Trésor du Dharma

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Karma contaminé et Karma non contaminé

Karma veut donc dire action. Un Karma corporel est une action du corps, un Karma verbal une action de la parole, un Karma mental, une action de l’esprit, une pensée. Les actions sont ici considérées non pas du point de vue de l’activité proprement dite, mais au regard de leurs effets qui définissent leur nature favorable vertueuse, ou défavorable non-vertueuse. Il existe par ailleurs deux sortes de Karmas : le Karma contaminé (samsarique) et le Karma non contaminé (non samsarique). Le premier est celui que nous créons et dont les résultats éclosent à l’intérieur du cycle des existences, le Samsara. Quant aux effets du Karma non-contaminé, ils s’épanouissent hors du cycle des existences. Ce Karma non contaminé, non samsarique, est produit par les Arya, littéralement, les êtres supérieurs, qui sont des individus ayant atteint le stade très élevé de la réalisation directe de la vacuité (Chounyata, la vérité ultime). Le Karma contaminé comprend le Karma vertueux, favorable, et le Karma non vertueux, défavorable. Tout Karma accompli à l’intérieur de la sphère d’existence qu’est le Samsara est contaminé du fait de l’absence de réalisation de la nature ultime, profonde, des phénomènes. Le Karma contaminé vertueux engendre le bonheur à l’intérieur du cycle des existences, et le Karma contaminé non vertueux y est cause de souffrances. Ce qu’il nous faut éliminer à présent, c’est le Karma contaminé non vertueux puisqu’il est la cause de la souffrance que nous voulons éviter; et, pour nous y opposer, nous avons besoin du Karma contaminé vertueux. Nous n’avons pas, à présent, la faculté de produire des Karmas non contaminés. C’est seulement en accumulant petit à petit des Karmas contaminés vertueux, par le corps, la parole et l’esprit, par la générosité, la compassion, etc. que nous arriverons un jour à réaliser directement la nature des phénomènes, leur vérité profonde. Nous atteindrons alors le rang d’Arya, et produisant alors exclusivement des Karmas non contaminés, nous pourrons éliminer totalement les facteurs perturbateurs de l’esprit, causes de souffrance. Il est donc faux de dire que tous les Karmas nous maintiennent dans le Samsara et il convient de distinguer les Karmas non contaminés des Karmas contaminés. S’il est vrai que le Karma contaminé nous fait renaître dans le cycle des existences, pour l’instant, nous avons besoin, pour progresser, de produire des Karmas contaminés vertueux jusqu’au moment où notre niveau élevé de réalisation nous permettra de dépasser les Karmas contaminés et de ne créer que des Karmas non contaminés. Par exemple, lorsque nous voulons prendre l’avion, nous avons besoin, pour y accéder, d’emprunter une passerelle. Mais, lorsque nous sommes installés à l’intérieur et que l’avion décolle, la passerelle ne nous sert plus à rien. L’avion est semblable au Karma non contaminé, au Karma des Arya, et la passerelle est comparable au Karma contaminé vertueux et il serait faux de prétendre qu’il est inutile, sous prétexte qu’il nous fait renaître dans le cycle des existences, puisque nous en avons besoin pour accéder au Karma non contaminé.

Le Karma n’est pas une force extérieure à nous-mêmes. Il est constitué par nos propres actions. Si nous tuons, volons, mentons..., en résultat, nous aurons ultérieurement à souffrir, dans cette vie ou les suivantes. Au contraire, si nous sommes honnêtes, bienveillants, généreux, patients, dès cette vie, mais surtout dans les suivantes, nous récolterons les résultats positifs de ces attitudes nobles. Nous allons clore ici les explications concernant le Karma. Il a déjà été mentionné que les Karmas les plus facilement et rapidement accumulés, et donc les plus nombreux, sont les Karmas mentaux. Parce qu’ils sont directement induits par notre manière de penser, nous allons étudier à présent le fonctionnement de l’esprit.

