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Eureka

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Il suit de tout ceci que tout principe qui sera suffisant pour expliquer en général la loi, ou modus operandi, de la force attractive, devra aussi expliquer cette loi dans le particulier; – c'est-à-dire que tout principe qui montrera pourquoi les atomes doivent tendre vers leur centre général d'irradiation, avec des forces variant en proportion inverse des carrés des distances, expliquera d'une manière satisfaisante la tendance, conforme à la même loi, qui pousse l'atome vers l'atome; —car la tendance vers le centre est simplement la tendance de chacun vers chacun, et non pas une tendance vers un centre considéré comme tel.

On voit en même temps que l'établissement de mes propositions n'implique aucune nécessité de modifier les termes de la définition newtonienne de la Gravitation, laquelle déclare que chaque atome attire chaque autre atome, dans une infinie réciprocité, et ne déclare que cela; mais (en supposant toutefois que ce que je propose sera finalement admis) il me semble évident que, dans les futures opérations de la Science, on pourrait éviter quelque erreur occasionnelle, si l'on adoptait une phraséologie plus ample, telle que celle-ci: – Chaque atome tend vers chaque autre atome, etc., avec une force, etc.; le résultat général étant une tendance de tous les atomes, avec une force semblable, vers un centre général.

En reprenant notre route à l'inverse, nous sommes arrivés à un résultat identique; mais, dans l'un des cas, Y Intuition était le point de départ, dans l'autre, elle était le but. En commençant mon premier voyage, je pouvais dire seulement que je sentais, par une irrésistible intuition, que la Simplicité avait été la caractéristique de l'action originelle de Dieu; – en finissant mon second voyage, je puis seulement déclarer que je perçois, par une irrésistible intuition, que l'Unité a été la source des phénomènes de la Gravitation newtonienne observés jusqu'à présent. Ainsi, selon les écoles, je ne prouve rien. Soit. Je n'ai pas d'autre ambition que de suggérer, – et de convaincre par la suggestion. J'ai l'orgueilleuse conviction qu'il existe des intelligences humaines profondes, douées d'un prudent discernement, qui ne pourront pas s'empêcher d'être largement satisfaites de mes simples suggestions. Pour ces intelligences, – comme pour la mienne, – il n'est pas de démonstration mathématique qui puisse apporter la moindre vraie preuve additionnelle à la grande Vérité que j'ai avancée, à savoir que l'Unité Originelle est la source, le principe des Phénomènes Universels. Pour ma part, je ne suis pas aussi sûr que je parle et que je vois; – je ne suis pas aussi sûr que mon cœur bat et que mon âme vit; – que le soleil se lèvera demain matin, probabilité qui gît encore dans le Futur, – je ne prétends pas du tout en être aussi sûr que je le suis de ce Fait irréparablement passé, que tous les Êtres et Toutes les Pensées des Êtres, avec toute leur ineffable Multiplicité de Rapports, ont jailli à la fois à l'existence de la primordiale et indépendante Unité.

Relativement à la Gravitation newtonienne, le Docteur Nichol, l'éloquent auteur de l'Architecture des deux, dit: «En vérité, nous n'avons aucune raison de supposer que cette grande Loi, telle qu'elle nous est aujourd'hui connue, soit la formule suprême ou la plus simple, conséquemment universelle et omnicompréhensible, d'une grande Ordonnance. Le mode suivant lequel son intensité diminue avec l'élément de la distance n'a pas l'aspect d'un principe suprême, lequel principe comporte toujours la simplicité de ces axiomes, évidents par eux-mêmes, qui constituent la base de la Géométrie.»

Il est absolument vrai que les principes suprêmes, selon le sens usuel des termes, comportent toujours la simplicité des axiomes géométriques (quant aux choses évidentes par elles-mêmes, il n'en existe pas); – mais ces principes ne sont pas clairement suprêmes; en d'autres termes, les choses que nous avons l'habitude de qualifier principes ne sont pas, à proprement parler, des principes, – puisqu'il ne peut exister qu'un principe, qui est la Volition Divine. Nous n'avons donc aucun droit de supposer, d'après ce que nous observons dans les règles qu'il nous plaît follement d'appeler principes, quoi que ce soit qui ressemble aux caractéristiques d'un principe proprement dit. Les principes suprêmes, dont le Docteur Nichol parle comme comportant la simplicité géométrique, peuvent avoir et ont en effet cet aspect géométrique, puisqu'ils sont une partie intégrante d'un vaste système géométrique, c'est-à-dire d'un système de simplicité, dans lequel toutefois le principe vraiment suprême est, comme nous le savons, le maximum du complexe, autrement dit, de l'inintelligible; – car n'est-ce pas la Capacité Spirituelle de Dieu?

