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Histoires extraordinaires

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À nos premiers hurlements de terreur, quelque chose répondit qui venait du côté du beaupré du navire étranger, et qui ressemblait de si près au cri d'un gosier humain que l'oreille la plus délicate eût été surprise et trompée. À ce moment, une autre embardée soudaine ramena le gaillard d'avant sous nos yeux, et nous pûmes comprendre l'origine de ce bruit. Nous vîmes la grande forme robuste toujours appuyée sur le plat-bord et remuant toujours la tête de çà, de là, mais tournée maintenant de manière que nous ne pouvions lui voir la face. Ses bras étaient étendus sur la lisse du bastingage, et ses mains tombaient en dehors. Ses genoux étaient placés sur une grosse amarre, largement ouverts et allant du talon du beaupré à l'un des bossoirs. À l'un de ses côtés, où un morceau de la chemise avait été arraché et laissait voir le nu, se tenait une énorme mouette, se gorgeant activement de l'horrible viande, son bec et ses serres profondément enfoncés, et son blanc plumage tout éclaboussé de sang. Comme le brick tournait et allait nous passer sous le vent, l'oiseau avec une apparente difficulté, retira sa tête rouge, et, après nous avoir regardés un moment comme s'il était stupéfié, se détacha paresseusement du corps sur lequel il festinait, puis il prit directement son vol au-dessus de notre pont, et plana quelque temps avec un morceau de la substance coagulée et quasi vivante dans son bec. À la fin, l'horrible morceau tomba, en l'éclaboussant, juste aux pieds de Parker. Dieu veuille me pardonner, mais alors, dans le premier moment, une pensée traversa mon esprit, une pensée que je n'écrirai pas, et je me sentis faisant un pas machinal vers le morceau sanglant. Je levai les yeux, et mes regards rencontrèrent ceux d'Auguste qui étaient pleins d'une intensité et d'une énergie de désir telle, que cela me rendit immédiatement à moi-même. Je m'élançai vivement, et, avec un profond frisson, je jetai l'horrible chose à la mer.

Le cadavre d'où le morceau avait été arraché, reposant ainsi sur l'amarre, était aisément ébranlé par les efforts de l'oiseau carnassier, et c'étaient d'abord ces secousses qui nous avaient induits à croire à un être vivant.

Quand l'oiseau le débarrassa de son poids, il chancela, tourna et tomba à moitié, et nous montra tout à fait sa figure. Non, jamais il n'y eut d'objet aussi terrible! Les yeux n'y étaient plus, et toutes les chairs de la bouche rongées, les dents étaient entièrement à nu. Tel était donc ce sourire qui avait encouragé notre espérance! Tel était… mais je m'arrête. Le brick, comme je l'ai dit, passa à notre arrière, et continua sa route en tombant sous le vent. Avec lui et son terrible équipage s'évanouirent lentement toutes nos heureuses visions de joie et de délivrance.

Eureka était sans doute le livre chéri et longtemps rêvé d'Edgar Poe. Je ne puis en rendre compte ici d'une manière précise. C'est un livre qui demande un article particulier. Quiconque a lu la Révélation magnétique connaît les tendances métaphysiques de notre auteur. Eureka prétend développer le procédé, et démontrer la loi suivant laquelle l'univers a revêtu sa forme actuelle visible, et trouve sa présente organisation, et aussi comment cette même loi, qui fut l'origine de la création, sera le moyen de sa destruction et de l'absorption définitive du monde. On comprendra facilement pourquoi je ne veux pas m'engager à la légère dans la discussion d'une si ambitieuse tentative. Je craindrais de m'égarer et de calomnier un auteur pour qui j'ai le plus profond respect. On a déjà accusé Edgar Poe d'être un panthéiste, et quoique je sois forcé d'avouer que les apparences induisent à le croire tel, je puis affirmer que, comme bien d'autres grands hommes épris de la logique, il se contredit quelquefois fortement, ce qui fait son éloge; ainsi, son panthéisme est fort contrarié par ses idées sur la hiérarchie des êtres, et beaucoup de passages qui affirment évidemment la permanence des personnalités.

Edgar Poe était très-fier de ce livre, qui n'eut pas, ce qui est tout naturel, le succès de ses contes. Il faut le lire avec précaution et faire la vérification de ses étranges idées par la juxtaposition de systèmes analogues et contraires.

IV

J'avais un ami qui était aussi un métaphysicien à sa manière, enragé et absolu, avec des airs de Saint-Just. Il me disait souvent en prenant un exemple dans le monde, et en me regardant moi-même de travers: «Tout mystique a un vice caché.» Et je continuais sa pensée en moi-même: donc, il faut le détruire. Mais je riais, parce que je ne comprenais pas. Un jour, comme je causais avec un libraire bien connu et bien achalandé, dont la spécialité est de servir les passions de toute la bande mystique et des courtisans obscurs des sciences occultes, et comme je lui demandais des renseignements sur ses clients, il me dit: «Rappelez-vous que tout mystique a un vice caché, souvent très-matériel; celui-ci l'ivrognerie, celui-là la goinfrerie, un autre la paillardise; l'un sera très-avare, l'autre très-cruel, etc.»

Mon Dieu! me dis-je, quelle est donc cette loi fatale qui nous enchaîne, nous domine, et se venge de la violation de son insupportable despotisme par la dégradation et l'amoindrissement de notre être moral? Les illuminés ont été les plus grands des hommes. Pourquoi faut-il qu'ils soient châtiés de leur grandeur? Leur ambition n'était-elle pas la plus noble? L'homme sera-t-il éternellement si limité qu'aucune de ses facultés ne puisse s'agrandir qu'au détriment des autres? Si vouloir à tout prix connaître la vérité est un grand crime, ou au moins peut conduire à de grandes fautes, si la niaiserie et l'insouciance sont une vertu et une garantie d'équilibre, je crois que nous devons être très-indulgents pour ces illustres coupables, car, enfant du XVIIIe et du XIXe siècle, ce même vice nous est à tous imputable.

Je le dis sans honte, parce que je sens que cela part d'un profond sentiment de pitié et de tendresse, Edgar Poe, ivrogne, pauvre, persécuté, paria, me plaît plus que calme et vertueux, un Goethe ou un W. Scott. Je dirais volontiers de lui et d'une classe particulière d'hommes, ce que le catéchisme dit de notre Dieu: «Il a beaucoup souffert pour nous.»

On pourrait écrire sur son tombeau: «Vous tous qui avez ardemment cherché à découvrir les lois de votre être, qui avez aspiré à l'infini, et dont les sentiments refoulés ont dû chercher un affreux soulagement dans le vin de la débauche, priez pour lui. Maintenant son être corporel purifié nage au milieu des êtres dont il entrevoyait l'existence, priez pour lui qui voit et qui sait, il intercédera pour vous.»