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Regrets sur ma vieille robe de chambre

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Ah, saint prophète! levez vos mains au ciel, priez pour un ami en péril, dites à Dieu: si tu vois dans tes décrets éternels que la richesse corrompe le coeur de Denis, n'épargne pas les chefs- d'oeuvre qu'il idolâtre; détruis-les et ramène-le à sa première pauvreté; et moi, je dirai au ciel de mon côté: O Dieu! je me résigne à la prière du saint prophète et à ta volonté! Je t'abandonne tout; reprends tout; oui, tout, excepté le Vernet. Ah! laisse-moi le Vernet!

Ce n'est pas l'artiste, c'est toi qui l'as fait. Respecte l'ouvrage de l'amitié et le tien. Vois ce phare, vois cette tour adjacente qui s'élève à droite; vois ce vieil arbre que les vents ont déchiré. Que cette masse est belle! Au-dessous de cette masse obscure, vois ces rochers couverts de verdure. C'est ainsi que ta main puissante les a formés; c'est ainsi que ta main bienfaisante les a tapissés. Vois cette terrasse inégale, qui descend du pied des rochers vers la mer. C'est l'image des dégradations que tu as permises au temps d'exercer sur les choses du monde les plus solides. Ton soleil l'aurait-il autrement éclairée? Dieu! si tu anéantis cet ouvrage de l'art, on dira que tu es un Dieu jaloux. Prends en pitié les malheureux épars sur cette rive. Ne te suffit-il pas de leur avoir montré le fond des abîmes? Ne les as-tu sauvés que pour les perdre? Écoute la prière de celui-ci qui te remercie. Aide les efforts de celui-là qui rassemble les tristes restes de sa fortune. Ferme l'oreille aux imprécations de ce furieux: hélas! il se promettait des retours si avantageux; il avait médité le repos et la retraite; il en était à son dernier voyage. Cent fois dans la route, il avait calculé par ses doigts le fond de sa fortune; il en avait arrangé l'emploi: et voilà toutes ses espérances trompées; peine lui reste-t-il de quoi couvrir ses membres nus. Sois touché de la tendresse de ces deux époux. Vois la terreur que tu as inspirée à cette femme. Elle te rend grâce du mal que tu ne lui as pas fait. Cependant, son enfant, trop jeune pour savoir à quel péril tu l'avais exposé, lui, son père et sa mère, s'occupe du fidèle compagnon de son voyage; il rattache le collier de son chien. Fais grâce à l'innocent. Vois cette mère fraîchement échappée des eaux avec son époux; ce n'est pas pour elle qu'elle a tremblé, c'est pour son enfant. Vois comme elle le serre contre son sein; vois comme elle le baise. O Dieu! reconnais les eaux que tu as créées. Reconnais-les, et lorsque ton souffle les agite, et lorsque ta main les apaise. Reconnais les sombres nuages que tu avais rassemblés, et qu'il t'a plu de dissiper. Déjà ils se séparent, ils s'éloignent, déjà la lueur de l'astre du jour renaît sur la face des eaux; je présage le calme à cet horizon rougeâtre. Qu'il est loin, cet horizon! il ne confine point avec la mer. Le ciel descend au- dessous et semble tourner autour du globe. Achève d'éclaircir ce ciel; achève de rendre à la mer sa tranquillité. Permets à ces matelots de remettre à flot leur navire échoué; seconde leur travail; donne-leur des forces, et laisse-moi mon tableau. Laisse- le-moi, comme la verge dont tu châtieras l'homme vain. Déjà ce n'est plus moi qu'on visite, qu'on vient entendre: c'est Vernet qu'on vient admirer chez moi. Le peintre a humilié le philosophe.