La Suisse entre quatre grandes puissances

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La Suisse entre quatre grandes puissances
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Publié avec le soutien du Fonds national suisse de la recherche scientifique

Page de couverture: E. Zimmermann, Satyrische Karte Europas, 1914. Imperial War Museum. Mise en page: hier + jetzt d’après une maquette de Bernet & Schönenberger, Zurich

© 2010 hier + jetzt, Verlag für Kultur und Geschichte GmbH, Baden

www.hierundjetzt.ch eBook-ISBN 978-3-03919-798-9

eBook-Herstellung und Auslieferung:

Brockhaus Commission, Kornwestheim

www.brocom.de

Table des matières

Préface

Remerciements

Introduction

1. Introduction

2. Eléments historiographiques

3. Plan

4. Sources

Première partie: L’institution

Chap. I: L’organisation et les missions de l’Etat-major général

1. L’Etat-major général

1.1. L’Etat-major général avant 1874

1.2. La loi sur l’organisation militaire du 13 novembre 1874

1.2.1. L’organisation de l’armée et du Département militaire fédéral

1.2.2. L’Etat-major général et son Bureau

1.3. L’arrêté fédéral du 14 octobre 1890 et l’organisation du Bureau d’état-major au début des années 1890

1.4. Les changements de la période 1893–1901

1.5. La réforme de 1902–1903

2. L’Etat-major de l’armée et le Grand Quartier général

2.1. Les projets d’organisation des années 1870

2.2. L’ordonnance sur l’organisation de l’Etat-major de l’armée du 7 mai 1880

2.3. L’instruction pour les états-majors des corps de troupes combinés du 4 juin 1888

3. Les chefs de l’Etat-major général

3.1. Hermann Siegfried (1866–1879)

3.2. Rudolf von Sinner (1879–1881) et Victor Burnier (1881–1882)

3.3. Alphons Pfyffer von Altishofen (1882–1890)

3.4. Arnold Keller (1890–1905)

4. Le Service de renseignements

4.1. L’organisation du Service de renseignements à l’Etat-major général

4.2. Les méthodes de travail

4.3. Le Service de renseignements en Suisse

4.4. Le Service de renseignements à l’étranger

Chap. II: Les plans de mobilisation de l’armée

1. De 1874 à 1890

1.1. Siegfried et la prescription sur la mise sur pied de l’armée du 18 novembre 1878

1.1.1. La loi sur l’organisation militaire du 13 novembre 1874

1.1.2. Le projet de mobilisation de 1876–1877 et l’instruction sur la mise sur pied de l’armée du 18 novembre 1878

1.2. L’ère Pfyffer

1.2.1. L’ordonnance sur la mobilisation du 18 novembre 1884

1.2.2. L’ordonnance du 8 mars 1887 sur le Service territorial, le Service des étapes et l’exploitation des chemins de fer

2. L’ère Keller

2.1. Le système de mobilisation

2.1.1. Les modifications de l’ordonnance sur la mobilisation

2.1.2. Les relations avec les cantons

2.2. Le Service territorial

2.3. Le Service des chemins de fer et le Service des étapes

2.4. La couverture de la mobilisation

2.5. La concentration

Chap. III: Les officiers d’état-major général: formation, activités

1. La formation

1.1. Le recrutement, les effectifs et la répartition au sein des différents états-majors

1.2. La carrière

1.2.1. La formation

1.2.1.1. Les Ecoles d’état-major général

1.2.1.2. L’idée d’une Académie militaire

1.2.1.3. Les enseignements

1.2.2. Le retour au service de troupes

2. Les activités

2.1. Le travail des subdivisions

2.2. Les cours opératifs

2.3. Les grandes manœuvres

2.4. Les cours spéciaux

Chap. IV: L’Etat-major général et ses relations avec les autres institutions militaires

1. La répartition des compétences

1.1. La période 1874–1890

1.2. L’ère Keller

1.2.1. Une nouvelle répartition des pouvoirs

1.2.2. Les Commissions

2. Les critiques envers l’Etat-major général

2.1. Bureaucratie, esprit de caste et isolement

2.2. L’opinion de Wille

3. L’affaire de l’hydre

3.1. L’opposition entre «voie nationale» et «nouvelle voie»

3.2. Les attaques contre les services du Département militaire fédéral

3.3. Les attaques contre l’Etat-major général et son chef

3.4. Les attaques menées au sein des commissions

3.5. La réaction de Keller

Illustrations

Deuxième partie: La suisse entre quatre grandes puissances

De 1874 à 1890

 

Chap. I: La défense du front nord-ouest

1. Les relations politico-militaires entre la France, l’Allemagne et la Suisse: une tentative avortée de rapprochement franco-suisse

