Le Souvenir Zéro

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Le Souvenir Zéro
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LE SOUVENIR ZÉRO
(UN THRILLER D’ESPIONNAGE DE L’AGENT ZÉRO—VOLUME 6)
J A C K   M A R S
Jack Mars

Jack Mars est actuellement l’auteur best-seller aux USA de la série de thrillers LUKE STONE, qui contient sept volumes. Il a également écrit la nouvelle série préquel L’ENTRAÎNEMENT DE LUKE STONE, ainsi que la série de thrillers d’espionnage L’AGENT ZÉRO.

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Copyright © 2019 par Jack Mars. Tous droits réservés. À l’exclusion de ce qui est autorisé par l’U.S. Copyright Act de 1976, aucune partie de cette publication ne peut être reproduite, distribuée ou transmise sous toute forme que ce soit ou par aucun moyen, ni conservée dans une base de données ou un système de récupération, sans l’autorisation préalable de l’auteur. Ce livre numérique est prévu uniquement pour votre plaisir personnel. Ce livre numérique ne peut pas être revendu ou offert à d’autres personnes. Si vous voulez partager ce livre avec quelqu’un d’autre, veuillez acheter un exemplaire supplémentaire pour chaque destinataire. Si vous lisez ce livre sans l’avoir acheté, ou qu’il n’a pas été acheté uniquement pour votre propre usage, alors veuillez le rendre et acheter votre propre exemplaire. Merci de respecter le dur labeur de cet auteur. Il s’agit d’une œuvre de fiction. Les noms, personnages, entreprises, organismes, lieux, événements et incidents sont tous le produit de l’imagination de l’auteur et sont utilisés de manière fictive. Toute ressemblance avec des personnes réelles, vivantes ou décédées, n’est que pure coïncidence.

LIVRES DE JACK MARS

SÉRIE DE THRILLERS LUKE STONE

TOUS LES MOYENS NÉCESSAIRES (Volume #1)

PRESTATION DE SERMENT (Volume #2)

SALLE DE CRISE (Volume #3)

L’ENTRAÎNEMENT DE LUKE STONE

CIBLE PRINCIPALE (Tome #1)

DIRECTIVE PRINCIPALE (Tome #2)

MENACE PRINCIPALE (Tome #3)

UN THRILLER D’ESPIONNAGE DE L’AGENT ZÉRO

L’AGENT ZÉRO (Volume #1)

LA CIBLE ZÉRO (Volume #2)

LA TRAQUE ZÉRO (Volume #3)

LE PIÈGE ZÉRO (Volume #4)

LE FICHIER ZÉRO (Volume #5)

LE SOUVENIR ZÉRO (Volume #6)

UNE NOUVELLE DE L’AGENT ZÉRO

LE FICHIER ZÉRO (Volume #5) – Résumé

Alors qu’une crise internationale menace de déclencher une nouvelle guerre mondiale, certains œuvrent dans l’ombre aux plus hauts niveaux du gouvernement des USA pour déployer leur propre complot. La seule personne au courant en dehors de leurs rangs est l’agent de la CIA Kent Steele, qui fait le pari désespéré de sauver des millions de vies tout en préservant ses proches de ceux qui sont prêts à tout pour servir leurs propres intérêts.

L’Agent Zéro : Ses souvenirs perdus à présent retrouvés, Zéro fait remonter ce qu’il avait appris des années plus tôt au plus haut niveau : le Président des États-Unis. Or, cela incite les comploteurs à vouloir faire abattre le président en accusant l’Iran de cet assassinat. Zéro parvient à déjouer la tentative de meurtre et découvre en même temps que son ami et allié, l’Agent John Watson, a tué sa femme, la mère de ses filles, à la demande de ses supérieurs à la CIA.

Maya et Sara Lawson : Les deux filles de Zéro se sont montrées intelligentes et capables à la suite des multiples menaces qu’elles ont subies, mais elles ne sont pas au courant des détails sordides qui entourent la mort de leur mère et que leur père a récemment découverts.

