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La mort de Lucrèce

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CXLI. – «Qu'il ait le temps d'arracher sa chevelure bouclée, qu'il ait le temps de tourner sa rage contre lui-même, qu'il ait le temps de désespérer du secours du temps, qu'il ait Je temps de vivre en esclave méprisé, qu'il ait le temps de mendier son pain, qu'il ait le temps de voir un mendiant lui refuser des restes dédaignés!

CXLII. – «Qu'il ait le temps de voir ses amis devenir ses ennemis, et de voir les fous le tourner en dérision; qu'il ait le temps d'apprendre combien le temps s'écoule lentement dans les regrets, combien il est court et rapide aux heures de la folie et du plaisir! Que son crime ineffaçable ait le temps de déplorer l'abus de son temps!

CXLIII. – «O temps! précepteur du bon et du méchant, apprends-moi à maudire celui à qui tu as appris ce crime. Que le scélérat devienne fou de peur en voyant son ombre! que lui-même cherche à s'ôter la vie: c'est à ses misérables mains qu'il appartient de verser son sang misérable. Y aurait-il un homme assez vil pour servir de bourreau à un si vil esclave!

CXLIV. – «Plus vil encore il est, parce qu'il est fils de roi, lui qui trompe les espérances de son père par de basses actions! Plus l'homme est puissant, plus il mérite de respect ou de haine, car la plus grande infamie s'attache au rang le plus élevé. La lune a assez d'un grand nuage pour se voiler; les petites étoiles se cachent quand elles veulent.

CXLV. – «Le corbeau peut tremper ses ailes noires comme le charbon dans un bourbier et s'envoler sans que l'on aperçoive la fange qui les tache; mais si le cygne, blanc comme la neige, veut en faire de même, la tache se reconnaît sur son col argenté. Les pauvres serviteurs sont une nuit obscure, les rois sont un jour resplendissant. Les moucherons volent inaperçus, les aigles frappent tous les regards.

CXLVI. – «Loin d'ici, vains mots, interprètes des cerveaux creux, sons sans utilité, faibles arbitres, allez dans les écoles où l'on se fait un art de la dispute; allez servir les insipides débats de ceux qui en amusent leurs loisirs: soyez médiateurs des clients tremblants de perdre leur cause; pour moi je ne ferai pas le moindre argument, puisque je n'ai rien à attendre du secours de la loi.

CXLVII. – «En vain je maudis l'occasion, le temps, Tarquin et la sombre nuit, en vain je cherche querelle à mon infamie; en vain je repousse mon désespoir; cette inutile fumée de mots ne me fait aucun bien, le seul remède qui puisse me guérir, c'est de verser tout mon sang impur.

CXLVIII. – «Pauvre main, pourquoi frémis-tu à ce décret? Honore-toi en me débarrassant de cette honte; car si je meurs, mon honneur survit en toi: si je vis, tu as part à mon infamie; puisque tu n'as pu défendre ta dame loyale, puisque tu as eu peur de déchirer son perfide ennemi, immole-toi avec elle pour avoir cédé ainsi.»

CXLIX. – Elle dit et s'élance de sa couche en désordre pour saisir dans son désespoir quelque instrument; mais elle n'est pas dans une maison de meurtre, et ne trouve aucun instrument pour agrandir le passage de son souffle, qui se presse entre ses lèvres et s'évanouit comme la fumée de l'Etna, qui se consume dans les airs, ou comme celle qu'exhale un canon qu'on décharge.

CL. – «Vainement, dit-elle, je vis et je cherche quelque bienheureux moyen de finir une malheureuse vie: j'ai eu peur d'être tuée par le glaive de Tarquin, et cependant je cherche un couteau pour la même intention; mais quand j'avais peur, j'étais une femme loyale; je le suis encore: oh non! ce ne peut-être: Tarquin m'a dépouillée de ce noble titre.

