Vitres Teintées

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Vitres Teintées
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vitres tintées
(un mystère suspense psychologique chloé fine—volume 6)
blake pierce
Blake Pierce

Blake Pierce a été couronné meilleur auteur et bestseller d'après USA Today pour Les Enquêtes de RILEY PAIGE – seize tomes (à suivre), la Série Mystère MACKENZIE WHITE – treize tomes (à suivre) ; Les Enquêtes d'AVERY BLACK – six tomes ; Les Enquêtes de KERI LOCKE – cinq tomes ; LES ORIGINES DE RILEY PAIGE – cinq tomes (à suivre) ; la Série Mystère KATE WISE – six tomes (à suivre) ; la Série Thriller Psychologique CHLOE FINE – cinq tomes (à suivre) ; la Série Thriller Psychologique JESSIE HUNT – cinq tomes (à suivre) ; la Série Thriller Psychologique FILLE AU PAIR – deux tomes (à suivre) et Les Enquêtes de ZOE PRIME – deux tomes (à suivre).

Lecteur passionné, fan de thriller et romans à suspense depuis son plus jeune âge, Blake adore vous lire, rendez-vous sur www.blakepierceauthor.com – Restons en contact !

Copyright © 2020 par Blake Pierce. Tous droits réservés. Sous réserve de la loi américaine sur les droits d'auteur de 1976, aucune partie de cette publication ne peut être reproduite, distribuée ou transmise sous quelque forme ou par quelque procédé que ce soit, ni enregistrée dans une base de données ou un système de récupération, sans l'accord préalable de l'auteur. Ce livre électronique est sous licence pour usage personnel uniquement. Ce livre électronique ne peut être ni revendu, ni donné à d'autres personnes. Si vous désirez partager ce livre avec quelqu'un, veuillez acheter une copie supplémentaire pour chaque bénéficiaire. Si vous lisez ce livre et que vous ne l'avez pas acheté, ou qu'il n'a pas été acheté pour votre usage personnel uniquement, veuillez le rendre et acheter votre propre copie. Merci de respecter le travail de cet auteur. Il s'agit d'une œuvre de fiction. Les noms, les personnages, les entreprises, les organisations, les endroits, les événements et les incidents sont soit le produit de l'imagination de l'auteur, soit utilisés de manière fictive. Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé est purement fortuite. Image de couverture Copyright alliance images, utilisé sous licence de Shutterstock.com.

LIVRES PAR BLAKE PIERCE

LES MYSTÈRES DE ADÈLE SHARP

LAISSÈ POUR MORT (Volume 1)

CONDAMNÈ À FUIR (Volume 2)

CONDAMNÈ À SE CACHER (Volume 3)

LA FILLE AU PAIR

PRESQUE DISPARUE (Livre 1)

PRESQUE PERDUE (Livre 2)

PRESQUE MORTE (Livre 3)

LES MYSTÈRES DE ZOE PRIME

LE VISAGE DE LA MORT (Tome 1)

LE VISAGE DU MEURTRE (Tome 2)

LE VISAGE DE LA PEUR (Tome 3)

SÉRIE SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE JESSIE HUNT

LA FEMME PARFAITE (Volume 1)

LE QUARTIER IDÉAL (Volume 2)

LA MAISON IDÉALE (Volume 3)

LE SOURIRE IDÉALE (Volume 4)

LE MENSONGE IDÉALE (Volume 5)

LE LOOK IDEAL (Volume 6)

SÉRIE SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE CHLOE FINE

LA MAISON D’À CÔTÉ (Volume 1)

LE MENSONGE D’UN VOISIN (Volume 2)

VOIE SANS ISSUE (Volume 3)

LE VOISIN SILENCIEUX (Volume 4)

DE RETOUR À LA MAISON (Volume 5)

VITRES TEINTÉES (Volume 6)

SÉRIE MYSTÈRE KATE WISE

SI ELLE SAVAIT (Volume 1)

SI ELLE VOYAIT (Volume 2)

SI ELLE COURAIT (Volume 3)

SI ELLE SE CACHAIT (Volume 4)

SI ELLE S’ENFUYAIT (Volume 5)

SI ELLE CRAIGNAIT (Volume 6)

LES ORIGINES DE RILEY PAIGE

SOUS SURVEILLANCE (Tome 1)

ATTENDRE (Tome 2)

