Kostenlos

Actes et Paroles, Volume 2: Pendant l'exil 1852-1870

Text
0
Kritiken
iOSAndroidWindows Phone
Wohin soll der Link zur App geschickt werden?
Schließen Sie dieses Fenster erst, wenn Sie den Code auf Ihrem Mobilgerät eingegeben haben
Erneut versuchenLink gesendet

Auf Wunsch des Urheberrechtsinhabers steht dieses Buch nicht als Datei zum Download zur Verfügung.

Sie können es jedoch in unseren mobilen Anwendungen (auch ohne Verbindung zum Internet) und online auf der LitRes-Website lesen.

Als gelesen kennzeichnen
Schriftart:Kleiner AaGrößer Aa

1867
LE DINER DES ENFANTS PAUVRES

Ce qui suit est extrait des journaux anglais:

"L'idee de M. Victor Hugo, – le diner hebdomadaire des enfants, – a ete adoptee a Londres sur une tres grande echelle et donne d'admirables resultats. Six MILLE petits enfants sont secourus a Londres seulement. Nous publions la lettre ecrite a M. Victor Hugo par lady Thompson, tresoriere du Children's Dinner Table.

Londres, 23 octobre 1867, 39, Wimpole Street.

"Cher monsieur, – Je prends la liberte de vous adresser le prospectus qui annonce la seconde saison du diner des enfants (Children's Dinner Table) de la paroisse de Marylebone, a Londres.

"La derniere saison a eu le plus grand succes, et si vous avez la bonte de lire le compte rendu ci-joint, vous y trouverez que pres de six mille enfants ont dine pendant le peu de mois qui ont suivi l'organisation de cette oeuvre (l'execution du plan).

"C'est parce que la creation de ce diner dans cette paroisse est due entierement a vos idees, a votre initiative, aux paroles que vous avez prononcees sur ce sujet, et pour rendre temoignage a la valeur et a la popularite de ces diners aupres de toutes les personnes qui en ont pris connaissance, que je prends la liberte de vous entretenir de ces details.

"Permettez-moi de vous exprimer le profond respect et la reconnaissance que m'inspire votre genereuse sympathie pour les pauvres,

"Et croyez, etc.

"KATE THOMPSON."

"Suit le compte rendu duquel il resulte qu'en soixante-dix-sept jours, pendant neuf mois, on a fourni un, plusieurs fois deux, et quelquefois trois diners a cause du grand nombre de demandes.

"Le total des diners fournis est de 5,442, dont 4,820 ont ete manges dans la salle et dont 722 ont ete envoyes a domicile a des enfants malades. L'avantage de la bonne nourriture s'est clairement manifeste dans l'une et l'autre condition, et on a remarque que l'habitude de s'asseoir a une table proprement servie a produit un excellent effet sur les enfants, car ces diners sont aussi pour eux une source de bonheur et de joie, outre la bonne chere qu'ils font, ce qui leur arrive rarement. La joie que cela leur cause vaut a elle seule la peine et le prix que cela coute."

(Courrier de l'Europe, 22 novembre 1867.)

1869

On lit dans le Courrier de l'Europe:

Une lettre authentique [note: Ce mot est souligne dans le journal, a cause de la quantite de fausses lettres de Victor Hugo, mises en circulation par une certaine presse calomniatrice.] de Victor Hugo nous tombe sous les yeux; elle est adressee a l'auteur du livre Marie Dorval, qui avait envoye son volume a Victor Hugo:

Entre votre lettre et ma reponse, monsieur, il y a le deuil, et vous avez compris mon silence. Je sors aujourd'hui de cette nuit profonde des premieres angoisses, et je commence a revivre.

J'ai lu votre livre excellent. Mme Dorval a ete la plus grande actrice de ce temps; Mlle Rachel seule l'a egalee, et l'eut depassee peut-etre, si, au lieu de la tragedie morte, elle eut interprete l'art vivant, le drame, qui est l'homme; le drame, qui est la femme; le drame, qui est le coeur. Vous avez dignement parle de Mme Dorval, et c'est avec emotion que je vous en remercie. Mme Dorval fait partie de notre aurore. Elle y a rayonne comme une etoile de premiere grandeur.

