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La fille Elisa

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LIX

La séance terminée, la soeur dénonçante prenait le directeur à part, lui disait:

– Je ne sais pas, mais le numéro 7999, ne me paraît pas depuis quelque temps dans son état ordinaire, je le trouve bizarre, singulier, et ayant par moments comme des absences de bon sens. Je crois qu'il faudrait le faire examiner par le médecin de la prison.

– Idée excellente!.. tè! une vraie inspiration! ma soeur, – fit ironiquement le directeur, – avec cela que le docteur a la manie de vouloir trouver des folles dans toutes nos paresseuses.

– Mais cependant… hasarda timidement la soeur.

– Oh! ce sera fait… du moment que vous croyez… Moi… je le sais, ici tout le monde me regarde comme un monsieur systématique, incrédule à l'évidence… et son regard se dirigea vers le dos de l'inspecteur, mais maintenant… c'est le directeur qui l'exige, je veux, et absolument, que ce bon docteur fasse son rapport.

Le médecin de la prison écrivait à quelques jours de là, sur l'état d'Élisa, un rapport dans lequel il établissait que la détenue n'avait plus la perception nette et rapide des choses, qu'elle avait perdu la concentration de l'attention, qu'elle était soumise à des impulsions étrangères à sa volonté. Il appuyait sur les vols de bons de cantine, sur cette voracité tout à coup développée chez Élisa, un des prodromes de l'imbécillité. Il déclarait qu'elle n'était pas une aliénée, mais qu'elle ne possédait plus «le degré ordinaire du libre arbitre et de la culpabilité.» Il concluait enfin, en demandant pour elle un relâchement de la sévérité du régime et un travail en rapport avec l'affaiblissement de ses facultés.

LX

Élisa quittait la salle de travail où, depuis des années, elle était occupée à la même place. On la faisait monter dans le haut du vieux bâtiment, à la Cordonnerie.

Une grande pièce sombre, au plafond enfumé, chauffée par un poêle en fonte dont le tuyau sortait par le carreau en tôle d'une fenêtre. Aux tablettes fixées aux murs pendillaient des détritus de choses. Par terre traînaient, au milieu de flaques d'eau, des bouts de fil dans du poussier de charbon de terre écrasé par les sabots. Une saleté inlavable, qui faisait contraste avec la sévère propreté du reste de la prison, était incrustée dans les murs, mettant une grande tache autour des prisonnières. Et dans l'atmosphère épaisse de ce lieu, les puanteurs du cuir se confondaient avec l'odeur de la crasse d'une humanité qui ne se lave plus.

D'un côté, sur des chaises, de l'autre sur des bancs, étaient réunies en deux troupes une soixantaine de vieilles femmes qui se tenaient l'une contre l'autre dans le rapprochement, le resserrement peureux de toutes petites écolières en classe. Quelques-unes de ces femmes, encore capables de travaux de cordonnerie, taillaient des empeignes de souliers. La plupart ourlaient des mouchoirs d'invalides. Beaucoup étaient occupées à des besognes qui ne demandent plus l'attention ni le tact assuré des doigts d'une main, travaillaient à l'épluchage du lin, à l'écharpillage des cordes, au délissage des chiffons.

LXI

Les femmes de la Cordonnerie, appelées dans le langage administratif des toquées, étaient de pauvres travailleuses.

Quelques-unes, devant la tâche posée devant elles, restaient une partie de la journée, les bras croisés, les paupières battantes sur la dilatation de leurs pupilles.

D'autres approchaient d'elles la besogne avec des mains raides et destructives, la tracassaient un moment, la mettaient en tapon, la repoussaient.

La plupart, au bout d'un petit quart d'heure de travail qui faisait saillir les veines de leurs tempes, vaincues et incapables d'une application plus longue, se rejetaient en arrière, avec un subit affaissement du corps sur leurs chaises.

Deux ou trois buvaient à petites gorgées de la tisane dégoulinante des deux coins de leurs bouches, et, la tisane bue, demeuraient des heures, penchées sur le gobelet, à en regarder le fond.

Parmi les plus âgées, une aïeule, les yeux cerclés de grosses besicles de fer, dans le jet rigide et inexorable d'une sculpture de Parque, avait, du matin au soir, le menton posé entre ses deux mains reposant sur ses coudes arc-boutés à la table.

Près de la vieille, une détenue encore jeune, encore belle d'une beauté molle et fondue dans une graisse blanche, les reins brisés et flasques, passait le jour entier, les deux bras tombés le long de ses hanches, à user le bout de ses doigts allant et venant contre le carreau de la salle.

De temps en temps, la promenade de la soeur, au milieu de ces créatures, faisait reprendre à quelques-unes, pour quelques minutes, le labeur interrompu; mais, presque aussitôt, elles retombaient dans leurs poses de pierre.

