Guide des curieux en forêt

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22 Comment savoir l’âge d’un gros arbre ?

Si l’arbre n’est pas pourri au centre, on peut compter les cernes annuels sur l’arbre abattu (→ 7), sur une carotte prélevée en direction du centre du tronc ou encore sur une radiographie (rayons-X). On peut aussi estimer son âge si l’on retrouve des documents anciens (dates de la plantation, de l’abandon d’un pâturage) ou en comparant avec des souches d’arbres voisins. En tenant compte du sol, du climat et de la croissance, un forestier expérimenté peut « sentir » l’âge d’un arbre. Cette estimation devient toutefois difficile au-delà de 200 ans.

Discrétion des vieux arbres

Les vieux arbres ne disent pas volontiers leur âge ! Le bas de leur tronc est souvent creux et on ne peut plus y compter tous les cernes pour remonter jusqu’à leur naissance. Reste à chercher dans les archives de la commune.


23 Quel est l’âge de ce sapin ?

On peut estimer son âge en comptant les espaces entre les étages de branches. Chaque année, un résineux ajoute un étage. Commencez en haut, avec la dernière année de croissance, sans compter les petits rameaux isolés, et descendez le long de l’axe. Arrivé à 50 cm du sol, il faut ajouter encore 5–10 ans, parfois davantage (→ 14). On peut facilement estimer l’âge des résineux jusqu’à 50 ans. Au-delà, le comptage se complique. On peut connaître l’âge d’une branche de la même façon (→ 97).


24 Quel est l’âge de ce feuillu ?

On peut tenter d’estimer l’âge des jeunes arbres de la manière suivante : à partir du bourgeon terminal, compter le nombre des groupes de fines « cicatrices annuelles » laissées chaque année par les écailles du bourgeon terminal sur le tronc ou sur les branches.

L’érable et le frêne produisent des étages réguliers visibles pendant quelques années (branches opposées). Les feuillus disent moins volontiers leur âge que les résineux (→ 151) !


25 Jusqu’à quel âge un arbre grandit-il ?

Jusqu’à sa mort, du moins en épaisseur ! Sa croissance peut être pratiquement nulle en hauteur à partir d’un certain âge. Les tout vieux arbres rapetissent, car le sommet et certaines branches finissent par se casser.

26 Quel âge ont les plus vieux arbres en Europe ?

Les plus vieux sont probablement les ifs et les châtaigniers, qui peuvent atteindre respectivement 2000 et 1500 ans. Suivent les chênes et les tilleuls avec une espérance de vie de 1000 ans. Les mélèzes indiquent parfois 800 ans, les épicéas et les sapins 600. Cherchez le plus gros arbre de votre région ! Quel âge a-t-il, ce sapin-président ou ce chêne-géant ? Vous pourriez le faire connaître par un panneau d’information, en collaboration avec le forestier !

27 Quel âge ont les plus vieux arbres du monde ?

On parle des pins (Pinus longaeva) de 4900 ans dans des régions sèches d’Amérique du Nord. Les séquoias géants (Sequoiadendron) de la sierra Nevada californienne, dont le diamètre dépasse 10 mètres, atteignent 4000 ans (→ 31). Des chênes verts méditerranéens, des cèdres du Liban et des ifs compteraient 2000 ans. L’âge de certains arbustes dépasse celui des arbres : 12 000 ans pour un créosotier (Larrea divaricata), que l’on trouve lui aussi dans des zones désertiques nord-américaines.

28 Est-il vrai que les cernes racontent le climat sur des centaines d’années ?

Oui, à condition d’observer des cernes aux lignes régulières, non dérangées par l’empattement des racines, l’insertion de branches ou la cicatrisation de blessures. Les bonnes années, chaudes et pluvieuses, sont larges, les autres plus minces (→ 13). L’arbre est ainsi une « machine biologique à remonter le temps » qui garde la mémoire du climat. La dendroclimatologie (du grec « dendron » = arbre) se consacre à établir ces rapports (→ 232).


Dendrochronologie

La dendrochronologie s’occupe de dater les échantillons de bois (découvertes archéologiques, instruments de musique, etc.). Grâce aux séquences des cernes, il est aujourd’hui possible de dater à l’année près un morceau de bois dont l’âge peut remonter à plus de 6000 ans. Ce n’est pas la largeur des cernes en soi, mais les séquences d’années larges et étroites qui permettent de reconnaître l’année d’un cerne, un peu à la manière d’une empreinte.