L’Agent Maria Johansson : Maria coopère avec les ukrainiens pour savoir si son père, un membre de haut rang du Conseil de la Sécurité Nationale, est impliqué dans le complot. Elle découvre que non et, après avoir aidé Zéro à stopper la tentative d’assassinat, elle coupe les ponts avec le FIS ukrainien. Son père est nommé directeur de la CIA par intérim à la suite du scandale et des arrestations qui en découlent.

Alan Reidigger : Meilleur ami de Zéro, également ancien collègue agent de la CIA que tous croyaient mort depuis longtemps, Reidigger réapparaît sous les traits de Mitch, un mécanicien bourru qui a déjà aidé Zéro par le passé. Son apparence a énormément changé mais, avec le retour de ses souvenirs, Zéro est rapidement en mesure de reconnaître son ancien ami.

Le Directeur Adjoint Shawn Cartwright : Même si Zéro avait des doutes sur l’innocence de Cartwright dans le complot pour initier une guerre au Moyen Orient, Cartwright fait preuve de loyauté lorsqu’il aide Zéro à échapper à la Division. Toutefois, Cartwright est abattu dans un sous-sol en essayant de retenir les mercenaires.

La Directrice Adjointe Ashleigh Riker et le Directeur Mullen : Les deux chefs de la CIA, impliqués dans le complot et ayant activement œuvré contre Zéro, sont arrêtés tous les deux à la suite de la tentative d’assassinat avec des dizaines d’autres conspirateurs, dont de nombreux membres du cabinet présidentiel.

PROLOGUE

Karina Pavlo vit les deux hommes, assis à sa droite et à sa gauche dans la salle de conférence, se lever de leurs sièges. Elle se leva également, parce qu’elle savait que c’était ce qu’elle était censée faire, même si ses jambes étaient faibles et tremblantes. Elle les vit se sourire d’un air aimable, ces deux hommes en costumes de luxe, ces chefs d’état très différents. Elle garda le silence pendant qu’ils concluaient leur affaire en se serrant la main par-dessus la table.

Karina était encore sous le choc de ce qu’elle venait d’entendre, des mots que ses propres lèvres avaient prononcés.

Elle n’était encore jamais allée à la Maison Blanche, mais la partie de cette structure qu’elle venait de visiter était rarement visible du public. Le sous-sol (si on pouvait l’appeler ainsi, étant donné qu’il ressemblait fort peu à l’idée qu’on peut se faire d’un sous-sol) sous le Portique Nord contenait toutes sortes de choses, notamment, entre autres, une salle de bowling, une laverie, un atelier de charpentier, un cabinet dentaire, la Salle de Crise, l’espace de travail du président, trois salles de conférences et un confortable espace d’attente dans lequel Karina avait été emmenée à son arrivée.

C’était là, dans cette salle d’attente, qu’un agent des Services Secrets avait pris ses effets personnels, son téléphone mobile et une pochette noire, puis lui avait demandé de retirer son blazer. L’agent avait vérifié soigneusement chaque poche et chaque couture, puis l’avait tapotée de manière complète et méthodique, pendant qu’elle avait les bras tendus à quatre-vingt-dix degrés. Il lui avait demandé d’ouvrir la bouche, de lever la langue, d’enlever ses chaussures et de rester immobile pendant qu’il passait une baguette détectrice de métaux le long de son corps.

Les seules choses que Karina avait été autorisée à emporter en salle de réunion étaient les vêtements qu’elle avait sur le dos et une paire de boucles d’oreilles en perles. Pourtant, la rigueur de cette sécurité n’avait rien d’extraordinaire. Karina était interprète depuis quelques années déjà, avait travaillé dans des chambres de l’ONU, et avait traduit les propos de nombreux chefs d’état. Née en Ukraine, ayant fait ses études en Russie à Volgograd, puis ayant passé assez de temps aux USA pour obtenir un visa permanent, Karina se considérait elle-même comme une citoyenne du monde. Elle parlait couramment quatre langues et pouvait converser en trois autres. Son habilitation de sécurité était aussi élevée que pour n’importe quel civil.

