Buch lesen: «Mûr pour le Meurtre»

Schriftart:
MÛR POUR LE MEURTRE
(Roman à Suspense en Vignoble Toscan, tome 1)
FIONA GRACE
Fiona Grace

L’auteure débutante Fiona Grace écrit la série LES HISTOIRES À SUSPENSE DE LACEY DOYLE, qui comporte MEURTRE AU MANOIR (Tome 1), LA MORT ET UN CHIEN (Tome 2), CRIME AU CAFÉ (Tome 3), UNE VISITE VEXANTE (Tome 4) et LE BAISER MEURTRIER (Tome 5). Fiona est aussi l’auteure de la série des ROMANS À SUSPENSE EN VIGNOBLE TOSCAN.

Comme Fiona aimerait communiquer avec vous, allez sur www.fionagraceauthor.com et vous aurez droit à des livres électroniques gratuits, vous apprendrez les dernières nouvelles et vous resterez en contact avec elle.


Copyright © 2020 par Fiona Grace. Tous droits réservés. Sauf dérogations autorisées par la Loi états-unienne sur le droit d’auteur de 1976, aucune partie de cette publication ne peut être reproduite, distribuée ou transmise sous quelque forme ou par quelque moyen que ce soit, ou stockée dans une base de données ou système de récupération, sans l’autorisation préalable de l’auteur.

Ce livre électronique est réservé sous licence à votre usage personnel uniquement. Ce livre électronique ne peut être revendu ou offert à d’autres gens. Si vous voulez partager ce livre avec une autre personne, veuillez en acheter un exemplaire supplémentaire par destinataire. Si vous lisez ce livre sans l’avoir acheté, ou s’il n’a pas été acheté pour votre seule utilisation personnelle, alors, veuillez le renvoyer et acheter votre exemplaire personnel. Merci de respecter le difficile travail de cet auteur.

Ceci est une œuvre de fiction. Les noms, les personnages, les entreprises, les organisations, les lieux, les événements et les incidents sont le fruit de l’imagination de l’auteur ou sont utilisés fictivement. Toute ressemblance avec des personnes réelles, vivantes ou mortes n’est que pure coïncidence.

Image de couverture : copyright Kishivan, utilisée en vertu d’une licence accordée par Shutterstock.com.

DU MÊME AUTEUR

LES ROMANS POLICIERS DE LACEY DOYLE

MEURTRE AU MANOIR (Tome 1)

LA MORT ET LE CHIEN (Tome 2)

CRIME AU CAFÉ (Tome 3)


ROMAN À SUSPENSE EN VIGNOBLE TOSCAN

MÛR POUR LE MEURTRE (Tome 1)

MÛR POUR LA MORT (Tome 2)

MÛR POUR LA PAGAILLE (Tome 3)

CHAPITRE PREMIER

Olivia Glass avait exactement cinq minutes et trente secondes pour gérer un désastre inattendu.

Il était dix-neuf heures trente un jeudi soir et elle était sur le siège arrière d’un Uber, en route pour un rendez-vous avec son petit ami, Matthew, pour dîner à l’un des nouveaux restaurants les plus à la mode de Chicago. Matthew n’avait pas été en ville de toute la semaine et, ce matin, il avait envoyé un SMS à Olivia pour l’inviter.

Maintenant, elle venait de découvrir une grande déchirure dans son collant, juste au-dessus du genou.

Olivia regardait la déchirure, horrifiée.

Le trou dans le nylon noir était énorme. Il mesurait au moins cinq centimètres de large et il s’agrandissait.

Olivia ne savait pas quand cela avait pu arriver. Le bas avait été intact ce matin quand elle l’avait mis. Depuis sept heures du matin, elle avait été dans son bureau à JCreative, l’agence de publicité où elle était chargée de clientèle et elle avait passé la plus grande partie de la journée à assister à des réunions et à des téléconférences.