Les Facteurs Mentaux

De manière générale, on peut considérer qu’il existe deux sortes de sciences, la science extérieure qui se préoccupe des phénomènes extérieurs, et la science intérieure, qui a pour champ d’investigation les phénomènes intérieurs tels que la nature de l’esprit. Au vu de l’évolution des connaissances scientifiques de l’Occident, on peut envisager un enrichissement de la science occidentale par la science bouddhiste de l’esprit et inversement. La science bouddhiste intérieure et la psychologie occidentale pourraient tout aussi bien bénéficier d’un apport réciproque. Quoi qu’il en soit, ce qui importe à présent, c’est que les enseignements que vous allez entendre vous permettent de bien comprendre le fonctionnement de votre esprit.

On pourrait comparer les opérations de l’esprit au vol d’un avion. L’avion monte, descend, va tout droit, vire à droite ou à gauche... Pour en déterminer la trajectoire et l’altitude, le pilote dispose d’un certain nombre de commandes, d’instruments, de boutons, de contrôles... qu’il lui appartient d’actionner. De la même manière, les orientations de l’esprit et sa perception des objets sont fonction d’un certain nombre de ses éléments constitutifs : les facteurs mentaux. Ces facteurs mentaux sont des parties de l’esprit. Ils lui sont associés et permettent son fonctionnement cohérent et intégral. Ils sont très nombreux, mais peuvent être ramenés à un ensemble de cinquante et un facteurs mentaux. Certains d’entre eux vont accompagner toutes les opérations de l’esprit, quel qu’en soit l’objet. D’autres ne seront associés qu’à la perception de certaines catégories d’objets, les facteurs mentaux vertueux se trouvant associés à la création de Karmas vertueux, favorables, et les facteurs mentaux négatifs, non vertueux, à la création de Karmas non vertueux, défavorables.

On dénombre ainsi : cinq facteurs omniprésents, cinq facteurs déterminants, onze facteurs vertueux, six facteurs perturbateurs de base, vingt facteurs perturbateurs secondaires et les quatre facteurs changeants.

L’esprit est donc constitué par la conscience principale et les facteurs mentaux. Vous êtes à présent assis en train d’écouter l’enseignement : ce qui réfléchit, analyse, c’est la conscience principale. C’est elle qui perçoit les objets, comprend le sens, engrange les informations dans la mémoire, se souvient des choses du passé, envisage l’avenir... De nombreux opérateurs concomitants interviennent dans son fonctionnement : ce sont les facteurs mentaux.

Les cinq facteurs omniprésents

1 L’intention

C’est elle qui met l’esprit en mouvement, l’oriente vers un objet, lui donne une impulsion.

2 L’attention

Ce facteur mental a pour fonction de fixer la conscience principale sur un objet spécifique. Il est comparable au volant qui nous permet de diriger une voiture. Si nous ne pouvions pas intervenir sur la direction, le véhicule serait sans contrôle, irait dans tous les sens et serait incapable de maintenir une orientation précise. C’est grâce à ce facteur mental que nous percevons un objet particulier, sans le confondre avec un autre, que nous pouvons individualiser une personne dans une foule, que nous pouvons fixer l’esprit sur tel objet et non sur tel autre.

3 Le contact

Le contact surgit de la rencontre entre la conscience, l’organe sensoriel et l’objet. Il prépare la conscience à l’expérimentation d’une sensation plaisante, déplaisante ou neutre.

4 La sensation

Elle est directement induite par le contact. Elle est caractérisée par des expériences plaisantes, déplaisantes ou neutres, dépendantes du contact avec des objets respectivement agréables, désagréables ou neutres.

5 L’identification

C’est le facteur mental qui reconnaît l’objet, l’identifie, le désigne de façon non erronée, reconnaît le blanc, le rouge... Si nous nous trouvons dans une prairie parsemée de fleurs, c’est ce facteur mental d’identification qui reconnaît et désigne chaque fleur.