Pourtant, le grand moment était arrivé. L’occasion de se rendre à la Maison Blanche pour traduire une rencontre entre les nouveaux présidents russe et américain lui semblait être, il y a encore vingt minutes à peine, le nouveau sommet de sa carrière.

Comme elle se trompait…

À sa gauche, le président russe Aleksandr Kozlovsky boutonnait le bouton supérieur de sa veste de costume, d’un geste fluide et habituel qui apparaissait comme irrationnellement nonchalant à Karina, sachant ce qu’elle venait d’entendre un moment auparavant. Avec son mètre quatre-vingt-douze, Kozlovsky les dominait tous les deux, son corps fin et ses longs membres lui conférant l’apparence d’une araignée. Ses traits étaient fades, son visage lisse et sans ride donnant l’impression qu’il s’agissait d’un travail inachevé.

Huit mois plus tôt, l’ancien président russe Dmitri Ivanov avait démissionné. Du moins, c’était la formule consacrée. À la suite de l’énorme scandale américain, il avait simultanément été découvert que le gouvernement russe était dans le coup, apportant non seulement son soutien aux USA au Moyen Orient, tout en attendant patiemment que le monde se concentre sur le Détroit d’Hormuz pour pouvoir s’emparer des sites de production pétrolière ukrainiens dans la Mer Baltique.

Aucune arrestation n’avait eu lieu en Russie, aucune sentence déclarée, aucune peine de prison purgée. Sous la pression de l’ONU et de l’ensemble du monde, Ivanov avait simplement démissionné et avait été sommairement remplacé par Kozlovsky qui, d’après ce qu’en savait Karina, était plus une doublure qu’un rival politique d’aucune sorte, malgré ce que les médias disaient.

Kozlovsky esquissa un sourire suffisant. “Ce fut un plaisir, Président Harris.” À Pavlo, il décocha seulement un bref hochement de tête avant de tourner les talons et de quitter la pièce.

Vingt minutes plus tôt, l’agent des Services Secrets avait escorté Karina jusqu’à la plus petite des trois salles de conférence du sous-sol de la Maison Blanche, dans laquelle se trouvait une longue table en bois exotique sombre, huit chaises en cuir, un écran de télévision et rien d’autre. Pas âme qui vive. Quand Karina avait été appelée comme interprète, elle s’était dit qu’il y aurait des caméras, des reporters, des membres des deux cabinets gouvernementaux, ainsi que la presse et les médias lors de cette réunion.

 

Mais il n’y avait eu qu’elle, puis Kozlovsky, et enfin Samuel Harris.

Le président des États-Unis Samuel Harris, debout à sa droite, avait soixante-dix ans. Il était à moitié chauve, avec un visage creusé par l’âge et le stress, ainsi que des épaules perpétuellement affaissées à cause d’une blessure au dos qu’il avait subie alors qu’il servait le pays au Vietnam. Pourtant, il se déplaçait avec superbe et sa voix rauque était bien plus autoritaire que sa stature le laissait supposer.

Harris avait facilement battu l’ancien président, Eli Pierson, lors des élections de novembre dernier. Malgré une sympathie certaine du public due à la tentative d’assassinat sur Pierson huit mois plus tôt, et malgré les efforts plutôt nobles de l’ancien président pour rebâtir son cabinet à la suite du scandale iranien qui avait éclaté, les États-Unis avaient perdu foi en lui.

