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La mort de Lucrèce

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XCI. – «Ah! quel dégradant spectacle ce serait de reconnaître ton crime dans un autre! Les fautes des hommes sont rarement évidentes pour eux; leur partialité étouffe leurs transgressions: ton forfait te semblerait digne de mort dans ton frère. Oh! quelle est l'infamie de ceux qui détournent les yeux de leurs propres attentats!

XCII. – «C'est vers toi, vers toi que se tournent mes mains suppliantes, elles te conjurent de résister aux séductions de tes désirs. J'implore le retour de ta dignité bannie; rappelle-la, et sache retirer les pensées qui te flattent: sa noble générosité emprisonnera le perfide désir, dissipera le nuage qui obscurcit tes yeux trompés, afin que tu reconnaisses ta situation, et que tu aies pitié de la mienne.»

XCIII. – «Cesse, lui répond Tarquin; l'indomptable torrent de mes désirs ne fait que croître par ces retards. De faibles lumières sont bientôt éteintes; de grands feux résistent au vent, qui ne fait qu'augmenter leur fureur. Des petits ruisseaux qui payent leur tribut journalier à leur amère souveraine ajoutent à ses eaux, mais n'en changent point le goût.»

XCIV. – «Tu es, lui dit Lucrèce, un océan, un roi souverain, et dans ton vaste empire se répandent la noire luxure, le déshonneur, la honte, le dérèglement, qui cherchent à souiller les flots de ton sang. Si toutes ces faibles sources de mal changent ta vertu, la mer est jetée dans la boue d'un bourbier, quand la vase devrait se perdre dans la mer.

XCV. – «C'est ainsi que tes esclaves seront rois, et toi leur esclave; c'est ainsi que ta noblesse sera dégradée, leur bassesse relevée; c'est ainsi que tu seras leur vie, et qu'ils seront eux-mêmes ton tombeau; toi, avili dans ta honte; eux, dans ton orgueil. Les choses inférieures ne devraient point cacher les choses plus grandes. Le cèdre ne s'abaisse point aux pieds du buisson, les broussailles se flétrissent aux pieds des cèdres.

XCVI. – «Que tes pensées, fidèles à ton rang…» – «C'est assez, dit Tarquin; par le ciel, je ne t'écoute plus. Cède à mon amour, sinon la haine brutale, au lieu du contact timide de l'amour, te déchirera cruellement. Après quoi je veux te transporter dans le lit de quelque coquin de valet, pour lui faire partager ta destinée honteuse.»

XCVII. – A ces mots, il écrase du pied sa torche, car la lumière et la débauche sont ennemies mortelles. La honte, enveloppée des ombres de l'aveugle nuit, tyrannise d'autant plus qu'elle n'est pas aperçue. Le loup a saisi sa proie, le pauvre agneau crie jusqu'à ce que sa voix soit arrêtée au passage par sa propre toison, qui ensevelit ses cris dans les plis délicats de ses lèvres.

XCVIII. – En effet, Tarquin se sert du linge de nuit qu'elle porte pour enfermer dans sa bouche ses tristes clameurs; il baigne son front brûlant dans les plus chastes larmes qu'aient jamais versées les yeux de la modeste douleur. Oh! comment la concupiscence désordonnée peut-elle souiller une couche si pure? Ah! si les larmes pouvaient en effacer la tache, Lucrèce en répandrait à jamais!

XCIX-Mais elle a perdu une chose plus précieuse que la vie, et Tarquin a conquis ce qu'il voudrait bien ne plus avoir. Cette violence amène une autre lutte; cette jouissance passagère engendre des années de regrets: cet ardent désir se change en froid dégoût. La pure chasteté est dépouillée de son trésor, et la luxure est plus pauvre qu'avant son larcin.

