Бесплатно

Souvenirs d'une actrice (3/3)

Текст
Автор:
0
Отзывы
iOSAndroidWindows Phone
Куда отправить ссылку на приложение?
Не закрывайте это окно, пока не введёте код в мобильном устройстве
ПовторитьСсылка отправлена

По требованию правообладателя эта книга недоступна для скачивания в виде файла.

Однако вы можете читать её в наших мобильных приложениях (даже без подключения к сети интернет) и онлайн на сайте ЛитРес.

Отметить прочитанной
Шрифт:Меньше АаБольше Аа

J'avais connu le comte de Loewenhielm à Moscou, quelques années auparavant. Il aimait passionnément le théâtre, et jouait la comédie en amateur distingué. Nous avions joué souvent ensemble chez la comtesse Golofkin, et j'eusse vivement désiré le retrouver en Suède en 1813, comme j'y avais retrouvé Mme de Staël, à laquelle, par une de ces bizarreries qui se rencontrent dans les grandes époques de trouble et de guerre, j'avais fait presque seule les honneurs de la capitale de la Moscovie, et voici comment:

Mme de Staël, voyageant exilée de France et se rendant en Suède, s'arrêta à Moscou, au moment où la ville était presque déserte; elle voulait y rester quelques jours pour se reposer, et voir ce qu'il y avait de plus curieux; mais, excepté le gouverneur, personne n'était là pour la recevoir.

C'étaient sans doute des titres pour M. de Rostopchin que d'être l'ennemie de Napoléon et se nommer Mme de Staël; mais il était trop occupé de ses projets pour être un cicerone bien empressé.

J'avais connu Mme de Staël à Paris, chez Mme de Condorcet; je courus à son hôtel et lui offris mes services. Elle fut ravie de rencontrer une personne de connaissance dans cette ville presque abandonnée. Elle m'accabla de questions, et nous courûmes de place en place dans tous les endroits que l'on pouvait voir encore, car il n'y avait pas de temps à perdre. Elle eût bien désiré m'emmener avec elle pour me soustraire aux malheurs qui nous menaçaient, mais c'était impossible. On ne part pas sans une multitude de formalités, lorsqu'on est attaché au service impérial. Elle me quitta avec le regret de me laisser au milieu d'un danger dont on ne pouvait prévoir les suites.

On peut penser, d'après cela, qu'elle me fit un très-aimable accueil lorsque je la revis en Suède.

Une personne comme Mme de Staël ne peut se résoudre, en écrivant, à ne pas entrer dans les détails les plus minutieux sur les pays qu'elle a traversés. Cependant de quelque pénétration que l'on soit doué, il est difficile de deviner ce que l'on n'a pas vu, dans un moment surtout où aucun antécédent ne peut vous guider. Comment parler d'une nation, de sa société, de ses usages, qui diffèrent en beaucoup de points des autres contrées, lorsque ses villes sont désertes et ses capitales abandonnées? Elle m'avait témoignée à plusieurs reprises, pendant ce court séjour, le regret de n'avoir pu voir les différentes classes de la société dans leur intérieur.

Je n'ai donc pas été peu surprise en lisant dans le récit de son voyage en Russie les détails dans lesquels elle est entrée (avec le charme qui s'attache à ses images). Ce qu'elle a pu voir, puisque nous étions alors au mois d'août, ce sont:

«Les fleurs du Midi balancées par les vents du Nord (comme elle nous le dit poétiquement); cette consolation muette adressée aux passans, et qui semble leur répéter en un langage symbolique: sous cette enveloppé de glace, la nature qui sommeille se réveillera.»

En effet, toutes ces charmantes garnitures de fleurs qui ornent les palais étaient restées comme pour attester leur élégance et leur importance.

Dans une saison plus avancée, Mme de Staël eût pu voir, à travers les doubles rangées de verres de Bohême d'un seul jet, tes fleurs les plus rares dans toute leur fraîcheur; elle eût pu admirer, dans l'intérieur des appartemens, une multitude de plantes grimpantes entourant de petits paravens à baguettes, ayant pour pieds des caisses étroites remplies de jolis arbustes.

Sur tous les petits établissement de la maîtresse de la maison, les tables chargées d'albums, d'ouvrages de tapisserie, les larges coussins à la turque où viennent se placer les jeunes filles, on retrouve ces jolies charmilles de verdure et de fleurs, qui ont bien plus de charme encore lorsqu'on aperçoit les toits couverts de neige, qu'on entend glisser les traîneaux qui s'annoncent par la clochette de leurs chevaux.

Je quittai Stockholm le 13 mai. Les feuilles commençaient à pousser, et le temps était beau. Les chemins sont superbes; c'est continuellement un jardin; heureusement, car lorsqu'on n'a pas voiture à soi, on voyage dans des charrettes découvertes qu'on décore du nom d'extra-postes, et, comme les postes sont fort mal organisées, on est souvent obligé d'attendre que les chevaux soient revenu du labourage pour se mettre en route. Cependant, on lit dans les règlemens que l'on ne doit pas attendre plus de deux heures.

Il arrive souvent aussi que vous rencontrez des chevaux qui reviennent avant que vous ne soyez arrivé à la poste. Alors, le postillon propose de changer sur place. Si vous n'entendez pas la langue du pays, vous vous trouvez hors de votre chemin; c'est ce qui m'est arrivé à Norkoping, la ville où l'on fabrique les fameux gants de Suède. Si je n'eusse, le lendemain, rencontré un Anglo-Américain, je serais restée là. Heureusement, il avait une très-bonne calèche, et me proposa de m'emmener, ce que j'acceptai volontiers. Nous fîmes mettre nos effets sur l'extra-poste dans laquelle j'étais arrivée. Elle était conduite par un petit postillon de dix à douze ans, sans que l'on coure le moindre danger de rien perdre, tant les routes sont sûres.

Les postillons sont honnêtes, mais peu prudens. Pour abréger, ils traversent ces lacs dont j'ai déjà parlé, et qui sont en grand nombre en Suède. C'est à cette époque de l'année que la glace commence à s'amollir, de sorte qu'il n'y a pas de raison pour que voitures, chevaux, postillons et voyageurs ne soient engloutis. C'est ce qui arrive presque tous les ans; mais, quoique les cochers y risquent eux-mêmes leur vie, cela ne les empêche pas de recommencer, la nuit surtout, où les voyageurs, étant endormis, ne peuvent s'y opposer.

Nous nous réveillâmes un soir que notre calèche, mise sur patins, était déjà penchée, et le cheval avait une jambe dans l'eau. Nous n'eûmes que le temps de sauter à bas pour alléger le poids. L'on parvint à retirer le cheval et à gagner le bord du lac, qui heureusement n'était pas éloigné. Il faisait d'ailleurs un très-beau clair de lune.

J'ai remarqué que dans mes événemens de voyage la lune m'avait été propice. Je me moquais autrefois des romans d'Anne Radcliffe, où les aventures des héroïnes se passent toujours «sous le disque argenté de l'astre de la nuit.» Mais j'avais tort, et j'en demande pardon à la lune, qui m'a souvent été favorable. Mon compagnon de voyage avait quelques affaires à terminer à Norkoping, ce qui me procura le plaisir de voir tout à mon aise la ville ainsi que ses ateliers. Mon obligeant voyageur connaissait ce pays, et sa conversation était fort intéressante. Il me mena jusqu'à un petit bourg où j'arrivai le 26 mai. On est obligé d'y attendre le vent pour s'embarquer sur le Sund. Je le traversai.

Другие книги автора