Vous etiez enfant quand j'etais jeune. Vous etes homme aujourd'hui et je suis vieillard, mais nous avons des souvenirs communs. Votre jeunesse commencante confine a ma jeunesse finissante; de la, pour moi, un charme profond dans votre bon et noble livre. L'esprit, le coeur, le style, tout y est, et ce grand et saint enthousiasme qui est la vertu du cerveau.

Le romantisme (mot vide de sens impose par nos ennemis et dedaigneusement accepte par nous) c'est la revolution francaise faite litterature. Vous le comprenez, je vous en felicite.

Recevez mon cordial serrement de main.

VICTOR HUGO.

Hauteville-House, 15 janvier 1869.

A M. GASTON TISSANDIER

"Je crois, monsieur, a tous les progres. La navigation aerienne est consecutive a la navigation oceanique; de l'eau l'homme doit passer a l'air. Partout ou la creation lui sera respirable, l'homme penetrera dans la creation. Notre seule limite est la vie. La ou cesse la colonne d'air, dont la pression empeche notre machine d'eclater, l'homme doit s'arreter. Mais il peut, doit et veut aller jusque-la, et il ira. Vous le prouvez. Je prends le plus grand interet a vos utiles et vaillants voyages. Votre ingenieux et hardi compagnon, M. de Fonvielle, a l'instinct superieur de la science vraie. Moi aussi, j'aurais le gout superbe de l'aventure scientifique. L'aventure dans le fait, l'hypothese dans l'idee, voila les deux grands procedes de decouvertes. Certes l'avenir est a la navigation aerienne et le devoir du present est de travailler a l'avenir. Ce devoir, vous l'accomplissez. Moi, solitaire mais attentif, je vous suis des yeux et je vous crie courage."

Avril 1869.

On lit dans la Chronique de Jersey:

VICTOR HUGO SUR LA PEINE DU FOUET

"Nous recevons d'un correspondant la lettre suivante, reponse par le grand poete a la priere de notre correspondant d'user de son influence et de son credit pour faire interdire dans tous les tribunaux des possessions anglaises les condamnations a la peine du fouet. Nous remercions Victor Hugo de son empressement."

Hauteville-House, 19 avril 1869.

J'ai recu, monsieur, votre excellente lettre. J'ai deja reclame energiquement et publiquement (dans ma lettre au journal Post) contre cette ignominie, la peine du fouet, qui deshonore le juge plus encore que le condamne. Certes, je reclamerai encore. Le moyen age doit disparaitre; 89 a sonne son hallali.

Vous pouvez, si vous le jugez a propos, publier ma lettre.

Recevez, je vous prie, l'assurance de mes sentiments distingues.

VICTOR HUGO.

Hauteville-House, 30 mai 1869.

Mon cher Alphonse Karr,

Cette lettre n'aura que la publicite que vous voudrez. Quant a moi, je n'en demande pas. Je ne me justifie jamais. C'est un renseignement de mon amitie a la votre. Rien de plus.

On me communique une page de vous, charmante du reste, ou vous me montrez comme tres assidu a l'Elysee jadis. Laissez-moi vous dire, en toute cordialite, que c'est une erreur. Je suis alle a l'Elysee en tout quatre fois. Je pourrais citer les dates. A partir du desaveu de la lettre a Edgar Ney, je n'y ai plus mis les pieds.

En 1848, je n'etais que liberal; c'est en 1849 que je suis devenu republicain. La verite m'est apparue, vaincue. Apres le 13 juin, quand j'ai vu la republique a terre, son droit m'a frappe et touche d'autant plus qu'elle etait agonisante. C'est alors que je suis alle a elle; je me suis range du cote du plus faible.

Je raconterai peut-etre un jour cela. Ceux qui me reprochent de n'etre pas un republicain de la veille ont raison; je suis arrive dans le parti republicain assez tard, juste a temps pour avoir part d'exil. Je l'ai. C'est bien.

Votre vieil ami,

VICTOR HUGO.

"Hugo n'a pas doute un moment de la publicite que je donnerais a sa reponse.

