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Les enfants des bois

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III

Voyage des Anglais et des Hollandais au Cap de Bonne-Espérance. – Fondation de la colonie. – Hostilités avec les Indigènes.



A la fin du seizième siècle et au commencement du dix-septième, les Anglais et les Hollandais commencèrent à faire escale au cap de Bonne-Espérance. Le capitaine Raymond y relâcha en 1591; le chevalier de Lancastre en 1601; Henri Middleton en 1604 et 1610; Davis et Michelburn en 1605. Les auteurs anglais assurent même que deux officiers de leur nation, Humphrey Fitz-Hubert et Andrew Schillinge, prirent possession de la contrée, le 3 juillet 1620, au nom du roi Jacques 1

e

.



Les bâtiments de la compagnie hollandaise des Indes orientales, constituée vers l'an 1600, explorèrent le Cap à plusieurs reprises. L'amiral Georges Spielberg, parti de Veer en Zélande avec trois vaisseaux, le 5 mai 1601, mouilla, au mois d'octobre de la même année, dans la baie du Cap, et la nomma baie de la Table, à cause de la haute montagne qui la domine, et dont le sommet est un vaste plateau horizontal. Un autre voyage fut entrepris en 1604; on essaya de lier des relations avec les Hottentots mais ils inspirèrent aux Hollandais comme aux Portugais une insurmontable répugnance. Comment s'entendre avec des êtres qui, suivant la relation qui nous a été laissée de ce voyage, «gloussaient comme des coqs d'Inde?» Les habitants du Cap, dit Van Rechteren, qui les visita en 1629, mènent une vie si déréglée qu'elle approche de celle des bêtes. Tout ce qu'ils mangent est cru: chair, poisson, entrailles, peaux, ils dévorent tout dès que les bêtes sont mortes. Ils vont nus, hommes et femmes n'ayant qu'un petit morceau de peau, pas plus large que la main, pour se couvrir. Il ne paraît pas qu'il y ait parmi eux aucune loi, ni police, ni religion.»



Ce ne fut qu'en 1648 que Jean-Antoine Van Riebeck, chirurgien d'une flotille hollandaise, conçut l'idée de fonder au Cap une colonie. Il avait remarqué que les indigènes, malgré leur physionomie hideuse et leur civilisation rudimentaire, avaient des mœurs beaucoup plus douces qu'on ne le supposait. Il présenta une requête à la compagnie hollandaise des Indes, qui mit à sa disposition trois navires, tandis que les Etats généraux lui conférèrent le titre de gouverneur général.



En arrivant au Cap, Van Riebeck s'aboucha avec les sauvages qu'on réputait si terribles, leur distribua des marchandises dont la valeur totale s'élevait à quinze mille florins, et en obtint la concession du territoire compris entre la baie de Saldanna et la baie de Nissel, avec la facilité de s'étendre fort avant dans l'intérieur du pays.



Van Riebeck n'occupa d'abord que les environs de la baie de la Table, au fond de laquelle fut assise la ville nouvelle, avec un fort pentagonal pour la protéger. Quoique les colons fussent encore en petit nombre, il créa une administration complète, composée d'un grand conseil, d'un collége de justice, d'un tribunal secondaire, d'une cour des mariages, d'une chambre des orphelins et d'un conseil ecclésiastique.



Une concession de soixante acres de terre fut offerte à quiconque voudrait s'établir dans la colonie, avec droit de propriété et de succession, à la condition que, dans l'espace de trois ans, il se mettrait en état non-seulement de subsister sans secours, mais encore de contribuer à l'entretien de la garnison. La compagnie n'exigea d'abord des cultivateurs aucune redevance; elle leur fournit même à crédit des bestiaux, des semences, des instruments aratoires. Elle leur donna des femmes qui furent recrutées dans les communautés d'orphelines et autres maisons de charité. Enfin, on accorda aux nouveaux habitants la liberté de disposer de leurs terres au bout de trois ans, s'ils étaient tentés de revenir en Europe.



