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La vie et la mort du roi Richard III

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(Entre Ratcliff.)

RATCLIFF. – Seigneur?..

LE ROI RICHARD. – Qui est là?

RATCLIFF. – Ratcliff, seigneur, c'est moi. Le coq matineux du village a déjà salué deux fois l'aurore. Vos amis sont debout et se couvrent de leur armure.

LE ROI RICHARD. – O Ratcliff, j'ai eu un songe effrayant. – Qu'en penses-tu? Nos amis seront-ils tous fidèles?

RATCLIFF. – N'en doutez pas, seigneur.

LE ROI RICHARD. – Ratcliff, je crains, je crains…

RATCLIFF. – Allons, mon bon seigneur, ne vous laissez pas effrayer par des visions.

LE ROI RICHARD. – Par l'apôtre saint Paul! Les ombres que j'ai vues cette nuit ont jeté plus de terreur dans l'âme de Richard que ne pourraient faire dix mille soldats, en chair et en os, armés à toute épreuve, et conduits par l'écervelé Richmond. – Le jour n'est pas encore prêt à paraître. Viens avec moi, je vais faire dans le camp le métier d'écouteur aux portes, pour savoir s'il y en a qui méditent de m'abandonner dans le combat.

(Le roi Richard sort avec Ratcliff.)
(Richmond s'éveille. – Entrent Oxford et autres.)

LES LORDS. – Bonjour, Richmond!

RICHMOND. – Je vous demande pardon, milords, et à vous, officiers diligents, de ce que vous surprenez un paresseux dans sa tente.

LES LORDS. – Comment avez-vous dormi, milord?

RICHMOND. – Du plus doux sommeil, depuis l'instant de votre départ, milords, et avec les songes les plus favorables qui soient jamais entrés dans la tête d'un homme endormi. J'ai cru voir les âmes de tous ceux que Richard a assassinés, venir à ma tente, et me crier: Victoire! Je vous proteste que mon coeur est tout réjoui du souvenir d'un si beau songe. A quelle heure du matin sommes-nous, milords?

LES LORDS. – Quatre heures vont sonner.

RICHMOND. – Allons, il est temps de s'armer, et de donner les ordres pour le combat. – (Il s'avance vers les troupes.) Le temps et la nécessité qui nous pressent ne me permettent pas, mes chers compatriotes, de rien ajouter à ce que je vous ai dit. – Souvenez-vous seulement de ceci. – Dieu et la justice de notre cause combattent pour nous; les prières des saints et celles des âmes irritées contre Richard se placent devant nous comme un rempart fort élevé. A l'exception du seul Richard, ceux que nous allons combattre nous souhaitent la victoire, plutôt qu'à celui qui les conduit; car, qui les conduit? vous le savez, messieurs; un tyran sanguinaire, un homicide, élevé par le sang, et qui par le sang seulement a pu se maintenir; qui, pour parvenir, s'est servi de tous les moyens, et a mis à mort ceux qui lui avaient servi de moyen pour parvenir; une pierre impure et vile, qui n'est devenue précieuse que par l'éclat du trône d'Angleterre dans lequel il s'est illégitimement enchâssé; un homme qui a toujours été l'ennemi de Dieu: ainsi, puisque vous combattez un ennemi de Dieu, Dieu, dans sa justice, ne manquera pas de protéger en vous ses soldats. S'il en coûte des efforts pour renverser le tyran, le tyran mort, vous dormez en paix. Si vous combattez les ennemis de votre patrie, la prospérité de votre patrie vous payera de vos travaux; si vous combattez pour défendre vos femmes, vos femmes vous recevront avec joie en vainqueurs; si vous délivrez vos enfants du glaive de la tyrannie, les enfants de vos enfants vous en récompenseront dans votre vieillesse. Ainsi, au nom de Dieu et de tous ces droits, déployez vos étendards, et tirez vos épées de bon coeur. Pour moi, si mon entreprise est téméraire, je la payerai de ce corps qui demeurera froid sur la froide surface de la terre; mais, si je réussis, le dernier de vous tous recueillera sa part des fruits de ma victoire. Trompettes et tambours, sonnez hardiment et gaiement, Dieu et saint George! Richmond et victoire!

(Ils sortent.)
(Rentrent le roi Richard, Ratcliff, suite, troupes.)

LE ROI RICHARD. – Que disait Northumberland, au sujet de Richmond 33?

RATCLIFF. – Qu'il n'a jamais été formé au métier de la guerre.

LE ROI RICHARD. – Il disait la vérité. – Et Surrey, que disait-il?

