Buch lesen: «Le forfait colonial»

Schriftart:

Louis Hunkanrin
Le forfait colonial

ProMosaik 2022

Publication par

ProMosaik LAPH, www.promosaik-laph.org

Tous les droits reservés.

Droit d’auteur : Louis Hunkanrin

EPUBLI

Prinzessinnenstraße 20

10969 Berlin

www.epubli.de

Biographie

Louis Hunkanrin (1886-1964), originaire du Dahomey (Bénin actuel), grand militant des droits de l'Homme, journaliste courageux et fervent opposant à la traite des Noirs pratiquée par la caste des Maures1, a écrit ce pamphlet lors de son exil dans le désert de Mauritanie dans le but d'accuser le système colonial français de collaborationnisme et de corruption. C’est avec grand respect que nous publions ce pamphlet tombé dans l’oubli pour le représenter au public de langue française. Hunkanrin, marxiste et humaniste convaincu, exclut également le fait que les religions monothéistes, le christianisme, le judaïsme ou l'islam, puissent justifier une institution qui perpétue l'injustice telle que l'esclavage, car le Dieu unique, le Dieu du monothéisme, a créé tous les êtres humains comme égaux. Selon cette idée de l'auteur, nous retrouvons un aspect fondamental de sa pensée : l’émergence d'un point de rencontre entre la lutte marxiste pour la justice et l'abolitionnisme musulman. Tous les deux revendiquent l'égalité de tous les êtres humains, comme l’exprime en fait le créationnisme du Coran.

Louis Hunkanrin attaque durement les Maures et leur système de castes, basé sur l'exploitation de l'Homme par l'Homme. Ensuite, l’auteur propose ses lettres adressées à divers responsables coloniaux français et les exhorte à libérer les esclaves et à abolir légalement l'esclavage.

Aujourd'hui, ce pamphlet d’Hunkanrin est très important et reste d'actualité, car l'esclavage en Mauritanie continue à exister de nos jours.

Pour moi, Hunkanrin est un exemple à suivre dans la lutte contre l'esclavage, non seulement dans les régions musulmanes, comme la Mauritanie, mais aussi dans d'autres pays où l'exploitation par l’esclavage traditionnel est perpétrée sous d'autres formes plus modernes.

Avec la présentation de cette publication, ProMosaik LAPH voudrait souligner l'importance de la lutte contre l'esclavage dans le monde.

D'abord, cette lutte se mène par l'information et ensuite par la condamnation, par les observateurs extérieurs, de ce qui se passe encore aujourd'hui dans un pays africain largement oublié.

Milena Rampoldi

Avant-propos
Un appel à l’opinion

Notre camarade L. HUNKANRIN, qui depuis de longues années expie dans le bled mauritanien le crime d’un prétendu complot à Porto-Novo (Dahomey), et dont la Fédération ardéchoise s'est occupé à plusieurs reprises, plus ou moins vainement il est vrai, se décide à porter devant le Parlement et l'Opinion publique non son cas particulier, mais le forfait beaucoup plus grave et plus généralisé de l'esclavage.

Il cite peu d’exemples, ceux qu’il a connus de plus près, mais ce sont des exemples typiques. Textes en mains, il montre la traite des noirs couramment pratiquée et officiellement sauvegardée et garantie par des administrateurs et des juges.

Ainsi, en ces temps de troubles coloniaux trop amplement justifiés, et d'exposition coloniale mégalomane et impérialiste, le témoignage limité et précis d’HUNKANRIN arrive à son heure. Cet appel indigné à la conscience française (s'il en reste), cet espoir en la justice française, espoir souvent déçu mais resté vivace, ne sauraient manquer de toucher ceux qui en prendront connaissance.

Nous voulons espérer à notre tour que le Comité Central de la Ligue des Droits de l’Homme en tiendra compte, et qu'il voudra agir efficacement pour détruire les abus coloniaux signalés ici.

Ceux-là, et tant d'autres. Il ne serait que temps.

E. REYNIER, Président de la Fédération Ardéchoise des Droits de l’Homme

Preface

En dénonçant dans ce petit livre les forfaits qui se commettent au préjudice des Noirs en Mauritanie, je n'ai d'autre but que de faire rayonner, sur ce territoire où flotte le drapeau français, emblème de paix, de liberté et de justice, le vrai visage de la France : la France des Droits de l'Homme, la France maternelle, bonne, généreuse et juste qui est, selon le mot de M. Edouard Herriot, «la plus haute personne morale qui soit au monde » et que tout bon français doit servir comme telle.