C. – Voyez comme le limier trop nourri ou le faucon rassasié, n'ayant plus la même finesse d'odorat, ni la même vitesse, poursuivent lentement ou perdent tout à fait la proie dont la nature les a rendus avides; de même Tarquin assouvi redoute cette nuit. Son goût aigri dévore son désir qui l'a abusé.

CI. – O crime dont l'imagination paisible ne peut comprendre la profondeur insondable! Le désir enivré rejette sa proie avant de voir sa propre infamie. Tant que la concupiscence est dans son orgueil, aucune remontrance ne saurait apaiser son ardeur ni maîtriser son téméraire désir, jusqu'à ce que, telle qu'un vieux coursier, elle se fatigue elle-même.

CII. – Et alors le désir, aux joues pâles et amaigries, à l'oeil pesant, au front sourcilleux, à la démarche défaillante, abattu, pauvre et lâche, se lamente comme un mendiant banqueroutier. Tant que la chair est fière, le désir lutte avec la pitié, car alors il est en joie: mais quand elle perd sa fraîcheur, le rebelle coupable demande lui-même grâce d'un ton soumis.

CIII. – C'est ainsi qu'il agit avec ce prince criminel de Rome, si ardent à le satisfaire. Le voilà maintenant qui prononce contre lui-même cet arrêt: qu'il est déshonoré dans les siècles à venir, que le beau temple de son âme est profané, et que sur ses ruines accourent des armées de soucis pour demander à cette reine souillée ce qu'elle est devenue.

CIV. – L'âme répond que ses sujets insurgés ont renversé son mur consacré, et que, par leur faute mortelle, ils ont réduit en servitude son immortalité, et l'ont rendue esclave d'une mort vivante et d'une douleur éternelle. Avertie par sa prescience, elle avait fait résistance; mais sa prévoyance n'avait pu faire céder leurs désirs.

CV. – Agité de cette pensée, Tarquin s'esquive dans les ténèbres de la nuit, vainqueur captif pour qui la victoire est funeste. Il emporte une blessure que rien ne guérit, une cicatrice qui restera malgré la guérison, laissant la victime désolée. Lucrèce est accablée du poids du crime qu'il laisse derrière lui, et lui du fardeau d'une âme coupable.

CVI. – Tarquin, comme un loup ravisseur, s'éloigne furtivement. Elle, comme un agneau fatigué, reste étendue, presque sans souffle. Il se hait pour son attentat; désespérée, elle déchire son beau corps de ses propres mains. Il part effrayé, et couvert de la sueur du crime. Elle reste, poussant des cris de douleur profonde pendant cette fatale nuit; il fuit, regrettant le court plaisir qui ne lui laisse que dégoût.

CVII. – Il part pénitent, accablé. Elle demeure abandonnée et sans espoir. Dans sa hâte, il soupire après la clarté du matin; elle voudrait ne plus voir le jour. «Pendant le jour, dit-elle, les écarts de la nuit se révèlent, et mes yeux sincères n'ont jamais appris à masquer mes torts par un regard dissimulé.

CVIII. – «Ils croient que tous les yeux peuvent voir le déshonneur qu'ils aperçoivent eux-mêmes, c'est pourquoi ils voudraient rester dans l'obscurité pour tenir caché mon outrage, car ils se trahiront par leurs larmes; et, comme l'eau qui ronge l'acier, ils graveront sur mes joues la honte irréparable que je ressens.»

CIX. – Ici elle accuse le repos et le sommeil, condamnant ses yeux à être désormais aveugles. Elle réveille son coeur en frappant sur son sein, et lui dit d'aller chercher un autre asile plus pur et plus digne de lui. Rendue folle par l'excès de sa douleur, elle exhale en ces mots ses plaintes contre les secrets de la nuit:

CX. – «O nuit ennemie de la paix du coeur! image de l'enfer, sombre registre de la honte, obscur théâtre de meurtres tragiques, vaste chaos qui cache les crimes, nourrice des outrages, entremetteuse couverte d'un manteau! asile d'infamie, caverne affreuse de la mort, conspirateur à voix basse, liguée avec la trahison et le viol.