CLI. – «Oh! j'ai perdu ce qui me faisait aimer la vie, je n'ai donc plus de motif de craindre la mort; en effaçant ma souillure par la mort, du moins je donne un gage de gloire aux couleurs de la calomnie, et une vie mourante à l'éternelle honte. Ressource insuffisante, après avoir perdu le trésor, que de brûler l'innocente cassette où il était!

CLII. – «Eh bien! cher Collatin! tu ne connaîtras pas le goût corrompu de la foi violée; je n'outragerai pas ton amour sincère; je ne prétendrai pas que mon serment est resté intact. Cette greffe bâtarde ne croîtra pas. Celui qui a souillé ta tige ne se vantera pas que tu es le tendre père de son fruit.

CLIII. – «Il ne rira pas à tes dépens dans sa pensée secrète, il n'égayera point ses compagnons de débauche sur ton affront: tu sauras que je n'ai point été lâchement achetée avec de l'or, mais que la porte a été forcée. Pour moi, je suis la maîtresse de mon sort et je ne me pardonnerai que lorsque la vie aura payé au trépas mon offense involontaire.

CLIV. – «Je ne t'empoisonnerai point de ma souillure; je ne masquerai point ma faute par d'adroites excuses. Je ne colorerai pas la noirceur de mon crime pour cacher la vérité sur les horreurs de cette perfide nuit. Ma bouche révélera tout. Mes yeux, tels que des écluses, ou semblables à la source des montagnes, qui arrose un vallon, répandront de purs ruisseaux pour laver mon aveu impur.»

CLV. – Cependant la plaintive Philomèle avait terminé le chant mélodieux de ses douleurs nocturnes; la nuit solennelle descendait d'un pas lent et triste dans les gouffres de l'effroyable enfer; l'aurore rougissant prête sa lumière à tous les yeux qui la désirent; mais, dans sa douleur, Lucrèce se reproche de voir et regrette les ombres de la nuit.

CLVI. – Le jour révélateur épie à travers toutes les fentes et semble l'apercevoir au lieu où elle est assise tout en pleurs. C'est à lui qu'elle s'adresse en sanglotant: «Oeil des yeux, pourquoi cherches-tu à poindre par ma fenêtre? Cesse tes regards indiscrets, caresse de tes rayons les yeux qui dorment encore, ne brûle pas mon front de ta lumière éblouissante, car le jour n'a rien à faire avec ce qui se passe la nuit.»

CLVII. – C'est ainsi que Lucrèce s'en prend à tout ce qu'elle voit: le vrai chagrin est radoteur et fantastique comme un enfant, qui, une fois qu'il boude, voit tout avec humeur. Ce sont les anciennes douleurs et non les douleurs nouvelles qui s'adoucissent. La durée dompte les unes, les autres sont telles qu'un nageur inhabile, plongeant toujours péniblement et se noyant par défaut d'adresse.

CLVIII. – C'est ainsi que Lucrèce, enfoncée dans une mer de soucis, se fâche contre tout ce qu'elle voit, et rapporte tout à son chagrin; tous les objets viennent les uns après les autres accroître la force de son désespoir. Quelquefois il est muet et ne parle plus, quelquefois il est en démence et parle trop.

CLIX. – Les petits oiseaux qui chantent dans leur joie matinale la désolent par leur douce mélodie, car la gaieté est alors importune; les âmes tristes souffrent mortellement dans les sociétés joyeuses; le chagrin se plaît davantage dans la compagnie du chagrin: le chagrin véritable cherche la sympathie de son semblable.

CLX. – C'est une double mort de faire naufrage à l'aspect du rivage; il languit dix fois celui qui languit en voyant de la nourriture: la vue du baume rend la plaie plus douloureuse. Les grandes douleurs déplorent surtout ce qui les peut soulager. Les profonds regrets s'avancent comme un fleuve paisible qui, étant arrêté, franchit ses bords. Le chagrin qu'on plaisante ne connaît ni lois ni limites.