Cependant j'ai cité la remarque du Docteur Nichol, non pas tant pour infirmer sa philosophie que pour attirer l'attention sur ce fait, que, malgré que tous les hommes aient admis un certain principe comme existant au delà de la loi de la Gravitation, aucune tentative n'a été faite pour définir ce qu'est particulièrement ce principe; – si nous exceptons peut-être quelques visées fantastiques qui le transportent dans le Magnétisme, dans le Mesmérisme, dans le Swedenborgianisme, ou dans le Transcendantalisme, ou dans tout autre délicieux isme de la même espèce, invariablement favorisé par une seule et même espèce de gens. Le grand esprit de Newton, tout en saisissant hardiment la Loi elle-même, a reculé devant le principe de la Loi. Plus active, plus compréhensible au moins, sinon plus patiente et plus profonde, la sagacité de Laplace n'eut pas le courage de s'y attaquer. Mais l'hésitation de la part de ces astronomes n'est pas si difficile à comprendre. Eux aussi, comme d'ailleurs tous les mathématiciens de la première classe, ils étaient purement mathématiciens; leur intelligence du moins était marquée d'un caractère mathématico-physique vigoureusement prononcé. Tout ce qui n'était pas distinctement situé dans le domaine de la Physique ou des Mathématiques leur apparaissait comme des Non-Entités ou des Ombres. Néanmoins, nous pouvons bien nous étonner que Leibnitz, qui fut une exception remarquable à cette règle générale, et dont le tempérament spirituel était un singulier mélange du mathématique avec le physico-métaphysique, n'ait pas d'abord recherché et défini le point en litige. Newton et Laplace, cherchant un principe, et n'en découvrant aucun physique, devaient humblement et tranquillement s'arrêter à cette conclusion, qu'il n'en existait absolument aucun; mais il est presque impossible de concevoir que Leibnitz, ayant épuisé dans ses recherches les domaines de la physique, n'ait pas marché droit, plein de hardiesse et de confiance, à travers ce vieux labyrinthe du royaume de la Métaphysique qui lui était si familier. Il est évident qu'il a dû s'aventurer à la recherche du trésor; – s'il ne l'a pas trouvé, c'est peut-être, après tout, parce que sa merveilleuse conductrice, son Imagination, n'était pas suffisamment adulte ou assez bien éduquée pour le diriger dans la bonne route.

J'observais tout à l'heure qu'il avait été fait de vagues tentatives pour attribuer la Gravitation à de certaines forces très-douteuses, dont le nom affecte la désinence isme. Mais ces tentatives, quoique considérées très-justement comme hardies, n'ont pas visé plus loin qu'à la généralité, à la pure généralité de la Loi newtonienne.

Aucun effort d'explication, aucun effort heureux, à ma connaissance, n'a été fait relativement à son modus operandi. C'est donc avec une crainte bien légitime d'être pris pour un fou, dès le début, et avant d'avoir pu porter mes propositions sous l'œil de ceux-là qui seuls sont compétents pour décider sur leur valeur, que je déclare ici que le modus operandi de la Loi de la Gravitation est une chose excessivement simple et parfaitement appréciable, à la condition que nous nous approchions du problème selon une juste gradation et dans la bonne route, – c'est-à-dire si nous le considérons du point de vue convenable.

VII

Soit que nous arrivions à l'idée d'absolue Unité, source présumée de Tous les Êtres, par une considération de la Simplicité prise pour la caractéristique la plus probable de l'action originelle de Dieu; – soit que nous y parvenions par l'examen de l'universalité de rapports dans les phénomènes de la gravitation; – ou soit enfin que nous aboutissions à cette idée comme au résultat de la corroboration réciproque des deux procédés, – toujours est-il que l'idée, une fois acceptée, est inséparablement connexe d'une autre idée, celle de la condition de l'Univers sidéral, tel que nous le voyons maintenant, c'est-à-dire d'une incommensurable diffusion à travers l'espace. Or, une connexion entre ces idées, – unité et diffusion, – ne peut pas être admissible sans une troisième idée, celle de l'irradiation. L'Unité Absolue étant prise comme centre, l'Univers sidéral existant est le résultat d'une irradiation partant de ce centre.

