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Les protestants à Nimes au temps de l'édit de Nantes

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Les protestants à Nimes au temps de l'édit de Nantes
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INTRODUCTION

Organisation générale du parti protestant. Les assemblées politiques. Les assemblées ecclésiastiques. Celles-ci maintiennent l’unité du parti. Importance du consistoire.

Plan de ce mémoire.

Sources.

On a déjà étudié la situation sociale des protestants avant et après l’édit de Nantes. M. Paul de Felice publie un ouvrage dans lequel il nous renseigne sur leur culte, la vie de leurs pasteurs, le fonctionnement de leurs assemblées et leur pédagogie1. Mais l’inconvénient de ce livre est de s’étendre sur un plan trop vaste. L’évolution du parti protestant n’y est pas nettement marquée, faute de précision, et le mot «autrefois» remplace trop souvent la date exacte que l’on souhaiterait.

En outre, comment se comportait le gouvernement communal dans les villes huguenotes? Quels étaient les rapports des réformés avec les catholiques? Est-il juste de dire que les protestants formaient un État dans l’État? On pourra élucider ces questions lorsqu’un certain nombre de monographies auront fait bien connaître l’organisation du parti réformé dans les différentes provinces de France. C’est dans l’espoir de contribuer à ce résultat que l’on s’est proposé d’étudier ici la situation sociale et religieuse des calvinistes dans le colloque de Nîmes.

Organisation générale du parti.– En 1594, les protestants, réunis à Sainte-Foy, réorganisaient leur parti comme il l’était avant l’avènement de Henri IV. Le règlement politique qu’ils adoptèrent les mettait peut-être à part du reste des Français, mais on n’avait pas alors ce patriotisme dont la dernière forme apparut sous la Révolution, et le reste des Français voulait massacrer, brûler ou pour le moins convertir les protestants. En outre, depuis l’avènement de Henri IV, cinq années s’étaient écoulées sans que les huguenots pussent rien obtenir de leur ancien chef que des promesses, d’ailleurs vagues2. Ils commençaient à se détromper sur son compte: tant qu’il fut roi de Navarre et héritier présomptif, il réclama avec eux la liberté du culte3; mais, devenu roi de France, il lui parut que les idées conservatrices étaient les bonnes et les protestants des rebelles; il voulait «vivre en réalité, jouir enfin, et se reposer4». Aussi ne se soucia-t-il plus de brouiller ses affaires avec le pape et de s’aliéner la majorité catholique de ses sujets. Les huguenots s’en aperçurent et crurent bon de se réorganiser: c’est alors qu’ils adoptèrent le fameux règlement de Sainte-Foy qui fut revisé à Saumur (1595) et à Loudun (1596).

Ils se divisaient en neuf provinces dont chacune avait: 1o un conseil provincial permanent de cinq ou sept membres; 2o une assemblée composée de trois députés par colloque qui se tenait une fois l’an. En outre une assemblée générale, composée de deux députés pour chaque province, plus un pour La Rochelle, devait s’occuper des affaires générales du parti5.

A côté de ces assemblées politiques, ils conservaient leur ancien système d’assemblées ecclésiastiques. La France était divisée en Provinces qui se composaient d’un certain nombre d’églises dressées6, gouvernées chacune par une assemblée élue nommée Consistoire et desservie par un ou plusieurs pasteurs. Dans chaque province, les églises se groupaient en Colloques; et, dans chacun de ces colloques, une assemblée, composée des députés de toutes les églises et nommée pareillement Colloque, jugeait en premier appel les causes déjà examinées par les consistoires et réglait les différends des églises entre elles. On pouvait appeler des décisions du colloque au Synode provincial formé des députés de tous les consistoires de la province. Et enfin, en dernier ressort, on recourait au Synode national composé par les députés des synodes provinciaux de France.

Toutes ces assemblées ecclésiastiques devaient faire appliquer la Discipline, et les assemblées politiques avaient à diriger la conduite politique du parti. Il semble au premier abord que celles-ci soient plus intéressantes que les premières. Mais, au point de vue un peu spécial de cette étude, cela n’est pas exact.

Je souhaiterais, en effet, de montrer l’état intime du parti. Comment vivaient les huguenots d’une ville comme Nîmes, par exemple? Quels étaient leurs rapports avec les autorités, à une époque où la loi ne fixait pas nettement leurs droits ni leurs devoirs? Comment se comportaient-ils à l’égard des catholiques?

Nous verrons que les protestants s’étaient organisés en république: dans chaque petite localité il y avait un consistoire qui gouvernait les habitants et, par suite, la ville quand les huguenots y étaient en majorité et pouvaient y élire des consuls de leur religion. Le laboureur de Saint-Gilles7 ou de Calvisson8 entendait peut-être parler des grandes négociations engagées par l’assemblée générale avec le roi en vue d’obtenir un édit qui réglerait sa situation, mais il s’intéressait davantage à l’élection de son consistoire, à la maladie de son pasteur, ou au moyen de ne pas payer sa «quotisation pour l’entretenement de l’église9».

Et il faudrait précisément savoir si le laboureur respecte le consistoire et paye sa taxe. Car s’il n’est pas attaché à ce consistoire, s’il ne craint pas son autorité, toutes les autres assemblées qui reposent sur celle-là vont se trouver «en l’air», séparées de la nation, impopulaires, et s’il ne paye pas, le parti va se trouver privé d’argent et de vie.

C’est le consistoire, avec les assemblées ecclésiastiques placées au-dessus de lui, qui forme, si je peux dire, le cadre du parti. La décadence ou l’accroissement de son influence sera le signe de la puissance ou de la faiblesse des protestants. Si le «fidèle» respecte la Discipline rigoureuse, qui soumet ses moindres actes au contrôle du consistoire, les assemblées politiques pourront alors faire leurs conditions au roi, certaines d’avoir derrière elles un peuple enrégimenté et tout prêt à les soutenir. Elles simplifient l’existence du parti en obtenant pour lui des conditions meilleures, mais les consistoires assurent sa vie.

 

Remarquons maintenant que leur pouvoir sur les fidèles pourrait donner aux consistoires une importance funeste à l’unité du parti, si les colloques et les synodes n’étaient pas là pour leur rappeler qu’ils ne sont que des membres du grand corps protestant, et les mettre en communication les uns avec les autres. Leur initiative, en effet, n’est pas nulle, mais toujours soumise au contrôle des assemblées supérieures, et aucune de leurs décisions n’a de valeur absolue, puisqu’on peut toujours en faire appel au colloque, puis au synode.