Ces avantages séduisirent un grand nombre d'aventuriers, auxquels il ne fut pas, toutefois, permis d'en jouir en paix. Les indigènes s'inquiétèrent de l'invasion des Européens, et commencèrent à la combattre. Les Hottentots, que les Hollandais appelaient

Kaapmans

 (hommes du Cap), vivaient en bonne intelligence avec les colons, mais les Bosjesmans (hommes des bois ou des taillis), repoussant toute alliance avec l'étranger, rôdaient sur les frontières, surprenaient les habitations et y portaient le meurtre et l'incendie. Ils avaient soin de choisir pour leurs expéditions les temps de pluie et de brouillard, tant parce qu'ils dissimulaient mieux leur marche, que parce qu'ils avaient remarqué que les armes à feu étaient moins redoutables. Leurs déprédations redoublèrent en 1659, sous la direction de deux chefs, Garahinga et Homoa. Ce dernier, que les Hollandais nommaient Doman, avait passé cinq ou six ans à Batavia, et depuis son retour au Cap avait longtemps vécu dans la ville, mais il avait disparu tout à coup, et on le revit à la tête d'une bande nombreuse de ses compatriotes, auxquels il enseigna le maniement des armes à feu.



La guerre avait éclaté au commencement de mai. Dans le courant d'août, une chaude escarmouche s'engagea entre des cavaliers hollandais et des Hottentots, dont l'un, nommé Epkamma, eut la jambe fracassée et la gorge percée d'une balle. On le transporta mourant au fort, et on lui demanda quels motifs avait sa nation pour attaquer les Hollandais.



– Pourquoi, répondit-il, avez-vous semé et planté nos terres? Pourquoi les employez-vous à nourrir vos troupeaux, et nous ôtez-vous ainsi notre propre nourriture? Si nos tribus vous font la guerre, c'est pour tirer vengeance des injures qu'elles ont reçues. Pouvons-nous souffrir qu'il nous soit interdit d'approcher des pâturages que nous avons si longtemps possédés? Pouvons-nous souffrir que, sans se croire obligés à la moindre reconnaissance envers nous, des usurpateurs se partagent nos domaines? Si vous aviez été traités de la sorte, que feriez-vous?



Epkamma ne succomba qu'au bout de six jours à ses blessures. Voyant les Hollandais animés de dispositions pacifiques, il leur conseilla de s'adresser à Gogasoa, konquer auquel obéissaient les Garinhaiquas. L'avis parut bon à suivre; mais une première démarche fut inutile, et jusqu'à la fin de l'année les habitations furent saccagées, les fermiers massacrés, les bestiaux enlevés presque à la vue du fort.



Cependant un revirement subit s'opéra dans les dispositions des Hottentots. Au mois de février 1660, un chef de kraal, nommé Khery, accompagné de Kamsemoga, qui avait vécu quelque temps parmi les Européens, vint au Cap avec une suite nombreuse. Il demanda que les relations fussent rétablies entre les tribus et les colons, et pria le gouverneur d'accepter treize bœufs et vaches comme gage d'amitié. Il fut convenu que les Hollandais restreindraient leurs défrichements au terrain que l'on pouvait parcourir en trois heures à partir du fort. Peu de jours après, Gogasoa, konquer des Garinhaiquas, fut amené par Khery, et confirma le traité, qui fut fidèlement observé pendant plusieurs années.



IV

Fondation des districts de Stellenboschen et Drakenstein. – Protestants français établis au Cap. – District de Waweren. – Opinion de Georges Anson sur la colonie.