29 Est-ce que je peux trouver l’année de ma naissance ?

Bien sûr, et celles des parents, grands-parents … et de la Révolution française et de toute l’histoire récente. En plaine, on trouve facilement des souches d’arbres abattus à l’âge de 120 à 150 ans, et même de 150 à 300 ans en montagne.

Choisissez une souche récente et comptez les années à partir du bord en direction du centre. Plantez des petits fanions à l’endroit des événements que vous aurez choisis !


30 Quelle est la hauteur de cet arbre ?

Voici deux moyens simples de mesurer la hauteur d’un arbre (voir dessin) :

1 Faire la « croix du bûcheron »

• Placez deux baguettes de même longueur à angle droit, l’une (A) sur le milieu de l’autre (B).

• Tenez-vous le plus possible à la même hauteur que le pied de l’arbre. La baguette A posée près de l’œil, s’éloigner ou se rapprocher de l’arbre pour qu’il s’inscrive dans le prolongement des extrémités de B.

• Mesurez la distance jusqu’à l’arbre, qui correspond approximativement à sa hauteur (triangles presque semblables).

2 « Coucher la hauteur de l’arbre »

• Bras tendu, faites coïncider la hauteur de l’arbre avec la longueur d’une baguette, puis couchez-la horizontalement. Une deuxième personne arpente cette « hauteur couchée » à partir du pied de l’arbre.


31 Quel est l’arbre le plus haut du monde ?

Le record actuel est détenu par un Sequoia sempervirens (séquoia toujours vert) qui dépasse 111 mètres dans le Redwood National Park en Californie. Ce séquoia n’a « que » 600 ans, pour une espèce qui en atteint 1000 à 2000. Un eucalyptus australien aurait atteint 130 mètres au siècle dernier (→ 27, 240).

L’arbre le plus haut observé en Suisse était un sapin blanc de 57 mètres dans l’Emmental (Dürisrüttitanne). Frappé par la foudre en 1974, il dut être abattu à l’âge de 377 ans.

L’arbre le plus haut de France est le sapin Président de la forêt de Russey, dans le Doubs, qui mesure 55 mètres.

32 Quel est le volume en bois de cet arbre ?

Pour une estimation rapide du volume du tronc, il suffit de mesurer le diamètre (à 1,3 mètre du sol), puis de l’élever au carré et de le diviser par 1000. Exemple pour 70 cm de diamètre : (70)2 : 1000 = 4,9 m3.

Le diamètre peut être mesuré avec un compas forestier. Il est facile d’en confectionner un avec un bout de ficelle et deux bâtons (dessin). On peut aussi, à l’aide d’une ficelle, mesurer la circonférence. Le diamètre exact est alors obtenu en divisant celle-ci par 3,14.

Si la circonférence de l’arbre fait 240 cm , le diamètre est donc d’environ 240 : 3 = 80 cm .


33 Combien pèse cette bille ?

Il faut multiplier son volume par sa densité. Son volume est donné par : S × L (Surface de la section au milieu de la bille × Longueur). On obtient la surface de la section par l’intermédiaire du diamètre (D) (voir ci-dessus) : S = 1/4 D2 × 3,14. La densité est indiquée sur le tableau ci-dessous. Notez que le bois vert pèse jusqu’au double du sec.



Densité du bois (kg / m3)bois vertbois sec
mélèze800590
pin850520
épicéa840470
sapin940450
charme1000830
hêtre1000720
chêne1000690
peuplier850450

Exemple : une bille de sapin blanc à l’état vert de 14 m de long et de 36 cm de diamètre au milieu pèse 1320 kg.

 

34 Combien pèse un arbre entier ?

Au poids du tronc, il faut encore ajouter celui des branches, des rameaux, des feuilles : vous pouvez ajouter de 20 à 40 %, d’après le volume de la couronne et la grosseur des branches, et en plus 10 à 15 % pour les racines !

L’Arbre en forêt Arbres cassés et déracinés, bois mort

Un spectacle nouveau habite nos forêts et alimente les discussions : de plus en plus de bois est abandonné tel quel. Le bois mort des arbres secs encore sur pied, les troncs cassés ou les branches jonchant le sol ont perdu toute valeur économique. Le chauffage au mazout et au gaz est confortable et (encore ?) très bon marché. On ne peut plus se permettre de ramasser les bois de petits diamètres, car ce travail n’est pas rentable.