Or, les lois de l'irradiation sont connues. Elles sont partie intégrante de la sphère. Elles appartiennent à la classe des propriétés géométriques incontestables. Nous disons d'elles: elles sont vraies, elles sont évidentes. Demander pourquoi elles sont vraies, ce serait demander pourquoi sont vrais les axiomes sur lesquels s'appuie la démonstration de ces lois. Il n'y a rien de démontrable, pour parler strictement; mais s'il y a quelque chose de démontrable, les propriétés et les lois en question sont démontrées.

Mais ces lois, que déclarent-elles? Comment, par quels degrés l'irradiation procède-t-elle du centre vers l'espace?

D'un centre lumineux la Lumière émane par irradiation, et les quantités de lumière reçues par un plan quelconque, que nous supposerons changeant de position, de manière à se trouver tantôt plus près, tantôt plus loin du centre, diminueront dans la même proportion que s'accroîtront les carrés des distances entre le plan et le corps lumineux, et s'accroîtront dans la même proportion que diminueront les carrés.

 

L'expression de la loi peut être ainsi généralisée: – Le nombre de molécules lumineuses, ou, si l'on préfère d'autres termes, le nombre d'impressions lumineuses, reçues par le plan mobile, sera en proportion inverse des carrés des distances où sera situé le plan. Et pour généraliser encore, nous pouvons dire que la diffusion, l'éparpillement, l'irradiation, en un mot, est en proportion directe des carrés des distances.

Par exemple: à la distance B, du centre lumineux A, un certain nombre de particules est éparpillé, de manière à occuper la surface B. Donc à la distance double, c'est-à-dire à C, ces particules se trouveront d'autant plus éparpillées qu'elles occuperont quatre surfaces semblables; à la distance triple, ou à D, elles seront d'autant plus séparées les unes des autres qu'elles occuperont neuf surfaces semblables; à une distance quadruple, ou à E, elles seront tellement diffuses qu'elles s'étendront sur seize surfaces semblables; – et ainsi de suite à l'infini.


Généralement, en disant que l'irradiation procède en raison proportionnelle directe des carrés des distances, nous nous servons du terme irradiation pour exprimer le degré de diffusion à mesure que nous nous éloignons du centre. Inversant la proposition, et employant le mot concentralisation pour exprimer le degré d'attraction générale à mesure que nous nous rapprochons du centre, nous pouvons dire que la concentralisation procède en raison inverse des carrés des distances. En d'autres termes, nous sommes arrivés à cette conclusion, que, dans l'hypothèse que la matière ait été originellement irradiée d'un centre, et soit maintenant en train d'y retourner, la concentralisation, ou action de retour, procède exactement comme nous savons que procède la force de gravitation.

Or, s'il nous était permis de supposer que la concentralisation représente exactement la force de la tendance vers le centre, — que l'une est en exacte proportion avec l'autre, et que les deux procèdent simultanément, nous aurions démontré tout ce qui était à démontrer. La seule difficulté ici consiste donc à établir une proportion directe entre la concentralisation et la force de concentralisation; et nous pouvons considérer la chose comme faite si nous établissons une proportion semblable entre l'irradiation et la force d'irradiation.

Une rapide inspection des Cieux suffit pour nous montrer que les étoiles sont distribuées avec une certaine uniformité générale et à une certaine égalité de distance à travers la région de l'espace où elles sont groupées, affectant dans leur ensemble une forme approximativement sphérique; – cette espèce d'égalité, générale plutôt qu'absolue, ne contredisant en rien ma déduction sur l'inégalité de distances, dans de certaines limites, entre les atomes originellement irradiés, et représentant un corollaire du système évident d'infinie complexité de rapports tirée de l'unité absolue. Je suis parti, on se le rappelle, de l'idée d'une distribution généralement uniforme, mais particulièrement inégale, des atomes; – idée confirmée, je le répète, par une inspection des étoiles, telles qu'elles existent actuellement.