En 1679, Simon Van der Stell, dixième successeur de Van Riebeck, sans chercher à empiéter sur le territoire des Hottentots, entreprit le défrichement d'une contrée boisée, qui forma le district de Stellenboschen. Van der Stell entretint de bonnes relations avec les indigènes; mais il essaya vainement de faire pénétrer chez eux les lumières de la civilisation occidentale. Il avait recueilli un jeune Hottentot, qu'il fit élever dans la religion chrétienne, et auquel il donna des maîtres de toute espèce. L'enfant apprit plusieurs langues, et dès son adolescence, il put être utilement employé par un agent de la Compagnie dans un des comptoirs de l'Inde. Cet agent étant mort, le jeune commis revint au Cap, et aussitôt après son arrivée reprit le chemin du kraal de ses pères. Dès qu'il y fut, ses instincts se réveillèrent; il jeta son costume d'emprunt pour endosser le kaross de peau de mouton. Il retourna au fort, et remettant ses anciens habits à Van der Stell: – Monsieur, lui dit-il, je renonce pour toujours au genre de vie que vous m'aviez fait embrasser; ma résolution est de suivre jusqu'à la mort la religion et les usages de mes ancêtres; je garderai en mémoire de vous le collier et l'épée que vous m'avez donnés: mais trouvez bon que j'abandonne tout le reste.



Sans attendre la réponse du gouverneur, il s'enfuit, et on ne le revit plus.



Simon Van der Stell avait été desservi auprès de la Compagnie hollandaise des Indes et des Etats généraux de Hollande. Il fut maintenu dans son poste, grâce aux démarches du baron Van Rheeden, seigneur de Drakenstein, dans la Gueldre. En reconnaissance, Van der Stell donna le nom de Drakenstein à un nouveau district qui fut peuplé par des ouvriers, la plupart allemands, au service de la Compagnie. Des terres y furent distribuées, en 1675, à des protestants français réfugiés, qui y introduisirent avec succès la culture de la vigne.



D'après la relation du capitaine anglais Cowley, qui relâcha au Cap en juin 1686, la ville du Cap (Kaapstad) n'avait qu'une centaine de maisons, auxquelles on avait donné peu d'élévation, afin de les soustraire à la fureur des ouragans.



François Leguat, protestant, chassé de France par la révocation de l'édit de Nantes, visita le Cap en 1691. La capitale de la colonie était alors un bourg d'environ trois cents maisons, bâties en pierres et tenues avec une propreté hollandaise. Les rues étaient tirées au cordeau. Le gouverneur logeait, avec cinq cents hommes de garnison, dans un fort pentagonal construit à droite de la baie. Le jardin de la Compagnie, entretenu avec soin, avait des allées d'orangers et de citronniers. On y avait acclimaté différentes espèces d'arbres fruitiers d'Europe, tels que les poiriers, les pommiers, la vigne, le coignassier, le pêcher, l'abricotier.

 



François Leguat ne négligea pas de rendre visite à ses coreligionnaires expatriés. «A dix lieues du Cap, dans les terres, il y a, dit-il, une colonie qu'on appelle Draguestein. Elle est d'environ trois mille personnes, tant Hollandais que Français, protestants réfugiés. Lorsque nos pauvres frères du Cap eurent formé le dessein de s'aller établir dans ce pays, on les gratifia en Hollande d'une somme considérable, pour les mettre en état de faire le voyage; on les transporta sans qu'il leur en coûtât rien; et quand ils furent arrivés, on leur donna autant de terre qu'ils en voulaient. On leur fournit aussi des instruments d'agriculture, des vivres et des étoffes; tout cela sans tribut annuel et sans intérêts: mais à condition de rembourser quand ils en auraient acquis les moyens. On fit aussi une collecte considérable pour eux à Batavia, et cette somme leur a été distribuée à proportion de leurs nécessités.



»Nos réfugiés font travailler les Hottentots à la moisson, à la vendange et à tout ce qu'ils veulent, pour un peu de tabac et du pain. Comme ils ont permission de chasser, la nourriture ne leur coûte presque rien. Il n'y a que le bois qui est un peu rare, mais cela ne tire pas à grande conséquence, parce que le climat étant chaud, il ne faut du feu que pour la cuisine. Chacun peut bien penser que n'y ayant point de commencements sans quelques difficultés, ces bonnes gens ont eu de la peine d'abord; mais ils ont été très-charitablement secourus; et enfin Dieu a si bien béni leur labeur, qu'ils sont généralement tous à leur aise. Il y en a même qui sont devenus riches.