PIEGE MORTEL (Tome 3)

ESCAPADE MEURTRIERE (Tome 4)

LA TRAQUE (Tome 5)

LES ENQUÊTES DE RILEY PAIGE

SANS LAISSER DE TRACES (Tome 1)

RÉACTION EN CHAÎNE (Tome 2)

LA QUEUE ENTRE LES JAMBES (Tome 3)

LES PENDULES À L’HEURE (Tome 4)

QUI VA À LA CHASSE (Tome 5)

À VOTRE SANTÉ (Tome 6)

DE SAC ET DE CORDE (Tome 7)

UN PLAT QUI SE MANGE FROID (Tome 8)

SANS COUP FÉRIR (Tome 9)

À TOUT JAMAIS (Tome 10)

LE GRAIN DE SABLE (Tome 11)

LE TRAIN EN MARCHE (Tome 12)

PIÉGÉE (Tome 13)

LE RÉVEIL (Tome 14)

BANNI (Tome 15)

MANQUE (Tome 16)

UNE NOUVELLE DE LA SÉRIE RILEY PAIGE

RÉSOLU

SÉRIE MYSTÈRE MACKENZIE WHITE

AVANT QU’IL NE TUE (Volume 1)

AVANT QU’IL NE VOIE (Volume 2)

AVANT QU’IL NE CONVOITE (Volume 3)

AVANT QU’IL NE PRENNE (Volume 4)

AVANT QU’IL N’AIT BESOIN (Volume 5)

AVANT QU’IL NE RESSENTE (Volume 6)

AVANT QU’IL NE PÈCHE (Volume 7)

AVANT QU’IL NE CHASSE (Volume 8)

AVANT QU’IL NE TRAQUE (Volume 9)

AVANT QU’IL NE LANGUISSE (Volume 10)

AVANT QU’IL NE FAILLISSE (Volume 11)

AVANT QU’IL NE JALOUSE (Volume 12)

AVANT QU’IL NE HARCÈLE (Volume 13)

LES ENQUÊTES D’AVERY BLACK

RAISON DE TUER (Tome 1)

RAISON DE COURIR (Tome2)

RAISON DE SE CACHER (Tome 3)

RAISON DE CRAINDRE (Tome 4)

RAISON DE SAUVER (Tome 5)

RAISON DE REDOUTER (Tome 6)

LES ENQUETES DE KERI LOCKE

UN MAUVAIS PRESSENTIMENT (Tome 1)

DE MAUVAIS AUGURE (Tome 2)

L’OMBRE DU MAL (Tome 3)

JEUX MACABRES (Tome 4)

LUEUR D’ESPOIR (Tome 5)

PROLOGUE

Viktor Bjurman avait entendu parler de l’ivresse du coureur. Bien que Viktor fasse plus de sport que la majorité des gens, le jogging n’avait jamais été quelque chose qui l’avait vraiment attiré. Ça lui arrivait de faire un petit jogging de temps en temps, mais de longues courses à pied, ce n’était vraiment pas son truc. Mais il n’enviait pas ceux qui avaient ressenti cette ivresse du coureur. Non. Car il l’avait lui-même ressentie à de nombreuses reprises sans faire de jogging. En tant qu’entraîneur personnel, il savait que tout le monde pouvait ressentir cette ivresse en faisant un minimum d’exercice et en n’ayant pas peur de dépasser un peu ses limites.

Il la ressentait régulièrement au cours de son entraînement kettlebell. Mais il l’avait également ressentie quelques mois plus tôt, lors d’une séance intense de musculation, au cours de laquelle il avait poussé ses muscles jusqu’à l’extrême limite. Cette soi-disant ivresse n’était rien d’autre que le corps passant à une vitesse supérieure – une vitesse qui ne pouvait être atteinte qu’en surmontant les obstacles et les limites physiques que beaucoup de gens se mettaient.

Au moment où il sortit de la maison sur Primrose Street, Viktor ressentait un tout autre genre d’euphorie. Il avait l’impression d’avoir vingt ans de moins que son âge réel de trente-huit ans. Il se sentait plein d’énergie. Il venait juste de terminer sa dernière séance de la journée – une journée bien remplie, avec cinq visites à domicile pour des séances privées d’entraînement et deux séances dans un centre de fitness du quartier. Il était vidé… mais il ressentait également une certaine euphorie, assez semblable à cette ivresse du coureur.