Cette parfaite subordination des assemblées les unes aux autres donne aux protestants une cohésion, une unité qui font la force de leur parti, à condition que le contact de la minorité dirigeante des assemblées avec la foule des fidèles soit maintenu, c’est-à-dire que l’autorité du consistoire sur le peuple soit absolue.

Plan.– Les deux premiers chapitres seront consacrés à étudier les ministres et le fonctionnement du consistoire. M. Paul de Felice a déjà traité cette question, d’une manière générale, dans ses deux volumes sur les Pasteurs et les Assemblées ecclésiastiques, aussi me contenterai-je de rapporter des détails nouveaux et propres à faire connaître l’état intérieur du parti à Nîmes.

Pour exister, pasteurs et assemblées ont besoin d’argent. Il faut en obtenir des fidèles: le consistoire lève des impôts (Chapitre III). S’il devient impopulaire, s’il n’est pas respecté, si son influence sur les fidèles diminue, ceux-ci commenceront par ne pas payer leurs taxes, et les assemblées ne pourront plus avoir lieu, les pasteurs ne pourront plus vivre: ce sera la fin du parti10.

Mais au contraire, le consistoire possède une autorité dont nous n’avons pas idée (Chapitre IV). Il fait respecter et applique rigoureusement la Discipline, recueil de décisions des synodes qui lui donne le droit de contrôler tous les actes de la vie de ses administrés. Un homme, par exemple, rapporte-t-il que M. X. a juré dans sa boutique, le consistoire informe aussitôt11. On voit quelle puissance peut lui donner une telle inquisition.

Cette autorité ne le met cependant pas en lutte avec les pouvoirs politiques. Les consuls et les magistrats protestants qui gouvernent la ville de Nîmes subissent son influence directe, et même prennent ses ordres. Ainsi le consistoire possède une autorité politique effective à côté de son autorité morale (Chapitre V).

Voici donc les protestants parfaitement organisés et disciplinés. Au-dessus des fidèles et les gouvernant, le consistoire, dont l’autorité et l’influence familières sont considérables, et qui se trouve rigoureusement subordonné au colloque et au synode. Maintenant quels sont les rapports de cette petite société protestante, ainsi constituée, avec les catholiques? Elle les opprime, car elle est la plus forte, de même que les catholiques le sont presque partout ailleurs. L’exercice du culte romain est autant que possible empêché; les papistes eux-mêmes sont écartés des emplois publics et soumis à toute une série de mesures vexatoires que prend contre eux la municipalité de Nîmes (Chapitre VI). Mais ils ne renoncent pas à la lutte et, entre prêtres et pasteurs, se livre une guerre de sermons, de pamphlets, d’influences, dont le but est de provoquer des conversions (Chapitre VII).

Il ressort de tout cela que les huguenots de Nîmes, à qui leur nombre assurait la prépondérance, vivaient tranquillement en république, sous leurs consuls et leurs magistrats dirigés eux-mêmes par le consistoire. Ils ne souhaitaient nullement qu’un nouvel édit vînt changer quelque chose à leur état. Aussi, lorsqu’il fut question de l’édit de Nantes, bien loin de seconder les négociations de l’assemblée générale, ils montrèrent une mauvaise volonté que celle-ci, plus tard, leur reprocha. Leurs intérêts, en effet, se trouvaient opposés à ceux des réformés de presque tout le reste de la France: à Nîmes et dans son colloque, c’étaient les catholiques qui souhaitaient l’édit de Nantes pour replacer leur religion au premier rang, tandis que les protestants s’efforçaient d’en empêcher les effets, comme l’exigeait l’intérêt particulier de leur petit État.

Sources.– J’ai tiré la plus grande partie de ce mémoire des registres de délibérations du consistoire de Nîmes, conservés aux archives de ce consistoire12, où j’ai pu travailler en 1899 et 1900 grâce à l’obligeance de M. le pasteur Fabre. Ces registres renferment tous les renseignements sur la vie privée des protestants.

Les actes des synodes provinciaux de 1596 à 1609 se trouvent aussi dans ces mêmes archives13: il en existe une copie faite par M. le pasteur Auzière à la Bibliothèque de la Société de l’histoire du protestantisme français. Cette copie est préparée pour l’impression et il est dommage qu’elle ne soit pas publiée. J’en ai collationné sur le registre original une certaine partie dont on trouvera des extraits dans les pièces justificatives. Je n’y ai point relevé d’erreurs, ce qui n’a rien d’étonnant puisque M. Auzière, pour en avoir copié plusieurs registres in-folio, possédait mieux que personne cette difficile écriture.

Enfin, le consistoire de Nîmes renfermait une pleine armoire de documents non classés, que j’ai dépouillés, et où j’ai vu beaucoup de pièces concernant le duc de Rohan, mais fort peu intéressant mon sujet.

Aux archives départementales du Gard, j’ai trouvé plusieurs cahiers de remontrances des catholiques ou des protestants sur l’application de l’édit de Nantes; j’ai parcouru aussi un certain nombre de registres de notaires14 qui m’ont fourni de bons renseignements sur l’état des personnes.

Les archives communales de Nîmes renferment un registre des délibérations consulaires qui va de 1599 à 1604. Le précédent est malheureusement perdu.

Celles d’Aigues-Mortes se trouvaient en 1899 dans de fort belles armoires, mais dans un grand désordre.

Dans la série TT des Archives nationales, j’ai eu sous les yeux tout ce qui intéressait le colloque de Nîmes, et les actes des États de Languedoc (H1 74810 1109).

A la Bibliothèque nationale, j’ai dépouillé notamment les lettres du duc de Ventadour (franç. 3225, 3337, 3550, 3562, 3575, 3586, 3589) et du connétable Henri de Montmorency (franç. 3549, 3550, 3559, 3561, 3570, 16061), les actes des assemblées (Brienne 208, 209, 219, 221; franç. 15814, 15815, 15816), et un certain nombre d’autres manuscrits, notamment, les franç. 20870, Dupuy 62, 63, etc.