"Il y a bien de la bonne grace et presque de la coquetterie a un homme d'une si haute intelligence d'avouer qu'il s'est trompe; c'est presque comme une femme d'une beaute incontestable qui vous dit: Je suis a faire peur aujourd'hui.

"ALPHONSE KAHR."

Voici des extraits de la tres belle lettre de Felix Pyat. Malgre les eloquentes incitations de Felix Pyat, Victor Hugo, on le sait, maintint sa resolution.

DEHORS OU DEDANS

"Mon cher Victor Hugo,

"Les tyrans qui savent leur metier font de leurs sujets comme l'enfant fait de ses cerises, ils commencent par les plus rouges. Ils suivent la bonne vieille lecon de leur maitre Tarquin, ils abattent les plus hauts epis du champ. Ils s'installent et se maintiennent ainsi en excluant de leur mieux l'elite de leurs ennemis. Ils tuent les uns, chassent les autres et gardent le reste. Ayant banni l'ame, ils tiennent le corps. Les voila surs pour vingt ans. L'histoire prouve que tout parvenu monte par l'elimination des libres et ne tombe que par leur reintegration.

"Si c'est vrai, je me demande donc quel est le devoir des proscrits. Le devoir? non, le mot n'est pas juste ici, car il s'agit moins de principe, Dieu merci! que de moyen. La conduite? pas meme; il y a encore la une nuance morale qui est de trop. Je dis donc la tactique des proscrits. Eh bien, leur tactique me semble toute tracee par celle du proscripteur. Ils n'ont qu'a prendre le contre-pied de ses actes. La dictature les chasse quand elle les croit forts? qu'ils rentrent quand elle les croit faibles. En realite, la tyrannie n'a a craindre que les revenants … les presents plus que les absents. Les liberateurs viennent toujours du dehors, mais ils ne reussissent qu'au dedans. C'est du moins l'histoire du passe. Et le passe dit l'avenir.

"…Sans doute, l'exil du dehors a bien merite de la patrie. Il a ses services et ses dangers. Votre fils Charles les a montres avec une poesie toute naturelle, hereditaire, et qui me ferait recroire au droit de noblesse, si j'etais moins vilain.

"Mais, soyons juste envers les merites du dedans. Ceux du dehors n'ont pas besoin d'etre surfaits pour etre reconnus. Qui nie les votres nie le soleil! Pour moi, caillou erratique, ballotte de prison en prison, en Suisse, en Savoie, en France, en Hollande, en Belgique, j'ai connu toute la gendarmerie europeenne et je ne m'en vante ni ne m'en plains, il n'y a pas de quoi. Mes amis et moi, denonces en Angleterre comme des Marat par un senateur delateur et comme des Peltier par un delateur ambassadeur, travestis en Guy-Fawkes et pendus en efligie pour les Lettres a la reine, un peu cause de vos troubles a Jersey, saisis, juges et menaces de l'alien bill pour l'affaire Orsini et trois fois d'extradition pour la Commune revolutionnaire, nous avons eu aussi notre part d'epreuves; et, comme vous a Jersey, nous avons eu la securite de l'exil a Londres.

 

"… Le devoir, j'ai dit, est hors de cause comme le peril. Il s'accomplit bravement en Angleterre comme en France, dehors comme dedans, mais moins utilement, j'ose le croire; avec plus d'eclat, mais avec moins d'effet; avec plus de liberte et de gloire privee, mais avec moins de salut public. Si le proces Baudin, le proces d'un revenant mort, a reveille Paris, que ne ferait pas le proces de la "grande ombre", comme vous nomme le Constitutionnel, le proces d'un revenant vivant, le proces de Victor Hugo! Tyrtee a souleve Sparte. Puis le proces Ledru, Louis Blanc, Quinet, Barbes … le Palais de Justice sauterait! Sophocle a eu son proces, qu'il a gagne. Il avait vos cheveux blancs et vous avez ses lauriers!