En ce qui concerne la qualité de l’air et les économies d’énergie, cette évolution n’est pas nécessairement favorable : même utilisé pour le chauffage, ce bois serait bien plus écologique que le mazout. Par contre, pour ce qui touche à la conservation de la faune et de la flore, le bois mort offre un milieu de vie à de nombreuses espèces.

35 De quoi meurt un arbre, s’il n’est pas

récolté ?

Si l’arbre est entier et sec sur pied, les causes les plus fréquentes de mort ou d’affaiblissement sont la sécheresse, le gel, la foudre, les champignons et les insectes parasites, le feu, le compactage du sol et la pollution de proximité (fluor, dioxyde de soufre).

Si le tronc est cassé ou l’arbre renversé, on peut supposer les causes suivantes : ouragan, poids de la neige, poids du givre, pourriture des racines ou du tronc, chancre (→ 37 et suiv., 51, 63, 116, 127).


Affaiblissement et mort des arbres

Sauf les cas de « mort violente » causée notamment par la foudre, le feu ou une avalanche, un arbre s’affaiblit progressivement avant de dépérir. La baisse de vitalité peut être chronique (âge, arbre hors de son milieu, pollution) ou brusque (sécheresse, gel). Elle permet ensuite aux parasites végétaux ou animaux comme les champignons, les virus ou les insectes de s’installer et de provoquer la mort.

Le phénomène est semblable chez les humains : l’organisme une fois affaibli (âge, sous-alimentation), ce sont des causes « bénignes » comme la grippe ou une infection qui peuvent être fatales (→ 282).

36 Est-il vrai que les dégâts dus au vent sont plus importants dans les monocultures ?

Oui. Même si les forces de la nature comme le vent ou les avalanches n’épargnent aucune forêt, celles qui sont diversifiées et soignées en vue d’une meilleure stabilité résistent beaucoup mieux que les monocultures, de structure homogène. Les dégâts dus au vent sont particulièrement forts dans les monocultures de résineux insuffisamment éclaircies : elles s’écroulent parfois comme des châteaux de cartes (→ 272, 275).


37 Peut-on savoir si une surface ouverte en forêt est due à une coupe ou à un ouragan ?

Un ouragan casse les troncs ou déracine les arbres. Sur une surface dévastée par le vent, les monticules formés par les souches renversées restent visibles bien longtemps après l’évacuation des bois. De plus, on peut observer ce genre de dégâts dans toute la région (→ 266, 287).


38 Comment sait-on que c’est la foudre qui a fait sécher un arbre ?

En général, la foudre frappe le haut d’un grand arbre et court le long du tronc jusqu’à la terre. Une bande d’écorce est décollée sur son passage, des morceaux sont dispersés tout à la ronde. Parfois, le tronc est fendu, voire éclaté, ou porte des traces de brûlures. L’arbre sèche souvent au cours de l’année (→ 51, devinette B).

39 Sur quels arbres la foudre tombe-t-elle le plus souvent ?

Elle préfère les arbres les plus hauts, les plus pointus et les plus humides. Ainsi, un vieux et grand conifère court plus de risques d’être foudroyé qu’un voisin feuillu plus petit. Avis aux promeneurs : en cas de fort vent ou lorsqu’il neige, le risque de chutes de branches est bien réel. En cas d’orage, ne pas s’arrêter sous des arbres isolés.


40 La neige peut-elle casser les arbres ?

Cela arrive surtout aux résineux qui gardent leurs aiguilles en hiver. Pour les feuillus, la neige la plus dangereuse est celle du printemps, mouillée et lourde, lorsque les feuilles réapparaissent déjà. La neige est aussi dangereuse à la fin de l’automne pour les arbres qui n’ont pas encore abandonné les feuilles de l’année. Les forestiers doivent parfois se rendre d’urgence en forêt pour secouer les jeunes chênes au stade du perchis qui plient dangereusement.


41 Qui a coupé ces troncs le long de la rivière ?

Des troncs abattus le long d’un cours d’eau peuvent trahir la présence de castors : écorce rongée, traces de dents sur le bois, tronc rongé en pointe. Ces animaux se signalent aussi par les nombreuses petites branches taillées de quelques coups de dents et soigneusement écorcées (→ 65).