Quand elle avait reçu l’invitation surprise de Matt au restaurant branché Villa 49, elle s’était rendu compte qu’elle n’aurait pas le temps de rentrer chez elle pour se changer et elle s’était ruée dans un magasin pendant sa seule demi-heure de liberté. Prise par la panique parce qu’elle manquait de temps, elle avait acheté à la hâte un article plus court et plus collant que ce qu’elle portait d’habitude.

De retour au bureau, elle avait eu des regrets et avait commencé à se demander si sa robe n’était pas trop osée pour une femme de trente-quatre ans.

– L’âge, c’est seulement un chiffre, avait-elle pensé courageusement.

Donc, si la robe avait été conçue pour une femme de dix-huit ans, ce n’était pas grave. Même si elle était un peu plus grosse maintenant, elle avait quand même fréquenté les salles de gym souvent depuis cette époque.

Dès que son patron, James Clark, le propriétaire de JCreative, avait quitté les lieux, Olivia s’était changée dans les toilettes. Elle avait passé les doigts dans ses cheveux blonds mi-longs, s’était remis du rouge à lèvres, s’était parfumée et était descendue à toute vitesse pour prendre son Uber.

Ce n’était qu’au moment où elle avait vu le bas déchiré qu’elle s’était rendu compte qu’elle avait les jambes très pâles. Alors qu’on était au milieu du mois de juin, elle avait travaillé tellement dur que ses jambes n’avaient pas eu l’occasion d’être exposées au soleil estival. Vue par la déchirure qui, selon l’estimation d’Olivia, avait maintenant la taille d’une assiette, sa peau était d’un blanc aveuglant.

Matt le remarquerait, Olivia en était sûre. Il verrait immédiatement la déchirure. Il était obsédé par les détails et cela faisait de lui un gestionnaire de fonds de placement très accompli et très riche. Même s’ils étaient ensemble depuis quatre ans, Olivia essayait toujours d’être la plus belle possible pour lui et de le rendre fier. Son problème de bas serait un moment d’embarras public pour eux deux, un véritable cauchemar.

De plus, elle avait des choses délicates à avouer à Matt pendant ce repas. Un problème de garde-robe ne ferait que compliquer la situation.

L’espace d’un instant, elle envisagea de retirer ses bas et d’arriver les jambes nues. Elle pourrait retirer ses bas en se tortillant sur le siège arrière de l’Uber en espérant que le chauffeur ne se rendrait pas compte de ce qui se passait et éviterait de lui donner une évaluation d’une étoile parce qu’elle aurait utilisé son véhicule comme vestiaire.

Elle secoua la tête. Elle ne pouvait pas retirer ses bas. Elle avait incontestablement les jambes d’un blanc bleuâtre et elle se sentait déjà gênée que cette robe soit plus courte que ses vêtements habituels. Elle avait besoin de toute l’aide que ses bas en nylon noir pourraient lui fournir.

Olivia envisagea brièvement de se pratiquer un trou identique dans l’autre jambe, mais elle finit par décider que ce ne serait pas commode. Elle n’avait aucune garantie que la deuxième déchirure ressemblerait à la première et, de toute façon, elle n’oserait pas le faire. Elle ne se sentait même pas à l’aise en jean déchiré.

Que faire ? Le trou avait à peu près la taille d’une petite voiture, elle était maintenant à trois minutes de sa destination et elle n’avait absolument aucune solution à son problème.

Alors, Olivia vit apparaître son salut devant elle.

Au-delà de l’intersection suivante, elle repéra l’enseigne d’une boutique de lingerie et de bonneterie. La boutique paraissait ouverte.

Elle allait demander au conducteur de l’y déposer, se ruer à l’intérieur, se mettre une nouvelle paire de bas aussi vite que possible et appeler un autre Uber pour le reste du trajet. Elle serait en retard de quelques minutes mais, au moins, elle arriverait avec des vêtements complets et intacts.