Enfin, la Bibliothèque de la Société de l’histoire du protestantisme m’a fourni la copie Auzière dont j’ai parlé; des inventaires manuscrits d’archives protestantes, communales ou particulières, de Bas-Languedoc, faits par M. Teissier; et des analyses des dires par écrit avec pièces et notes à l’appui de Peiremales, l’un des commissaires députés par Louis XIV pour exécuter l’édit de Nantes, qui ont pour auteur le même M. Teissier. L’original s’en trouve aux archives de la Cour d’appel de Nîmes (9e division, no 50): je n’en ai tiré que peu de choses15.

I
LES PASTEURS

Leurs fonctions.

Leur entretien: Contrats d’engagement. Gages en espèces. Gages en nature. Avantages matériels. Pauvreté. Pension de retraite. «Assistance» des veuves et des orphelins.

Petit nombre des pasteurs. Difficulté d’acquérir un pasteur «perpétuel». Dissensions entre les églises à ce sujet.

Les «proposants». Contrats d’engagement. Leurs études. Leurs prérogatives. Leur entretien. Exemples: Jean Terond, Mardochée Suffren.

Conclusion: De l’influence des pasteurs.

Chaque église du colloque de Nîmes16 avait à sa tête un consistoire et un ou plusieurs pasteurs. Il est nécessaire de bien connaître les pouvoirs et les droits de cette assemblée et de ces ministres pour se rendre compte de l’influence qu’ils pouvaient exercer sur le peuple.

Étudions en premier lieu les pasteurs.

Tout d’abord, qu’avaient-ils à faire? Je ne m’étendrai pas longtemps sur ce point, car les obligations du ministère sont réglées par la Discipline17 et, étant officielles, elles se trouvent les mêmes dans le colloque de Nîmes qu’ailleurs. En outre, M. P. de Felice les a étudiées18.

 

Les ministres avaient comme fonction principale la prédication. Ils devaient exposer un livre entier de la Bible, et non, comme aujourd’hui, en développer un passage19.

Encore fallait-il qu’ils fussent fort circonspects et qu’ils se gardassent d’alléguer des passages d’Origène «et autre faulx docteurs», car ils prêchaient devant un public averti, et les fidèles ne manquaient pas de se plaindre au consistoire si le pasteur avait à leur avis erré sur des points de doctrine20. C’est ainsi qu’un marchand, le sieur Péladan, reprochait au ministre Venturin d’avoir dit en chaire «que le feu d’enfer estoyt ung feu qui consume tout, ung feu consumant21». Ce fait témoigne de la forte instruction théologique que le peuple avait alors; il nous aide à comprendre comment les controverses scolastiques, insupportables pour nous, auxquelles se livraient en public pasteurs et prêtres, pouvaient déterminer des conversions22.

A Nîmes il y avait un service religieux complet tous les jours23, c’est-à-dire prêche et prières publiques. Le dimanche, en 1600, on prêchait à 5 heures et à 8 heures du matin; puis les «après-dynées», on faisait encore deux prêches: l’un au petit-temple et l’autre à l’audience présidiale24, ce qui scandalisait fort les catholiques25. Et trois pasteurs seulement se partageaient tous ces sermons26.

Outre ces prédications, les ministres devaient faire le catéchisme aux enfants et aux grandes personnes27, et ne pas négliger les visites aux pauvres. En 1601, on les voit se partager la ville de Nîmes «pour la vizitation des mallades et autres charges28»; ils devaient inspecter aussi, en compagnie d’anciens, les pauvres de l’hôpital et des prisons29.

Telles sont en quelques mots les obligations des ministres de Nîmes. Si l’on songe qu’ils pouvaient avoir, en dehors de leurs prêches, leurs catéchismes, leurs visites, à répondre aux pamphlets et aux défis des controversistes catholiques30, on trouvera comme nous qu’ils gagnaient bien la pension que l’église leur allouait.

Leurs occupations ne leur permettaient pas d’exercer des fonctions profanes. La Discipline leur interdit même la médecine et la jurisprudence31. Leur entretien était donc à la charge de leur «troupeau».

Le synode provincial de Sauve en 1597 engage les églises à donner aux pasteurs une somme suffisant à leur entretien et à celui de leur famille et propre à leur assurer «la liberté et le repos d’esprit» qui leur sont nécessaires pour vaquer à leur charge32. Ces gages fixes étaient de beaucoup la partie la plus importante de leur revenu. Il n’y avait pas en effet de casuel: «Les actes pastoraux sont tous gratuits33». D’autre part, on ne peut pas compter parmi les revenus des pasteurs les sommes que le roi leur avait promises en 1592 et 1594, car, depuis 1596 au moins, ils n’en touchaient plus rien. Henri IV renouvela ces promesses au moment de l’édit de Nantes, mais les ministres n’en virent guère davantage l’exécution: c’est ce que je montrerai plus loin34.

Ils ne pouvaient donc compter que sur ce que leur église leur promettait. Or, aucune règle n’existait pour forcer celle-ci à leur donner une somme d’argent fixée.

Les traitements étaient, en effet, proportionnés non à la place, mais à la personne, et l’on payait le pasteur suivant son importance et sa célébrité. En conséquence, on faisait marché avec lui avant de le prendre: en 1600, par exemple, l’église de Nîmes offre à Gigord 400 écus pour les deux charges de pasteur et de lecteur en théologie à son académie35. Les synodes reconnaissaient la valeur de ces sortes de traités36, mais ils ne les encourageaient pas et souhaitaient qu’ils se réduisissent à de simples promesses enregistrées dans le livre du consistoire37.