42 Tous ces troncs et branches qui pourrissent par terre ne sont-ils pas néfastes à la forêt ?

La nature a prévu de recycler tous les organismes qui meurent. En forêt, cela signifie que bois, écorces, feuilles, animaux, etc. se transforment en humus (→ 191, 208 et suiv.). Il est certainement dommage de gaspiller le bois, matière noble et écologique, mais cela n’entraîne des problèmes sanitaires (pullulation de bostryches par exemple) que dans des cas particuliers. Il faut alors brûler les branches et les écorces où se reproduisent les parasites (→ 53, 54).

Pétrole bon marché, bois abandonné

Le bois abandonné en forêt reflète à coup sûr le désintérêt de notre époque pour le bois-énergie. Les huiles minérales, le charbon et le gaz livrent une énergie bon marché et n’exigent aucun travail des bénéficiaires. Les énormes quantités consommées polluent l’atmosphère et peuvent poser problème à la forêt. Dans ce sens, le « bois qui traîne » est symptomatique de certains déséquilibres dans notre consommation d’énergie (→ 205, 249, 254).


43 Pourquoi cette souche ne « saigne »-t-elle qu’au bord ?

La partie externe du tronc contient les tissus conducteurs de la sève brute (→ 9). Les racines, avant de mourir, pompent encore un peu d’eau dans le sol, ce qui marque alors la zone d’aubier. Un écoulement de résine peut aussi s’ajouter à la sève et former un bourrelet dur ou collant.


44 Pourquoi la souche pourrit-elle d’abord au centre ?

Le centre est la partie la plus vieille. Le bois s’y fissure finement, ce qui permet à l’humidité et à la pourriture de s’installer, malgré les substances de protection comme les tanins. Par ailleurs, le bas du tronc commence souvent de pourrir avant l’abattage, surtout quand les racines ou le tronc ont été blessés (→ 127).


Les branches plus denses que le tronc

On rencontre parfois des troncs déjà vidés par la pourriture, alors que les branches sont encore présentes à l’intérieur. C’est que le bois de ces dernières est plus dense, donc plus résistant que le bois du tronc.

45 Cette souche est toute rouge (ou toute blanche) !

Cette pourriture est l’œuvre de champignons qui consomment le bois. Celui-ci ressemble, chimiquement parlant, à du béton armé. Les « armatures » sont en cellulose, de couleur blanche, et le « ciment » est composé de lignine, de couleur rouge-brun. Si les champignons consomment la cellulose, le tronc devient rouge car il reste la lignine. S’ils se nourrissent de lignine, le tronc devient blanc, car il reste la cellulose. Découvrez l’odeur de champignon sur le bois en décomposition (→ 127, 273).

46 Qu’est-ce que ces dessins sur le bois ?

En creusant leurs galeries dans l’écorce, certains parasites entament aussi le bois. D’autres s’enfoncent directement vers l’intérieur du tronc (→ 53, 54).


L’Arbre en forêt Ecorce

L’écorce, c’est la peau de l’arbre, à la fois carapace protectrice et système de distribution. Elle protège les tissus internes de la plante contre les agressions de toutes sortes : blessures, dessèchement, attaques de champignons, d’insectes ou d’autres parasites qui se reproduisent à l’intérieur de l’arbre. L’écorce contient et protège aussi le système de transport de la sève élaborée en provenance des feuilles. Ce jus nourricier coule à travers le liber, une mince couche de cellules adossée au bois, et nourrit toutes les parties de l’arbre : branches, fleurs, fruits, tronc, racines.

Chaque espèce d’arbre porte une écorce différente, qui change d’aspect avec les années. Relativement lisse au début, elle se fissure, se craquelle ou se détache en plaque avec le vieillissement de l’arbre. Les bons observateurs peuvent reconnaître les arbres à leur écorce.

47 Comment l’écorce se forme-t-elle ?

Les cellules reproductrices du cambium, tissu situé entre le bois et l’écorce, forment des cernes annuels de bois vers l’intérieur de l’arbre et des cernes de jeune écorce, le liber, vers l’extérieur. Pendant un à deux ans, ce dernier conduira la sève élaborée dans toutes les parties vivantes de l’arbre. Puis, poussé par les nouvelles couches de liber, la jeune écorce s’éloigne chaque année un peu plus du cambium, se durcit, se dessèche, se fissure et devient écorce externe. Une fois exposée aux intempéries, elle commence de s’effriter (→ 7, devinette D).