RATCLIFF. – Il disait, en souriant: Tant mieux pour nous.

LE ROI RICHARD. – Il avait raison, et cela est vrai en effet. – (L'horloge sonne.) Quelle heure est-il? Donnez-moi un calendrier. – Qui a vu le soleil aujourd'hui?

RATCLIFF. – Je ne l'ai pas aperçu, seigneur.

LE ROI RICHARD. – Il dédaigne apparemment de se montrer; car, d'après le calendrier, il devrait embellir l'orient depuis une heure. Ce jour sera lugubre pour quelqu'un. – Ratcliff?

RATCLIFF. – Seigneur?

LE ROI RICHARD. – Le soleil ne veut point se laisser voir aujourd'hui. Le ciel se noircit et les nuages s'abaissent sur notre camp. Je voudrais que ces gouttes de rosée vinssent de la terre. Point de soleil aujourd'hui! Eh bien, que m'importe, à moi, plus qu'à Richmond? Le ciel sinistre pour moi est également sinistre pour lui.

NORFOLK. – Aux armes! aux armes, seigneur! l'ennemi nous brave dans la plaine.

(Entre Norfolk.)

LE ROI RICHARD. – Allons. En mouvement, en mouvement. – Qu'on caparaçonne mon cheval. Allez chercher lord Stanley: dites-lui d'amener ses troupes. – Je veux conduire mon armée dans la plaine, et voici mon ordre de bataille. – Mon avant-garde se déploiera sur une ligne, composée d'un nombre égal de cavalerie et d'infanterie. Nos archers seront placés dans le centre. John, duc de Norfolk, et Thomas, comte de Surrey, auront le commandement de cette infanterie et de cette cavalerie. Eux ainsi placés, nous les suivrons avec le corps de bataille, dont les ailes seront fortifiées par nos meilleurs cavaliers. Après cela, que saint George nous seconde! – Qu'en penses-tu, Norfolk?

NORFOLK. – C'est un très-bon plan, mon guerrier souverain. J'ai trouvé cela ce matin sur ma tente.

(Il lui donne un papier.)

LE ROI RICHARD, lisant. – «Jockey de Norfolk, point trop d'audace; ton maître Dickon est vendu et acheté.» Invention de l'ennemi. – Allons, messieurs, que chacun se place à son poste, ne laissons pas effrayer nos âmes par de vains songes. La conscience est un mot à l'usage des lâches, et inventé pour tenir le fort en respect; que la vigueur de nos bras soit notre conscience, nos épées notre loi. En avant, joignons courageusement l'ennemi, jetons-nous dans la mêlée, et si ce n'est au ciel, allons ensemble en enfer. – Que vous dirai-je de plus que ce que je vous ai dit? Rappelez-vous à qui vous avez affaire. A un ramas de vagabonds, de misérables, de proscrits, l'écume de la Bretagne; de vils et ignobles paysans, vomis du sein de leur terre surchargée, pour se lancer dans les aventures désespérées, où ils vont trouver une perte certaine. Vous qui dormiez en paix, ils viennent vous arracher au repos; vous qui avez des terres et le bonheur de posséder de belles femmes, ils veulent taxer les unes, déshonorer les autres. Et qu'est le chef qui les conduit, qu'un pauvre misérable nourri longtemps en Bretagne, aux dépens de notre patrie? Une vraie soupe au lait, qui n'a jamais de sa vie senti seulement ce qu'on a de froid en enfonçant le pied dans la neige jusque par-dessus la chaussure! Repoussons à coups de fouet ces bandits sur les mers; chassons à coups de lanières cette canaille téméraire échappée de la France; ces mendiants affamés, lassés de vivre, qui, sans le rêve insensé qu'ils ont fait sur cette folle entreprise, gueux comme des rats, se seraient pendus eux-mêmes. Si nous avons à être vaincus, que ce soit du moins par des hommes, et non par ces bâtards de Bretons que nos pères ont battus, insultés, assommés, et dont ils ont perpétué la honte par des ignominies authentiques. Quoi! ces gens-là prendraient nos terres, coucheraient avec nos femmes, raviraient nos filles? – Écoutez, j'entends leurs tambours. (On entend les tambours de l'ennemi.) Au combat, gentilshommes anglais! au combat, brave milice; tirez, archers, vos flèches à la tête. Enfoncez l'éperon dans les flancs de vos fiers chevaux et galopez dans le sang. Effrayez le firmament des éclats de vos lances. (Entre un messager.) Que dit lord Stanley? il amènera ses troupes.