CXI. – «Nuit abhorrée, nuit aux ténébreuses vapeurs! puisque tu es complice de mon crime irréparable, rassemble tes brouillards pour attaquer l'aube matinale et faire la guerre au cours réglé du temps! ou si tu souffres que le soleil s'élève jusqu'à sa hauteur accoutumée avant qu'il retourne à son humide couche, ceins sa tête d'or de nuages empoisonnés.

CXII. – «Corromps l'air du matin avec des exhalaisons fétides; par leur haleine empestée, souille la vie de la pureté, beauté par excellence, avant que Phébus arrive à sa halte de midi; et que tes vapeurs marchent en rangs si serrés, que dans leurs ombres brumeuses sa lumière étouffée s'éclipse au milieu de sa course et cause une nuit perpétuelle.

CXIII. – «Si Tarquin était la nuit comme il est le fils de la nuit, il outragerait la reine au diadème d'argent; ses nymphes étincelantes aussi (violées par lui) n'oseraient plus se montrer sur le sein noir de la nuit. J'aurais, par ce moyen, des compagnes de douleur. Des malheurs partagés sont plus doux à supporter, de même que des pèlerins font route ensemble pour abréger leur pèlerinage.

CXIV. – «Maintenant je n'ai personne qui puisse rougir avec moi, se croiser les bras, pencher humblement la tête, se voiler le front et cacher son infamie. Mais moi seule je suis condamnée à gémir arrosant la terre de larmes amères, mêlant des sanglots à mes plaintes, des gémissements à mes douleurs, gages cruels d'un éternel désespoir.

CXV. – «O nuit! fournaise dont la fumée est sanglante, ne permets pas que le jour jaloux voie ce visage qui sous ton noir manteau a été livré à la dégradation de l'impudicité. Garde possession de ton sombre empire, afin que les fautes commises sous ton règne puissent également être ensevelies sous tes ombres.

CXVI. – «Ne m'expose pas au jour médisant, sa lumière montrera gravée sur mon front l'histoire des outrages faits à la douce chasteté, et la violation impie des saints serments de l'hymen. Oui, jusqu'à l'ignorant qui ne sait pas lire tous verront dans mes regards ma honteuse disgrâce.

CXVII. – «Pour apaiser les cris de son enfant, la nourrice lui racontera mon histoire, et fera peur du nom de Tarquin à son nourrisson qui pleure. L'orateur, pour orner son discours, associera mon infamie à celle de Tarquin; les ménestrels, pour reconnaître l'hospitalité, chanteront mon infortune et diront maintenant que je n'ai personne.

CXVIII. – «Que mon beau nom, que ma réputation reste sans tache pour l'amour de mon cher Collatin: si elle devient un sujet de calomnie, les branches d'une autre tige sont aussi viciées et une honte non méritée s'attachera à son nom qui est aussi pur de la tache imposée au mien que j'étais pure moi-même hier encore pour Collatin.

 

CXIX. – «O honte inaperçue! disgrâce invisible; blessure non sentie, cicatrice déshonorante! le mépris est imprimé sur le front de Collatin, et l'oeil de Tarquin peut reconnaître de loin la blessure qu'il a reçue pendant la paix, non à la guerre. Hélas! qu'il y a de gens qui portent ces marques honteuses que chacun ignore excepté celui qui les a faites!

CXX. – «Collatin, si ton honneur est fondé sur moi, il m'a été arraché par un assaut irrésistible. Mon miel est perdu, je ne suis plus qu'une abeille semblable à un frelon. Il ne me reste plus aucune des perfections de mon côté, je suis dépouillée par un outrageant larcin: dans ta faible ruche s'est introduite une guêpe errante qui a dévoré le miel gardé par ta chaste abeille.