48 Comment peut-on connaître l’âge d’une écorce ?

 

Il suffit de compter les cernes sur un fragment d’écorce coupé nettement avec un couteau Comme pour les cernes annuels, on commence à la limite du bois, un premier cerne encore humide, un deuxième, etc. Même une écorce fine (érable, hêtre) atteint facilement plus de vingt ans. On compte des dizaines d’années sur l’écorce épaisse du mélèze (→ 7).


49 Pourquoi y a-t-il des écorces lisses, craquelées, fendillées, en plaques … ?

Cela fait partie des secrets de l’évolution. Au cours du temps, chaque espèce s’adapte à sa façon aux facteurs de l’environnement, sur la base de ses dispositions génétiques (→ 67).

Croissance et vieillissement de l’écorce

L’arbre fabrique un nouveau « cerne » d’écorce chaque année. L’ancienne écorce est donc continuellement poussée vers l’extérieur. Comme le pourtour de l’arbre s’agrandit et que rien ne la protège à l’extérieur, l’écorce se dessèche, se fendille, se craquelle et finit pas tomber. Elle est ainsi remplacée au fur et à mesure par de nouvelles couches.

Aspect extérieur de l’écorce âgée :


écorce lissehêtre, charme
détachement en plaquesérable, platane
détachement en écaillesépicéa, sapin
crevasses fines et longuestilleul, frêne
crevasses profondes et longuesmélèze, chêne


50 Qu’est-ce que ces « dessins » sur le tronc ?

Il s’agit le plus souvent de l’emplacement d’anciennes branches. En s’épaississant, le tronc « ingurgite » les restes de branches. Pendant quelques années, il reste une cicatrice sur l’écorce, puis les signes extérieurs disparaissent complètement. Seule reste la trace à l’intérieur du bois (→ 15).


51 D’où vient cette cicatrice qui descend le long du tronc ?

Lorsque la foudre s’abat sur un arbre, elle peut faire éclater le tronc ou se contenter de fissurer l’écorce et le bois, plus ou moins profondément. Il en résulte une longue cicatrice. Il peut aussi s’agir d’une gélivure, moins longue, conséquence de l’éclatement du tronc par très grand froid. Ce phénomène est accompagné d’une véritable détonation (→ 38).


52 Et celui-là, pourquoi pousse-t-il en spirale ?

On parle de la « fibre torse » lorsque les fibres du bois poussent fortement en spirale. Chacun peut observer ce phénomène, très prononcé sur le marronnier et le poirier. Chez les arbres forestiers, cette tendance est aussi présente, quoique moins nette. Les planches en bois à fibres torses se tordent en séchant. Les causes de cette croissance en spirale sont mal connues.


53 Qui a fait tous ces petits trous dans ces écorces ?

Ils sont souvent causés par des bostryches ou des espèces apparentées lorsqu’ils quittent l’écorce. Le pin et l’épicéa semblent intéresser spécialement ces coléoptères, puisque 49 espèces différentes de bostryches recherchent le premier et 37 le second. Il faut être spécialiste pour ne pas se perdre dans cette diversité impressionnante (→ 61).


54 Quel insecte a creusé ces « labyrinthes » sous l’écorce ?

Nous entrons là dans l’intimité de la famille bostryche, un insecte qui pose bien des problèmes dans les forêts résineuses. Les couloirs centraux sont l’œuvre des adultes. C’est là que mère bostryche dépose ses œufs. Il en sort de petites larves très voraces qui creusent les galeries latérales en rongeant l’écorce. On voit à la largeur croissante des galeries que les larves grossissent. Arrivées à leur taille définitive, les larves se transforment en insectes adultes, traversent l’écorce (petit trou) et s’envolent vers un nouvel arbre à parasiter (→ devinette B).


55 Pourquoi l’écorce se détache-t-elle si facilement de ces vieux troncs ?

La zone de contact entre le bois et l’écorce de l’arbre vivant est imbibée de sève. Les champignons envahissent les premiers ces tissus riches en sucres. Puis, toute une microfaune s’adapte à ce milieu humide, sombre et protégé (→ 9, 169).