Ces cinq facteurs mentaux sont associés à toutes les opérations de l’esprit. L’extrême rapidité de leur intervention fait qu’il nous est impossible de différencier leur fonction d’auxiliaire de la perception, de la perception proprement dite de l’objet par la conscience principale. En l’absence de l’un quelconque de ces cinq facteurs omniprésents, ou en cas de dysfonctionnement de l’un d’entre eux, aucune opération normale de l’esprit n’est possible. Ces cinq facteurs omniprésents ne sont pas seulement associés à la conscience mentale, mais ils participent à toutes les perceptions des consciences sensorielles, qu’il s’agisse de conscience visuelle, olfactive, auditive, tactile ou gustative.

Tous les facteurs mentaux sont, en quelque sorte, des parties de l’esprit. Même si cela vous semble complexe, il est important que vous essayiez de bien comprendre leur rôle et celui de la conscience principale.

Les cinq facteurs déterminants

1 L’aspiration

Par l’effet de ce facteur mental, ayant perçu un objet qui nous semble attrayant, nous désirons le posséder et recherchons les moyens d’y parvenir. Par exemple, si nous savons que notre terrain recèle un trésor, nous allons aspirer à le trouver; ou dans un tout autre domaine, hier, vous avez suivi l’enseignement et, si vous y avez trouvé un grand intérêt, vous aspirez à l’écouter de nouveau. Telle est l’aspiration. Nous n’aurons aucune difficulté à illustrer le rôle de ce facteur mental par d’autres exemples.

2 Le penchant

Il consiste, après avoir appréhendé un objet de façon correcte, à émettre un jugement positif le concernant. Par exemple, si nous apprécions le calme de la montagne, de retour en ville nous en aurons une opinion favorable dont nul ne pourra nous détourner, notre évaluation étant fondée sur notre expérience personnelle. C’est ce qui est appelé ici le penchant. Lorsque nous n’avons pas connaissance de l’existence de ces facteurs mentaux, nous voyons l’esprit comme un tout qui pense ceci ou cela, qui aime ou qui n’aime pas... Mais dès que nous commençons à les identifier, notre regard sur le fonctionnement de l’esprit s’affine, et nous percevons mieux le rôle de ses composants tels que l’aspiration ou le penchant.

 

3 La mémoire

Lorsque l’esprit s’est familiarisé avec un objet ou une situation connus, le facteur mental mémoire a pour fonction de s’en souvenir, de le retenir, de s’opposer à l’oubli. Si tout d’un coup, nous nous souvenons d’une certaine tâche à accomplir, spontanément nous penserons que l’esprit se souvient. Mais après analyse, nous pourrons réaliser que le fait de se souvenir est dû au fonctionnement du facteur mental dont le rôle est de retenir l’objet.

4 La concentration

Elle permet à l’esprit de rester fixé sur un objet antérieurement perçu. Même si nos capacités nous permettent de ne demeurer concentrés qu’un très court instant, cette adhérence de l’esprit à l’objet, si brève soit-elle, est effectuée par le facteur mental appelé concentration. Il ne s’agit pas nécessairement d’un état de profonde absorption en méditation connu sous le nom de Samadhi. Le facteur mental de concentration intervient dans de très nombreuses opérations mentales en dehors de toute méditation.

5 La sagesse

Il s’agit du facteur mental intelligence qui discerne correctement les propriétés des objets, leurs avantages, leurs inconvénients, leurs qualités et leurs défauts, et permet les décisions en connaissance de cause. C’est par l’action de cette sagesse que, par exemple, nous choisissons tel chemin plutôt que tel autre que nous jugeons plus dangereux.