Ces contrats pouvaient présenter des clauses assez variables. Ainsi, le ministre Ricaud ne reçoit par an que 324 ou 347 l. environ de Saint-Jean de Gardonnenc38, mais Jérémie Ferrier en touche 690 à Alais39. – L’église d’Anduze donne 500 l. à chacun de ses deux ministres, Alphonse et Baille, qui ne se trouvent pas assez payés40; le colloque et le synode sont de leur avis et condamnent Anduze à donner 600 l. à Baille, qui en a besoin «à cause de la grandeur de sa famille41». – Gasques touche 600 l. du Vigan, plus 50 l. d’Avèze42. – Plus tard, en 1610, cette même ville du Vigan n’offrira à Daniel Venturin que 450 l. par an, payables par quartiers, plus 60 l. des habitants de Molières et 30 de ceux d’Avèze; elle lui abandonnera en plus sa part des deniers du roi, et, s’il ne croit pas Molières et Avèze solvables, elle prendra les 90 l. à sa charge en se faisant annexer ces deux églises, quitte à exiger d’elles son remboursement. En revanche, Venturin fera les voyages aux synodes et colloques à ses frais, et il devra donner quatre cènes par an à ceux de Molières43. Ces conditions lui parurent suffisantes, car il les accepta44. – M. Fillon fait quittance, les 20 et 21 février 1597, aux habitants d’Aimargues de 700 l. qu’ils lui ont avancées sur ses gages de 1596 et 159745. Or, en février ils ne lui ont sans doute payé que le premier quartier de ses gages de l’année, il est donc probable qu’il a au moins 525 l. par an. – Brunier, d’Uzès, touche 200 écus, soit 600 l. chaque année46. – Falguerolles reçoit à Nîmes 600 l. de traitement47, et cette église fait offrir 1200 l. à Gigord, qu’elle lui payera «à quartiers avancés», et dont il aura 600 comme ministre et 600 comme lecteur en théologie48.

Il ne faudrait pourtant pas croire que les ministres qui enseignaient la théologie dans l’académie de Nîmes49 fussent bien payés. Ainsi, Moynier et Falguerolles (ou plutôt ses hoirs50) recevaient, en 1600, 150 l. chacun à titre de gratification, pour avoir, «au grand avancement des escoliers», professé «despuis huict ans ou environ51». Puis l’année suivante, Moynier touche encore 200 l.52. Et c’est là tout son salaire. Aussi conçoit-on qu’il se plaigne au synode53.

Quelquefois, on payait une partie des gages en nature. Voici, par exemple, une pièce que sire Cappon, en bon «receveur des deniers du ministère54», joignit à ses comptes. C’est une quittance de Moynier datée du 15 mars 1595, où il reconnaît avoir reçu six «saumées» de blé valant 54 l., plus des marchandises pour 17 l. 8 sols et 8 deniers que led. Cappon lui a «forni de sa boutique», le tout en déduction de son «assistance55». Ainsi le pasteur et le receveur trouvaient là leur compte.

On ne pouvait naturellement, sauf conventions spéciales dont je n’ai pas relevé d’exemple, forcer les pasteurs à accepter leurs gages en nature. Ils touchaient de 5 à 600 l. par an, en moyenne, ce qui correspond approximativement à un traitement de 3.000 à 3.600 fr. d’aujourd’hui56. En outre, leurs églises leur accordaient certains avantages. Par exemple, à Nîmes, ils sont logés, ou du moins ils touchent pour ce de l’argent: en 1578, Claude de Falguerolles n’a que 30 l.57; cette somme est loin de suffire à son fils Jean58, qui déclare en juin 1597 «qu’il n’a moyen de se loger à cinquante livres». Le consistoire projette en conséquence de louer la maison de M. Chabaut où l’on pourra mettre ensemble deux ministres59.

Les frais de voyage aux colloques et aux synodes leur sont remboursés60, à moins de conventions spéciales61 que les synodes désapprouvent62. De même, quand on les envoie en mission, on paye leur déplacement, leurs dépenses63, et s’ils vont assister une église qui manque momentanément de pasteur, ils sont nourris, logés, défrayés de tout64. Très souvent, on stipule dans les conditions d’engagement que l’église payera non seulement le voyage de son nouveau ministre et de sa famille, mais encore le déménagement de ses meubles et de ses livres. Ainsi, le «changement de la famille et mesnage» de M. Ferrier coûte 58 l. 15 sols aux Nîmois65, ce qui est cher, puisque pour faire venir de Genève le mobilier de M. Fillon, leur nouveau pasteur, ceux d’Aimargues n’ont que 60 l. à débourser66.

On reconnaît encore aux ministres certains droits plus ou moins considérables. Voici, par exemple, M. Moynier qui requiert son consistoire de lui délivrer le «carteyron [de] pleumes» et la rame de papier qu’il est d’usage de donner chaque année à chacun des pasteurs, qui ont à faire «une infinité de dépêches67». C’est une économie de 2 l. 5 sols68. De plus, ce même Moynier loge en pension, au prix de 9 l. par mois69, des écoliers qui, il est vrai, battent sa bonne70, vont tous les soirs à la danse et dérobent à M. Blisson des poules qu’ils mangent ensuite chez Jean Pons71.

Ainsi les gages des pasteurs n’étaient pas considérables. Pourtant ils leur auraient permis de vivre en conservant cette «liberté et repos d’esprit» que le synode provincial de Sauve72 leur croit nécessaires, s’ils les avaient régulièrement touchés. Mais, comme nous le verrons dans le chapitre IV, les églises étaient souvent «ingrates» et il est bien rare qu’elles aient payé leurs ministres sans retard et intégralement. Aussi, ceux qui, comme M. Baille, d’Anduze, se trouvaient à la tête d’une nombreuse famille73 et qui ne possédaient pas de fortune personnelle, devaient avoir de la peine à vivre. C’est le cas de M. Brunier; il est chargé de trois enfants de son premier lit dont l’aîné a treize ans, et d’un enfant du premier lit de sa seconde femme, encore enceinte, et il touche 300 l. de gages74. En 1599, on voit le consistoire de Nîmes faire l’aumône de 5 l. à la fille du pasteur Tempeste75.

D’ailleurs les synodes recommandent sans cesse aux églises d’assister les ministres malades ou très âgés76, leurs veuves et leurs orphelins77. Il était d’usage de payer aux veuves et aux hoirs la valeur d’une année de gages ou à peu près: c’est ce qu’on appelait l’«année de viduité78»; et si l’église paraissait s’y refuser, le colloque et le synode l’ordonnaient au besoin79. Enfin, on dressait à la fin du synode provincial un «despartement» pour les veuves de la province, c’est-à-dire qu’on taxait chaque colloque suivant sa richesse et ses moyens. Chaque femme assistée obtenait alors la somme minime de 20 ou 25 l. environ80.