Il avait gardé sa meilleure cliente pour la fin. Theresa Diaz était une femme de quarante-sept ans avec laquelle il travaillait depuis un an et demi. À force de s’entraîner, elle avait perdu près de quinze kilos et elle avait atteint la silhouette qu’elle avait toujours désirée. Sa perte importante de poids l’avait également aidée à reprendre confiance en elle.

C’était sûrement pour ça qu’elle avait été aussi énergique au moment de commencer à coucher avec lui. Ça faisait vingt-trois ans qu’elle était mariée, mais son mari ne s’intéressait pas du tout à elle, à part quand il avait besoin de satisfaire ses propres besoins. Et en en parlant à Viktor, elle lui avait ouvertement fait comprendre qu’elle était tout à fait disposée à une relation extra-conjugale. Et bien qu’il soit marié lui aussi, il n’avait pas hésité à profiter de l’occasion.

Ce n’était pas la première cliente avec laquelle il couchait et il avait appris à ignorer tout sentiment de culpabilité. Ça faisait maintenant trois mois qu’ils couchaient ensemble, après plus de quinze mois de séances d’entraînements intensifs. Viktor avait tout de suite su qu’elle serait une bonne maîtresse. Il avait eu le même genre d’expérience un an plus tôt. Apparemment, les femmes qui avaient été délaissées par leurs maris et qui retrouvaient leur confiance en elles étaient généralement avides et enthousiastes au lit.

Ou à défaut de lit, sur le sol du salon, comme ça avait été le cas pour lui et Theresa à peine cinq minutes plus tôt.

Il savait qu’il n’avait pas besoin de se dépêcher. Le mari de Theresa n’était pas en ville. Il avait dit à sa femme qu’il rentrerait un peu tard, lorsqu’ils s’étaient parlé tout à l’heure. Mais Viktor accéléra néanmoins le pas en quittant la maison de Theresa. Sa propre maison ne se trouvait pas très loin, à seulement six pâtés de maisons. Ça lui ferait un agréable petit jogging du soir. La nuit venait de tomber et il faisait frais, pas plus de quinze degrés.

Il se repassa en mémoire la séance d’entraînement (la séance extra, pas celle pour laquelle il était payé). Ça avait été incroyable, comme une scène sortie tout droit d’un film porno. Il avait eu plusieurs maîtresses au cours de sa carrière en tant qu’entraîneur personnel, mais il sentait que Theresa Diaz allait de loin être la meilleure. Quand ils couchaient ensemble, on aurait dit qu’elle ressortait toute sa rage contre ces années de mariage sans amour. Et il était ravi qu’elle le fasse. Quelque part, il devrait presque remercier son pathétique de mari pour…

Il fut interrompu dans ses pensées en voyant quelque chose voler dans sa direction.

Il n’avait aucune idée de ce que c’était. Une voiture ? Quelque chose que quelqu’un lui avait jeté ? Il ne savait pas. Tout ce qu’il savait, c’était que ça l’atteignit violemment à l’abdomen.

 

Viktor se plia en deux de douleur et tomba à genoux. Ce faisant, il aperçut l’objet qui l’avait frappé. C’était une batte de baseball en aluminium. Il la vit à nouveau s’élever dans les airs. Viktor essaya de respirer mais il avait l’impression de suffoquer. Le coup lui avait coupé le souffle et il ressentait une vive douleur sur le côté droit. Ce fut à ce moment-là qu’il vit la batte s’abattre à nouveau sur lui.

Elle l’atteignit en pleine poitrine, cette fois-ci. Et ça fit un bruit étrange – comme si la batte avait frappé une boîte en carton vide. Il ressentit une explosion de douleur dans la poitrine et quelque chose se brisa à l’intérieur de sa cage thoracique. Il essaya de hurler, mais il ne parvenait toujours pas à respirer. Il leva les bras en l’air quand il vit la batte fondre sur lui pour le frapper à nouveau.

Il bloqua le coup, mais son poignet droit se brisa sous l’impact. Un gémissement de douleur sortit de sa gorge.

Il aperçut la silhouette de la personne qui tenait la batte. C’était une silhouette masculine, mais il ne pouvait pas voir son visage. À travers la douleur, il se demanda si c’était le mari de Theresa. Ça aurait été logique, mais…

La logique et la raison commencèrent à lui échapper quand la batte s’abattit à nouveau sur lui. Cette fois-ci, elle l’atteignit sur le côté gauche, lui brisant les côtes. Il essaya de hurler, mais il n’y parvint pas – il avait trop mal. Il ouvrit la bouche, en espérant que quelque chose en sortirait.