Par la spécificité de leur fonction, ces cinq facteurs déterminants se distinguent de la conscience principale qui joue un rôle essentiel dans l’appréhension des objets. Toutefois, la conscience principale et les facteurs mentaux perçoivent conjointement les objets. Ce processus pourrait être comparé aux étapes de l’exécution d’un tableau. L’esquisse réalisée au crayon est semblable à la perception globale de la conscience principale. La clarté, le perfectionnement, la précision sont l’oeuvre des facteurs mentaux, semblables à la couleur qui parfait tous les détails. Parce qu’ils améliorent l’efficacité des tâches que nous entreprenons, ces cinq facteurs déterminants ont un rôle clé dans toutes nos activités quotidiennes, mais principalement dans la pratique de la méditation et du Dharma en général. Prenons l’exemple de l’aspiration. Grâce à l’élan qu’elle engendre, nous éprouvons moins de difficultés et n’avons que peu d’efforts à fournir dans l’accomplissement de ce qui nous est plaisant. En l’absence d’aspiration, nous savons combien une tâche peut nous être pénible, exiger de nous de nombreux efforts et nous épuiser. Parce que l’aspiration engendre l’énergie, elle est particulièrement importante dans la pratique du Dharma. Le penchant s’avérera tout aussi indispensable. C’est lui qui affermira notre goût pour la pratique du Dharma, de sorte que nul ne pourra nous en détourner. L’utilité de la mémoire est évidente dans les travaux ordinaires et plus encore dans la méditation, puisqu’elle a pour fonction d’empêcher l’oubli de l’objet. Quant à notre concentration, elle manque sans doute, à présent, de puissance et de fermeté. A force d’entraînement, elle pourra s’améliorer jusqu’à devenir une parfaite adhérence de l’esprit à l’objet, capable de se prolonger des jours durant sans faiblir. Le facteur mental de sagesse occupe également une place essentielle dans la pratique du Dharma. En effet, pour nous engager sur cette voie spirituelle, nous devons la comprendre, comprendre ce que nous faisons. Et ceci est le rôle de la sagesse. C’est elle qui permet de dissiper le doute, d’éviter les erreurs, de discerner le bon du mauvais...

Les onze facteurs vertueux

1 La foi

Elle peut revêtir plusieurs aspects. Elle est, notamment, confiance à l’égard de la méthode exposée dans les enseignements du Dharma et naît, entre autres, de la compréhension de la nature de la souffrance et de son origine, et de la réalisation des qualités du chemin qui conduit à leur élimination. Elle est aussi foi en la libération du cycle des existences et consiste, dès lors, à croire qu’on obtient ef-fectivement le Nirvana, l’élimination de toute souffrance, le bonheur, la paix, par la totale suppression des facteurs perturbateurs de l’esprit. On peut aussi avoir foi en la loi de causalité, en la loi du Karma, en ayant la conviction que d’une cause non vertueuse, négative, découle un résultat de souffrance et que, d’une cause vertueuse, positive, dépend un résultat plaisant. Il importe d’avoir foi en ce qui est juste et parfait. A présent, notre esprit confus est empêtré dans les facteurs perturbateurs qui l’entraînent dans toutes sortes de difficultés. Par le pouvoir de la foi, il s’en dissocie un peu, devient plus clair, plus pur, et prend une sorte de distance par rapport aux problèmes de tout ordre. Mais cette foi ne saurait être une croyance aveugle et ignorante. Elle ne se soustrait pas à l’analyse ni à la réflexion. Elle naît de l’intelligence des choses, de la compréhension de leur raison d’être.

2 Le respect de soi-même

Il consiste à être conscient de sa qualité de pratiquant du Dharma et à s’abstenir, à ce titre, de l’accomplissement d’actions négatives. Si, par exemple, une personne suggère à un pratiquant du Dharma de l’accompagner pour aller tuer, voler ou accomplir toute autre action négative, ce dernier gardera présente à l’esprit sa qualité de bouddhiste, verra que de tels actes seraient en contradiction avec la voie vertueuse sur laquelle il s’est engagé et, écoutant sa conscience, il s’en détournera. Tel est le rôle de ce facteur mental appelé respect de soi-même, lequel prévient l’accomplissement d’actions négatives par rapport à soi-même.

3 Le respect humain

A la différence du respect de soi-même, le respect humain considère le regard, l’appréciation qu’autrui pourrait porter sur nos actes. Si quelqu’un cherche à nous entraîner dans l’accomplissement d’une action défavorable, ce qui nous retient ici, c’est la gêne à l’égard d’autrui, la crainte de décevoir des tiers en notre qualité de pratiquant du Dharma.