Pour Karina, Harris ressemblait à un vautour, comparaison d’autant plus valable qu’il avait plongé en piqué pour voler les votes à Pierson comme un charognard arrachant les entrailles d’une carcasse qui avait commis bien trop d’erreurs et donné sa confiance aux mauvaises personnes. Harris, en tant que candidat démocrate, avait à peine eu à faire de promesses, à part celle de débusquer et de mettre rapidement un terme à toute nouvelle corruption éventuelle à la Maison Blanche. Mais, comme venait juste de le découvrir Karina Pavlo, la nouvelle corruption à la Maison Blanche était fermement installée, et peut-être seulement dans le bureau présidentiel.

La visite du président russe Kozlovsky avait été très suivie, couverte par presque tous les médias des États-Unis. C’était la première fois depuis que la cabale secrète avait été révélée dans les deux gouvernements que ces deux nouveaux leaders mondiaux se rencontraient en face à face. Il y avait eu des conférences de presse, une couverture permanente des médias, des réunions avec des centaines de caméras dans la pièce pour discuter de la façon dont les deux nations pouvaient avancer de manière amiable et alignée à la suite de la récente catastrophe.

Mais Karina savait à présent que c’était du chiqué. Ces quelques dernières minutes passées avec ces deux dirigeants, l’araignée et le vautour, lui avaient révélé que l’anglais de Kozlovsky était au mieux rudimentaire, et que Harris ne parlait pas un mot de russe, donc sa présence s’était révélée impérative et leurs discours étaient devenus les siens.

Tout avait commencé assez innocemment par des échanges de civilités. L’anglais passait de Harris à elle, puis elle s’exprimait en russe pour Kozlovsky et vice versa, comme si Karina était une traductrice automate. Les deux hommes se regardaient dans les yeux, ne lui posant pas une seule question et ne semblant même pas conscients de sa présence une fois la réunion entamée. Elle régurgitait mécaniquement leurs mots comme un processeur. Ils entraient dans ses oreilles dans une langue, sortant de sa bouche dans une autre.

Ce ne fut que lorsque la sinistre motivation de cette réunion privée fut dévoilée que Karina réalisa, lors de ces quelques minutes passées enfermée dans une salle du sous-sol de la Maison Blanche avec ces deux seuls hommes, que c’était la véritable raison à la visite du président russe aux États-Unis. Tout ce qu’elle pouvait faire était de traduire de façon aussi neutre que possible, en espérant que l’expression de son visage ne la trahisse pas.

Soudain, Karina Pavlo prit vaguement conscience qu’il était peu probable qu’elle quitte le sous-sol de la Maison Blanche vivante.

Une fois que Kozlovsky eut quitté la pièce, le président Harris se tourna vers elle, esquissant son sourire mauvais comme si la conversation qu’elle venait de traduire ne s’était pas produite et qu’il ne s’agissait de rien de plus qu’une formalité. “Merci, Mademoiselle Pavlo,” dit-il sur un ton paternel. “Votre expérience et votre expertise sont appréciables et de grande valeur.”

Peut-être était-ce à cause du choc ou de ce qu’elle venait juste d’apprendre, mais toujours est-il qu’elle se força immédiatement à sourire elle aussi. Ou peut-être était-ce dû à la facilité avec laquelle Harris semblait adopter un comportement aussi poli, alors qu’il savait pertinemment que l’interprète avait entendu chaque mot et les avait en fait répétés à l’autre partie sans rien omettre. Dans tous les cas, Karina se retrouva à sourire et à ouvrir la bouche contre sa volonté. “Merci pour cette opportunité, Monsieur le Président.”

Il sourit à nouveau. Elle n’aimait pas ça, ce sourire. Il n’y avait aucune gaieté dedans. Il était plus mauvais que joyeux. Elle l’avait vu une centaine de fois à la télévision, durant sa campagne. Mais, en personne, il était encore plus étrange à observer. Il lui donnait l’impression qu’il savait quelque chose qu’elle ignorait… ce qui était certainement vrai.