Mais même dans l'égalité générale de distribution, en ce qui regarde les atomes, apparaît une difficulté qui, sans aucun doute, s'est déjà présentée à ceux de mes lecteurs qui croient que je suppose cette égalité de distribution effectuée par l'irradiation partant d'un centre. Au premier coup d'œil, l'idée de l'irradiation nous force à accepter cette autre idée, jusqu'à présent non séparée et en apparence inséparable, d'une agglomération autour d'un centre, et d'une dispersion à mesure qu'on s'en éloigne, – l'idée, en un mot, d'inégalité de distribution relativement à la matière irradiée.

Or, j'ai fait observer ailleurs[1] que si la Raison, à la recherche du Vrai, peut jamais trouver sa route, c'est par des difficultés telles que celle actuellement en question, par une telle inégalité, par de telles particularités, par de telles saillies sur le plan ordinaire des choses. Grâce à la difficulté, à la particularité qui se présente ici, je bondis d'un seul coup vers le secret, – secret que je n'aurais jamais pu atteindre sans la particularité et les inductions qu'elle me fournit par son pur caractère de particularité.

La marche de ma pensée, arrivée à ce point, peut être grossièrement dessinée de la manière suivante: – Je me dis: «L'Unité, comme je l'ai expliquée, est une vérité; – je le sens. La Diffusion est une vérité; je le vois. L'Irradiation, par laquelle seule ces deux vérités sont conciliées, est conséquemment une vérité; je le perçois. L'égalité de diffusion, d'abord déduite à priori et ensuite confirmée par l'inspection des phénomènes, est aussi une vérité; – je l'admets pleinement. Jusqu'ici tout est clair autour de moi; – il n'y a pas de nuages derrière lesquels puisse se cacher le secret, le grand secret du modus operandi de la gravitation; – mais ce secret est quelque part aux environs, très-certainement, et n'y eût-il qu'un seul nuage en vue, je serais tenu de soupçonner ce nuage.» Et justement, comme je me dis cela, voilà qu'un nuage apparaît. Ce nuage est l'impossibilité apparente de concilier ma vérité, irradiation avec mon autre vérité, égalité de diffusion. Je me dis alors: «Derrière cette impossibilité apparente doit se trouver ce que je cherche.» Je ne dis pas: impossibilité réelle; car une invincible foi dans mes vérités me confirme qu'il n'y a là, après tout, qu'une simple difficulté; mais je vais jusqu'à dire, avec une confiance opiniâtre, que, quand cette difficulté sera résolue, nous trouverons, enveloppée dans le procédé de solution, la clef du secret que nous cherchons. De plus, je sens que nous ne découvrirons qu'une seule solution possible de la difficulté, et cela, pour cette raison que, s'il y en avait deux, l'une des deux serait superflue, sans utilité, vide, ne contenant aucune clef, puisqu'il n'est pas besoin d'une double clef pour ouvrir un secret quelconque de la nature.

Et maintenant examinons: – les notions ordinaires, les notions distinctes que nous pouvons avoir de l'irradiation, sont tirées du mode tel que nous le voyons appliqué dans le cas de la Lumière. Là nous trouvons une effusion continue de courants lumineux, avec une force que nous n'avons aucun droit de supposer variable. Or, dans n'importe quelle irradiation de cette nature, continue et d'une force invariable, les régions voisines du centre doivent être inévitablement plus remplies que les régions éloignées. Mais je n'ai supposé aucune irradiation telle que celle-là. Je n'ai pas supposé une irradiation continue; par la simple raison qu'une telle supposition impliquerait d'abord la nécessité d'adopter une conception que l'homme, ainsi que je l'ai montré, ne peut pas adopter, et que l'examen du firmament réfute, ainsi que je le démontrerai plus amplement, – la conception d'un Univers sidéral absolument infini, – et impliquerait, en second lieu, l'impossibilité de comprendre une réaction, c'est-à-dire la gravitation, telle qu'elle existe maintenant, puisque, tant qu'une action se continue, aucune réaction, naturellement, ne peut avoir lieu. Donc, ma supposition, ou plutôt l'inévitable déduction tirée des justes prémisses, était celle d'une irradiation déterminée, d'une irradiation finalement discontinuée.