56 Et cette cavité dans le tronc ?

Les pics creusent le bois tendre ou pourri pour y installer leur nid. Lorsqu’ils abandonnent l’arbre, cet espace inhabité est souvent « squatté » par des sittelles, mésanges, loirs, muscardins ou même par des écureuils (→ 163, 167).


57 Et ces trous alignés autour du tronc ?

C’est aussi le pic, en général le pic épeiche, grand amateur de sève brute au début du printemps. A cette époque, la sève qui monte vers la couronne à travers l’aubier est enrichie en sucres et protéines, car elle transporte les réserves qui ont été stockées durant l’hiver dans le tronc et les racines (→ 9). Lorsque le pic revient trouer année après année l’écorce et le bois à ces endroits, l’arbre blessé réagit en produisant des tissus cicatriciels qui enflent et forment les « anneaux de pics ». Ceux du pin sont bien connus.


58 Cette écorce est enroulée, pourquoi ?

Le dessèchement fait perdre du volume. Sur l’arbre vivant, l’extérieur de l’écorce était déjà sec, l’intérieur encore humide. En séchant, les tissus intérieurs de l’écorce se rétractent et les bords se rapprochent. On peut tester la réaction inverse : posez une écorce sur une casserole d’eau chaude !


59 Les blessures des arbres peuvent-elles guérir ?

Les arbres ne peuvent pas régénérer les tissus blessés comme le font les animaux et l’homme en les remplaçant progressivement. Ils ne peuvent que rejeter ou isoler les tissus nécrosés. Dans le bois blessé, il se forme des zones de séparation entre les parties saines et celles qui sont infestées par des champignons ou des bactéries parasites (→ 295).


L’écorce, peau sensible

Lorsqu’un tronc est blessé, l’écorce se referme lentement sur la blessure et finit par recouvrir la zone atteinte, si celle-ci n’est pas trop étendue. Souvent, la pourriture a le temps de s’installer. Elle peut alors s’étendre à l’intérieur de l’arbre, même si l’écorce recouvre la blessure avec les années. Lorsque l’écorce est enlevée tout autour du tronc, l’arbre est condamné (→ devinette B).


60 Que sont ces marques, ces chiffres en couleur sur le tronc ?

Des chiffres ou des marques en couleur sont apposés sur le tronc par le forestier pour identifier diverses parcelles de la forêt ou pour marquer des limites de propriétés.

Les arbres dont on a enlevé un bout d’écorce sont destinés à être abattus par les bûcherons lors de la saison d’abattage à venir → 279, 288) !


61 Pourquoi écorce-t-on les sapins après l’abattage ?

C’est une mesure de lutte biologique préventive contre l’attaque d’insectes qui recherchent l’écorce pour se reproduire. De plus, en se décomposant sur place, l’écorce enrichit le sol de la forêt en substances nutritives (→ 53, 214).

L’Arbre en forêt Branches

Si les troncs sont les piliers de la forêt, les branches en sont la charpente. Elles occupent un espace considérable et donnent à l’arbre sa silhouette particulière. Terminées par les pousses de l’année, elles portent les feuilles ou les aiguilles, capteurs solaires et « usines à sucres ». Les branches des arbres, se touchant les unes les autres, délimitent un espace protégé où se développe ce climat particulier qui caractérise la forêt : un milieu où il fait bon pénétrer, à l’abri du bruit, des poussières, loin de l’agitation ambiante ou de ses soucis quotidiens.

62 Cet arbre n’a aucune branche sur un côté !

Il avait probablement un voisin autrefois. En grandissant si proches les unes des autres, les branches situées entre les deux arbres ont manqué de lumière et ont séché. Par contre, sur le côté opposé, les branches se sont fortement développées (→ 93, 264).


63 Pourquoi toutes ces branches sèches dans la couronne ?

Sur un résineux, de nombreuses branches sèches peuvent trahir l’œuvre d’un insecte ou d’un champignon parasite. Chez les feuillus, c’est un symptôme typique de la graphiose de l’orme et du chancre du châtaignier, deux dangereuses maladies transmises par des champignons (→ 127).


Chancre du châtaignier

Les châtaigniers l’ont échappé belle ! Attaqués par des champignons vivant sous l’écorce, ils séchaient par milliers au début des années 1960. Heureusement, ces parasites ont été affaiblis par des virus et les châtaigniers ne disparaîtront pas, comme on a pu le craindre au début de l’épidémie. Les châtaigneraies sont cependant menacées pour d’autres raisons

(→ 275).


