Buch lesen: «Des inégalités»
CONTENU
GRANDES IDÉES
UNE EUROPE DIVISÉE ?
LES INÉGALITÉS SONT-ELLES BONNES POUR LA CROISSANCE ?
EST-CE QUE QUICONQUE A BESOIN D’ÊTRE MILLIARDAIRE ?
LA DÉMOCRATIE, RÉPONSE DE L’EUROPE AU PROBLÈME DES INÉGALITÉS
NOTES
BIOGRAPHIE
Au sujet de la Banque européenne d’investissement
La Banque européenne d’investissement est la plus grande prêteuse multilatérale au monde. Elle est également la seule banque ayant pour actionnaires les états membres de l’Union européenne et dont elle représente les intérêts. La BEI finance la croissance économique européenne. Durant six décades, la Banque a soutenu des start-ups telles que Skype et des projets imposants comme le pont de l'Øresund reliant la Suède et le Danemark. Le Groupe BEI a son siège au Luxembourg et comprend le Fond européen d’investissement, spécialisé dans le financement des petites et moyennes entreprises.
DES INÉGALITÉS
Tessa Bending
Clause de non-responsabilité: Les observations, interprétations et conclusions exposées ici sont celles des auteurs et ne reflètent pas nécessairement les points de vue de la Banque européenne d’investissement.
GRANDES IDÉES
L’Europe pâtit-elle des inégalités ? De nombreux Européens sont certainement mis à mal par la pandémie de COVID-19. La montée du populisme témoigne également d’un certain malaise. Beaucoup d’Européens considèrent que leur économie n’est plus équitable. Mais ce phénomène s’explique-t-il par un excès d’inégalités ou par une certaine idéologie ? Les inégalités sont-elles vraiment une mauvaise chose ?
Il faut examiner les statistiques relatives aux inégalités économiques, mais aussi regarder au-delà de la difficulté de certains à joindre les deux bouts en envisageant différentes idées sur l’impact et l’importance des inégalités que nous observons.
Les inégalités favorisent-elles l’esprit d’entreprise, et donc l’innovation, en raison de la lutte pour gravir l’échelle sociale ? Ou pèsent-elles sur les perspectives de vie en s’enracinant, en bloquant la mobilité sociale et l’innovation ?
Et est-ce que quiconque a vraiment besoin d’être milliardaire ? Qui rendrions-nous plus heureux en leur donnant un euro : les riches ou les pauvres ? Autrefois tristement célèbre, cette question est désormais souvent oubliée en économie.
Tessa Bending mène des recherches sur l’inclusion sociale, le développement social et la mesure de l’impact au sein du département Analyses économiques de la Banque européenne d’investissement (BEI). Ce département fournit une analyse approfondie de questions cruciales en matière d’investissement, nourrissant ainsi les discussions sur les politiques internationales.
Il s’agit du seizième essai de la série des « Grandes idées » créée par la Banque européenne d’investissement. La BEI a invité des leaders d’opinion et des experts internationaux à écrire sur les questions les plus importantes de notre époque. Ces textes nous rappellent qu’il nous faut des idées novatrices afin de protéger l’environnement, de promouvoir l’égalité et d’améliorer la vie des populations partout dans le monde.
À MESURE QUE L’UNION EUROPÉENNE S’EST ÉLARGIE, ELLE A FACILITÉ LE NIVELLEMENT PAR LE HAUT SUR L’ENSEMBLE DE SON TERRITOIRE. POURTANT, NOMBREUX SONT CEUX QUI ESTIMENT QUE L’EUROPE S’EST PERDUE EN CHEMIN.
UNE EUROPE DIVISÉE ?
Nous devrions peut-être commencer par énumérer les atouts de l’Europe par rapport à d’autres continents. Il y fait bon vivre et travailler, nous y jouissons d’une liberté et d’une tolérance relatives. À l’échelle mondiale, c’est l’un des endroits où il est le plus aisé de faire face aux difficultés de la vie, comme la perte d’un emploi, la maladie ou la nécessité soudaine de bénéficier de soins. Le modèle européen est une réussite : il combine une économie de marché compétitive et un système de protection sociale solide qui offre une qualité de vie élevée. À mesure que l’Union européenne s’est élargie, elle a facilité le nivellement par le haut de la qualité de vie sur l’ensemble de son territoire. Elle demeure l’une des régions les plus égalitaires au monde.
Pourtant, nombreux sont ceux qui estiment que l’Europe s’est perdue en chemin. Ces dernières décennies, une évolution s’est opérée : de politiques majoritairement sociales-démocrates et keynésiennes marquées par un État fort, nous sommes passés à des politiques plus néolibérales marquées par un État faible. La grande crise financière de 2008-2009 a ébranlé le consensus néolibéral et relancé la controverse sur le rôle de l’État. Dans ce contexte, le débat sur les inégalités consiste moins à déterminer si elles sont trop ou pas assez nombreuses qu’à établir si les événements et évolutions politiques récents ont entraîné une augmentation de ces inégalités.
“ On peut facilement se perdre dans les méandres des statistiques. Mesurer les inégalités n’est pas une chose aisée. Généralement, les données d’enquête ne tiennent pas compte des ultra-riches, en raison de leur nombre très limité.
On peut facilement se perdre dans les méandres des statistiques. Mesurer les inégalités n’est pas une chose aisée. Généralement, les données d’enquête ne tiennent pas compte des ultra-riches, en raison de leur nombre très limité. De nombreuses suppositions sont nécessaires pour compléter les données fiscales. Différentes mesures montrent différents résultats. Le domaine émergent des études sur les inégalités porte principalement sur la mesure et sur l’importance de ces dernières.
Nous pouvons tirer la conclusion générale que les inégalités de revenus ont augmenté, tout comme les inégalités de richesses. Cette augmentation a débuté dans les années 1980 et 1990 avec l’ère néolibérale, bien que l’État, en Europe, ait continué à jouer un grand rôle dans le nivellement des revenus. La hausse des inégalités a été beaucoup moins spectaculaire en Europe qu’aux États-Unis.
Ainsi, alors que les revenus des 80 % de la population européenne les plus pauvres ont augmenté d’environ 40 % en moyenne depuis 1980, ceux avant impôt des 1 % les plus riches ont plus que doublé[1]. La crise financière mondiale et ses retombées n’ont pas été un facteur important d’inégalités en Europe. En fait, la baisse des bénéfices a temporairement entamé les revenus des centiles les plus élevés, tandis que la crise a parallèlement aggravé les difficultés et l’insécurité économique des cohortes aux revenus les plus faibles. Il est trop tôt pour déterminer les effets du COVID-19. Toutefois, de nombreux éléments semblent indiquer que les personnes occupant des emplois peu rémunérés et peu sûrs dans le secteur des services ont été beaucoup plus durement touchées que les autres. Pourtant, une fois ces éléments mis en évidence, nous nous rendons compte que nous ne savons que bien peu de choses. Les inégalités sont-elles aujourd’hui trop élevées en Europe, ou devrions-nous plutôt suivre l’exemple américain ?