Qu'il me soit permis maintenant de décrire le seul mode possible selon lequel nous pouvons comprendre que la matière ait été répandue à travers l'espace, de manière à remplir à la fois les conditions d'irradiation et de distribution généralement égale.

Par commodité d'illustration, imaginons d'abord une sphère creuse, de verre ou d'autre matière, occupant l'espace à travers lequel la matière universelle a été également éparpillée, par le moyen de l'irradiation, de la particule absolue, indépendante, inconditionnelle, placée au centre de la sphère.

Un certain effort de la puissance expansive (que nous présumons être la Volonté Divine), – en d'autres termes, une certaine force, dont la mesure est la quantité de matière, c'est-à-dire le nombre des atomes, – a émis, émet, par irradiation, ce nombre d'atomes, les chassant hors du centre dans toutes les directions, leur proximité réciproque diminuant à mesure qu'ils s'éloignent de ce centre, jusqu'à ce que finalement ils se trouvent éparpillés sur la surface intérieure de la sphère.

Quand les atomes ont atteint cette position, ou pendant qu'ils tendaient à l'atteindre, un second exercice inférieur de la même force, – une seconde force inférieure de la même nature, – émet de la même manière, par irradiation, une seconde couche d'atomes qui va se déposer sur la première; le nombre d'atomes, dans ce cas comme dans le premier, étant la mesure de la force qui les a émis, – en d'autres termes, la force étant précisément appropriée au dessein qu'elle accomplit, – la force et le nombre d'atomes envoyés par cette force étant directement proportionnels.

Quand cette seconde couche a atteint sa destination ou pendant qu'elle s'en approche, un troisième exercice inférieur de la même force, ou une troisième force inférieure de même nature, – le nombre des atomes émis étant dans tous les cas la mesure de la force, – dépose une troisième couche sur la seconde, – et ainsi de suite, jusqu'à ce que ces couches concentriques, devenant de moins en moins vastes, atteignent finalement le point central; et alors la matière diffusible, en même temps que la force diffusive, se trouve épuisée.

Notre sphère est maintenant remplie, par le moyen de l'irradiation, d'atomes également répartis. Les deux conditions nécessaires, celles de l'irradiation et d'une diffusion égale, sont accomplies par le seul mode qui permette de concevoir la possibilité de leur accomplissement simultané. C'est pour cette raison que j'ai l'espérance de trouver maintenant, caché dans la condition présente des atomes ainsi distribués à travers la sphère, le secret dont je suis en quête, le principe si important du modus operandi de la loi newtonienne. Examinons donc la condition actuelle des atomes.

Ils sont placés dans une série de couches concentriques. Ils sont également distribués à travers la sphère. Ils ont été irradiés vers ces positions.

Les atomes étant également distribués, plus est grande la superficie d'une de ces couches concentriques quelconques, plus grand sera le nombre d'atomes distribués dans cette couche. En d'autres termes, le nombre d'atomes situés sur la surface d'une de ces couches concentriques quelconque est en proportion directe de l'étendue de cette surface.

Mais, dans toute série de sphères concentriques, les surfaces sont en proportion directe des carrés des distances à partir du centre, ou, plus brièvement, les surfaces des sphères sont entre elles comme les carrés de leurs rayons.

Conséquemment, le nombre d'atomes, dans une couche quelconque, est en proportion directe du carré de la distance qui sépare cette couche du centre.

Mais le nombre des atomes dans une couche quelconque est la mesure de la force qui a émis cette couche, c'est-à-dire qu'elle est en proportion directe de la force.

Donc la force qui a irradié chaque couche est en proportion directe du carré de la distance entre cette couche et le centre, ou, pour généraliser, la force de l'irradiation a eu lieu en proportion directe des carrés des distances.