»Un de ces réfugiés, nommé Taillefer, né à Château-Thierry, fort honnête homme et homme d'esprit, a un jardin qui peut assurément passer pour beau. Rien n'y manque, et tout est d'un ordre, d'une symétrie et d'une propreté charmante. Il a aussi une basse-cour bien remplie, et une grande quantité de bœufs, de moutons et de chevaux, qui, à la manière du pays, paissent toute l'année dehors, et y trouvent abondamment leur nourriture, sans qu'il faille faire provision de foin, ce qui est extrêmement commode. Ce galant homme reçoit parfaitement bien ceux qui vont le voir, et il les régale à merveille. Son vin est le meilleur du pays, et approche de nos petits vins de Champagne.



»A mettre tout ensemble, il est certain que le Cap est un charmant refuge pour les pauvres protestants français. Ils y goûtent paisiblement leur bonheur, et vivent dans une heureuse société avec les Hollandais, qui sont, comme on sait, d'un humeur franche et bienveillante.»



En 1701, sous l'administration de Guillaume Van der Stell, fut créé un quatrième district, qui prit le nom de la famille Waweren, d'Amsterdam, à laquelle le gouverneur était allié. Ces districts, isolés d'abord par la difficulté des communications, se rapprochèrent par degrés les uns des autres. Les cultures s'étendirent; les grands établissements ruraux se multiplièrent; le commerce se développa. La colonie jouissait d'une grande prospérité lorsque l'amiral anglais Georges Anson, pendant son voyage autour du monde, mouilla dans la baie de la Table, le 11 mars 1744. «Les Hollandais, dit-il, n'ont pas dégénéré de l'industrie naturelle à leur nation, et ils ont rempli le pays qu'ils ont défriché de productions de plusieurs espèces, qui y réussissent pour la plupart mieux qu'en aucun lieu du monde, soit pour la bonté du terrain, soit à cause de l'égalité des saisons. Les vivres excellents qu'on y trouve et les eaux admirables, rendent cet endroit le meilleur lieu de relâche qui soit connu pour les équipages fatigués par des voyages de longs cours. Le chef d'escadre y resta jusqu'au commencement d'avril, et fut charmé des agréments et des avantages de ce pays, de la pureté de l'air et de la beauté du paysage; tout cela animé, pour ainsi dire, par une colonie nombreuse et policée.»



Chaque district était administré par un landdrost (intendant de la terre), avec l'assistance de hemraaden ou conseillers. Chaque canton avait pour chef un

veld-cornet

, titre que nous avons traduit par porte-drapeau, faute de meilleur équivalent. Ce magistrat civil et militaire remplissait des fonctions municipales, et commandait la milice bourgeoise quand elle était appelée à marcher contre les Bosjesmans.



Le district de Zwellendam fut établi en 1770; et celui de Graaf-Reinet formé en 1786, par le gouverneur de Van der Graaf.



V

Colonie du Cap depuis 1789. – Occupation du Cap par les Anglais. – Etat actuel. – Villes principales. – Détails topographiques.



A l'époque de la révolution française, la colonie du Cap était assez puissante pour songer à s'affranchir de la métropole. Elle travaillait à se constituer en république indépendante, lorsqu'en 1795, une flotte anglaise parut dans la baie False. Un détachement du 78

e

 régiment et un corps de marins débarquèrent sous les ordres du général Craig, s'emparèrent de plusieurs points fortifiés, et s'y maintinrent jusqu'à l'arrivée d'un corps d'armée considérable, amené par sir Alured-Clarke. Les colons capitulèrent, et les Anglais occupèrent sans coup férir Kaapstad, qui devint Cape-Town. Pour se concilier les vaincus, ils s'attachèrent à leur assurer les bienfaits d'une bonne administration; et quand, en vertu du traité d'Amiens, la colonie fut rendue aux descendants de ceux qui l'avaient fondée, le trésor public avait un excédant de recettes d'environ trois cent mille rycksdales.