– Pourriez-vous … commença Olivia.

Alors, son téléphone portable sonna.

Elle prit machinalement l’appel. C’était James.

– Olivia. Êtes-vous encore au bureau ?

– Je viens de partir. Est-ce urgent ? Je peux consulter mes courriels dès maintenant.

Olivia se rendit compte qu’elle se tenait plus droite et entendit le ton clair, vif et professionnel qu’elle avait instinctivement adopté en parlant avec son patron.

– Urgent, non, mais important. Il faudra qu’on se retrouve dès votre arrivée, demain. Entre temps, j’ai reçu d’autres très bons retours sur la campagne Valley Wines.

L’Uber accéléra et dépassa la boutique. Olivia sentit le découragement l’envahir. Sa seule chance venait de s’évanouir. Maintenant, ils entraient dans West Loop, une zone caractérisée par sa juxtaposition de bâtiments neufs et vieux, de bâtiments bas en brique et de gratte-ciel parés de verre, avec des rues pleines de restaurants chics et une absence remarquable de boutiques de lingerie.

Elle allait arriver à Villa 49 dans précisément deux minutes avec un trou dans ses bas de la taille de la Station Spatiale Internationale et elle n’y pouvait rien.

– Je suis contente que la campagne se passe bien, dit-elle.

– Je vous enverrai un courriel plus tard, avec des informations sur votre bonus. Vous allez gagner beaucoup d’argent sur celle-là.

Le taxi fit un écart pour dépasser un bus et le sac à main d’Olivia tomba sur le côté. Le contenu en tomba et se répandit sur le siège.

– Vous savez qui est Des Whiteley ? poursuivit James.

– Je crois que j’ai vu ce nom dans certaines copies de courriels, dit Olivia en essayant désespérément d’attraper son vaporisateur de parfum pendant que le taxi refaisait un zigzag.

– C’est le PDG. Le président-directeur général.

– De Valley Wines ? demanda-t-elle.

– Non, non. De leur société de portefeuille, Kansas Foods. Il m’a demandé de vous transmettre ses félicitations personnelles. Les ventes crèvent le plafond.

– C’est formidable.

Olivia tendit le bras pour atteindre son portefeuille, son rouge à lèvres et un Kleenex qui s’enfuyait.

Son fard à paupières, le petit modèle compact qu’elle portait toujours avec elle, était sous le Kleenex.

La couleur était Charbon de Bois Chatoyant.

Cela donna une idée à Olivia.

Elle ouvrit le boîtier et frotta un doigt sur le fard à paupières. Alors, elle se le frotta sur sa jambe exposée.

Ce fut un succès. Le Charbon de Bois Chatoyant donna à sa peau la couleur de ses bas. Camouflés, les dégâts étaient presque invisibles.

– Je lui ai dit que l’approche que vous aviez choisie pour cette campagne illustrait parfaitement les valeurs de notre entreprise, poursuivit James. Méthodique et organisée.

– Organisée, répéta Olivia en récupérant un autre doigt de fard à paupières.

– Disciplinée dans un sens créatif et orientée vers les résultats.

– Orientée vers les résultats, répéta Olivia pour signifier son accord tout en frottant la poudre de charbon de bois dans le trou.

– Prête à toute éventualité, dit James.

– Absolument. Toujours prête.

Olivia décida de teindre une zone plus grande, car le bas pourrait bouger quand elle marcherait, ou alors, le trou pourrait monter plus haut. Elle passa soigneusement le doigt sous le nylon.

– Nous en reparlerons demain. Je serai au bureau à sept heures du matin ; on commencera à cette heure-là. Il nous faudra au moins deux heures. Après un briefing en tête à tête rapide, nous tiendrons une réunion dans la salle de conférence.

De quoi pouvait-il s’agir ? se demanda Olivia.

– On se retrouve au bureau, dit-elle, et James raccrocha.