Une alarme retentit dans sa tête. Elle se demanda jusqu’où elle parviendrait à aller si elle le poussait pour s’enfuir. Pas bien loin, songea-t-elle. Elle avait vu au moins six agents des Services Secrets dans les couloirs du sous-sol, et elle était également sûre que le chemin qu’elle avait emprunté pour descendre ici était gardé.

Le président s’éclaircit la gorge. “Vous savez,” lui dit Harris, “il n’y avait personne d’autre dans cette pièce pour une bonne raison. Et je suis sûr que vous imaginez laquelle.” Il gloussa légèrement, comme si la menace mondiale que Karina venait juste d’apprendre était une plaisanterie. “Vous êtes la seule personne au monde à être au courant du contenu de cette conversation. S’il devait fuiter, je saurais de qui ça vient. Et les choses ne se passeraient pas bien pour cette personne.”

Le sourire resta sur le visage de Harris, mais il n’était en aucun cas rassurant.

Elle força ses lèvres à esquisser un sourire gracieux. “Bien sûr, Monsieur. La discrétion est l’une de mes qualités premières.”

Il tendit la main et tapota la sienne. “Je vous crois.”

J’en sais trop.

“Et je suis sûr que vous garderez le silence.”

Il essaie de m’apaiser. Il n’y a aucune chance qu’ils ne me laissent vivre.

“En fait, je suis sûr que j’aurai de nouveau besoin de vos services dans un futur proche.”

Il n’y avait rien que Harris puisse dire pour contrecarrer ses instincts. Le président aurait pu la demander en mariage là, maintenant, que la sensation de chair de poule sur sa nuque qui lui indiquait un danger imminent ne se serait pas dissipée.

Harris se leva et boutonna la veste de son costume. “Venez, je vous raccompagne.” Il sortit en premier de la pièce, et Karina le suivit. Ses genoux étaient flageolants. Elle se trouvait dans l’un des endroits les plus sécurisés de la planète, entourée d’agents entraînés des Services Secrets. Alors qu’ils atteignaient le couloir, elle vit la demi-douzaine d’agents postés là, debout adossés aux murs avec les mains jointes devant eux, pendant qu’ils attendaient le président.

Ou peut-être que c’était elle qu’ils attendaient.

Reste calme.

“Joe.” Harris se dirigea vers l’agent qui l’avait conduite ici depuis la salle d’attente. “Voulez-vous bien vous occuper de raccompagner Mademoiselle Pavlo en toute sécurité à son hôtel ? Prenez notre meilleure voiture.”

“Oui, Monsieur,” dit l’agent en hochant légèrement la tête. Une drôle d’acquiescement, selon elle : un acquiescement de compréhension mutuelle entre eux.

“Merci,” dit-elle aussi gracieusement que possible, “mais je peux prendre un taxi. Mon hôtel n’est pas loin.”

“N’importe quoi,” répondit Harris sur un ton de plaisanterie. “À quoi sert de travailler pour le président si vous ne pouvez pas profiter de quelques avantages ?” Il émit un petit rire. “Merci encore. Ce fut un plaisir de vous rencontrer. À bientôt.”

Ils se serrèrent la main. Son sourire s’attardait, mais ses yeux le trahissaient.

Karina n’avait pas vraiment le choix. Elle suivit l’agent des Services Secrets, le type qui s’appelait Joe (si tel était son vrai prénom), à travers le sous-sol de la Maison Blanche. Tous les muscles de son corps étaient tendus, nerveux, prêts à tout moment à se battre ou à se mettre à courir. Mais, à sa grande surprise, l’agent l’escorta directement vers des marches qu’ils montèrent, puis le long d’un couloir, avant de lui faire finalement passer une porte menant à l’extérieur. Il la guida sans un mot jusqu’à un petit parking sur lequel se trouvait une flotte de véhicules privés, puis il lui ouvrit la porte passager d’un SUV noir.

Ne monte pas.

Elle monta quand même. Si elle se battait maintenant ou essayait de s’enfuir, elle ne parviendrait jamais jusqu’au portail.