Des forces navales, commandées par sir David Baird et sir Howe Popham, reconquirent Cape-Town en 1804.



En 1806, le vaisseau le

Marengo

 et la frégate la

Belle-Poule

, sous les ordres du contre-amiral Lincis, croisèrent vainement dans les parages du Cap en cherchant l'occasion d'en chasser les Anglais. L'occasion ne se présenta pas, et, sacrifiant le plus faible au plus fort, les puissances signataires des traités de 1815 n'hésitèrent pas à dépouiller la Hollande au profit de la Grande-Bretagne. Les

boors

 ou cultivateurs hollandais opposèrent une héroïque, mais stérile résistance à la domination qu'on leur infligeait.



La colonie du Cap comprend actuellement environ 14,800 lieues carrées géographiques. Elle se compose des districts du Cap, de Graaf-Reinet, d'Albany, de Sommerset, de Woicester, de Zwellendam, de George, de Beaufort, de Stellenbosh, de Clanwilliam, et d'Uitenhagen. La population est évaluée à plus de deux cent mille âmes, dont cent mille blancs, soixante mille noirs ou mulâtres affranchis, trente mille Hottentots et dix mille Malais.



Cape-Town, capitale de la colonie, compte environ cinquante mille habitants. Toutes les principales puissances de l'Europe y ont des consuls, et la ville est dotée de toutes les institutions des grandes cités européennes. On y a créé, en 1829, un collège où l'on enseigne le latin, le grec, l'anglais, l'allemand, le français, les mathématiques, l'astronomie, le dessin, etc. Cape-Town possède encore plusieurs églises protestantes, une cathédrale catholique, un temple de francs-maçons hollandais, une riche bibliothèque, un observatoire, un jardin botanique. La société littéraire et scientifique de l'Afrique méridionale a fondé à Cape-Town un muséum d'histoire naturelle qu'enrichissent sans cesse d'infatigables travaux. Le mouvement intellectuel de la colonie est attesté par de nombreuses associations bibliques, médicales, agricoles, philanthropiques, et par la publication de plusieurs journaux politiques, scientifiques ou littéraires.



Une bourse, une chambre de commerce, la banque du cap de Bonne-Espérance, la banque de l'Afrique méridionale, les banques coloniales de l'Union, de l'Epargne, témoignent de l'activité commerciale de ce riche pays. Des laines brutes, de l'ivoire, des plumes d'autruche, des cuirs, des peaux de léopard et de lion, du guano, de l'aloès, des vins blancs, dit madères du Cap, sont ses principaux objets d'exportation.



La ville est régulière, bien bâtie et éclairée au gaz. La baie du Cap (

Table-bay

), fermée d'un côté par une chaîne de montagnes et de l'autre par une langue de terre, semble devoir être un asile sûr; mais d'impétueuses rafales y harcellent les vaisseaux et les poussent parfois à la côte. En définitive, le roi Jean II a imposé au Cap une qualification moins convenable que celle que Barthélémy Diaz avait adoptée.



Les autres villes remarquables de la colonie sont Graham's-Town, chef-lieu du district d'Albany; Constance, dont les vins sont célèbres; Simon's-Town, sur la baie False, station navale commandée par un commodore, et où les navires trouvent pendant l'hiver un abri contre les vents du nord-ouest.



Le chef-lieu du district de Graaf-Reinet est situé à cinq cents milles (640 kilomètres) du Cap, sur les bords de la Rivière Sondag. Barrow, secrétaire particulier de lord Macartney, gouverneur du Cap en 1797, a laissé la plus triste description de cette localité, où il se rendit pour réinstaller le landdrost, que les boors avaient chassé. «Ce n'est, dit-il, qu'un assemblage de huttes de terre isolées, rangées en deux files, et laissant entre elles une espèce de rue. A l'un des bouts est la maison du landdrost, dont l'architecture n'a rien de brillant. Les cabanes qu'on avait construites pour y placer les bureaux de l'administration tombent en ruines, ou sont tout à fait écroulées. La prison est également construite en terre et couverte en chaume; mais cet édifice est si peu convenable à l'usage auquel on le destine, qu'un déserteur anglais qu'on y avait enfermé s'échappa pendant la nuit en passant au travers du toit.