Olivia ferma le boîtier et le remit dans son sac.

Le succès de la campagne avait surpris tout le monde, y compris elle-même. Comme elle était la seule femme de l’équipe de haute direction, malgré ses années de travail acharné, elle avait eu l’habitude d’applaudir les réussites des autres. Elle n’aurait jamais cru qu’un jour, elle aurait elle-même un tel succès. D’une certaine façon, cette campagne avait été l’équivalent de son camouflage des dégâts subis par ses bas.

Elle avait la sensation d’avoir réussi par pure chance et de ne vraiment mériter aucune félicitation, ni même d’en désirer.

– Vous avez dit quelque chose ?

Le conducteur de l’Uber interrompit ses pensées en lui jetant un coup d’œil du devant.

– Vous alliez me poser une question quand votre téléphone a sonné.

– Oh ! Non, tout va bien, maintenant. J’avais cru que j’allais avoir besoin de m’arrêter plus tôt mais, finalement, non.

Il hocha la tête.

– Vous avez parlé de Valley Wines. Vous travaillez pour eux ?

– Pas directement, dit Olivia. Je travaille pour une agence qui gère leur compte.

– Est-ce qu’ils sont bons ? Ma femme aime une des marques californiennes. Je n’arrive jamais à me souvenir du nom, mais l’étiquette est belle. Comme nous n’avons plus réussi à en trouver récemment, je lui ai dit d’essayer une autre marque.

Olivia se sentit coupable. L’espace linéaire était limité et, comme Valley Wines en avait gagné, d’autres marques en avaient perdu.

L’espace d’un instant, Olivia envisagea de lui donner une réponse standard en lui disant que ces vins étaient excellents et que sa femme devait absolument les essayer, puis elle décida de ne pas le faire. Après tout, le conducteur de l’Uber ne la connaissait pas et il était toujours plus facile d’être honnête avec les inconnus.

– À votre place, dit-elle, je ne toucherais pas à Valley Wines. Leurs vins sont horribles, produits à moindre coût et trop chers pour ce qu’ils sont.

Ils étaient arrivés. Le taxi s’arrêta devant le restaurant Villa 49.

– Merci pour le conseil, dit le conducteur. Nous chercherons une autre marque de vin.

– De rien. Merci pour la course.

Olivia descendit. Comme elle avait évité son désastre vestimentaire, il était temps qu’elle réfléchisse à ce qu’elle voulait dire à Matt.

– Je suis sûre que ça va te choquer, mais je me sens vraiment malheureuse.

C’était par cela qu’elle comptait commencer.

Réfléchissant à ce qu’il faudrait qu’elle dise après, Olivia entra dans le restaurant.

CHAPITRE DEUX

Olivia se tint un moment dans le restaurant Villa 49, apprécia la lumière tamisée, écouta le murmure des voix et inspira les arômes qui s’élevaient vers elle d’une table voisine.

Les notes parfumées d’ail rôti, de thym et de romarin. L’arôme intense de la sauce, enrichie d’un soupçon de vin velouté. L’odeur alléchante du pain croustillant qui sort tout chaud du four.

Pour la première fois de cette journée longue et stressante, Olivia se sentit véritablement satisfaite. Si elle fermait les yeux, elle s’imaginait debout sous un olivier dans une trattoria rustique de Toscane, loin de la pression de son travail, des réunions incessantes et des appels téléphoniques constants.

Elle arrivait même à oublier la conversation délicate qu’elle allait avoir avec Matt.

– Bonsoir, signora. Bienvenue à Villa 49. Avez-vous une réservation ?

L’accueil poli du maître d’hôtel la remmena à la réalité.

– Oui, elle devrait être au nom de Matthew Glenn.

– Veuillez me suivre.

Elle se faufila dans le restaurant derrière lui.