Or, la Réaction, autant que nous en pouvons connaître, c'est l'Action inversée. Le principe général de la Gravitation étant, en premier lieu, entendu comme la réaction d'un acte, comme l'expression d'un désir de la part de la Matière, existant à l'état de diffusion, de retourner à l'Unité d'où elle est issue, et en second lieu, l'esprit étant obligé de déterminer le caractère de ce désir, la manière selon laquelle il doit naturellement se manifester, – étant, en d'autres termes, obligé de concevoir une loi probable, ou modus operandi, pour l'action de retour, ne peut pas ne pas arriver à cette conclusion que la loi de retour doit être précisément la réciproque de la loi d'émission. Chacun du moins aura parfaitement le droit de considérer la chose comme démontrée, jusqu'à ce que quelqu'un donne une raison plausible qui affirme le contraire, jusqu'à ce qu'une autre loi de retour soit imaginée que l'intelligence puisse adopter comme préférable.

 

Donc, la matière irradiée dans l'espace, avec une force qui varie comme les carrés des distances, pourrait à priori être supposée retourner vers son centre d'irradiation avec une force variant en raison inverse des carrés des distances; et j'ai déjà montré que tout principe qui expliquera pourquoi les atomes tendent, en raison d'une loi quelconque, vers le centre général, doit être admis comme expliquant en même temps, d'une manière suffisante, pourquoi, en raison de la même loi, ils tendent l'un vers l'autre. Car, en fait, la tendance vers le centre général n'est pas une tendance vers un centre positif; elle a lieu vers ce point, seulement parce que chaque atome, en se dirigeant vers un tel point, s'achemine directement vers son centre réel et essentiel, qui est l'Unité, – l'Union absolue et finale de toutes choses.

Cette considération ne présente à mon esprit aucune difficulté; mais cela ne m'aveugle pas sur son obscurité possible pour les esprits moins habitués à manier des abstractions, et en somme il serait peut-être bon de considérer la proposition d'un ou deux autres points de vue.

La molécule absolue, indépendante, originellement créée par la Volition Divine, doit avoir été dans une condition de normalité positive ou de perfection; – car toute imperfection implique rapport. Le bien est positif; le mal est négatif; il n'est que la négation du bien, comme le froid est la négation de la chaleur, l'obscurité, de la lumière. Pour qu'une chose soit mauvaise, il faut qu'il y ait quelque autre chose qui soit comparable à ce qui est mauvais; – une condition à laquelle cette chose mauvaise ne satisfait pas; une loi qu'elle viole; un être qu'elle offense. Si cet être, cette loi, cette condition, relativement auxquels la chose est mauvaise, n'existent pas, ou si, pour parler plus strictement, il n'existe ni êtres, ni lois, ni conditions, alors la chose ne peut pas être mauvaise et devra conséquemment être bonne. Toute déviation de la normalité implique une tendance au retour. Une différence d'avec ce qui est normal, droit, juste, ne peut avoir été créée que parla nécessité de vaincre une difficulté. Et si la force qui surmonte cette difficulté n'est pas infiniment continuée, la tendance indestructible à ce retour pourra à la longue agir dans le sens de sa satisfaction. La force retirée, la tendance agit. C'est le principe de réaction, comme conséquence inévitable d'une action finie. Pour employer une phraséologie dont on pardonnera l'affectation apparente à cause de son énergie, nous pouvons dire que la Réaction est le retour de ce qui est et ne devrait pas être vers ce qui était originellement, et conséquemment devrait être; —et j'ajoute que l'on trouverait toujours la force absolue de la Réaction en proportion directe avec la réalité, la vérité, l'absolu du principe originel, s'il était possible de mesurer celui-ci; – et conséquemment la plus grande de toutes les réactions concevables doit être celle produite par la tendance dont il est question ici, – la tendance à retourner vers l'absolu originel, vers le suprême primitif. La gravitation doit donc être la plus énergique de toutes les forces, —idée obtenue à priori et largement confirmée par l'induction. Quel usage je ferai de cette idée, on le verra par la suite.