Deux minutes plus tard, ils avaient quitté l’enceinte de la Maison Blanche et roulaient sur Pennsylvania Avenue. Il m’emmène quelque part pour le faire. Ils veulent se débarrasser de moi ailleurs. Quelque part où personne ne me retrouvera jamais.

“Vous pouvez me laisser devant le Hilton,” dit-elle d’un ton désinvolte.

L’agent des Services Secrets esquissa un sourire timide. “Nous sommes le gouvernement des USA, Mademoiselle Pavlo. Nous savons où vous séjournez.”

Elle émit un petit rire, tentant de cacher la pointe de nervosité dans sa voix. “Je n’en doute pas. Mais j’ai rendez-vous avec un ami pour dîner au Hilton.”

“Quand bien même,” répondit l’agent, “le président m’a donné l’ordre de vous raccompagner jusqu’à votre hôtel, donc c’est ce que je dois faire pour des raisons de sécurité.” Il poussa alors un soupir, comme s’il compatissait à son sort, alors qu’elle était à peu près sûre qu’il allait la tuer. “Je suis sûr que vous comprenez.”

“Oh,” dit-elle soudain. “Mes affaires ? Mon téléphone et ma pochette ?”

“Je les ai.” Joe tapota la poche à la poitrine de sa veste.

Au bout d’un long moment de silence, Karina reprit la parole, “Puis-je les récupérer… ?”

“Bien sûr,” dit-il sur un ton enjoué. “Dès que nous serons arrivés.”

“J’aimerais beaucoup les avoir maintenant,” insista-t-elle.

L’agent sourit à nouveau, tout en gardant les yeux sur la route. “Nous y serons dans quelques minutes,” dit-il sur un ton placide, comme si elle était une petite fille excitée. Karina doutait vraiment que ses affaires se trouvent dans sa veste.

Elle s’enfonça dans son siège ou, du moins, donna l’impression de le faire et d’avoir l’air détendue, tandis que le SUV s’arrêtait à un feu rouge. L’agent des Services Secrets attrapa une paire de lunettes noires sur la console centrale, puis les installa sur son nez.

Le feu passa au vert.

La voiture devant eux se mit à avancer.

L’agent abandonna la pédale de freins pour celle d’accélération.

D’un geste vif, Karina Pavlo détacha sa ceinture de sécurité d’une main, tout en ouvrant sa portière de l’autre. Elle sauta hors du SUV en marche, ses talons heurtant l’asphalte. L’un d’entre eux se cassa lors de cette manœuvre. Elle partit en avant et tomba au sol sur les coudes, roula, puis se mit debout en chancelant. Elle retira ses chaussures à talons et se mit à courir en collants dans la rue.

“C’est quoi ce bordel ?!” L’agent des Services Secrets enfonça la pédale de freins et arrêta le véhicule en plein milieu de la rue. Il ne prit pas la peine de lui crier de revenir, mais il n’allait certainement pas la laisser partir ainsi, preuve qu’elle avait eu raison sur toute la ligne.

Des automobilistes se mirent à crier et à klaxonner, tandis que l’agent sautait de son véhicule. Mais elle était déjà presque rendue au croisement suivant, quasiment pieds nus car ses collants s’étaient filés, ignorant les aspérités occasionnelles de la route qui s’enfonçaient dans la plante de ses pieds.

Elle tourna brusquement à l’angle et se précipita dans la première voie qu’elle vit, pas vraiment une allée, mais plutôt une ruelle piétonne entre deux rangées de boutiques. Ensuite, elle prit à gauche, courant aussi vite que possible et regardant par-dessus son épaule de temps à autre, ne voyant pas l’agent à ses trousses.

En déboulant sur la rue suivante, elle repéra un taxi jaune.

Le conducteur faillit recracher son café dans la tasse en polystyrène à ses lèvres quand elle fit irruption sur sa banquette arrière en hurlant, “Démarrez ! Je vous en supplie, démarrez !”