On voit que la profession de pasteur n’était point lucrative: elle comportait beaucoup de travail et peu d’argent. Je montrerai81 que les consistoires avaient grand mal à obtenir de leurs administrés qu’ils déliassent les cordons de leurs bourses et que les ministres se trouvaient le plus souvent privés de la pension qu’ils auraient dû toucher. Ceci nous explique pourquoi l’on prenait soin de n’en créer qu’un nombre restreint et de s’assurer auparavant, «par tous les colloques», s’il n’y avait «aucun pasteur à pourvoir ayant les qualités requises», et si nul ministre «capable de sa charge» n’en pouvait «recevoir dommage82».

Ce petit nombre des pasteurs était la cause de bien des débats entre les églises de la province. Il pouvait arriver, en effet, que l’une d’elles se trouvât dépourvue de ses ministres pour cause de maladie, de mort, d’envoi en mission etc. Dans ce cas, quand l’absence du pasteur était momentanée, l’église priait ses voisines de l’«assister», c’est-à-dire de lui prêter les leurs à tour de rôle pendant un temps plus ou moins long. Toutes les dépenses de ceux-ci étaient alors à sa charge. Elle payait leur voyage: Jérémie Ferrier, venu d’Alais prêcher à Nîmes, est remboursé de 30 sols que lui avait coûtés la location d’un cheval et d’«ung homme pour l’accompagner83». Elle les nourrissait: pour cinq repas de M. Massouverain, l’église de Nîmes paye 40 sous84, et 15 écus à sire Audiffret «pour les alimens qu’il a fournys à M. Gigord» pendant les trois mois que celui-ci a prêché à Nîmes85. Enfin elle les logeait gratis; ainsi le pasteur Moynier réclame au consistoire de cette même ville qu’on lui rembourse «la despense faicte par M. Janny, menistre de Vauvert… en sa maison86».

Si l’absence de son ministre se prolongeait, l’église s’adressait au colloque87 ou au synode88, qui lui prêtait pour un temps déterminé un des ministres «en distribution», c’est-à-dire libres d’engagement immédiat envers une autre église.

Mais les difficultés commençaient quand l’absence du pasteur devenait définitive et qu’il fallait au consistoire en trouver un nouveau. C’était une tâche difficile. On s’adressait au synode qui n’avait pas toujours sous la main un ministre «en liberté», et propre à être «distribué». Si la localité dépourvue était importante, ou encore exposée à l’influence des catholiques, le synode lui attribuait parfois le pasteur d’une autre église. De là des réclamations sans fin. Tantôt c’est Massillargues qui requiert le synode de lui donner définitivement M. Maurice qu’on lui avait naguère prêté; mais les églises associées de Nages, Solorgues, Boissière, Saint-Denis et Langlade le réclament comme «estant leur pasteur naturel et perpétuel», et l’obtiennent89. Tantôt c’est l’église de Brenoux qui veut que Terond lui soit accordé alors que le colloque de Nîmes le demande90. Les actes des synodes de Bas-Languedoc sont remplis de pareilles contestations.

D’ailleurs, encore fallait-il que le pasteur plût à son troupeau. Les fidèles, par amour-propre, souhaitaient que ce fût un homme notoire qui leur fît le prêche et le catéchisme. Aussi le consistoire négociait-il de préférence avec les ministres d’un talent connu. On le voit écrire même à l’étranger à ceux qu’il désire acquérir91. En tout cas, il est défendu «de se pourvoir d’aucun pasteur, ny dedans, ny dehors la province ou royaulme» sans avoir pris «avis» du colloque et, autant que possible, du synode92.

Ces négociations avec des étrangers étaient lentes: on y recourait cependant. Mais l’église préférait s’adresser à des pasteurs de sa province. Aussi les plus célèbres se voyaient-ils disputés avec acharnement. Souvent les contestations tournaient à l’aigre; des rivalités se créaient d’une ville à l’autre et se prolongeaient de colloque en synode jusqu’à durer pendant des années.

Aucune, je pense, ne fut plus longue et plus ardente que celle qui divisa les deux villes de Nîmes et d’Alais. La première prétendait conserver le pasteur Jérémie Ferrier, qui lui avait été prêté pour quelques jours, en remplacement d’un de ses ministres. Ce Ferrier était, à ce qu’il semble, d’une grande éloquence, et les Nîmois s’étaient véritablement enthousiasmés de lui. Pour le garder, ils alléguaient surtout que leur église était «beaucoup plus importante» que celle d’Alais. Bien entendu cette raison exaspérait les habitants d’Alais. Le pauvre Ferrier leur paraissait coupable de tout; ils l’injuriaient, le calomniaient et souhaitaient «que le diable lui rompît les jambes», mais ils s’obstinaient à ne pas le céder. Ce ne fut qu’au prix des plus grandes peines que le synode sépara en 1601 le pasteur Ferrier d’un «troupeau» si attaché93.

Afin de s’éviter de tels ennuis, le consistoire de Nîmes prenait soin, parfois, de retenir de longue main ses futurs ministres: il pensionnait pendant ses études un écolier en théologie, aspirant au ministère, un «proposant» comme on disait94, moyennant que celui-ci promît, en retour, de servir l’église lorsqu’il serait consacré.

Les mœurs de ces étudiants en théologie étaient soumises à une surveillance sévère95. Ils travaillaient soit à l’académie de Nîmes96, soit à l’étranger, à Genève ou Heidelberg par exemple97, ou encore près d’un pasteur du colloque98, ce qui était moins dispendieux. Ils avaient une position quasi officielle dans la hiérarchie réformée et jouissaient d’une certaine considération. Ainsi, en 1596, le consistoire de Nîmes déclare qu’il «sera advisé» si les proposants «capables, suffisans et approchans du ministère.. s’asserront au consistoire… comme ils requièrent99». Deux ans plus tard, on le voit décider que deux d’entre eux, choisis par leurs confrères et le pasteur Moynier, assisteront aux séances, mais «sans pouvoir opiner100». Et une semaine après, c’est Jehan Blachière et Jehan Ginac qui sont admis à cet honneur, après avoir juré, «la main levée à Dieu», de tenir secret ce qu’ils entendront101. Au temple, les proposants ont un banc spécial, immédiatement derrière celui des pasteurs102, qui n’a pas coûté moins de 5 l.103. Enfin, ils ont le droit de lire en chaire chacun à son tour104, et c’est une punition que d’en priver l’un d’eux105.