Mais il n’y avait rien. Juste cette batte qui continuait à s’abattre sur lui. Il reçut un autre coup à l’abdomen, puis à la poitrine, avant de ressentir une douleur intense à l’épaule droite, lorsque la batte lui broya les os de la clavicule.

Viktor perdit le compte du nombre de coups qu’il avait reçus.

Vers le neuvième ou le dixième coup, quelque chose en lui cessa de lutter et il abandonna. Il regarda la batte s’abattre à nouveau mais il ne ressentit plus aucune douleur. Ce fut à ce moment-là que l’obscurité l’envahit.

CHAPITRE UN

Chloé Fine écoutait la voix de son père défunt tandis qu’un orage d’été grondait à l’extérieur. Elle était assise dans son salon et elle tenait l’enregistreur de sa sœur en main. Elle avait appuyé sur Play et elle avait écouté pendant quelques instants, avant de rebobiner pour repasser l’enregistrement. Elle portait un vieux t-shirt et un pantalon de pyjama confortable. Elle avait les genoux repliés sur sa poitrine. Elle était recroquevillée comme une petite fille qui écouterait un conte morbide.

Elle avait écouté à plusieurs reprises la phrase où il avouait avoir planifié le meurtre de sa mère. C’était presque devenu un mantra, comme le refrain d’une chanson qu’elle ne parvenait pas à s’enlever de la tête.

Alors que le tonnerre grondait à l’extérieur, Chloé l’écouta une dernière fois. Elle tenait l’enregistreur à deux mains, comme si elle s’attendait à ce qu’il se mette à bouger et qu’il fallait qu’elle l’étrangle dès qu’il le ferait. Elle repassa à nouveau les mêmes seize secondes d’enregistrement, en essayant d’imaginer ce que Danielle avait vécu dans ce vieil entrepôt abandonné.

D’une certaine manière, elle était assez fière de sa sœur, mais en même temps, elle était un peu effrayée par les extrêmes auxquels elle avait dû arriver pour obtenir cette confession.

Chloé arrêta l’enregistreur et le posa sur la table du salon. Elle resta assise en silence pendant un moment, en essayant de s’acclimater à l’état actuel de sa vie. Ce n’était pas la première fois qu’elle essayait. C’était beaucoup à digérer.

Ça faisait cinq jours qu’elles avaient enterré leur père dans ce petit bois insignifiant au Texas. Elles l’avaient enterré profondément et, bien que Chloé soit sûre que son corps finirait par être déterré par un animal à un moment ou à un autre, il faudrait sûrement plusieurs années pour que ça arrive. Si quelqu’un cherchait vraiment à retrouver Aiden Fine, il était sûrement possible de le retrouver. Mais ça demanderait beaucoup de recherches.

Et c’était ça, le plus beau. Personne n’allait vraiment chercher à le retrouver. Il n’y avait personne qui se préoccupait pour lui. Personne.

De plus, pour la police, Aiden Fine était en cavale et il était sûrement au Mexique à l’heure qu’il était.

Il leur avait été assez facile de mentir. Et vu que les deux sœurs avaient raconté la même histoire – en plus du fait que l’une des sœurs était un agent du FBI qui avait mentionné la disparition de son père à au moins une reprise – personne n’avait mis leur version des faits en doute. Et Aiden Fine était actuellement recherché par les forces de police et le FBI.

C’était la seule chose pour laquelle Chloé se sentait vraiment coupable. Elle savait que le FBI utilisait des ressources pour le retrouver. Mais elle savait également que, dans moins de deux semaines, les recherches allaient peu à peu être abandonnés à défaut de piste et que l’affaire finirait par n’être rien d’autre qu’une enquête parmi tant d’autres, reléguée au fin fond des archives.

Aiden Fine avait enlevé sa fille. Tout avait commencé quand il l’avait invitée chez lui pour dîner. La situation avait dégénéré et une brève lutte avait suivi. Aiden avait utilisé la voiture de Danielle pour l’amener jusqu’à un trou perdu au Texas. Il l’avait emmenée là parce qu’il savait que c’était un endroit dont elle avait un jour essayé de s’échapper. Selon les dires de Danielle, il avait affirmé que c’était un moyen pour lui de la briser. Il voulait qu’elle sache que, même lorsqu’elle avait essayé d’échapper aux démons de son passé, il avait toujours su où elle se trouvait.