CXXI. – «Cependant ne suis-je pas innocente du naufrage de ton honneur! c'est en ton honneur que je l'ai accueilli; venant de ta part, pouvais-je le renvoyer? c'eût été un déshonneur que de le rejeter. Bien plus, il s'est plaint de lassitude et il a parlé de vertu! O forfait imprévu! combien la vertu est profanée dans un tel démon!

CXXII. – «Pourquoi le ver s'introduit-il dans le bouton vierge? pourquoi l'odieux coucou pond-il ses oeufs dans les nids du passereau? pourquoi les crapauds empoisonnent-ils les sources pures, par une vase envenimée? pourquoi une démence tyrannique se cache-t-elle dans des seins pleins de douceur? pourquoi les princes violent-ils leurs devoirs? Mais il n'est pas de perfection si absolue que quelque impureté ne la souille.

CXXIII-«Le vieillard qui entasse son or est tourmenté de crampes, de la goutte et de douloureuses incommodités. A peine a-t-il des yeux pour voir son trésor: mais, comme le malheureux Tantale, il maudit l'insuffisance de ses sens, n'ayant d'autre plaisir de ses richesses que la douloureuse pensée qu'elles ne peuvent guérir ses maux.

CXXIV. – «Il les possède quand il n'en peut jouir et il les laisse à ses jeunes fils qui dans leur orgueil se hâtent de les prodiguer. Leur père était trop faible, ils sont trop forts pour conserver longtemps cette fortune à la fois maudite et bénie. Les douceurs que nous désirons s'aigrissent et deviennent amères au moment même où elles nous sont accordées.

CXXV. – «Des vents capricieux accompagnent le tendre printemps; des plantes nuisibles prennent racine au milieu des fleurs précieuses. La vipère siffle là où les charmants oiseaux chantent; ce qu'enfante la vertu, l'iniquité le dévore. Il n'est aucun bien en notre pouvoir que la malencontreuse occasion ne nous le fasse perdre ou n'altère ses qualités.

CXXVI. – «Occasion, ton crime est grand, c'est toi qui exécutes la trahison du traître; tu livres l'agneau à la cruauté du loup; quelque complot qu'on médite, c'est toi qui le favorises: c'est toi qui foules au pied le droit, la justice et la raison; c'est toi qui dans ta sombre caverne, où personne ne peut te voir, postes le crime, pour dévorer les âmes qui passent auprès.

CXXVII. – «Tu persuades à la vestale de violer son voeu; tu souffles le feu quand la tempérance fond. Tu étouffes la probité, tu immoles la vérité; indigne complice, infâme entremetteuse, tu sèmes la calomnie et tu écartes la louange; tu t'associes au viol, à la perfidie, aux brigands. Ton miel se change en fiel, ta jouissance en douleur.

CXXVIII. – «A tes plaisirs secrets succède la honte publique; à tes festins cachés un jeûne solennel, à tes titres flatteurs un nom déshonoré, à ta langueur miellée un goût d'absinthe, et tes vanités forcées ne sauraient être durables. Comment se fait-il donc, vile occasion, qu'étant si méchante, il y ait tant de gens qui te recherchent?

CXXIX. – «Quand seras-tu l'ami de l'humble suppliant, quand le conduiras-tu au lieu où il obtiendra ce qu'il désire, quand amèneras-tu la fin des grands débats, quand délivreras-tu l'âme que le malheur enchaîne, quand guériras-tu les malades, quand soulageras-tu les affligés? le pauvre, le boiteux, l'aveugle languissent, pleurent et t'implorent, mais ils ne trouvent jamais l'occasion.

CXXX. – «Le malade meurt pendant que le médecin dort, l'orphelin gémit pendant que l'oppresseur est heureux, le juge est en festin pendant que la veuve pleure; la prudence se divertit pendant que le vice naît, tu n'accordes jamais rien aux actions charitables. La colère, l'envie, la trahison, le rapt, le meurtre triomphent, tu leur donnes tes heures pour pages.

