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Souvenirs d'une actrice (3/3)

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CHAPITRE III

Départ de Suède. – Aventure à Ratzbourg.

Lorsque j'eus quitté la Suède et le Mecklembourg, quelques officiers russes que je rencontrai me firent craindre que mon voyage ne se continuât pas tranquillement, attendu que l'Elbe était bordé de troupes, et que si je tombais entre les mains des Prussiens et des Cosaques sans rencontrer d'officiers, malgré tous mes passeports russes et suédois, ils ne me laisseraient point passer.

Cela m'effrayait d'autant plus qu'il fallait, malgré tout, aller en avant, car je n'avais pas assez d'argent pour attendre. Je m'abandonnai donc à la Providence, qui m'avait protégée jusque-là, et je continuai mon chemin. Tous les gouverneurs, les commandans de place, m'aidèrent autant qu'ils purent, soit en visant mes passeports ou en me faisant accompagner par un soldat, pour me faire passer les endroits les plus difficiles. Enfin, arrivée à la vue de Ratzbourg, à sept milles de Lubeck, j'étais dans une voiture publique où j'avais rencontré un Français, artiste ainsi que moi, et qui venait de Suède. Nous ne parlions allemand ni l'un ni l'autre [On trouvera extraordinaire qu'étant née en Allemagne je ne parle pas cette langue; mais j'en étais sortie à l'âge de trois ans.]. Au moment d'entrer à Ratzbourg, une espèce de militaire vint parler d'une manière très-animée au conducteur, qui communiqua aux voyageurs ce qu'on venait de lui dire; mais nous n'en entendîmes pas un mot. Seulement, je compris qu'il y avait quelque chose d'extraordinaire qui nous empêchait d'entrer dans la ville, où la voiture devait nous déposer, car je vis qu'on la faisait retourner; elle s'arrêta dans un faubourg, à la porte d'un espèce de cabaret, où l'on buvait, on fumait, on dansait; c'était un tapage horrible. Les voyageurs prirent congé de nous en nous faisant signe d'être tranquilles. Je n'étais rien moins que cela. C'est la plus fâcheuse des situations que de ne savoir et n'entendre rien dans un moment de danger. Je me trouvais là dans une maison où je craignais d'être insultée. Non-seulement ce Français ne pouvait m'être d'un grand secours, mais c'était l'être le plus indolent et le plus inanimé qu'on pût rencontrer. Il ne pensait qu'à manger et à dormir, et n'était capable de me donner aucun conseil, ni de me rassurer en aucune manière. Ma figure portait tellement le caractère de l'effroi au milieu de cette chambre remplie d'hommes, que la servante de la maison eût pitié de moi; elle me fit signe de la suivre. Je ne fis pas prier. Elle m'ouvrit une mauvaise chambre encombrée de meubles, y porta mon très-petit coffre (mes bagages ne m'embarrassaient plus); elle me montra un mauvais lit, et me fit signe d'y dormir. J'étais bien reconnaissante de la compassion de cette pauvre fille; je lui donnai quelque argent pour la remercier. C'est un langage qui se comprend partout; aussi elle m'entendit fort bien et tâcha de me faire comprendre à son tour qu'elle me protégerait, et que je n'avais rien à craindre.

Malgré cette assurance, je ne passai pas mon temps à dormir, comme on peut le penser, mais à réfléchir aux moyens de me tirer de ce mauvais pas.

La nuit rend les objets plus effrayans, les pensées plus tristes; je me rappelai les vers de M. l'abbé Delille, qui peignent si bien le tourment d'un esprit agité.

 
«Jusqu'à l'heure où la terre, humide de rosée.
Apporte un peu de calme à notre âme épuisée.»
 

En effet, au premier rayon du jour, je respirai plus facilement, et je fus capable de prendre un parti. On s'étonnera peut-être qu'une femme qui avait passé six semaines au milieu de toutes les horreurs de la guerre fût tellement effrayée de se trouver dans un mauvais cabaret d'Allemagne. En voici la raison: d'abord, dans une armée, je pouvais me faire comprendre; puis, il se trouvait toujours quelque chef pour me protéger; il y règne d'ailleurs un esprit tellement pénétré des droits de l'hospitalité, que si l'on n'y eût pas couru les dangers d'une mort affreuse, on y eût été parfaitement en sûreté. Mais là j'étais au milieu de gens de la classe la plus commune, et qui détestaient les Français.