1.1. L’isolement international de la France et la reconstruction de son système de défense

1.2. Le rapprochement diplomatique franco-suisse

1.3. Deux crises: l’affaire Boulanger (1886–1887) et l’affaire Wohlgemuth (1889)

1.3.1. L’affaire Boulanger (1886–1887)

1.3.2. L’affaire Wohlgemuth (1889)

1.4. Les limites et la fin du rapprochement franco-suisse

2. Les menaces militaires et les plans de défense suisses

2.1. La menace française

2.2. La menace allemande

2.3. Les plans de défense

3. La fortification nationale

3.1. Les idées des principaux acteurs officiels

3.1.1. Rothpletz

3.1.2. Le trio von Sinner-Burnier-Keller

3.1.3. Dumur

3.1.4. Feiss

3.2. Les débats

Chap. II. La défense du front sud

1. Les menaces militaires italiennes

1.1. La Suisse dans les calculs militaires italiens (1860–1882)

1.2. Les premières années de la Triplice (1882–1886)

1.3. Le premier renouvellement de la Triplice (2 février 1887)

2. Le problème de la Savoie

2.1. La fortification du Mont Vuache (1883)

2.1.1. La réaction diplomatique suisse et la position de l’Etat-major général

2.1.2. Les préoccupations italiennes

2.2. L’affaire Boulanger et la question de l’occupation de la zone neutralisée (1886–1887)

2.3. La politique savoyarde de la Suisse entre 1888 et 1890

3. La fortification nationale et les plans de défense du front sud

3.1. La Première Commission des fortifications

3.2. La Seconde Commission des fortifications

3.3. Les plans de défense

4. Le front est

4.1. La politique extérieure de l’Autriche

4.2. La place secondaire de la Suisse dans la politique extérieure et la stratégie autrichiennes

4.3. L’absence de menace et la planification de l’Etat-major général

De 1890 à 1905

Chap. I: La nouvelle conception de la neutralité

1. La «neutralité active»

2. La position du chef de l’Etat-major général

Chap. II: Les plans généraux de défense

1. Les plans de fortification en plaine

2. L’importance stratégique du massif alpin

2.1. Le rôle des fortifications du St-Gothard

2.2. Le réduit alpin

2.3. La fortification dans le Valais

Chap. III: La défense du front nord-ouest

1. Le cadre politico-stratégique: la fin du «système bismarckien» et la lente mise en place du «système Delcassé»

1.1. Le rapprochement germano-suisse (1892–1902)

1.2. Les prémices du rapprochement franco-suisse (1902–1907)

2. Les plans de défense de l’Etat-major général

2.1. La défense contre la France

2.1.1. Les plans français

2.1.2. Les plans de l’Etat-major général suisse

2.2. La défense contre l’Allemagne

2.2.1. Le plan Schlieffen et la Suisse

2.2.2. Les plans de l’Etat-major général suisse

Chap. IV: La défense des fronts sud et est

1. Le cadre politico-stratégique

1.1. La dégradation des relations politiques italo-suisses

1.2. La question savoyarde

1.2.1. Le rôle du nouveau chef de l’Etat-major général

1.2.2. La position française

1.2.3. La position italienne

1.3. La menace militaire italienne

1.3.1. Les préoccupations de l’Etat-major italien

1.3.2. Les plans italiens

1.4. Les relations austro-helvétiques

2. Les plans de l’Etat-major général suisse

2.1. Les plans en cas de guerre contre l’Italie seule

2.2. Les plans contre la Triplice

2.3. Les plans contre l’Autriche-Hongrie

Conclusion

Notes et références

Bibliographie et sources

Index des noms de personnes

Abréviations

Annexes

Cartes

Préface

La longue et mouvementée aventure de l’élaboration du quatrième tome de la collection Der Schweizerische Generalstab/L’Etat-major général suisse, aventure brièvement rappelée dans l’introduction qui suit, se termine enfin. Nous disposons maintenant, avec les dix tomes qui concrétisent le résultat de cette magnifique entreprise collective, d’une vision d’ensemble, fouillée, chronologiquement complète, thématiquement diversifiée, de la genèse et du développement contemporain de cette institution essentielle dans l’histoire de la défense militaire moderne de notre pays.

Le présent volume, dont la réalisation n’aurait pas été possible sans la confiance et le généreux soutien du Fonds National Suisse de la Recherche Scientifique, a été rédigé par un chercheur confirmé, le major Dimitry Queloz, historien et historien militaire, docteur ès lettres, qui a conduit sa méticuleuse enquête avec une rigueur et une finesse qui donnent à ce solide travail une grande valeur historiographique.