Je fais miennes les lignes ci-après détachées de la préface de l'intéressant livre qu'a publié sous ce titre : Erreurs et brutalités coloniales, M.V. Augagneur, ancien Ministre, ancien Gouverneur Général de Madagascar et de l’Afrique Equatoriale Française :

« J'ai voulu, écrit l’éminent Gouverneur Général, éclairer l'opinion publique constamment trompée par les communications officielles, la renseigner sur notre œuvre coloniale, si importante et si mal dirigée, montrer ce qu'il y a eu et ce qu’il y a encore derrière un décor de honteuses nudités. Combien souvent le paysage enchanteur cache un tableau de désolation !... J'ai voulu que mon récit prit une importance documentaire d'ordre supérieur, s'élevât au-dessus des questions de personnes, devînt une leçon de choses, s'imposant aux directeurs de notre expansion coloniale, et si ceux-ci ne le voulaient comprendre, à une opinion publique en état de les dominer ».

Mon livre, aussi, n'a pas d'autre ambition, et, en le publiant, je ne me fais pas d'illusions ; je sais que je m'expose aux foudres de mes tyrans, à un redoublement de calomnies de la part de mes détracteurs de toujours ; je sais, enfin, que je me mets à dos la camarilla d'affairistes avides de fortune et en mal de vaine gloriole, qui a intérêt à perpétuer les erreurs, les saturnales que je dénonce. Mais, qu'importe ! J’ai conscience de servir les intérêts bien compris de la France et de l'humanité. Cela me suffit.

L. HUNKANRIN

L’esclavage en Mauritanie

Les Maures considèrent les Noirs, en général, comme des captifs. Mais les Noirs qu'ils ont pu jusqu'ici capturer et réussi à mettre sous leur joug sont, en particulier, les indigènes du Soudan et du Sénégal, ces Colonies étant à proximité de la Mauritanie et se trouvant ainsi être les greniers où ils vont, tous les ans, s'approvisionner en vivres dont leur pays désert est dépourvu et en captifs dont ils ont besoin pour leurs divers travaux, considérant eux-mêmes tout travail comme un déshonneur.

Les tatouages que portent encore la plupart des captifs et les idiomes de leur pays d'origine dont ils ont jalousement gardé l’usage, permettent de les identifier et de se rendre compte de la proportion dans laquelle les diverses races du Soudan et du Sénégal ont payé des tributs à la captivité en Mauritanie.

Au premier rang sont les Bambaras et les Senoufos, races qui ont fourni et fournissent le plus gros effectif des troupes sénégalaises et dont on connaît la qualité essentielle : « Résistance stoïque aux fatigues et aux privations. »

Viennent ensuite les Sarakholés, les Toucouleurs, les Bobos, les Mossis, etc.

Aux yeux des Maures, les captifs sont, ni plus ni moins, des bêtes de somme. Ils les gratifient de coups comme telles et leur donnent n'importe quoi à manger.

Pour eux, pas de logis, pas de vêtements, pas de mariage en règle, pas de droits, pas de garantie. Leur seul droit et leur seule garantie contre les coups, c’est le travail à outrance, le travail nuit et jour, sans trêve, sans repos, et sans mauvaise humeur.

Les captifs ou captives appartiennent corps et biens à leurs maîtres et ne peuvent disposer de rien pour leur bien-être personnel. Leur vie appartient aussi au Maître qui peut la leur ravir quand bon lui semble.

Nombreux sont les captifs ou captives qui ont été, ainsi, tués, assassinés par leurs maîtres, les uns pour fainéantise, ô ironie ! les autres, pour sorcellerie.

Exemple : La mère de Tésylm minte Abderramane, tuée par son patron Mohamed Nava à Tidjikja pour fainéantise.

Béko, père de la captive Moukhère, demeurant à Tidjikja ; sa mère, Temba ; sa sœur, Suilka, tous tués à Tidjikja même par leurs maîtres, Hassen et Hammoud, pour sorcellerie.

La captivité ne s'éteint qu’à la mort de la victime ou à sa libération. De père en fils, les captifs sont la propriété de leur maître et subissent le même sort. Chose du Maître, celui-ci peut les revendre ad libitum, sans que personne n’ait rien à dire.

Il suffit que l’un des époux soit en état de captivité lors du mariage pour que l’enfant issu de ce mariage soit également captif.

Ainsi, les enfants que les Tirailleurs et les Français mêmes ont eus avec les captives sont des captifs suivant les coutumes barbares, sauvages des Maures. Voici un exemple frappant que tout le monde peut toucher du doigt : L’ancien Commandant du Cercle du Tagant, le Chef de Bataillon Anselme Dubost, fut épris d’ une captive nommée Jéhémil. Qui donc ne convient ici avec Pascal, que « le cœur a des raisons que la raison ne connaît pas ! »

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