Les hôtes qui habitent ces masures ont des visiteurs fort incommodes: ce sont d'une part des termès ou fourmis blanches, qui minent le plancher d'argile et dévorent tout ce qu'elles rencontrent, excepté le bois; et d'un autre côté des chauves-souris, qui, cachées pendant le jour, envahissent pendant la nuit les habitations. Il n'est pas possible d'y conserver de la lumière.



»Le village de Graaf-Reinet n'est guère habité que par des ouvriers ou par des employés subalternes du landdrost. Son aspect est plus misérable que celui de la dernière bicoque de France ou d'Angleterre. On ne peut s'y procurer qu'avec une difficulté extrême les choses les plus nécessaires à la vie. Les habitants n'ont ni vin ni bière; ils sont réduits à boire de l'eau. Ce n'est pas la terre qui manque, mais l'industrie pour la cultiver.»



Les progrès considérables accomplis depuis 1797 jusqu'en 1856 ont complètement transformé Graaf-Reinet. C'est maintenant une jolie ville, dont les maisons ne manquent pas d'élégance, et dont les environs sont couverts de riches établissements agricoles.



Graaf-Reinet, comme tous les autres districts, est en rapport journalier avec Cape-Town. Les journaux et les correspondances circulent rapidement dans toute la colonie. La poste est desservie par les boors établis près des grandes routes, à l'aide de leurs domestiques hottentots, et moyennant une indemnité proportionnelle à la distance parcourue.



Les routes de la colonie sont bien entretenues, et il faut qu'elles le soient pour résister au passage de grands véhicules comme celui où voyage et loge la famille Von Bloom. La description qu'en fait Mayne Reid n'a rien d'ailleurs d'exagéré; en voici une qui la corrobore en tout point. «C'est un spectacle curieux, dit M. Jacques Arago, que de voir un Cafre ou un Hottentot, serviteur d'un colon, et conduisant un de ces immenses chariots chargés de provisions, de meubles et même de petites pièces de canon, de la ville à une maison de campagne, ou d'une petite plantation au grand marché de la ville. Dix-huit buffles, attelés deux par deux, conduisent la lourde machine roulante; un coureur les précède; ils vont au galop; mais ce qu'il faut admirer surtout, c'est la merveilleuse adresse du conducteur, du cocher principal, assis en avant du chariot, armé d'un fouet dont le manche n'a pas plus de deux pieds, et la lanière pas moins de soixante. Il stimule les quadrupèdes, et atteint, dès qu'un frissonnement de ceux-ci l'indique, la mouche qui les harcèle. Au premier ou au second coup, l'insecte importun est écrasé sur la bête. L'automédon africain qui manquerait trois fois sa victime serait déclaré indigne de conduire ces immenses voitures, dont nos omnibus ne donnent qu'une imparfaite idée.»



Le sol de la colonie du Cap est très-accidenté; elle est coupée par plusieurs chaînes de montagnes élevées qui s'étendent de l'est à l'ouest, à l'exception d'une seule qui se dirige au nord, en suivant la côte occidentale.



La première grande chaîne de l'est à l'ouest est bordée d'une plaine longue de dix à trente milles, dentelée par plusieurs baies et arrosée d'un grand nombre de ruisseaux. La terre en est riche, et le climat égal et doux à cause de la proximité de l'Océan.



La deuxième chaîne est celle des Zwaarte-Bergen ou montagnes noires, plus élevée et plus âpre que la chaîne précédente, dont elle est séparée par un espace de dix à vingt milles. Cet espace contient certaines parties fertiles et bien arrosées; mais elle offre en général des collines stériles et des plaines argileuses que les colons appellent

karoos

.

 



La troisième chaîne est celle des Snieuwveld's-Bergen (monts des champs de neige). Entre ces montagnes et la deuxième chaîne est le grand Karoo ou désert, haute terrasse large de quat