CLXI. – «Oiseaux railleurs, dit-elle, renfermez vos accents dans vos seins garnis de plumes; soyez silencieux et muets en ma présence; mon trouble plein d'angoisse n'aime aucune cadence de sons: une hôtesse triste ne peut souffrir des hôtes joyeux. Réservez vos accords pour ceux à qui ils plaisent; l'infortune aime la mélancolie, qui marque la mesure avec des pleurs.

CLXII. – «Viens, Philomèle qui chantes le viol; fais ton triste bocage de mes cheveux épars; de même que la terre humide pleure sur ta langueur, je verserai une larme à chaque son mélancolique, et je soutiendrai le diapason avec mes profonds sanglots. Pour refrain, je murmurerai le nom de Tarquin, tandis que tu moduleras celui de Térée.

CLXIII. – «Pendant que tu feras ta partie contre un buisson, pour entretenir le souvenir de tes maux cuisants, moi, malheureuse, afin de t'imiter, je fixerai contre mon coeur un couteau acéré pour effrayer mes regards; et s'ils se troublent, je tomberai et mourrai. Ces moyens, comme les touches sur un instrument, mettront les cordes de nos coeurs au vrai ton de la douleur.

CLXIV. – «Pauvre oiseau, puisque tu ne chantes pas pendant le jour, comme honteux d'être aperçu, nous choisirons quelque désert profond et sombre, écarté de la route, où ne pénètrent ni la chaleur brûlante, ni le froid glacial, et là, nous adressant aux bêtes féroces, nous leur ferons entendre des airs mélancoliques pour les adoucir. Si les hommes sont aussi cruels que les bêtes, que les bêtes aient un coeur compatissant.»

CLXV. – Comme la pauvre biche effrayée qui s'arrête et regarde, immobile et incertaine de quel côté elle fuira, ou comme celui qui, égaré dans un labyrinthe, a peine à reconnaître sa route, Lucrèce reste indécise, ne sachant lequel est préférable de vivre ou de mourir, quand la vie est honteuse et que la mort lui coûte.

CLXVI. – «Me tuer! dit-elle. Hélas! ne serait-ce pas souiller à la fois mon âme et mon corps? Ceux qui perdent une moitié vivent avec plus de patience que ceux qui sont dépouillés du tout: c'est une mère sans raison et sans pitié que celle qui, ayant deux aimables enfants, quand la mort lui en enlève un, tue l'autre et n'en a plus.

CLXVII. – «De mon corps ou de mon âme, lequel m'était le plus cher quand l'un était pur et l'autre céleste? lequel préférais-je quand tous deux appartenaient au ciel et à Collatin? Hélas! Qu'on déchire l'écorce du pin superbe, ses feuilles se flétriront, sa sève se tarira. Il en est ainsi de mon âme blessée dans son écorce.

CLXVIII. – «Sa demeure est saccagée, son repos interrompu, son asile pris d'assaut par l'ennemi, son saint temple souillé, pillé, profane par l'audacieuse infamie; que l'on ne m'accuse donc pas d'impiété, si, dans une forteresse ainsi battue en ruine, je fais une brèche pour en enlever mon âme malheureuse.

 

CLXIX. – «Cependant je ne veux pas mourir jusqu'à ce que mon Collatin ait appris la cause de ma mort prématurée, afin que, dans cette heure de mon agonie, il puisse jurer vengeance sur celui qui me force d'abréger mes jours. Je léguerai mon sang impur à Tarquin. Souillé par lui, il sera versé par lui, et, comme il le mérite, je le dirai dans mon testament.

CLXX. – «Je léguerai mon honneur au couteau qui blessera mon corps déshonoré. C'est un honneur de terminer une vie déshonorée. L'un vivra quand l'autre ne sera plus. C'est ainsi que de mes cendres naîtra ma gloire; car dans ma mort je tue le mépris insultant: ma honte étant morte, mon honneur renaît.