La parution de ce quatrième tome comble une lacune importante et donne enfin sa cohérence à l’ensemble du projet. Les années concernées, 1874–1906, sont en effet absolument cruciales dans l’histoire de l’Etat-major général, dont on peut dire qu’il prend alors véritablement naissance et consistance. Depuis 1817 et jusqu’à l’Organisation militaire de 1874, on a affaire, d’abord jusqu’en 1848, à une sorte de préhistoire au cours de laquelle un embryon d’autorité militaire de surveillance apparaît en temps de paix, devenant un Conseil de guerre fédéral en cas de conflit. La Constitution de 1848 innove par la création du Département militaire fédéral et d’un état-major permanent, mais il faut attendre 1865 pour que soit mis sur pied un «bureau d’état-major» qui va évoluer, à travers l’Organisation militaire centralisatrice de 1874, en un véritable Etat-major général doté de larges compétences. Il s’agit là d’une étape décisive dans le long mouvement de concentration des pouvoirs militaires suprêmes qui aboutira, avec Armée XXI, à la désignation d’un Chef de l’armée.

Toute la première partie de ce livre montre, fort bien et de manière extrêmement fouillée, comment cette institution nouvelle, créée par le politique, parvient lentement et laborieusement à la fin du XIXe siècle, dans un fort développement de ses activités, à acquérir une reconnaissance de l’ensemble de l’armée et de ses hiérarchies. Cette affirmation, cet élargissement, qui vont de pair avec une amélioration structurelle et une professionnalisation partielle de l’accomplissement de ses missions, seront reconnus par l’Organisation militaire de 1907 qui placera enfin, officiellement, l’EMG au-dessus des autres services du DMF.

L’évolution doit beaucoup à la personnalité de certains des chefs de l’EMG, auxquels une grande attention est portée par l’auteur, en particulier au colonel Arnold Keller (1890–1905), sous l’impulsion duquel la modernisation s’accélère, la planification devient progressivement mieux informée et plus concrète, malgré les résistances et la pauvreté des moyens matériels attribués à l’EMG. On est frappé, surtout dans l’observation du début des trente ans concernés, par la plasticité de cet instrument sans tradition, doté de peu d’expérience, par les tâtonnements de son organisation sans cesse retouchée, au gré des convictions personnelles et de l’influence des modèles étrangers, prussien surtout, tant bien que mal adaptés aux réalités helvétiques. Somme toute, la tonalité de cette genèse correspond bien au contexte de la naissance de la Suisse moderne, après 1848/1874. Au phénomène de la «construction nationale» contemporaine, soit l’affirmation d’une identité collective, unificatrice, aussi nécessaire après la Guerre du Sonderbund que délicate dans un pays qui ne constitue pas une véritable nation, correspond la mise sur pied d’un encadrement institutionnel et administratif efficace et adapté à l’époque. La problématique de cette nécessaire édification était particulièrement subtile dans le domaine militaire, à quelques décennies de la guerre civile et pour un secteur auquel s’identifiait au plus haut degré, depuis la nuit des temps, la souveraineté cantonale. Typiquement suisse apparaît également la méfiance de beaucoup d’officiers de troupes envers les officiers de l’EMG, suspectés de constituer une caste élitaire imbue de ses supériorités, accusés de développer un esprit peu compatible avec le démocratisme foncier de la société suisse, très attachée au système de milice.

 

Dans un second temps, l’ouvrage analyse la délicate position de la Suisse diplomatique et militaire dans une Europe contemporaine où s’affirment les nationalismes et les rivalités de puissances qui mèneront au désastre de 1914. L’auteur a su bien mettre en évidence, dans son analyse de la planification des concentrations et des mouvements de troupes en fonction des menaces potentielles, les gros problèmes d’information rencontrés par l’EMG en raison de l’inexistence, puis du sous-développement persistant d’un service de renseignements plus ou moins improvisé et dont le renforcement rencontrait la méfiance ou l’incompréhension des politiques. Cette faiblesse rappelle le sous-développement parallèle de l’appareil diplomatique du pays, que les milieux politiques avaient beaucoup de peine à moderniser, retranchés dans le sentiment que la pratique de la neutralité traditionnelle pouvait ou devait s’accompagner d’une sorte d’apathie dans les relations internationales. En résulte un singulier manque de clairvoyance dans la perception de certaines des intentions de nos grands voisins, ou dans la détermination des pires dangers; cette carence apparaît, avec le recul, comme particulièrement inquiétante en cette période de marche à la Première Guerre mondiale.