Dans la Cordonnerie n'existait plus ce qui se faisait remarquer parmi les détenues de tout le bâtiment: la coquetterie du madras. Sur les cheveux dépassant, malgré le règlement, un rien en dessous, la cotonnade à carreaux bleus ne s'enroulait plus avec la grâce, la correction proprette, l'adresse galante des cornettes des autres salles. Elle n'était plus le petit bout de toilette possible, où survivait ce qui restait de la femme dans la prisonnière. Sur les vieilles et sur les jeunes le mouchoir de tête se voyait posé de travers avec des cornes caricaturales qui disaient, déjà mort, chez ces vivantes, le féminin désir de plaire. Mais chez ces malheureuses, que leur sexe semblait quitter, le spectacle douloureux, c'était: le vague et le perdu des regards, l'absence des êtres du milieu où ils se trouvaient, l'étonnement des yeux revenant aux choses qui les entouraient, l'effort laborieux de l'attention, l'automatisme des gestes, enfin le vide des fronts, sous lesquels on sentait le souvenir des vieux crimes vacillant dans des mémoires sombrées.

Ces femmes n'étaient point encore tout à fait des folles, mais déjà elles étaient des imbéciles. La prison n'avait plus de châtiments pour leur paresse et voulait bien se contenter de l'à peu près cochonné et bousillé par ces doigts maladroits.

Parfois l'immobilité d'une de ces femmes se trouvait tout à coup secouée par une inquiétude de corps, un remuement inconscient, un soubresaut qui la faisaient se lever, s'agiter un moment dans des gestes sans signification, puis se rasseoir.

Souvent, dans un coin, montait subitement à une bouche un flot de mots désordonnés qu'une obscure réminiscence des punitions anciennes étouffait soudain en des gloussements craintifs.

Chaque jour, lors de la tournée de l'inspecteur et de son passage dans la Cordonnerie, une femme se levait fiévreuse, repoussait à coups de poing les bras de ses compagnes qui voulaient la retenir, s'avançait vers l'homme de la prison, humble, et la poitrine tressautante. Alors avec une voix pareille à la plainte qui parle tout haut dans un rêve, et avec des paroles sans suite brisées par des silences anhélants, l'imbécile demandait audience, elle se plaignait d'avoir été condamnée pour une autre, elle réclamait de nouveaux juges; sa vieille voix se mouillant à la fin des larmes d'une petite fille en pénitence.

* * * * *

La Cordonnerie avait dans la journée, selon l'expression de la prison, quatre mouvements des lieux. Quatre fois par jour, les détenues de la salle ébranlant de leurs sabots les escaliers, apparaissaient avec leur appesantissement bestial, leurs figures hagardes, la presse de leurs besoins physiques. Arrivées en bas, les femelles se satisfaisaient sans qu'il leur restât rien des pudeurs de la femme.

LXII

Dans la Cordonnerie, Élisa commença à descendre, peu à peu, tous les échelons de l'humanité, qui mènent insensiblement une créature intelligente à l'animalité. De l'ourlage des mouchoirs à carreaux, elle fut bientôt renvoyée au délissage des chiffons; enfin, reconnue incapable de tout travail, elle passa ses journées dans une contemplation hébétée et un ruminement grognonnant.

Alors en cette tête d'une femme de quarante ans, il y eut comme la rentrée d'une cervelle de petite fille. Les impressions contenues et maîtrisées d'une grande personne cessèrent d'être en son pouvoir. Le dédain pour les choses du bas âge, elle ne l'eut plus. Chez elle, se refirent, dans leur débordante effusion, les petits bonheurs d'une bambine de quatre ans. Son vieux madras de tête avait-il été remplacé par un madras neuf? on la voyait tout éjouie passer sa main à plusieurs reprises sur la cotonnade; on surprenait sa bouche formulant en un souffle qui s'enhardissait presque dans une parole: «Beau ça!» Quelque dame charitable de la ville, en une année d'abondance, avait-elle envoyé un panier de fruits pour le dessert des détenues? devant les quatre ou cinq prunes posées dans l'assiette creuse, les yeux allumés de gourmandise, les lèvres humides et appétantes, elle battait des mains!

Au milieu de cette reprise d'Élisa par les toutes premières sensations de la vie, un curieux phénomène se passait dans sa pauvre mémoire. Dans cette mémoire, jour par jour, des morceaux de son existence d'autrefois s'enfonçaient dans des pans de nuit, et son passé tout entier, comme amputé et détaché de la prisonnière, s'en allait et se perdait parmi les espaces vides. Élisa avait oublié sa vie de la Chapelle, sa vie de Bourlemont, sa vie de l'École-Militaire, sa vie de prison, sa vie d'hier. Puis, à mesure que s'effaçaient dans sa tête les souvenirs les plus récents, se levaient, s'avançaient des souvenirs anciens, les souvenirs d'une première enfance qu'elle avait passée, loin de Paris, dans un village des Vosges chez une soeur de sa mère. Et ainsi qu'il arrive quelquefois dans les dernières heures d'une agonie, les occupations, les distractions, les plaisirs, les jeux de cette enfance, reprenaient avec leurs jeunes gestes et leur gaminante mimique, reprenaient machinalement possession du vieux corps de la femme.