1Les protestants d’autrefois, v. ci-dessous la Bibliographie.
2Anquez, Hist. des Assemblées politiques, pp. 68 et suiv., 93 et suiv.
3Il adressa aux États de Blois un mémoire où il établissait que la France ne serait complètement pacifiée que le jour où catholiques et protestants posséderaient les mêmes immunités (Anquez, op. cit., p. 85).
4Michelet, Hist. de France, t. X, p. 191.
5Anquez, op. cit., pp. 62-67.
6«Ce que le synode [de Montpellier, en mai 1598] appelle dresser ou former une église ne veut pas dire établir un exercice dans un lieu où il n’eût jamais, ou y recevoir un ministre par imposition des mains, où y nommer un consistoire dont il n’y eût pas une ombre auparavant. Mais c’est y rendre perpétuel et ordinaire ce qui ne s’y étoit fait que provisionellemment et par intervalles; y donner en propre un ministre qui n’y avoit servi que par occasion ou par emprunt; y assujettir les anciens à une discipline réglée; y ranger les familles par quartiers sous la direction de l’ancien qui en devoit prendre soin; déclarer à quelle classe ou colloque l’église appartiendroit et lui donner rang entre celles de la province: choses qui avoient accoutumé de se régler de vive voix et d’être mises en pratique sans autre loy que la conformité de l’usage reçu dans les églises du même synode. C’est porquoy on écrivoit fort rarement des actes de ces établissemens.» (E. Benoist, Hist. de l’éd. de Nantes, t. I, p. 258).
7Arr. Nîmes, chef-lieu de canton.
8Arr. Nîmes, canton Sommières.
9Chaque ministre était à la charge de l’église qu’il desservait; v. ci-dessous, chap. I et III.
10Les sommes que le roi leur avait promises ne leur furent pas payées; voy. l’appendice A sur les Deniers du roi.
11Voy. ci-dessous, p. 97.
12Sous la cote B, 90; j’ai vu le tome VI et surtout le t. VII qui va de 1595 à 1602.
13Sous la cote A, 10: «Livre des actes des synodes provinciaux despuis aoust 1596 jusques en l’année 1609.» Le registre comprend le synode de Montpellier (21 août 1596), de Sauve (7 mai 1597), de Montpellier (20 mai 1598), de Saint-Germain de Calberte (12 mai 1598), de Nîmes, par députés (5 août 1599), d’Uzès (15 mars 1600), de Nîmes (7 mai 1601), d’Alais (17 avril 1602), d’Uzès (15 avril 1603), etc.
14M. Puech (Une ville au temps jadis ou Nîmes à la fin du XVIe siècle) a dépouillé entièrement tous les registres de notaires. Malheureusement, les notes de son livre sont trop rares et trop peu précises.
15Je désigne par les initiales B. P. F. la Bibliothèque de la Société de l’histoire du Protestantisme français, par les initiales B. N. la Bibliothèque nationale, par les mots Arch. du consist. les archives du consistoire de Nîmes.
16Il est impossible d’exposer la situation matérielle et d’étudier l’influence des pasteurs de Nîmes, sans parler en même temps des autres pasteurs du colloque. L’histoire de l’église de Nîmes est intimement liée à celle des églises qui dépendaient d’elle. Pour savoir, par exemple, si les salaires de ses ministres étaient élevés relativement, ou faibles, il faut bien qu’on les compare avec ceux qui étaient alloués aux pasteurs des autres églises. C’est pourquoi, dans le cours des chapitres suivants, nous rapprocherons l’église de Nîmes de ses voisines toutes les fois que cela devra nous permettre d’apprécier plus exactement son état d’esprit, ses ressources, etc.
17Discipline, chap. I, art. 12 et suiv.
18Protestants d’autrefois, 2e série, chap. II, pp. 30 et suiv.
19P. de Felice, op. cit., 2e série, p. 33.
20C’est le droit strict des fidèles de «venir se plaindre contre leurs pasteurs aux consistoires» (Cf. syn. prov. de Nîmes, séance du 13 mars 1600; B. P. F., copie Auzière).
21Délib. du consist. de Nîmes du 8 mars 1600 (Arch. du consist., B, 90, t. VII, fo 332).
22V. pour ces controverses, ci-dessous, chap. VII.
23P. de Felice, op. cit., 1re série, p. 96.
24Délib. du consist. du 19 mai 1600 (loc. cit., fo 350).
25Ils s’en plaignent aux commissaires exécuteurs de l’édit de Nantes, sur leurs cahiers de remontrances, art. 19 (Arch. du Gard, G, 446). Le choix de la cour présidiale remontait sans doute à 1597 (Délib. du consist. des 23 octobre 1596 et 29 octobre 1597; loc. cit., fos 133 et 197).
26Voy. l’appendice B sur les Pasteurs de Nîmes.
27P. de Felice, Protestants d’autrefois, 2e série, pp. 39-42.
28Délib. du consist. du 21 mars 1601 (fo 401).
29Délib. du 8 novembre 1600 (fo 371).
30V. ci-dessous, chap. VII.
31Discipline, chap. I, art. 37. – V. à ce sujet P. de Felice, Protestants d’autrefois, 2e série, chap. II, qui reproduit et commente la Discipline.
32B. P. F., copie Auzière.
33P. de Felice, op. cit., 2e série, p. 230. – Ainsi au syn. prov. d’Uzès, séance du 18 mars 1600, un pasteur est accusé d’avoir pris 6 écus pour bénir des mariages hors son église (B. P. F., copie Auzière).
34V. l’appendice sur les Deniers du roi.
35V. Pièce no 8.
36Le syn. prov. de Nîmes, séance du 9 mars 1601, condamne l’église d’Anduze à payer à son ancien ministre, le sieur Pasquier, «50 l. pour sa fille, suivant l’accord dès longtemps faict entre lad. église et led. sieur Pasquier, selon lequel lad. église a donné semblable somme à chacun des autres enfants dud. sieur» (B. P. F., copie Auzière).