La table que Matt avait réservée dans le coin était vide. Olivia fut momentanément surprise. Matt était toujours ponctuel et elle était en retard de cinq minutes. Elle s’était attendue à ce qu’il soit là, en train de l’attendre.

Bon, la circulation en ville pouvait réserver des surprises.

Olivia vérifia rapidement son téléphone. Il y avait deux autres messages de félicitations de ses collègues et elle se sentit coupable en les lisant tous les deux. Finalement, il y avait un message de son assistante, Bianca.

– James dit qu’il faut que j’assiste à une réunion urgente demain. Sais-tu de quoi il s’agit ? Ai-je fait quelque chose de mal ?

Olivia imaginait la mince jeune femme attendre en se rongeant les ongles. Olivia avait essayé autant que possible d’aider son assistante à mettre fin à cette habitude anxieuse. Elle lui avait même offert une séance de manucure, mais Bianca avait rongé ses ongles récemment vernis aussi férocement qu’avant. Finalement, Olivia avait décidé d’abandonner. Après tout, comme habitude, il y avait pire. Une des autres assistantes s’était mise à manger des beignets pour calmer son stress et avait pris neuf kilos en trois mois.

Olivia répondit par SMS qu’elle n’avait rien fait de mal, que c’était une réunion collective et qu’il ne s’agirait probablement que d’une évaluation avec mise au courant des dernières nouvelles.

Elle ajouta un smiley et envoya le message. Alors, elle s’intéressa à la liste des vins.

Quand elle tourna les pages du menu, Olivia se sentit à nouveau heureuse. Elle adorait les vins italiens et ce menu était spécialisé dans les crus de la région toscane. Il y avait des noms dont elle n’avait jamais entendu parler, mais elle était fascinée par leur musique. Elle s’imaginait des collines vertes ondoyantes sous le soleil, avec des rangées ordonnées de vignes parsemées de bosquets d’oliviers.

Sachant que Matt préférait boire du vin rouge, elle accorda une attention spéciale à cette partie du menu.

Elle fut attirée par le Tignanello, décrit comme étant un rouge intense et avec du corps, fabriqué à partir des raisins Sangiovese locaux et parfumé à la cerise noire. Cette qualité hors du commun avait son prix, mais c’était une occasion spéciale et elle était sûre que Matt serait heureux de se laisser aller.

Elle était ravie qu’ils finissent par dîner ensemble. Pendant les quelques dernières semaines, ils avaient été terriblement occupés, tous les deux, et Matt avait été presque constamment en déplacement. Ils plaisantaient tout le temps en disant que Leigh, son assistante personnelle qui voyageait avec lui, le voyait plus souvent qu’Olivia.

– Bonsoir, Liv. Désolé d’être en retard.

Elle leva les yeux et vit Matt qui se dépêchait de traverser le restaurant maintenant plein et frénétique pour venir la rejoindre. Il portait son costume charbon de bois Armani le plus soigné et ses cheveux foncés grisonnants étaient coupés à la perfection. Il était grand, en forme, beau et accompli à l’extrême. Même au bout de quatre ans, Olivia avait du mal à croire qu’ils étaient ensemble.

Même si elle ne l’aurait jamais avoué à qui que ce soit, parfois, elle sentait qu’elle manquait un peu d’assurance quand elle se disait que Matt était vraiment un parti exceptionnel. Elle se réconfortait en se disant que c’était un point positif. Après tout, ça lui permettait de rester vigilante, d’être consciente de sa propre image et de se battre pour mieux réussir sa carrière.

– Salut, Matt, dit-elle avec un sourire. Contente de te retrouver. Quelle surprise de te voir de retour en ville ! J’adore ta coiffure.

Elle se releva et tira sur sa robe moulante pour la descendre sur ses hanches, espérant qu’il ne remarquerait pas le camouflage qu’elle avait effectué sur ses bas. Il l’embrassa sur la joue sans faire de commentaire et elle en fut soulagée. Ils s’assirent.