Les atomes, ayant été répandus hors de leur condition normale d'Unité, cherchent à retourner – vers quoi? Non pas, certainement, vers aucun point particulier; car il est clair que si, au moment de la diffusion, tout l'Univers matériel avait été projeté collectivement à une certaine distance du point d'irradiation, la tendance atomique vers le centre de la sphère n'aurait pas été troublée le moins du monde; les atomes n'auraient pas cherché le point de l'espace absolu dont ils étaient originairement issus. C'est simplement la condition, et non le point ou le lieu où cette condition a pris naissance, que les atonies cherchent à rétablir; – ce qu'ils désirent, c'est simplement cette condition qui est leur normalité. «Mais ils cherchent un centre, – dira-t-on, – et un centre est un point.» C'est vrai; mais ils cherchent ce point, non dans son caractère de point (car si toute la sphère changeait de position, ils chercheraient également le centre, et le centre serait alors un autre point), mais parce que, en raison de la forme dans laquelle ils existent collectivement (qui est celle de la sphère), c'est seulement par le point en question, qui est le centre de la sphère, qu'ils peuvent atteindre leur véritable but, l'Unité. Dans la direction du centre, chaque atome perçoit plus d'atomes que dans toute autre direction. Chaque atome est poussé vers le centre, parce que sur la ligne droite, qui s'étend de lui au centre et qui continue au delà jusqu'à la circonférence, se trouve un plus grand nombre d'atomes que sur toute autre ligne droite, – un plus grand nombre d'objets qui le cherchent, lui, atome individuel, – un plus grand nombre de satisfactions pour sa propre tendance à l'Unité, – en un mot, parce que dans la direction du centre se trouve la plus grande possibilité de satisfaction générale pour son appétit individuel. Pour parler brièvement, la condition de l'Unité est en réalité ce que cherchent les atomes, et s'ils semblent chercher le centre de la sphère, ce n'est qu'implicitement, parce que le centre implique, contient, enveloppe le seul centre essentiel, l'Unité. Mais, en raison de ce caractère double et implicite, il est impossible de séparer pratiquement la tendance vers l'Unité abstraite de la tendance vers le centre concret. Ainsi la tendance des atomes vers le centre général est, à tous égards, pratique et logique, la tendance de chacun vers chacun, et cette tendance réciproque universelle est la tendance vers le centre; l'une peut être prise pour l'autre; tout ce qui s'applique à l'une doit s'appliquer à l'autre, et enfin tout principe qui expliquera suffisamment l'une est une explication indubitable de l'autre.

Je regarde soigneusement autour de moi pour trouver une objection rationnelle contre ce que j'ai avancé, et je n'en puis découvrir aucune; mais parmi cette classe d'objections généralement présentées par les douteurs de profession, les amoureux du Doute, j'en aperçois très-aisément trois, et je vais les examiner successivement.

On dira peut-être d'abord: «La preuve que la force d'irradiation (dans le cas en question) est en proportion directe des carrés des distances repose sur cette supposition gratuite que le nombre des atomes dans chaque couche est la mesure de la force par laquelle ils ont été émis.»

Je réponds que non-seulement j'ai parfaitement le droit de faire une telle supposition, mais que je n'aurais aucun droit d'en faire une autre. Ce que je suppose est simplement qu'un effet sert de mesure à la cause qui le produit, – que tout exercice de la Volonté Divine sera proportionnel au but qui réclame cet exercice, – et que les moyens de l'Omnipotence, ou de l'Omniscience, seront exactement appropriés à ses desseins. Le déficit ou l'excès dans la cause ne peuvent engendrer aucun effet. Si la force qui a irradié chaque couche dans la position qu'elle occupe avait été moins ou plus grande qu'il n'était nécessaire, c'est-à-dire, si elle n'avait pas été en proportion directe avec le but, alors cette couche n'aurait pas pu être irradiée à sa juste position. Si la force qui, en vue d'une égalité générale de distribution, a émis le nombre juste d'atomes pour chaque couche, n'avait pas été en proportion directe avec le nombre, alors ce nombre n'aurait pas été le nombre demandé pour une égale distribution.

La seconde objection supposable a de meilleurs droits à une réponse.

C'est un principe admis en dynamique que tout corps, recevant une impulsion, une disposition à se mouvoir, se meut en ligne droite dans la direction donnée par la force impulsive, jusqu'à ce qu'il soit détourné ou arrêté par quelque autre force. Comment donc, demandera-t-on peut-être, ma première couche, la couche extérieure d'atomes peut-elle arrêter son mouvement à la surface de la sphère de verre imaginaire, quand une seconde force, d'un caractère non imaginaire, ne se manifeste pas, pour expliquer cette interruption dans le mouvement?

1Double Assassinat dans la rue Morgue.– HISTOIRES EXTRAORDINAIRES.