CXXXI. – «Quand la vertu et la vérité ont affaire à toi, mille traverses les privent de ton secours; elles achètent ton appui, mais le crime ne le paye jamais; il vient sans frais, et tu es satisfaite de l'écouter et de lui accorder ce qu'il demande. Mon Collatin aurait pu venir vers moi quand Tarquin est venu; c'est toi qui l'as retenu.

CXXXII. – «Tu es coupable de meurtre, de larcin, coupable de parjure et de subornation, coupable de trahison, de fausseté et d'imposture, coupable de l'abominable inceste. Tu es de ton plein gré consentante à tous les crimes passés, et à tous les crimes à venir, depuis la création jusqu'à la fin du monde.

CXXXIII. – «Temps difforme, compagnon de l'horrible nuit, agile coursier du hideux souci, toi qui dévores la jeunesse, esclave trompeur des plaisirs trompeurs, lâche sentinelle des chagrins, cheval de bât du crime, séducteur de la vertu, tu nourris et tu détruis tout ce qui est. Oh! écoute-moi! temps méchant et maudit, sois coupable de ma mort, puisque tu l'es de mon crime.

CXXXIV. – «Pourquoi ta servante, l'occasion, a-t-elle trahi les heures que tu m'avais accordées pour mon repos? pourquoi corrompre mon bonheur, et m'enchaîner à une suite infinie de maux éternels? Le devoir du Temps est de déjouer la haine des ennemis, de détruire les erreurs nées de l'opinion, et de ne pas laisser souiller une couche légitime.

CXXXV. – «La gloire du temps, c'est d'apaiser les querelles des rois, de démasquer la fausseté, d'amener la vérité au jour, et de mettre le sceau des siècles sur les choses antiques, de veiller le matin, de faire sentinelle la nuit, de poursuivre l'injustice jusqu'à ce qu'elle répare ses torts, de ruiner les somptueux édifices et de souiller de poussière leurs dômes dorés.

CXXXVI. – «Sa gloire est de remplir de trous de vers les vastes monuments, de fournir l'oubli de ruines, d'effacer de vieux livres, d'en altérer le contenu, d'arracher les plumes aux ailes des vieux corbeaux, d'épuiser la sève des vieux chênes, de féconder les printemps et de tourner la roue capricieuse de la Fortune.

CXXXVII. – «Sa gloire est de faire voir à l'aïeule les filles de sa fille, de faire de l'enfant un homme, de l'homme un enfant; de tuer le tigre qui vit de meurtre, d'apprivoiser la licorne et le lion farouche; de se jouer de l'homme rusé et de le tromper par lui-même, de réjouir le laboureur par d'abondantes moissons, et d'user de grosses pierres avec de petites gouttes d'eau.

CXXXVIII. – «Pourquoi fais-tu tant de mal dans ton long pèlerinage, si tu ne peux revenir pour le réparer? Une pauvre minute par siècle t'achèterait un million d'amis, si tu donnais de l'esprit à celui qui prête à de mauvais débiteurs! O fatale nuit! si tu pouvais rétrograder d'une heure je préviendrais cette tempête et j'éviterais le naufrage.

CXXXIX. – «Serviteur sans fin de l'éternité! arrête par quelque malheur Tarquin dans sa fuite; invente tout pour lui faire maudire cette maudite nuit, que des fantômes hideux effrayent ses yeux coupables, et que la sinistre pensée de son crime transforme pour lui chaque buisson en démon difforme.

CXL. – «Trouble ses heures de repos par des angoisses incessantes; tourmente-le dans son lit par des sanglots qui l'oppressent, qu'il pousse des gémissements pitoyables; mais n'en aie point pitié, qu'il ne rencontre que des coeurs plus durs que le marbre. Que les femmes les plus douces oublient leur douceur et soient pour lui plus terribles que des tigres dans le désert!