Enfin, lorsqu'il fit tout à fait jour, je me décidai à sortir pour reconnaître un peu les localités. J'aperçus un paysage charmant, mais cela m'occupa peu dans ce moment. Nous étions très-près de la ville; il fallait traverser un pont pour y parvenir, et, en avançant, je m'aperçus que les portes étaient fermées. Plusieurs hommes regardaient; des femmes élevaient les mains en disant: «Jésus, Maria!» Je me hasardai à leur demander en mauvais allemand qui était dans la ville: «Cosaques!» me dit l'un d'eux. Ah! grand Dieu! me voilà bien! que faire? Je retourne à la maison et dis à mon compagnon de voyage, qui s'était étendu sur un canapé:

– Pendant que vous dormez tranquillement, vous ignorez que les Cosaques sont dans la ville; vous devriez bien aller un peu à la découverte.

– Ma foi, je ne parle pas Allemand, que voulez-vous que je leur dise?

– Mais ni moi non plus je ne parle pas allemand, et je suis une femme.

Je laissai là cet indolent personnage, et j'allai de nouveau près du pont.

– Cosaques, leur dis-je d'un air gracieux; car j'ignorais s'ils étaient bien aises ou fâchés.

– No, daine (danois). – Ya.

Je me rappelai que j'avais lu dans quelques papiers publics que les

Danois se battaient pour la France.

Allons, pensai-je, ceux-là nous laisseront peut-être passer. Je traverse le pont, et je crie à la sentinelle que je veux, parler au commandant. Il entend que je suis la femme d'un commandant; on fait avertir celui de la ville, qui s'empresse d'accourir et de m'ouvrir une petite porte.

– Parlez-vous français? lui dis-je, monsieur le commandant? Ein petite pé… Eh bien! monsieur, je suis dans le plus grand embarras. Hier au soir, la voiture publique nous a déposés dans le faubourg, sans que nous ayons pu en deviner la raison.

– Ah! me dit-il, c'est que nous nous battions contre les Cosaques. Nous sommes entrés dans la ville; mais nous ne pourrons pas la garder, si l'on ne nous envoie du renfort, car nous ne sommes que cent vingt hommes. Vous êtes bien heureuse que les Cosaques ne soient pas venus vous visiter dans le faubourg; ils sont assez nombreux et parcourent les environs.

Si j'avais su cela, j'aurais passé la nuit moins tranquillement encore.

– Mais, monsieur le commandant, que vais-je faire? Comment me rendre à

Lubeck?

– Entrez dans la ville; nous vous emmènerons avec nous.

– Vous êtes bien bon!

Mais je pensais qu'il pouvait fort bien être pris lui-même; que tout au moins il n'y retournerait qu'en battant en retraite, puisque, comme il l'avait dit, ils n'étaient pas nombreux, et que je ne serais pas en sûreté au milieu d'eux. Je ne pouvais cependant pas trop lui communiquer mes craintes, cela n'eût pas été poli. J'avais bien mes passeports russes et suédois, mais à quoi cela pouvait-il me servir avec des soldats qui ne savaient pas lire? C'est ce que les officiers russes m'avaient fait observer eux-mêmes. Il n'y avait cependant pas à balancer, puisqu'après leur départ, en restant dans la ville, j'éprouvais le même inconvénient.

– Mais, monsieur le commandant, lui dis-je, j'ai laissé dans le faubourg mes effets et un compagnon de voyage, je ne voulais cependant pas, malgré son peu d'amabilité, le laisser dans un tel embarras.

– Allez les chercher; mais je ne vous réponds pas que vous puissiez revenir en sûreté; car, je vous le répète, les Cosaques sont tout autour d'ici. Je ne puis vous donner qu'un homme avec une brouette pour porter votre malle.

J'acceptai.

– Eh bien! allez! que Dieu vous conduise à bon port.

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