"Le frere de Charles et son egal en talent, votre fils Francois, a reconnu lui-meme, avec le coup d'oeil paternel, le mal que nous a fait l'amnistie. L'armee de l'exil, a-t-il dit justement, avait son ordre, ses guides et guidons. L'amnistie l'a licenciee, debandee, dispersee au dedans, avec ses guides au dehors. L'armee est battue. Rentree d'Achille, chute d'Hector. Achille meurt, c'est vrai, mais Troie tombe. Si le plus fort attend la victoire du plus faible, c'est le monde renverse. Adieu Patrocle et ses myrmidons!

"Loin de moi l'idee que vous reposez sous, votre tente! Vos armes, comme la foudre, brillent dans l'immensite. Mais elles s'y perdent aussi. Elles gagneraient a se concentrer du dehors au dedans. Excusez-moi! franchise est republicaine. Et la mienne n'est pas bouche d'or comme la votre. Elle est de fer. Quel choc dans Paris, si vous rentriez tous le 22 septembre!

"Vous avez fait l'Homme qui Rit, un evenement. Vous feriez l'Homme qui Pleure, un tremblement!

"Toutefois, ce n'est la qu'une opinion. L'histoire meme n'a point d'ordre a donner. A peine un conseil. Et ce conseil ne gagne pas en autorite, venant de moi. Je vous propose, ou plutot je vous soumets mon avis aussi humblement que temerairement. Prenez-le pour ce qu'il vaut. J'ajouterai meme qu'il n'y a rien d'absolu de ce qui est humain; que les faits du passe peuvent avoir tort pour l'avenir.

"Ainsi donc, en definitive, a chacun l'appreciation de sa propre utilite. Respect a toute conviction! liberte a toute conscience! A la votre surtout. Vous avez prerogative d'astre, plus splendide encore a votre couchant qu'a votre lever! Peut-etre vaut-il mieux que vous restiez dans votre ciel de feu, comme le dieu d'Homere, pour eclairer le combat. Chacun sa tache; le phare porte la flamme et le flot la nef; soit! Mais, quelle que soit la decision prise, qu'on agisse en detail ou en bloc, sur un meme point ou a differents postes, epars ou masses, de loin ou de pres, dedans ou dehors, en France ou en Chine, peu importe! le devoir sera rempli, l'honneur sauf partout – sinon la victoire!

"Ce qui importe surtout et avant tout, c'est que nous soyons unis.

Sinon, nous sommes morts.

"Pour l'amour du droit, dehors ou dedans, soyons unis! J'ai admire et beni votre recommandation magistrale au debut du Rappel. C'est le salut.

"En avant donc tous ensemble! absents ou presents, tout ce qui vibre, tout ce qui vit, tout ce qui hait; tout ce qui a vecu au nom du droit, de l'ordre, de la paix, de la vie de la France; tout ce qui prefere le droit aux hommes, le principe a tout; tout ce qui est pret a leur sacrifier corps, biens et ame, art, gloire et nom, colonies et memoire, tout, hors la conscience; tout ce qui se donnerait au diable meme pour allie, s'il pouvait s'attaquer dans sa pire forme; tout ce qui n'a qu'une colere et qui l'epargne, l'amasse, l'accumule et la capitalise en avare, sans en rien distraire, sans en rien preter meme a la plus mortelle injure; tout ce qui ne se sent pas trop de tout son etre contre l'ennemi commun! En avant tous contre lui seul, avec un seul coeur, un seul bras, un seul cri, un seul but, le but des peres comme des fils, le but d'aujourd'hui comme d'hier, le but ideal et eternel de la France et du monde, le but a jamais glorieux, a jamais sacre du 22 de ce grand mois de septembre: Liberte, Egalite, Fraternite.

"FELIX PYAT.

"Londres, 9 septembre 1869."

1870
LUCRECE BORGIA

A M. RAPHAEL FELIX

Monsieur,

Je suis heureux d'etre rentre a mon grand et beau theatre, et d'y etre rentre avec vous, digne membre de cette belle famille d'artistes qu'illumine la gloire de Rachel.

Remerciez, je vous prie, et felicitez en mon nom Mme Laurent qui, dans cette creation, a egale, depasse peut-etre, le grand souvenir de Mlle Georges. L'echo de son triomphe est venu jusqu'a moi.