37Syn. prov. de Sauve, 1597 (Ibid.).
38«Contrat d’obligation passé par les consuls dud. lieu… de la somme de 595 livres au proffict dud. Ricaud pour ses gages de ministre despuis le mois de julhet 1596 jusques au mois d’avril aud. an 1598» (Ordonnance des commissaires exécuteurs de l’édit de Nantes, portant continuation de l’exercice de la R. P. R. à Saint-Jean de Gardonnenc (1662); B. N., ms. franc. 15832, fos 41 vo-42 ro).
39Cf. syn. prov. de Nîmes, séance du 11 mars 1601 (Arch. du consist. de Nîmes, A, 10, fo 63).
40Syn. prov. de Sauve (1597); (B. P. F., copie Auzière).
41Syn. prov. d’Uzès, séance du 24 avril 1603 (Ibid.).
42Arch. comm. du Vigan, BB, 2. – Le Vigan, Gard, chef-lieu con. – Avèze, arr. et con Le Vigan. – Noble Christofle de Barjac de Gasques fut pasteur du Vigan de 1563 à 1569 et de 1570 à 1609 (d’ap. M. F. Teissier dans le Bull. de la Soc. du Protestantisme, t. XLVIII – 1899), p. 652.
43Arch. comm. du Vigan, GG, 2. – Molières, Gard, arr. et con Le Vigan.
44En 1611, il est ministre du Vigan et député au duc de Ventadour (Ibid., FF, 6).
45Ordonnance des commissaires exécuteurs de l’édit de Nantes (1662) (B. N., ms. franç. 15832, fo 5 vo). – Aimargues, Gard, arr. Nîmes, con Vauvert.
46«L’église d’Uzès… le satisfera de la somme de 100 escus deus pour sa pension ordinaire pendant les six mois» (Syn. prov. de Montpellier en 1596; B. P. F., copie Auzière).
47C’est ce que touchent ses hoirs pour l’«année de viduité» (Délib. du consist. de Nîmes du 19 janvier 1600; arch. du consist., B, 90, t. VII, fo 321).
48Pièce no 8.
49V. sur cette académie, ci-dessous, pp. 17, note 2.
50Il était mort en novembre ou décembre 1599 (Cf. l’Appendice B.)
51Syn. prov. d’Uzès (1600); (B. P. F., copie Auzière).
52Délib. du consist. de Nîmes du 5 février 1602 (loc. cit., fo 465).
53Syn. prov. d’Alais, séance du 27 avril 1602 (B. P. F., copie Auzière).
54V. sur les fonctions du receveur des deniers du ministère, ci-dessous, chap. III.
55Ces comptes sont parmi les arch. non classées du consist. de Nîmes. On y trouve également la reconnaissance suivante: «Mémoire que j’ai receu une saumée de bled, pour 9 livres, de M. le lieutenant de Favier pour mon assistance. [Signé] Falguerolles.» – Cf. une quittance par laquelle Marisy reconnaît avoir reçu de ses églises d’Aubais, Congeniès [et Junas] 60 l. sur ses gages, soit «10 l. en argent et 60 l. en blé» (1604, 15 août). Arch. nat., TT, 2422.
56Si l’on admet avec M. le vicomte d’Avenel (Hist. économique de la propriété… t. I, p. 137) qu’il faut multiplier par 6 environ.
57P. de Felice, Protestants d’autrefois, 2e série, p. 238.
58Claude de Falguerolles, pasteur de Nîmes, eut pour fils Jean qui lui succéda à Nîmes en 1591 et mourut en 1599 (Puech, Guillaume de Reboul, pp. 81-84).
59Délib. du consist. de Nîmes du 11 juin 1597 (Arch. du consist., B, 90, t. VII, fo 183). – Une délib. du 5 janvier 1599 (fo 257) montre que le troisième pasteur, Chambrun, était logé également.
60Falguerolles reçoit un écu pour ses frais au colloque de Vauvert (Délib. du consist. de Nîmes du 2 octobre 1598, fo 239). – Le syn. prov. de Saint-Germain de Calberte, séance du 12 mai 1599, décide que les villes où se tiendront les synodes logeront dorénavant «les pasteurs et anciens avec les montures en maison bourgeoise» (B. P. F., copie Auzière).
61V. ci-dessus les conditions offertes au pasteur Daniel Venturin par l’église du Vigan.
62Frossard, Recueil de règlements, art. 76.
63De Gasques, député en cour par Nîmes, Montpellier et Uzès, au sujet de l’édit de Nantes, reçoit 400 écus d’or sol (Délib. consulaire de Nîmes du 9 février 1601; arch. comm., LL, 15, fo 164 ro).
64Cf. ci-dessous, p. 13.
65Délib. du consist. de Nîmes du 28 mars 1601 (loc. cit., fo 402).
66Arch. comm. d’Aimargues, E, Supp. 688 – Aimargues, Gard, con Vauvert.
67Délib. du 25 mars 1598 (fo 217).
68Délib. du 24 mars 1599 (fo 275).
69«M. Moynier… entretiendra en sa maison… Jehan de Dessac, escollier en théologie, au fur de trois escutz le mois…» (Délib. du 25 juillet 1601, fo 423).
70Délib. du 16 février 1600 (fo 329).
71Délib. du 9 février 1600 (fo 327).
72Cf. ci-dessus, p. 4.
73Cf. ci-dessus, p. 6.
74Valant à peu près 1.800 fr. d’aujourd’hui. Cf. p. 8, note 5. – V. un état des pasteurs du diocèse d’Uzès en 1575 dressé à l’assemblée de Nîmes. Les autres ministres sont pauvres également (Arch. du Gard, C, 1209).
75Délib. du 27 octobre 1599 (fo 307).
76Le consist. de Nîmes décide de proposer au colloque «d’entretenir M. Laurant… ayant esté pasteur» (Délib. du 2 juillet 1597, fo 185). – V. la Discipline, chap. I, art. 48.
77Syn. nat. de Montpellier (1598) dans Aymon, Syn. nat., t. I, p. 216. – Syn. nat. de Gergeau (1601), ibid., p. 245. —Discipline, chap. I, art. 44.
78Le 19 janvier 1600, le consist. de Nîmes vote le don de 200 écus, soit une année des gages de Falguerolles, à la «mère gran» de ses enfants (fo 321). – Le 28 octobre 1601, il accorde à Mlle de Chambrun les gages de son mari pendant son année de deuil et décide d’entretenir son fils qui étudie en théologie (fo 437).