“Bon sang, Mademoiselle !” cria-t-il. “Vous m’avez filé une de ces frousses…”

“Quelqu’un me poursuit, démarrez, s’il vous plaît,” implora-t-elle.

 

Il fronça les sourcils. “Qui est-ce qui vous poursuit ?” Le conducteur irrité se mit à regarder tout autour de lui. “Je ne vois personne…”

Putain, démarrez, s’il vous plaît !” lui hurla-t-elle.

“Ok, ok !” Le taxi démarra en s’engagea au beau milieu du trafic, déclenchant une nouvelle salve de klaxons qui allait sans aucun doute aiguiller l’agent sur la direction à prendre.

Comme prévu, en se retournant sur son siège pour regarder par la lunette arrière, elle vit l’agent arriver de l’angle de la rue en sprintant. Il ralentit sa course, ses yeux croisant les siens. L’une de ses mains s’enfonça brièvement sous sa veste, mais il semblait hésiter à sortir une arme en plein jour, et finit plutôt par porter sa main à l’oreille afin de contacter quelqu’un par radio.

“Tournez à gauche ici.” Karina guida le taxi pour qu’il tourne, conduise tout droit en passant quelques rues de plus, puis prenne à droite. Ensuite, elle sauta à nouveau en marche, tandis qu’il lui criait après pour son paiement. Elle courut jusqu’à bout de la rue, puis fit de même par trois fois, sautant dans des taxis, puis en dehors, jusqu’à ce qu’elle ait parcouru la moitié de DC de manière tellement sinueuse qu’elle était sûre que Joe, l’agent des Services Secrets, ne pourrait jamais la retrouver.

Elle reprit son souffle et lissa ses cheveux, arrêtant de courir pour se mettre à marcher à pas rapides, tête basse, essayant de ne pas avoir l’air éreinté. Le scénario le plus probable était que l’agent avait relevé le numéro de la plaque d’immatriculation du taxi, et le malheureux chauffeur (bien qu’un peu long à la détente) allait être arrêté, fouillé et interrogé pour s’assurer qu’il ne faisait pas partie d’un quelconque plan d’évasion prévu à l’avance.

Karina entra dans une librairie, espérant que personne ne remarquerait qu’elle ne portait pas de chaussures. La boutique était calme et les étagères hautes. Elle se rendit rapidement vers l’arrière pour aller aux toilettes, s’aspergea le visage avec de l’eau, et lutta pour se retenir de fondre en sanglots.

Son visage était toujours livide à cause du choc. Comment tout avait tourné mal si vite ?

Bozhe moy,” dit-elle dans un lourd soupir. Mon dieu. Alors que l’adrénaline se dissipait, la pleine gravité de sa situation lui apparût. Elle avait entendu des choses qui n’étaient pas censées quitter le sous-sol de la Maison Blanche. Elle n’avait pas de pièce d’identité. Pas de téléphone. Pas d’argent. Bon sang, elle n’avait même pas de chaussures. Elle ne pouvait pas retourner à son hôtel. Même se montrer dans n’importe quel lieu public équipé d’une caméra pourrait s’avérer risqué.

Ils n’allaient pas cesser de la poursuivre à cause de ce qu’elle savait.

Mais elle avait ses boucles d’oreilles. Karina toucha son lobe gauche d’un air absent, caressant la perle lisse qui s’y trouvait. Elle avait les mots qui avaient été prononcés lors de la réunion, et pas seulement dans sa mémoire. Elle avait la preuve de la dangereuse connaissance que le président américain, un présumé démocrate libéral qui avait gagné l’admiration du pays, était un pantin manipulé par les russes.

Là, dans les toilettes pour dames d’une librairie du centre-ville, Karina se regarda dans le miroir et se murmura avec désespoir, “Je vais avoir besoin d’aide.”