Olivia commanda le Tignanello et, pendant qu’ils attendaient qu’il arrive, elle commença la conversation difficile à laquelle elle s’était préparée.

– Je suis sûre que ça va te choquer, mais je suis vraiment malheureuse.

Matt leva les sourcils.

– Vraiment ?

Olivia inspira profondément. C’était le moment de tout déballer.

– Le problème, c’est le travail.

Matt cligna rapidement des yeux, comme s’il ne s’était pas attendu à ce qu’elle dise ça.

– Que veux-tu dire ? demanda-t-il prudemment.

– J’ai l’impression d’avoir vendu mon âme. Ma vie prend une direction à laquelle je ne m’étais pas attendue et je – je déteste ça.

En vérité, si elle avait l’impression de s’être vendue, c’était parce que Valley Wines était le contraire de tout ce en quoi elle croyait.

La première fois qu’Olivia avait assisté à une dégustation de Valley Wines, elle n’y avait bu que deux petits verres mais, le lendemain, elle s’était réveillée avec un mal de tête brutal qui lui avait donné des élancements toute la journée.

D’habitude, deux petits verres de vin n’avaient pas un effet aussi néfaste. Curieuse de découvrir ce qu’il y avait exactement dans ces vins, elle avait fait ses recherches. Cela n’avait pas été facile, mais Olivia était patiente et persistante et elle adorait être confrontée à une énigme difficile à résoudre. Suite à des recherches en ligne, des appels téléphoniques prudents et des réunions confidentielles en face à face, elle avait découvert la vérité.

– J’ai enquêté sur l’entreprise Valley Wines et elle est répugnante. Elle donne une image fallacieuse d’elle-même. Elle frise l’escroquerie et, à cause de ma campagne de marketing, tout le monde croit ce qu’elle déclare.

Matt fronça les sourcils.

– Mais, Liv, c’est à ça que servent les campagnes de marketing.

– Non ! protesta-t-elle. Dans ce cas-là, c’est différent. Ce n’est pas seulement du vin médiocre, c’est du vin bon à jeter.

– Que veux-tu dire ?

– Ils n’ont pas de ‘vignobles familiaux’. Tous les raisins sont cultivés de manière industrielle et récoltés avec des machines. De plus, ils utilisent des raisins de n’importe où, du moment qu’ils coûtent moins cher. On ne peut même pas visiter l’exploitation viticole.

– Pourquoi ? demanda Matt.

– Parce qu’il n’y en a pas, avoua Olivia. Il y a une usine immense et, en gros, ils prennent du jus de raisin alcoolisé et le gonflent avec des quantités de poudres, de compositions aromatisantes et d’additifs. Ils ont cherché quel goût plaisait à la majorité des gens et les scientifiques en alimentation ont créé des profils gustatifs qu’ils imitent à l’aide d’additifs. C’est ce que sont Valley White et Valley Red.

Pendant que Matt prenait un air dubitatif, Olivia poursuivit.

– Ils utilisent des tas de sulfites pour prolonger la durée de conservation et aussi pour que tous les lots aient le même goût. Je ne sais pas si c’est à cause des sulfites ou d’autre chose qu’ils mettent dans le vin mais, quand j’en bois, je me sens terriblement mal.

– Je ne vois toujours pas où est le problème. C’est du mauvais vin, et alors ? Les gens ne peuvent-ils pas se décider en le goûtant ? demanda Matt.

Olivia laissa échapper un soupir de contrariété.

– Le problème, c’est que toutes les boutiques en vendent, maintenant, et que cela signifie qu’il reste moins de place pour les autres marques. Donc, ma campagne cause du tort aux entreprises qui aiment vraiment le vin et qui le fabriquent correctement. J’ai la sensation d’avoir causé du tort aux bons vignerons alors qu’ils ne le méritaient pas.