CLXXI. – «Seigneur adoré de ce trésor que j'ai perdu, quel héritage te laisserai-je? Mon courage fera ton orgueil, et ton exemple pour te venger. Apprends par ma fin quelle doit être celle de Tarquin. Moi, ton amie, j'immolerai moi, ton ennemie. Pour l'amour de moi, traite de même le perfide Tarquin.

CLXXII. – «J'achève en quelques mots mes dernières volontés: mon âme au ciel, mon corps à la terre, et toi, ô mon époux, prends mon courage; mon honneur au couteau qui m'ouvrira le sein, ma honte à celui qui souilla ma réputation, et tout ce qui survivra de ma gloire sera partagé à ceux qui vivront et ne penseront pas mal de moi.

CLXXIII. – Toi, Collatin, tu veilleras à l'exécution de ce testament. Hélas! pourquoi faut-il que tu le voies! Mon sang lavera mon affront; la noble fin de ma vie rachètera l'acte impur de ma vie. Ne faiblis pas, faible coeur; mais dis avec fermeté: il faut que cela soit. Cède à ma main, ma main te vaincra; une fois mort, vous mourrez tous deux, et tous de vous serez vainqueurs.»

CLXXIV. – Quand Lucrèce eut tristement délibéré ce plan de mort et essuyé la perle amère qui mouillait ses yeux brillants, d'une voix entrecoupée elle appela sa suivante. Celle-ci, obéissant, accourt promptement auprès de sa maîtresse; car le devoir vole avec les ailes de la pensée. Les joues de l'infortunée Lucrèce semblent à la suivante comme les prairies d'hiver quand le soleil fond leur neige.

CLXXV. – Elle donne à sa maîtresse un grave bonjour avec une voix timide, vrai signe de la modestie. Elle prend un air triste pour être en harmonie avec la tristesse de sa dame (car son visage portait la livrée du chagrin); mais elle n'osa pas lui demander pourquoi ses deux soleils étaient ainsi éclipsés par des nuages, et ses joues humides des larmes de la douleur.

CLXXVI. – De même que la terre pleure quand le soleil est couché, chaque fleur s'humectant comme un oeil attendri, de même la suivante commence à inonder ses yeux de grosses larmes que fait couler la sympathie de ces beaux soleils éclipsés dans le ciel de sa maîtresse. Ils ont éteint leurs clartés dans un océan aux vagues salées, ce qui fait pleurer la suivante comme une nuit d'abondante rosée.

CLXXVII. – Un moment, ces deux charmantes créatures restent immobiles, comme deux aqueducs qui remplissent des citernes de corail. L'une d'elles pleure avec raison, l'autre n'a d'autre motif de pleurer que celui de mêler ses larmes à celles de sa compagne. Ce sexe aimable est souvent porté aux larmes, et s'attriste en cherchant à deviner les douleurs des autres; puis ses yeux s'inondent de larmes, et son coeur se brise.

CLXXVIII. – Les hommes ont des coeurs de marbre, et les femmes des coeurs de cire; c'est pourquoi elles sont formées au gré du marbre. Leur faiblesse est opprimée; elles reçoivent par force les impressions étrangères de la fraude ou de l'adresse. Ne les accusez donc pas d'être les auteurs de leurs vices, pas plus que vous n'accuseriez la cire d'être coupable de méchanceté, parce qu'elle aurait reçu l'empreinte d'un démon.

CLXXIX. – Leur surface, polie comme une riche plaine, est ouverte à tous les petits insectes qui rampent. Chez les hommes, comme dans un bois touffu, sont maints vices endormis dans d'obscures cavernes. A travers des murs de cristal, on aperçoit le moindre fétu. Les hommes peuvent masquer leurs crimes par de farouches et sombres regards; les visages des pauvres femmes sont des livres où elles laissent lire leurs fautes.