L’insertion très éclairante de la problématique suisse dans le contexte diplomatique international et sa mise en rapport avec la planification militaire des grandes puissances voisines constituent un apport central du livre. Elles permettent en effet de mesurer rétrospectivement – avec la prudence et les nuances que doit naturellement s’imposer l’historien qui bénéficie de la connaissance de la suite des événements … – le degré de la perspicacité ou de l’aveuglement helvétiques à l’aune de la réalité des conceptions, des calculs et des desseins français, allemands, italiens et autrichiens.

Philippe Henry

Professeur honoraire de l’Université de Neuchâtel

Remerciements

Commencée il y a un quart de siècle, cette étude, qui constitue le tome IV de la collection Der Schweizerische Generalstab/L’Etat-major général suisse, a connu diverses mésaventures. Dans un premier temps, le colonel EMG Georges Rapp, directeur du Gymnase de la Cité à Lausanne, en assumait la rédaction. La mort l’empêcha de mener l’entreprise à son terme. Un groupe d’historiens membres de l’Association suisse d’histoire et de sciences militaires prit la relève sous la direction du brigadier Jean Langenberger. Se rendant compte qu’il fallait un auteur unique pour assurer la cohérence du volume, le groupe décida, en 2003, de changer de stratégie. Il contacta le professeur Philippe Henry de l’Institut d’histoire de la Faculté des lettres et sciences humaines de l’Université de Neuchâtel afin de poursuivre les travaux dans le cadre d’un projet de recherche du Fonds National Suisse de la Recherche Scientifique (FNS). Nous exprimons toute notre gratitude au professeur Philippe Henry qui a accepté de diriger ce projet et de nous en confier la réalisation, ainsi qu’à l’Institut d’histoire qui a mis à disposition l’infrastructure nécessaire à cette recherche. De même, nous voudrions remercier le colonel EMG Roland Beck, directeur de l’Arbeitskreis zur Erforschung der Geschichte des Schweizerischen Generalstabes qui chapeaute l’ensemble des projets de recherche consacrés à l’histoire de l’Etat-major général et qui a soutenu nos activités de recherche et de publication de l’ouvrage.

Au moment de commencer notre recherche, nous avons pu exploiter les travaux effectués par nos prédécesseurs. Ils ont constitué une base de travail importante, en nous fournissant notamment une bibliographie, des inventaires de sources et divers documents. Nous remercions toutes les personnes qui nous ont ainsi fait bénéficier du fruit de leurs travaux. N’ayant pas le talent d’un Prévert et ne voulant pas commettre un oubli fâcheux, nous renonçons à en donner une liste nominative. Nous aimerions toutefois remercier plus particulièrement feu le colonel EMG Rapp, qui avait commencé cette étude et que la maladie a empêché de terminer son œuvre. Nous lui devons beaucoup pour notre chapitre sur les officiers d’état-major général.

Un mandat conjoint de l’Association suisse d’histoire et de sciences militaires (ASHSM) et de la Bibliothèque militaire fédérale (BMF) – actuellement Bibliothèque Am Guisanplatz – nous a par ailleurs permis de dépouiller les rapports des attachés militaires français à Berne. Cette documentation, dont une partie a été publiée dans un recueil, nous a été très utile. Aussi, nous tenons à remercier tout particulièrement l’ASHSM et la BMF.

Le professeur Rudolf Jaun a contribué à cette recherche en soutenant scientifiquement la préparation du dossier pour le FNS. Il a également relu le premier manuscrit et nous a aidé de ses précieux conseils. Nous lui adressons toute notre gratitude.

Cette étude n’aurait pas été possible sans le concours du personnel des archives et des bibliothèques où nous avons travaillé, qui ont mis à notre disposition les archives, les livres, les documents et les illustrations ayant servi à la réalisation de l’ouvrage. Nous pensons tout particulièrement aux employés des Archives fédérales, de la Bibliothèque nationale, de la Bibliothèque Am Guisanplatz, notamment le colonel Dominic Pedrazzini, du Service historique de la Défense à Vincennes et de l’Office fédéral de la statistique. Nous aimerions également remercier Pierre Streit, directeur scientifique du Centre d’histoire et de prospective militaires de Pully, pour ses propositions iconographiques. Enfin, les cartes ont été réalisées par Monsieur André Spicher, à qui nous adressons nos plus vifs remerciements.

La publication d’un ouvrage nécessite toujours le patient travail de relecture du manuscrit. Hervé de Weck s’est chargé de cette tâche importante et nous lui présentons toute notre gratitude. Nous aimerions encore remercier le FNS pour son soutien financier, tant pour la réalisation de l’étude que pour sa publication, ainsi que la maison d’édition hier + jetzt qui a réalisé l’ensemble des travaux d’édition.