer le sort tout entier de l’Empire.
Le commandant plongea ses talons dans le dos du zerta jusqu’à ce qu’il hurle, le forçant à aller encore plus vite, jusqu’à ce qu’il trébuche presque sur lui-même. Il plissa les yeux dans le soleil, scrutant les traces tout en progressant. Il avait suivi bien des pistes dans sa vie, et avait tué bien des personnes à leur fin – pourtant il n’avait jamais suivi de piste aussi captivante que celle-là. Il pouvait sentir combien il était proche de la plus grande découverte de l’histoire de l’Empire. Son nom serait commémoré, chanté pendant des générations.
Ils gravirent une crête dans le désert, et il commença à entendre un faible bruit s’élever, comme un orage couvant ; il regarda au loin quand ils l’eurent franchie, s’attendant à voir une tempête de sable venant dans leur direction, et il fut choqué, à la place, de repérer un mur de sable stationnaire, à une centaine de mètres, s’élevant droit du sol vers les cieux, tournoyant et tourbillonnant, comme une tornade sur place.
Il s’arrêta, ses hommes à côté de lui, et observa, curieux, car elle ne semblait pas bouger. Il ne pouvait comprendre. C’était un mur de sable faisant rage, mais il ne se rapprochait pas. Il se demanda ce qui se trouvait de l’autre côté. D’une certaine manière, il le sentait, c’était la Crête.
« Votre piste s’achève », dit un de ses soldats avec dérision.
« Nous ne pouvons pas passer à travers ce mur », dit un autre.
Le commandant secoua lentement la tête, les sourcils froncés avec conviction.
« Et si une contrée s’étend de l’autre côté de ce sable ? » rétorqua-t-il.
« De l’autre côté ? » demanda un soldat. « Vous êtes fou. Ce n’est rien qu’un nuage de sable, une étendue aride sans fin, comme le reste de ce désert. »
« Admettez votre échec », dit un autre soldat. « Faites demi-tour maintenant – ou sinon, nous nous en retournerons sans vous. »
Le commandant pivota et fit face à ses soldats, abasourdi par leur insolence – et vit mépris et rébellion dans leurs yeux. Il savait qu’il devait agir rapidement s’il voulait l’étouffer.
Dans un soudain élan de rage, le commandant se baissa, prit une dague à sa ceinture, porta un coup vers l’arrière, dans un seul geste vif, et la logea dans la gorge du soldat. Ce dernier hoqueta, puis tomba en arrière de son zerta et heurta le sol, une mare de sang frais se forma par terre. En quelques instants, une nuée d’insectes apparut, sortie de nulle part, recouvra son corps et le dévora.
Les autres soldats considéraient à présent leur commandant avec crainte.
« Y a-t-il quelqu’un d’autre qui souhaiterait défier mon commandement ? » demanda-t-il.
Les hommes le dévisagèrent nerveusement, mais cette fois ne dirent rien.
« Soit le désert vous tuera », dit-il, « ou je le ferais. C’est votre choix. »
Le commandant s’élança en avant, baissa la tête, et poussa un grand cri de guerre tandis qu’il galopait droit vers le mur de sable, sachant que cela pourrait entrainer sa mort. Il savait que ses hommes suivraient, et un instant après il entendit le bruit de leurs zertas, et sourit de satisfaction. Parfois ils avaient seulement besoin d’être maintenus dans les rangs.
Il poussa un cri perçant en pénétrant dans la tornade de sable. Il avait l’impression que des tonnes de sable pesaient sur lui, frottant contre sa peau dans tous les sens tandis qu’il chargeait de plus en plus profondément en son sein. C’était si bruyant, sonnant comme des milliers de frelons dans ses oreilles, pourtant il progressait encore, éperonnant son zerta, le forçant, même s’il protestait, à s’y enfoncer de plus en plus. Il pouvait sentir le sable érafler sa tête, ses yeux et son visage, et il avait l’impression qu’il allait être mis en pièces.
Pourtant il persévérait.
Juste alors qu’il se demandait si ses hommes avaient raison, si ce mur ne menait nulle part, s’ils allaient tous mourir là dans cet endroit, au grand soulagement du commandant, il jaillit hors du sable et à nouveau dans la lumière du jour, sans plus de sable pour le frotter, plus de bruit dans ses oreilles, rien que le ciel et l’air – qu’il n’avait jamais été si heureux de voir.
Tout autour de lui, ses hommes sortirent, eux aussi, tous irrités et en sang comme lui, de même que leurs zertas, tous paraissant plus morts que vifs – mais tous en vie.
Et alors qu’il levait les yeux et regardait devant lui, le cœur du commandant s’emballa soudain en s’arrêtant sur la vue saisissante. Il ne put plus respirer en admirant le panorama, et lentement mais sûrement, il sentit son cœur se gonfler d’un soudain sentiment de victoire, de triomphe. Des pics majestueux s’élevaient droit vers le ciel, formant un cercle. Un lieu qui ne pouvait être qu’une chose :
La Crête.
Elle se tenait là à l’horizon, s’élançant dans les airs, magnifique, vaste, et elle s’étirait à perte de vue des deux côtés. Et là, au sommet, brillant dans la lumière du soleil, il fut stupéfait de voir des milliers de soldats dans des armures étincelantes, en patrouille.
Il l’avait trouvée. Lui, et lui seul, l’avait trouvée.
Ses hommes s’arrêtèrent abruptement à côté de lui, et il put les voir, eux aussi, lever les yeux avec admiration et émerveillement, bouche bée, tous pensant à la même chose que lui : ce moment était historique. Ils allaient tous devenir des héros, connus pour des générations dans les traditions de l’Empire.
Avec un large sourire, le commandant se retourna et fit face à ses hommes, qui le regardaient à présent avec déférence ; puis il tira sèchement sur son zerta et fit demi-tour, s’apprêtant à chevaucher à nouveau à travers le mur de sable – et à refaire tout le chemin, sans s’arrêter, jusqu’à ce qu’il atteigne la base de l’Empire et rapporte au Chevaliers des Sept ce qu’il avait personnellement découvert. D’ici quelques jours, il le savait, toutes les forces de l’Empire assailliraient ce lieu, le poids de millions d’hommes résolus à détruire. Ils passeraient à travers ce mur de sable, escaladeraient la Crête, et écraseraient ces chevaliers, prendraient le contrôle du dernier territoire libre de l’Empire.
« Hommes », dit-il, « notre temps est venu. Préparez-vous à avoir vos noms gravés pour l’éternité. »