LE MESSAGER. – Seigneur, il refuse de marcher.

LE ROI RICHARD. – Qu'on tranche sur-le-champ la tête à son fils George!

NORFOLK. – Mon prince, l'ennemi a passé le marais. Remettez après la bataille à faire mourir George Stanley.

LE ROI RICHARD. – Un millier de coeurs grandissent dans mon sein. En avant nos étendards! Fondons sur l'ennemi; que notre ancien cri de guerre, beau saint George! nous inspire la rage de dragons enflammés! A l'ennemi! La victoire est sur nos panaches.

(Ils sortent.)

SCÈNE IV

Une autre partie du champ de bataille
Entrent NORFOLK avec des troupes; CATESBY vient à lui

CATESBY. – Du secours, milord de Norfolk! Du secours! du secours! Le roi a fait des prodiges au-dessus des forces d'un homme. Il brave audacieusement tous les dangers. Son cheval est tué, et il combat à pied, cherchant Richmond jusque dans le sein de la mort. Du secours, cher lord, ou la bataille est perdue!

(Une alarme. Entrent le roi Richard, Catesby.)

LE ROI RICHARD. – Un cheval! un cheval! Mon royaume pour un cheval!

CATESBY. – Retirez-vous, seigneur, et je vous ferai trouver un cheval!

 

LE ROI RICHARD. – Lâche, j'ai joué ma vie sur un coup de dés, j'en veux courir les risques. – Je crois en vérité qu'il y a six Richmond sur le champ de bataille; j'en ai déjà tué cinq pour celui que je cherche! Un cheval! un cheval! mon royaume pour mon cheval!

(Ils sortent.)

(Alarmes. Entrent le roi Richard et Richmond; ils sortent en combattant. Retraite et fanfares. Entrent ensuite Richmond, Stanley apportant la couronne; plusieurs autres lords et des troupes.)

RICHMOND. – Louange à Dieu, et à vos armes, victorieux amis! La journée est à nous; ce chien sanguinaire est mort.

STANLEY. – Vaillant Richmond, tu as bien rempli ton rôle. Tiens, j'ai arraché, pour en orner ta tête, du front inanimé de ce misérable couvert de sang, la couronne qu'il a si longtemps usurpée. Porte-la, possède-la et connais-en tout le prix.

RICHMOND. – Grand Dieu du ciel, je dis amen à tout cela. – Mais, avant tout dites-moi, le jeune George Stanley est-il vivant?

STANLEY. – Oui, milord; il est sain et sauf à Leicester, où nous pouvons, si vous voulez, nous retirer à présent.

RICHMOND. – Quels hommes de marque ont péri dans l'autre armée?

STANLEY. – John, duc de Norfolk, Walter, lord Ferrers, sir Robert Brakenbury et sir William Brandon.

RICHMOND. – Qu'on les enterre avec les honneurs dus à leur naissance. – Qu'on proclame le pardon pour les soldats fugitifs qui reviendront se soumettre à nous, et ensuite, comme nous en avons pris l'engagement sacré, nous réunirons enfin la rose blanche et la rose rouge. – Puisse le ciel si longtemps irrité de leurs haines, sourire à la beauté de leur union! Quel est le traître qui pourrait m'entendre, et ne pas dire amen? Longtemps l'Angleterre en délire s'est déchirée elle-même; le frère a versé aveuglément le sang de son frère; le père dans son emportement massacrait son fils, et le fils était forcé de devenir l'assassin de son père, tous divisés par les détestables divisions d'York et de Lancastre. O qu'aujourd'hui enfin, Richmond et Élisabeth, légitimes héritiers des deux maisons royales, s'unissent ensemble de l'aveu de l'Éternel! Et que leurs successeurs (grand Dieu! si c'est ta volonté) donnent aux générations à venir le riche présent de la paix au doux visage, de la riante abondance, et des beaux jours de la prospérité! fais tomber, ô Dieu bienfaisant, l'épée des traîtres qui voudraient ramener ces jours meurtriers, et faire verser à la pauvre Angleterre des ruisseaux de larmes sanglantes. Qu'ils ne vivent pas pour jouir de la prospérité de leur patrie, ceux qui voudraient par la trahison déchirer ce beau pays; enfin les plaies de la guerre civile sont fermées, et la paix revit. Puisse-t-elle vivre longtemps! ô Dieu, dis-nous amen.

(Tous sortent.)
FIN DU CINQUIÈME ET DERNIER ACTE
33Il ne croyait pas que lord Northumberland combattît pour lui de bon coeur. En effet, Northumberland ne donna point dans le combat.