Bien que le FBI ait gobé l’histoire, Chloé avait tout de même été réprimandée. Après tout, elle était partie sauver sa sœur en se mettant délibérément dans une situation dangereuse. Mais pour le reste, tout ce que le FBI savait, c’était qu’Aiden était parvenu à lui échapper et qu’il avait pris la fuite.

En regardant l’enregistreur, Chloé ne pouvait s’empêcher de se demander si elles n’avaient pas eu tort. Bien entendu, la police et le FBI n’avaient pas vu l’enregistreur. Non, Chloé l’avait gardé pour elle, parce que l’enregistrement contenait plusieurs remarques de Danielle qui racontaient la véritable histoire – que c’était elle qui avait kidnappé leur père, et pas le contraire.

Mais elles avaient tout de même des aveux. Et elles auraient pu modifier un peu leur histoire, en racontant qu’il avait essayé de tuer Danielle et qu’elle avait été obligée de le descendre pour se défendre. Il y aurait sûrement eu plus de vérifications de la part de la police, mais en même temps, ça aurait impliqué beaucoup moins de mensonges. Et Chloé ne se serait pas sentie aussi coupable envers le FBI.

Mais finalement, ce n’était sûrement pas si important que ça. Quelle que soit la version des faits qu’elles auraient choisie, la question la plus importante de toutes n’aurait probablement pas trouvé de réponse.

Sa sœur avait tué leur père. Et Chloé l’aurait également tué, si c’était pour sauver Danielle. Alors quelque part, peut-être qu’elles possédaient toutes les deux le même côté obscur que leur père.

Et maintenant qu’elles avaient agi de concert pour dissimuler ce qui s’était passé au Texas, est-ce que ce côté obscur allait prendre le dessus ?

***

Chloé finit par s’endormir, recroquevillée sur son divan. Quand son réveil sonna depuis sa chambre à coucher le lendemain matin, elle ressentit une vive douleur dans le dos en s’asseyant. C’était dû à la position dans laquelle elle avait dormi. Elle alla jusqu’à la chambre à coucher en s’étirant et elle éteignit son réveil.

Elle regarda le désordre qui régnait dans sa chambre et elle se rendit compte qu’elle avait passé les cinq derniers jours dans une sorte de semi-stupeur. Il fallait qu’elle range un peu, qu’elle fasse des lessives et qu’elle avale autre chose que des plats réchauffés au micro-ondes.

Elle se demanda si elle n’appellerait pas le FBI pour leur dire qu’elle était malade. Le directeur Johnson saurait probablement que ce n’était pas vrai, mais vu ce qu’elle venait d’endurer, il ne dirait probablement rien. Elle prit une douche chaude pour détendre les muscles de son dos, en espérant que ça l’aiderait à sortir de son état morose. Ça l’aida un peu, mais en s’habillant, elle continuait à considérer prendre un ou deux jours de congé.

Elle était sur le point de prendre son téléphone pour appeler, mais il sonna avant qu’elle puisse le faire. Quand elle vit que l’appel venait du FBI, elle fit la grimace. Je ne crois pas que je vais pouvoir prendre un jour de congé, finalement…

Elle décrocha et elle entendit la voix de la secrétaire de Johnson la saluer, avant de la transférer vers la ligne du directeur.

« Agent Fine, est-ce que vous êtes sur le point de partir pour le bureau ? » demanda Johnson.

« Oui, monsieur. »

« Tant mieux. Je veux que vous veniez tout de suite dans mon bureau. J’ai un briefing à vous faire. »

Franchement, elle n’était pas sûre d’en avoir vraiment envie. Mais ce qu’elle savait, c’était que si elle restait encore quelques jours de plus assise à ne rien faire dans son appartement, en se demandant si elles avaient eu raison d’agir comme elles l’avaient fait, elle allait devenir complètement dingue. Elle envisagea brièvement l’idée de refuser, en disant qu’elle ne se sentait pas bien, mais elle se ravisa. Il y avait peut-être une nouvelle enquête pour elle. Et bien sûr, qu’elle allait l’accepter.