Dites a M. Melingue, dont le puissant talent m'est connu, que je le remercie d'avoir ete charmant, superbe et terrible.

Dites a M. Taillade que j'applaudis a son legitime succes.

Dites a tous que je leur renvoie et que je leur restitue l'acclamation du public.

Vous etes, monsieur, une rare et belle intelligence. A un grand peuple, il faut le grand art; vous saurez faire realiser a votre theatre cet ideal.

VICTOR HUGO.

LE NAUFRAGE DU NORMANDY

Nous extrayons d'une lettre de Victor Hugo cet episode poignant et touchant du naufrage du Normandy.

(Le Rappel, 26 mars 1870.)

Hauteville-House, 22 mars 1860.

…On m'ecrit pour me demander quelle impression a produite sur moi la mort de Montalembert. Je reponds: Aucune; indifference absolue. – Mais voici qui m'a navre.

Dans le steamer Normandy, sombre en pleine mer il y a quatre jours, il y avait un pauvre charpentier avec sa femme; des gens d'ici, de la paroisse Saint-Sauveur. Ils revenaient de Londres, ou le mari etait alle pour une tumeur qu'il avait au bras. Tout a coup dans la nuit noire, le bateau, coupe en deux, s'enfonce.

Il ne restait plus qu'un canot deja plein de gens qui allaient casser l'amarre et se sauver. Le mari crie: "Attendez-nous, nous allons descendre." On lui repond du canot: "Il n'y a plus de place que pour une femme. Que votre femme descende."

"Va, ma femme", dit le mari.

Et la femme repond: Nenni. Je n'irai pas. Il n'y a pas de place pour toi. Je mourrons ensemble. Ce nenni est adorable. Cet heroisme qui parle patois serre le coeur. Un doux nenni avec un doux sourire devant le tombeau.

Et la pauvre femme a jete ses bras autour du col de son mari, et tous deux sont morts.

Et je pleure en vous ecrivant cela, et je songe a mon admirable gendre Charles Vacquerie…

VICTOR HUGO.

Les journaux anglais publient la lettre suivante ecrite au sujet de la catastrophe du Normandy.

(Courrier de l'Europe.)

AU REDACTEUR DU Star.

Hauteville-House, 5 avril 1870.

Monsieur,

Veuillez, je vous prie, m'inscrire dans la souscription pour les familles des marins morts dans le naufrage du Normandy, memorable par l'heroique conduite du capitaine Harvey.

Et a ce propos, en presence de ces catastrophes navrantes, il importe de rappeler aux riches compagnies, telles que celle du South Western, que la vie humaine est precieuse, que les hommes de mer meritent une sollicitude speciale, et que, si le Normandy avait ete pourvu, premierement, de cloissons etanches, qui eussent localise la voie d'eau; deuxiemement de ceintures de sauvetage a la disposition des naufrages; troisiemement, d'appareils Silas, qui illuminent la mer, quelles que soient la nuit et la tempete, et qui permettent de voir clair dans le sinistre; si ces trois conditions de solidite pour le navire, de securite pour les hommes, et d'eclairage de la mer, avaient ete remplies, personne probablement n'aurait peri dans le naufrage du Normandy.

Recevez, monsieur, l'assurance de mes sentiments distingues.

VICTOR HUGO.

1883

En tete de la premiere edition de PENDANT L'EXIL (1875), se trouvait la Note qui suit.

Dans ce livre, comme dans l'Annee terrible, on pourra remarquer (en trois endroits) des lignes de points. Ces lignes de points constatent le genre de liberte que nous avons. Des choses publiees pendant l'empire ne peuvent etre imprimees apres l'empire. Ces lignes de points sont la marque de l'etat de siege. Cette marque s'effacera des livres, et non de l'histoire. Ceux qui doivent garder cette marque la garderont.

En ce qui touche ce livre, le detail est de peu d'importance; mais les petitesses du moment present veulent etre signalees, par respect pour la liberte qu'il ne faut pas laisser prescrire.

V.H.

Paris, novembre 1875.

Il va sans dire que les lignes supprimees en 1875 ont ete retablies dans l'edition definitive.