4 Le détachement

La richesse, la renommée, la nourriture, les possessions... sont des jouissances susceptibles d’éveiller notre attachement. Si nous pensons aux inconvénients et aux méfaits de l’attachement, réalisant qu’il engendre la souffrance et que ces objets sont, au fond, sans grande valeur, nous le repousserons. Nous ferons en sorte qu’il ne se produise pas. Ceci est la fonction du facteur mental de détachement. Il se peut, par exemple, que nous soyons très attachés aux fleurs. Nous pourrons rejeter cet attachement en réalisant qu’il n’a pas de sens car les fleurs durent si peu de temps. Il est facile de comprendre que l’attachement aux fleurs est sans fondement. Mais tout ce qui fait, en général, l’objet de notre attachement n’a pas la valeur que nous lui attribuons et ne justifie, pas plus que les fleurs, que nous nous y attachions. Le détachement est un facteur très important. Nous nous attachons habituellement à une quantité de choses sans importance, qui nous procurent beaucoup d’ennuis, nous poussent à l’accomplissement de nombreuses actions négatives, et pour lesquelles nous gaspillons notre énergie, notre temps et finalement notre vie tout entière.

5 L’absence d’aversion

On peut éprouver de l’aversion à l’égard des gens, des animaux, des choses, envers le temps qu’il fait, le vent... Dès que se produit une circonstance propre à déclencher l’aversion, nous prendrons la peine de réfléchir à ses conséquences néfastes : elle provoque notre souffrance et celle d’autrui; elle est à la base des Karmas les plus négatifs qui soient et n’a donc aucune justification. Par ces observations, nous écarterons l’aversion et la haine.

Ceci est le rôle du facteur mental absence d’aversion qui s’apparente à la patience, à la tolérance, car il nous fait prendre conscience des méfaits de la haine et nous en dissuade. La pratique de la patience est, en effet, d’une extrême importance car elle est source de joie, de paix et d’harmonie pour soi-même et pour autrui.

6 L’absence d’ignorance

Elle est du domaine de la sagesse que nous avons expliquée à propos des cinq facteurs déterminants et s’oppose à l’ignorance aveugle qui obscurcit l’esprit, le rendant inapte à percevoir correctement les phénomènes. A la différence du facteur mental de sagesse qui s’applique à tous les domaines de connaissance et à toutes les actions, l’absence d’ignorance a pour objet la pratique du Dharma; elle est le pouvoir de discernement et de connaissance appliqué aux actions vertueuses, qui distingue ce qui est le Dharma de ce qui ne l’est pas.

Il y a, de façon générale, deux sortes de sagesse : la sagesse innée et la sagesse acquise. La sagesse ou l’intelligence innée se manifeste spontanément chez certains enfants dont les facultés de compréhension sont particulièrement développées. Lorsque cette sagesse se tourne vers le Dharma, elle devient l’absence d’ignorance. Chez certains enfants, cette intelligence innée peut s’exprimer plus spécifiquement dans l’étude du Dharma. Elle révèle une accoutumance antérieure à l’étude et à la pratique du Dharma. Par la force de cette familiarisation au cours de vies précédentes, un jeune enfant peut, à la faveur de circonstances propices, manifester une intelligence hors du commun, saisir beaucoup de choses sans que de nombreuses explications lui soient nécessaires. Par conséquent, si nous voulons plus tard posséder cette intelligence du Dharma, il est indispensable que nous l’étudiions assidûment à présent.

Quant à la sagesse acquise, elle est propre à ceux qui ne comprennent pas immédiatement mais qui, par la pratique et l’effort, développent et améliorent leurs connaissances.

Dans des domaines autres que la sagesse ou l’intelligence, nous pouvons observer chez certains enfants divers penchants innés très prononcés, qu’il s’agisse d’une propension naturelle à la compassion ou au contraire à des

actions viles. Ils sont le signe de l’accoutumance à ces conduites lors de vies antérieures. Même des jumeaux ont des tendances naturelles parfois très différentes; l’un peut être bon et l’autre cruel en raison d’une accoutumance passée à des actions de nature très différente. Le pouvoir de l’accoutumance est facilement observable dans la pratique de la méditation; les débutants éprouvent de grandes difficultés et sont rapidement fatigués alors qu’elle s’effectue dans l’aisance lorsqu’on y est habitué.