 

LXIII

Elle était dans la forêt de houx.

À travers les bois poussant leurs premières feuilles, elle était à la recherche des nids de restots: de ces tout petits oiseaux qui nichent entre les racines des arbres.

Dans une bande de gamines, à la bouche et aux dents noires comme de l'encre, elle était aux brimbelles, son panier de goûter déjà plein, et se riant et se moquant et appelant chie-paniers celles dont le panier n'était qu'à moitié rempli du raisin des bois.

Elle était aux écrevisses, les pieds nus dans de vieilles savates, heureuse et frissonnante de la fraîcheur de l'eau, et se bronchant, tous les vingt pas, la tête dans ces clairs ruisseaux qui avaient fait dire à l'enfant devant les eaux de la Marne, en arrivant à Paris: «Oh! comme il a dû pleuvoir ici!»

Elle était à la veillée, jouant au gendarme, jouant à la lavette, sa petite main prête et prompte à arroser de l'eau de la terrine la première qui riait des bêtises que toutes lui criaient au visage.

Elle était en pèlerinage à la Vierge du Paquis, disant une neuvaine, le regard sur les flammes des trois bouts de cierges, que les fillettes du village baptisent Saint-Mort, Saint-Languit, Saint-Revit.

Elle était assise par terre, dans la grande rue, près des magniens, des rétameurs italiens de passage dans la montagne, regardant, toute la journée, avec des yeux ravis, le bel argent que ces hommes noirs mettaient au fond des vieux chaudrons.

Elle était à Noël, emportant dans ses petits bras, qui avaient peine à le porter, emportant son quenieu, le gâteau à cinq cornes que donnent ce jour, dans les Vosges, les parrains à leurs filleules.

Elle était par la neige, dans le chemin du Champ-de-la-Pierre, se laissant tomber tout de son long sur le dos, les bras en croix, amusée des beaux bon dieu qu'elle laissait derrière elle, sur la molle blancheur de la terre.

Dans la grange aux Cornudet, elle était devant Bamboche faisant sauter ses marionnettes, se demandant, si avec le sou de chiffons qu'elle achèterait à la Christine, lors de la foire prochaine, elle pourrait faire sa poupée aussi pouponne que les poupées qui dansaient à la lueur des deux chandelles.

Elle était le jour de la fête du village, avec son bonnet à fleurs, sa petite robe courte, ses souliers décolletés, ses bas blancs à jour, sur lesquels de larges rubans qu'on appelle des liasses, – elle se rappelait encore leur nom, – de larges rubans se croisaient et se nouaient dans une coquette rosette. Et toute glorieuse, au milieu du pays rassemblé à la sortie de la messe dans l'ancien cimetière, elle faisait voir ses liasses, elle étalait ses grâces enfantines, elle détournait à demi sa figure des baisers qui voulaient embrasser sa jolie enfance, elle faisait son petit mignardon.

LXIV

Parmi le passé de son enfance, dans lequel vivait actuellement tout entière la vie de la détenue, il y avait un souvenir persistant habituel, quotidien: le souvenir du gai printemps de son village. Chez la malade et l'impotente, depuis que la perception des choses présentes devenait de jour en jour plus obtuse, les cerisiers du pays du kirsch fleurissaient au-dessus de sa tête dans un avril perpétuel.

La prière matinale de la prison trouvait la prisonnière en marche à travers la floraison candide de la contrée où elle avait fait ses premiers pas. Déjà elle courait sur cette terre, au vert plein de marguerites, au bleu matutineux du ciel tramé de fils d'argent, au feuillage de fleurs blanches comme de blanches fleurs d'oranger. Elle s'avançait sous ces arbres au milieu desquels le sautillement des oiseaux était tout noir, et qui apparaissaient à la petite fille, en leur virginale frondaison, ainsi qu'un bois d'arbres de la bonne Vierge. Elle allait toujours par le paysage lumineux et souriant. Et de toutes les branches de tous les arbres tombait incessamment une pluie de folioles, lentes à tomber, et arrivant à terre avec les balancements d'un vol de papillons dont elles semblaient des ailes.