« Bien sûr, » dit-elle, en ne sachant toujours pas si c’était vraiment ce qu’elle voulait. « Je serai là dans une demi-heure. »

Elle se dépêcha de s’habiller et avala un rapide petit-déjeuner constitué de céréales avant de partir de chez elle. Rien que le fait de faire ça lui parut salvateur. La routine était une manière idéale de retourner à une certaine normalité. Bien que ça ne fasse que quelques jours qu’elle était d’humeur morose, ça l’avait fortement affectée mentalement et émotionnellement. Oui, bien sûr, elle était allée travailler. Mais elle l’avait fait de manière machinale et automatique, l’esprit occupé par des milliers d’autres choses.

Mais là, elle allait au bureau pour avoir des infos sur une potentielle nouvelle enquête. C’était complètement différent. Pour la première fois depuis qu’elle était rentrée du Texas, elle avait l’impression qu’elle allait enfin pouvoir mettre toute cette histoire derrière elle.

Dès qu’elle arriva au FBI, elle alla directement au bureau de Johnson, en se demandant quel genre d’affaire il pouvait avoir pour elle. Elle avait commencé à se faire une réputation en tant qu’agent spécialisée en affaires sordides de banlieue, le genre d’enquête qui impliquait des personnes riches qui passaient le plus clair de leur temps à essayer de dissimuler des secrets.

En fait, j’aurais tout à fait ma place dans ce genre de quartiers, pensa-t-elle. Parce que j’ai moi aussi des secrets dont je ne pourrai jamais me défaire.

Quand elle arriva dans le bureau de Johnson, elle se dirigea machinalement vers la chaise sur laquelle elle avait l’habitude de s’asseoir, devant le bureau du directeur. Mais elle se rendit compte que Johnson n’était pas assis à sa place. Il était assis à la petite table de réunion au fond de la pièce. Et il n’était pas seul. Il était accompagné d’un homme et d’une femme. Chloé reconnut l’homme : il s’agissait de Beau Craddock et il était assez haut placé dans la hiérarchie du FBI – bien au-dessus du directeur Johnson. Quant à la femme, elle ne l’avait jamais vue auparavant, mais si elle accompagnait Craddock, Chloé en déduisit qu’elle devait également être haut placée.

« Agent Fine, » dit Johnson. « Je vous en prie, prenez une chaise. »

« OK… »

Il y avait une seule autre chaise disponible et elle se trouvait en bout de table. Elle s’y assit, en faisant un petit signe poli de la tête aux personnes assises devant elle.

« Agent Fine, je vous présente le directeur adjoint Craddock, et la conseillère au directeur, Sarah Kirsch. »

Kirsch lui décocha un sourire légèrement faux.

« Nous voudrions que vous nous racontiez en détails la chronologie des événements tels qu’ils se sont déroulés, quand vous êtes partie au Texas à la recherche de votre sœur, » dit Craddock.

Chloé sentit un frisson lui parcourir l’échine. Elle regarda Johnson d’un air surpris. « Monsieur, j’ai déjà tout raconté en détails à deux reprises – une fois à vous, et une fois à la police. Est-ce que c’est vraiment nécessaire ? »

« Franchement, probablement pas, » dit Kirsch, avant que Johnson ne réponde. « Mais le fait est que vous vous êtes retrouvée sur les lieux où un homme actuellement recherché pour enlèvement et agression retenait sa victime. Alors oui, votre témoignage vaut la peine d’être entendu. »

 

Johnson haussa les épaules et la regarda, l’air de dire qu’elle n’avait pas vraiment le choix. « Désolé, Fine, mais le fait que vous soyez étroitement liée au ravisseur et à la victime a visiblement attiré l’attention de la hiérarchie. Mais, comme je le leur ai dit, on a déjà tout vérifié. Et il n’y a aucune zone d’ombre. Ils veulent juste l’entendre de votre bouche. »

Aucune zone d’ombre, c’est ça, oui, pensa Chloé. Si c’était le cas, tu m’aurais prévenue de ce qui m’attendait quand tu m’as appelée ce matin. Au lieu de ça, tu me mets devant le fait accompli. Tu essaies de me piéger, oui.

Mais qu’est-ce qu’elle pouvait y faire ?

Elle s’appuya contre le dossier de sa chaise, en ayant l’impression de mettre volontairement le pied dans un piège à loups.