79Le syn. prov. de Saint-Germain de Calberte, séance du 14 mai «au matin» 1599, confirme la sentence du colloque de Nîmes ordonnant à ceux de Sommières de payer «dans deux ans et par quartiers aux hoirs dud. M. Bertrand 200 escus pour l’année de viduité» (B. P. F., copie Auzière).
80«Despartement des vefves», fait au syn. prov. d’Uzès en 1603 (Arch. du consist. de Nîmes, A, 10, fo 99 ro).
81V. chap. III.
82Règlement donné en 1607 (Frossard, Recueil de règlements, no 6). Ces précautions étaient en usage longtemps avant ce règlement, si l’on en juge par le petit nombre de proposants qui sont reçus aux synodes.
83Délib. du consist. de Nîmes du 23 février 1600 (Arch. du consist., B, 90, t. VII, fo 329).
84Délib. du 25 octobre 1600 (fo 370).
85Délib. du 27 juin 1601 (fo 421).
86Délib. du 22 mars 1600 (fo 336). – Cf. aussi une délib. du 19 octobre 1600 (fo 369).
87V. notamment une délib. du 15 novembre 1600 (fo 372).
88V. à la B. P. F. les actes des syn. prov. de Bas-Languedoc, 1596-1609 (Copie Auzière, passim).
89Syn. prov. de Nîmes, séance du 10 mars 1601 (B. P. F., copie Auzière). – Massillargues, Gard, arr. Alais, con Anduze. – Nages, Solorgues, Boissière, Saint-Denis et Langlade, Gard, arr. Nîmes, con Sommières.
90Syn. prov. d’Uzès, séance du 19 mars 1600 (B. P. F., copie Auzière). – Brenoux, Lozère, arr. et con Mende.
91Ainsi l’église de Nîmes écrit à Goulard, à Genève, et à Couet, à Bâle, pour leur faire des propositions d’engagement (Délib. du 12 juin 1596; loc. cit., fos 95-96).
92Décision du syn. prov. d’Alais, séance du 27 avril 1602 (B. P. F., copie Auzière).
93J’ai rapporté la curieuse histoire de cette contestation dans l’appendice B sur les Pasteurs de Nîmes.
94Les deux mots «escollier en théologie» et «proposant» sont synonymes. Le syn. prov. de Saint-Germain de Calberte, séance du 12 mai 1599, décide que le cinquième des deniers des pauvres sera réservé à l’entretien des «proposants» (B. P. F., copie Auzière). Or, celui de Nîmes, séance du 8 mai 1601, contient une délib. intitulée «Du quint des deniers des povres ordonnez pour les escoliers en théologie» (Ibid.). En outre, le 26 avril 1600, le consist. de Nîmes décide que les «escoliers proposans» liront en chaire chacun à son tour (fo 345). – Et le 31 août 1601, il prive un «escholier en théologie» nommé Gantelme de faire la lecture en chaire (fo 429).
95Avant même de les inscrire à la «matricule» des proposants de l’académie, le consistoire de Nîmes fait enquête sur leur vie et leurs mœurs (V. ses délib. des 12 décembre 1601 et 23 janvier 1602, fos 447 et 457). – Lorsqu’ils passent leur premier examen au colloque, ils sont l’objet d’une nouvelle et très sévère enquête (Frossard, Recueil de règlements, art. 2). – Enfin, lors de leur examen au synode, celui-ci doit s’assurer par tous les moyens possibles que leurs mœurs sont irréprochables (Frossard, Recueil de règlements, art. 7).
96M. Corbière (Académie protestante de Montpellier, dans Mém. de l’Académie des sciences et lettres de Montpellier, t. VIII, 3e fasc., années 1888-89, p. 431) dit qu’une partie des deniers du roi fut destinée par le synode de Montpellier (1598) à fonder l’Académie de Nîmes. – Ceci est corroboré par Aymon, Syn. nat., t. I, p. 225. – Dans la «Distribution des 45.000 escus… faite au synode de Montpellier» le «collège de Nîmes» reçoit 611 escus, 6 sols, 8 deniers (B. N., ms. franç. 15815, fo 75 ro, – et ms. Brienne 208, fo 473 ro). On verra que l’on fut loin de toucher les sommes promises par le roi (cf. plus loin, appendice A sur les Deniers du roi). – Le 12 mai 1599, le syn. prov. de Saint-Germain de Calberte exhorte les pasteurs Moynier, Gigord et Falguerolles à «continuer les lecteures en théologie» (B. P. F., copie Auzière). – Le synode prov. d’Uzès (1600) gratifie Gigord de 200 deniers et Moynier et Falguerolles de 50 chacun «d’aultant que despuis huict ans ou environ lesd. sieurs se sont heureusement employés en la lecteure de la théologie jusqu’à présent, au grand avancement des escoliers dont plusieurs ont esté promeus au sacré ministère» (Ibid.). – On eut de la peine à faire prospérer l’académie; en 1601, elle n’a pas de professeurs en théologie (cf. ci-dessous) et il n’y a que huit étudiants à la matricule des proposants (D’après A. Borrel, dans Bulletin de la Soc. de l’hist. du Protestantisme français, t. III, p. 46).
97Le consist. de Nîmes entretient, en septembre 1599, un certain Félix, écolier en théologie, qui étudie à Genève (Délib. du 22 septembre 1599, fo 303). – Il entretient Jean Terond qui étudie à Heidelberg, en 1595, etc. (fos 17, 183, etc.).
98Mardochée Suffren, proposant, demeure avec le pasteur Tufan qui lui fait «des leçons» (Délib. du consist. de Nîmes du 11 novembre 1596, fo 138).
99Délib. du consist. de Nîmes du 18 décembre 1596 (fo 144). – La Discipline laissait «à la prudence du consistoire» d’appeler ou non des proposants à ses séances (chap. V, art. 6).
100Délib. du 21 octobre 1598 (fo 244).
101Délib. du 28 octobre 1598 (fo 245).
102Délib. du 25 décembre 1596 (fo 146).
103Délib. du 7 février 1597 (fo 163).
104Délib. du 26 avril 1600 (fo 345).
105Délib. du 31 août 1601 (fo 429). – Sur la première partie du service du dimanche, à laquelle préside le lecteur, cf. P. de Felice, Protestants d’autrefois, 1re série, pp. 99 et suiv.