À l'heure de midi, couchée à terre sous l'ombre légère des cimes fleurissantes, dans la tiédeur du temps, l'odeur sucrée des fleurs chauffées par le plein soleil, l'effleurement gazouillant des oiseaux, elle demeurait sans bouger, bienheureusement immobile, intérieurement charmée par cette blancheur qui pleurait continuellement sur elle, chatouillant son visage, son cou, sa nudité d'enfant. Parfois des fleurs voletant au-dessus d'elle, et qu'emportait un souffle de vent à la dérive, ces fleurs avec de gentils ronds de bras et des attirements de mains remuant l'air et taisant de petite tourbillons, elles les ramenait toutes tournoyantes sur son corps, passant ainsi la journée, la journée entière, à se laisser ensevelir sous cette neige fleurie.

Telle était l'illusion de la misérable femme qu'on la voyait, avec les doigts gourds d'une main presque paralysée, décrire des cercles maladroits dans le vide puant de la Cordonnerie, pour amener la chute, sur elle, des blanches fleurs des cerisiers du val d'Ajol.

Il y a des années, je passais quelques semaines dans un château des environs de Noirlieu. Un jour de désoeuvrement, la société avait la curiosité d'aller visiter la Maison de détention des femmes.

On montait en voiture. C'était, ce jour, un triste et âpre jour d'automne. Sous un ciel gris, plein d'envolées noires, un fleuve pâle se traînait dans une plaine de craie, barrée au ras de terre, par un mur de nuages solides fermant l'horizon avec les concrétions et le bouillonnement figé de masses pierreuses. Un paysage dont la platitude morne, l'étendue blafarde, la lumière écliptique ressuscitaient comme un morceau de la sombre Gaule, évoquaient sous nos yeux le décor de Champs Catalauniques, ainsi que se les représente, à l'heure des grandes tueries de peuples, l'Imagination moderne.

Au bout d'un temps assez long, dans une froide éclaircie, apparut Noirlieu avec sa double promenade sur les anciens remparts, son cimetière vert dévalant jusqu'au bas de la colline, son rond de danse aux ormes étêtés, le grand mur de sa Maison de détention pour les femmes, flanqué à droite d'une Maison de correction pour les jeunes Détenus, flanqué à gauche d'une Maison de fous.

Nous descendions chez le sous-préfet, une connaissance du château. On nous faisait entrer dans un petit salon décoré de lithographies de Félon, encadrées dans du palissandre. Sous un trophée de chasse, surmonté d'un chapeau tyrolien, une romance de Nadaud était posée sur un piano ouvert.

Quelques instants après, arrivait le sous-préfet. Il appartenait à la famille des sous-préfets folâtres. «C'est commode ici, s'écria-t-il, avec une intonation du comique du Palais Royal, – tout en laissant tomber une signature sur un papier administratif, – c'est commode, très-commode, infiniment commode, la Maison de fous à côté de la Maison de détention, les transferts sont d'une facilité…» Puis, boutonnant le second bouton d'une paire de gants gris-perle, il offrit le bras à une dame, avec la grâce contournée d'un danseur qui a gagné sa sous-préfecture en menant le cotillon à Paris.

La visite de la prison des femmes fut longue, minutieuse, et agréablement égayée par les saillies de l'aimable introducteur.

Nous allions quitter la Maison, quand le directeur insista près du sous-préfet pour nous faire visiter l'infirmerie.

Nous entrâmes dans une salle où il y avait une douzaine de lits.

«Quatre pour cent de mortalité, quatre pour cent seulement, oui messieurs,» répétait derrière nos dos le petit directeur avec une intonation allègre.

Je m'étais arrêté devant un lit, sur lequel une femme était étendue dans une de ces immobilités effrayantes qu'amènent les maladies de la moelle épinière. Au-dessus de la tête, son numéro d'écrou était cloué dans le plâtre, au milieu du tortil desséché d'un brin de buis bénit. Près du chevet, se tenait debout une fille de salle, une détenue, qui, muette dans sa robe pénitentiaire, semblait le Silence continu en faction près de la Mort.

«Celle-là, une condamnée à la peine capitale… la fille Élisa… une affaire d'assassinat qui a fait du bruit dans le temps…» Et la voix musicale et légèrement zézeyante du directeur reprit aussitôt: «quatre pour cent de mortalité…»

Je regardais attentivement la femme au masque paralysé, aux yeux aveugles, et dont la bouche seule encore vivante dans sa figure tendait vers la garde des lèvres enflées de paroles qui avaient à la fois comme envie et peur de sortir.

– «Mais messieurs, m'écriai-je, avec un peu de colère dans la voix, est-ce que, même à l'agonie, vous ne permettez pas à vos prisonnières de parler?»

– «Oh, monsieur!.. N'est-ce pas, cher directeur, que nous sommes plus élastiques que ça?» fit d'un ton léger, le sous-préfet, qui, s'adressant à la mourante, lui dit: «Parlez, parlez tout à votre aise, brave femme.»

* * * * *

La permission arrivait trop tard. Les sous-préfets n'ont pas le pouvoir de rendre la parole aux morts.