CLXXX. – Personne ne déclame contre la fleur flétrie, mais bien contre l'hiver qui l'a fait périr; ce n'est pas ce qui est dévoré, mais ce qui dévore qui mérite le blâme. Oh! ne dites donc pas que c'est la faute des femmes si elles sont exposées aux affronts des hommes; ces coupables et orgueilleux maîtres rendent les faibles femmes dépendantes de leur honte.

CLXXXI. – Vous en avez un exemple dans Lucrèce. Assaillie la nuit par la menace d'une mort prompte et de la honte qui devait s'ensuivre pour elle et son époux, elle vit qu'il y avait tant de dangers dans la résistance, qu'une terreur mortelle se répandit dans tout son corps. Qui ne pourrait violer un corps sans vie?

CLXXXII. – Cependant sa douce patience fit que Lucrèce parla ainsi à sa suivante qui répétait en sa personne la douleur de sa maîtresse: «Ma fille, dit-elle, pourquoi verses-tu ces larmes qui tombent en pluie sur tes joues? Si tu pleures sur mes chagrins, à moi, apprends, douce fille, que j'en retire peu d'avantage: si les larmes pouvaient me secourir, les miennes y auraient réussi.

CLXXXIII. – «Mais, dis-moi…» A ces mots elle s'arrêta, et ne reprit qu'après un profond gémissement. «A quelle heure Tarquin est-il parti?» – «Madame, avant que je fusse levée, répondit la suivante. Ma négligence paresseuse est bien blâmable; cependant je puis m'excuser en disant que je me suis levée avant le jour, et que Tarquin était déjà parti.

CLXXXIV. – «Mais, madame, si votre suivante l'osait, elle vous demanderait la cause de votre tristesse.» – «Silence! reprit Lucrèce, si je te la disais, cette confidence ne la diminuerait pas; car elle est plus cruelle que je ne puis l'exprimer, et l'on peut bien appeler enfer une torture plus déchirante qu'on ne peut dire.

CLXXXV. – «Va, apporte-moi papier, encre et plume; non, épargne-toi cette peine, car j'en ai ici… (que voulais-je dire?) Va dire à un des domestiques de mon époux de se tenir prêt à porter de suite une lettre à mon seigneur, à mon ami, à mon bien-aimé, qu'il se prépare à faire hâte, car la missive est pressée et sera bientôt écrite.»

CLXXXVI. – Sa suivante est partie; elle se met à écrire, promenant d'abord sa plume au-dessus du papier: l'amour-propre et la douleur se livrent un combat; ce que la pensée trace est effacé aussitôt par sa volonté: cette phrase est trop recherchée, cette autre est trop franche; ses idées se pressent comme une foule d'hommes assiégeant une porte pour savoir à qui passera le premier.

CLXXXVII. – Enfin elle commence ainsi:

«Digne époux de cette indigne femme qui te salue, je te souhaite la santé, et puis je te prie (si tu veux revoir encore ta Lucrèce) de partir en toute hâte et de venir: je me recommande à toi; de notre maison en deuil, mes douleurs sont cruelles, quoique mes paroles soient brèves!»

CLXXXVIII. – Elle plie sa lettre, qui n'annonce que vaguement son malheur trop certain: par cette courte épître, Collatin peut apprendre sa peine, mais non ce qui la cause; elle n'ose pas la révéler, de peur d'être soupçonnée d'une dissimulation grossière, avant d'avoir lavé son affront dans son sang.

CLXXXIX. – D'ailleurs elle réserve l'énergie et la vie de sa douleur pour le moment où il pourra l'entendre; alors que les soupirs, les sanglots et les larmes aideront à détourner d'elle les soupçons que le monde pourrait concevoir: pour les éviter, elle n'a pas voulu prodiguer dans sa lettre les explications que son désespoir vendra plus certaines.