Olivia grimaça quand elle pensa au succès du slogan maintenant célèbre qu’elle avait trouvé : ‘Profitez de votre journée grâce à la Vallée’.

– J’ai créé mon propre slogan, dit-elle à Matt. ‘Valley White vous donnera des insomnies’ et ‘Valley Red vous donnera des maux de tête’.

Elle s’était attendue à ce que cela le fasse rire, mais Matt ne rit pas.

Peut-être commençait-il finalement à comprendre la gravité de la situation d’Olivia.

– Matt, je me dis qu’il faut que je parte, dit-elle. Je ne peux pas continuer à travailler pour une entreprise qui représente des marques en lesquelles je ne crois pas et qui s’acharne à détruire les autres marques en lesquelles je crois. Je suis vraiment sur le point de démissionner.

Elle leva une main en plaçant le pouce et l’index près l’un de l’autre.

C’était une autre de leurs blagues préférées, mais Matt ne rit pas cette fois non plus.

– Je crains d’avoir une mauvaise nouvelle à t’annoncer, moi aussi, lui dit-il.

Olivia le contempla les yeux écarquillés.

Qu’était-il arrivé ? Est-ce que Matt avait perdu son travail ? Est-ce qu’un de ses parents était malade ?

Olivia se rendit compte que, s’il l’avait invitée ici, il devait y avoir une raison. Elle avait supposé que c’était pour la féliciter, mais il avait eu ses propres raisons et elle avait monopolisé la conversation comme une égoïste sans même chercher à se renseigner.

– Oh, Matt, je suis vraiment désolée. Qu’est-ce que c’est ? demanda-t-elle.

– Je suis sûr que ça va te choquer.

Olivia cligna des yeux. Elle ne comprenait pas pourquoi Matt utilisait les mêmes mots qu’elle. Que se passait-il donc ?

Pendant un instant de folie, elle se demanda si Matt était aussi insatisfait de son travail qu’elle l’était du sien. Il en avait peut-être assez d’être gestionnaire de fonds de placement et il voulait peut-être du changement. Elle se mit à réfléchir frénétiquement et essaya d’imaginer comment ils pourraient repartir à zéro ensemble, changer de ville ou même passer un an sur une île exotique. Ce serait une belle aventure qui leur permettrait de se détendre ensemble et d’apprécier leur vie commune.

Olivia n’avait jamais réellement désiré se marier et avoir des enfants et elle savait que Matt était comme elle, mais elle aurait voulu pouvoir se permettre de passer du temps sans interruption avec lui, sans être harcelée par les rendez-vous, les réunions et les horaires de travail interminables qu’ils devaient supporter tous les deux. Sur une île, ils pourraient faire ça.

Alors, la réalité la rattrapa. Matt adorait son travail et n’avait jamais ne serait-ce que suggéré qu’il était malheureux. De plus, il était un citadin dans l’âme et il aimait la rythme de la vie urbaine. Il était impossible que ce soit ça. C’était forcément autre chose.

– Qu’est-ce qui va me choquer ? demanda-t-elle, sentant un frisson d’appréhension.

– Il ne s’agit pas du travail.

– Que veux-tu dire ? demanda-t-elle d’une voix qui lui parut faible et étrange.

– Il s’agit de nous.

Il adressa à Olivia un de ses sourires navrés caractéristiques, les lèvres serrées, les yeux plissés et la tête penchée.

– Ça ne marche pas, nous deux. Je suis vraiment désolé. J’aurais voulu que ça se passe différemment, mais c’est comme ça. Même s’il est forcément difficile de le dire, je romps avec toi.

€1,78
Altersbeschränkung:
18+
Veröffentlichungsdatum auf Litres:
19 Oktober 2020
Umfang:
272 S. 5 Illustrationen
ISBN:
9781094306421
Download-Format:
Erste Buch in der Serie "Roman à Suspense en Vignoble Toscan"
Alle Bücher der Serie

Mit diesem Buch lesen Leute