Graphiose de l’orme

Depuis les années 1920, et surtout ces dernières dizaines d’années, les ormes adultes sèchent en grand nombre. Le responsable direct est un champignon dont les filaments bouchent les canaux conducteurs de l’eau dans le bois ; le responsable indirect est un petit insecte (scolyte de l’orme) qui transporte avec lui des spores du champignon. Autrefois, ce dernier n’était pas dangereux, mais des souches agressives sont apparues. Il faut espérer que des arbres résistants vont apparaître et se multiplier. Des programmes de conservation de graines ont été lancés afin de préserver la diversité génétique des ormes.


64 Pourquoi cette branche est-elle creuse ?

C’est une branche de sureau. La moelle qui occupait le centre a disparu rapidement lorsque la branche a séché. Vous trouverez peut-être l’arbuste à proximité. Si sa moelle est blanche, il s’agit du sureau noir. Si la moelle est rousse, c’est le sureau rouge (→ clé d’identification).


65 Qui a rongé ces branches ?

Voit-on les marques de dents ? Si les traces de dents sont fines, il s’agit de petits rongeurs, tels que les mulots et les campagnols. Plus larges, elles sont l’œuvre de l’écureuil, du lièvre, du chevreuil. Au bord d’un cours d’eau, il peut s’agir du castor (→ 41, 86).


66 Et là-haut sur cette branche, c’est un nid ?

Attention, c’est un balai de sorcière. On raconte que les sorcières les enfourchaient pour leurs danses nocturnes … Il s’agit en fait d’une prolifération de rameaux, réaction de la branche à l’infection de champignons ou provoquée parfois par une mutation dans les bourgeons (→ 75).


Les arbres préférés des sorcières

Les sapins blancs, les bouleaux, les pins et les merisiers (cerisiers sauvages) portent souvent des balais de sorcières. L’aulne noir, le charme et l’épicéa en ont parfois, le hêtre, l’érable ou le mélèze rarement. Le champignon qui cause l’apparition des balais de sorcières sur les branches du sapin blanc provoque aussi un grave défaut de croissance sur la tige (→ 20).

67 Pourquoi certaines plantes ont-elles des épines ?

La véritable origine de cet équipement… fait partie des mystères de l’évolution des êtres vivants. Au fil des générations, de nouvelles dispositions génétiques apparaissent : certaines subsistent parce qu’elles apportent des avantages à la plante. D’autres changements génétiques disparaissent parce qu’ils sont inutiles ou parce que les individus porteurs ne survivent pas.


Epines et aiguillons

Les églantiers, les framboisiers et les ronces portent des aiguillons, sans bois. Les prunelliers, les aubépines ou les nerpruns portent des épines droites et pointues, reliées au bois des rameaux. Cet équipement provient de la transformation de feuilles ou de rameaux au cours de l’évolution.

68 Pourquoi n’avons-nous pas d’arbres épineux comme dans les savanes ?

Quel que soit le continent où ils poussent, les arbres s’adaptent aux conditions locales. Dans les savanes, les arbres à épines ont plus de chances de survivre à l’appétit des grands herbivores comme les antilopes. L’apparition d’épines est aussi une adaptation à la sécheresse qui vise à freiner la transpiration.


Un «acacia» européen

Il existe en Europe un « acacia » épineux maintenant très répandu : le robinier faux-acacia. Il est originaire d’Amérique du Nord et le premier exemplaire introduit en Europe a été semé en France par un certain Robin, jardinier du Roi, en 1601. Cet arbre vit toujours au Jardin des Plantes à Paris, où il a été transplanté en 1632. Apprécié comme arbre d’ornement et planté sur les terrains incultes (remblais, talus…), le robinier se répand maintenant de façon autonome un peu partout. Il est fréquent le long des routes et des voies de chemin de fer.

69 Quelle forme bizarre sur cette branche !

C’est une galle, réaction de la plante à l’action d’un parasite, souvent des insectes ou des araignées, mais aussi des virus ou des champignons. La tige, la branche, la feuille ou le bourgeon agressés fabriquent un tissu qui va abriter et nourrir le parasite ou sa descendance. La larve y est à l’abri et se nourrit de la sève et des tissus des parois (→ 108, 109).


Maisons végétales individuelles

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