Les frères et soeurs ont souvent une ressemblance physique parce que leurs corps sont engendrés à partir des cellules de mêmes parents; mais leurs esprits provenant de vies précédentes distinctes, d’individus distincts, sont dissemblables et manifestent des tendances différentes. Ceci nous ramène à ce qui a été dit précédemment à propos des Karmas accumulés dans des vies antérieures et qui produisent leurs résultats dans le présent. Il se peut que vous doutiez de l’existence de vies passées. Ces observations sont autant de signes qui les confirment.

7 L’énergie

Ce qui est appelé ici énergie est un facteur mental de diligence enthousiaste orientée vers l’accomplissement d’actions positives, en vertu duquel nous prenons plaisir à nous y appliquer sans éprouver ni fatigue ni lassitude. Cette juste énergie est également très importante dans la pratique du Dharma. C’est en effet grâce à elle que nous persévérons, sans faiblir, jusqu’à la réalisation, au lieu de tout abandonner à la moindre occasion. Le facteur mental vertueux appelé énergie n’a rien à voir avec l’énergie dirigée vers les actions défavorables, non vertueuses, laquelle constitue un facteur perturbateur de l’esprit.

8 L’aptitude

C’est par l’action de ce facteur mental que l’esprit est apte, disponible à la pratique des actions vertueuses. Il est proche de l’énergie; lorsqu’il se manifeste, il dissipe la fatigue, la lourdeur, la raideur, tant physique que mentale, car il agit également au niveau corporel. Lorsque nous méditons, par exemple, grâce à ce facteur appelé aptitude, nous n’éprouvons aucune sensation physique pénible. Notre corps est au contraire léger et content; ainsi, le corps et l’esprit heureux, nous pouvons pratiquer le Dharma dans l’aisance.

 

9 L’autodiscipline

Ce facteur mental appartient au domaine de l’énergie. Il fait en sorte que l’esprit en éveil soit capable de repousser les facteurs perturbateurs lorsqu’ils surviennent, et le protège du désir, de l’aversion, de la jalousie... Si une mère attentive voit son enfant s’approcher d’un précipice, d’une rivière, d’un serpent, elle le retient pour le protéger du danger. Notre esprit est comme l’enfant turbulent exposé au danger que l’autodiscipline retient et protège des facteurs perturbateurs. Parmi les facteurs mentaux vertueux que nous étudions à présent, l’autodiscipline est d’une grande importance. En effet, si nous laissons le champ libre à notre esprit, comme l’enfant exposé à de graves périls et livré à lui-même sans surveillance, il commettra de graves erreurs aux conséquences dramatiques. N’exerçant aucun contrôle sur les facteurs perturbateurs qui se présentent, il les suivra, y sombrera et créera de nombreux Karmas négatifs.

10 L’équanimité

Ce facteur mental a pour fonction de maintenir la stabilité, l’égalité, l’équilibre de l’esprit au cours de la méditation, de manière à ce qu’il ne soit pas distrait par d’autres objets, et qu’il ne sombre pas dans l’apathie, l’engourdissement ou la somnolence.

11 La non-violence

Elle est l’absence de malveillance. Elle empêche l’apparition du désir de nuire à autrui. Elle nous fait réaliser l’absurdité de l’agressivité, de l’hostilité, de la méchanceté. Le facteur mental de non-violence repousse la malveillance. Il est proche de la compassion qui naît à la vue de la souffrance d’autrui.

Nous avons donc vu les onze facteurs mentaux vertueux qui interviennent lorsque l’esprit fonctionne dans un sens positif, favorable. Si nous nous efforçons de les cultiver, nous pourrons progresser dans la pratique du Dharma. Notre esprit est comme un enfant influençable. Les facteurs mentaux vertueux le tirent vers le haut et les facteurs non vertueux, perturbateurs, vers le bas.

Nous allons voir à présent quels sont les facteurs mentaux non-vertueux, les Klechas, dont dérivent les fonctionnements négatifs, défavorables de l’esprit. Ils sont groupés en six facteurs perturbateurs de base et vingt secondaires.