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Œuvres de Napoléon Bonaparte, Tome V

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Cette opération avait pour but d'inquiéter les alliés sur Prague, et d'acquérir des notions certaines sur leurs projets. On apprit là ce que nos espions avaient déjà fait connaître, que l'élite de l'armée russe et prussienne traversait la Bohême, se réunissant sur la rive gauche de l'Elbe.

Nos coureurs poussèrent jusqu'à seize lieues de Prague.

L'empereur était de retour de Bohême à Zittau le 20 à une heure du matin; il laissa le duc de Bellune avec le deuxième corps à Zittau, pour appuyer le corps du prince Poniatowski; il plaça le général Vandamme, avec le premier corps, à Rumbourg, pour appuyer le général Lefèvre-Desnouettes, ces deux généraux occupant en force le col, et faisant construire des redoutes sur le mamelon qui domine sur le col. L'empereur se porta par Lauban en Silésie, où il arriva le 20 avant sept heures du soir.

L'armée ennemie de Silésie avait violé l'armistice, traversé le territoire neutre dès le 12. Ils avaient le 15 insulté tous nos avant-postes, et enlevé quelques vedettes.

Le 16, un corps russe se plaça entre le Bober et le poste de Spiller, occupé par deux cents hommes de la division Charpentier. Ces braves qui se reposaient sur la foi des traités, coururent aux armes, passèrent sur le ventre des ennemis et les dispersèrent. Le chef de bataillon la Guillermie les commandait.

Le 18, le duc de Tarente donna l'ordre au général Zucchi de prendre la petite ville de Lahn; il s'y porta avec une brigade italienne; il exécuta bravement son ordre, et fit perdre à l'ennemi plus de cinq cents hommes: le général Zucchi est un officier d'un mérite distingué. Les troupes italiennes ont attaqué, à la baïonnette, les Russes, qui étaient en nombre supérieur.

Le 19, l'ennemi est venu camper à Zobten. Un corps de douze mille Russes a passé le Bober et a attaqué le poste de Siebenicken, défendu par trois compagnies légères. Le général Lauriston fait prendre les armes à une partie de son corps, part de Loewenberg, marche à l'ennemi et le culbute dans le Bober. La brigade du général Lafitte, de la division Rochambeau, s'est distinguée.

Cependant, l'empereur, arrivé le 20 à Lauban, était, le 21, à la pointe du jour, à Loewenberg, et faisait jeter des ponts sur le Bober. Le corps du général Lauriston passa à midi. Le général Maison culbuta, avec sa valeur accoutumée, tout ce qui voulut s'opposer à son passage, s'empara de toutes les positions, et mena l'ennemi battant jusqu'auprès de Goldberg. Le cinquième et le onzième corps l'appuyèrent. Sur la gauche, le prince de la Moskwa faisait attaquer le général Saken par le troisième corps, en avant de Bunzlau, le culbutait, le mettait en déroute, et lui faisait des prisonniers.

L'ennemi se mit en retraite.

Un combat eut lieu le 23 août devant Goldberg. Le général Lauriston s'y trouvait à la tête des cinquième et onzième corps. Il avait devant lui les Russes qui couvraient la position de Flensberg, et les Prussiens qui s'étendaient à droite sur la route de Liegnitz. Au moment où le général Gérard débouchait par la gauche sur Nieder-au, une colonne de vingt-cinq mille Prussiens parut sur ce point; il la fit attaquer au milieu des baraques de l'ancien camp; elle fut enfoncée de toutes parts; les Prussiens essayèrent plusieurs charges de cavalerie qui furent repoussées à bout-portant; ils furent chassés de toutes leurs positions, et laissèrent sur le champ de bataille près de cinq mille morts, des prisonniers, etc. A la droite, le Flensberg fut pris et repris plusieurs fois; enfin, le cent trente-cinquième régiment s'élança sur l'ennemi et le culbuta entièrement. L'ennemi a perdu sur ce point mille morts et quatre mille blessés.

L'armée des alliés se retira en désordre et en toute hâte sur Jauer.

L'ennemi ainsi battu en Silésie, l'empereur prit avec lui le prince de la Moskwa, laissa le commandement de l'armée de Silésie au duc de Tarente, et arriva le 25 à Stolpen. La garde vieille et jeune, infanterie, cavalerie et artillerie, fit ces quarante lieues en quatre jours.

Le 28 août 1813.
A S. M. l'impératrice-reine et régente

Le 26, à huit heures du matin, l'empereur entra dans Dresde. La grande armée russe, prussienne et autrichienne, commandée par les souverains, était en présence; elle couronnait toutes les collines qui environnent Dresde, à la distance d'une petite lieue par la rive gauche. Le maréchal Saint-Cyr, avec le quatorzième corps et la garnison de Dresde, occupait le camp retranché et bordait de tirailleurs les palanques qui environnaient les faubourgs. Tout était calme à midi; mais, pour l'oeil exercé, ce calme était le précurseur de l'orage: une attaque paraissait imminente.

A quatre heures après-midi, au signal de trois coups de canon, six colonnes ennemies, précédées chacune de cinquante bouches à feu, se formèrent, et peu de momens après descendirent dans la plaine; elles se dirigèrent sur les redoutes. En moins d'un quart-d'heure la canonnade devint terrible. Le feu d'une redoute étant éteint, les assiégeans l'avaient tournée et faisaient des efforts au pied de la palanque des faubourgs, où un bon nombre trouvèrent la mort.

Il était près de cinq heures: une partie des réserves du quatorzième corps était engagée. Quelques obus tombaient dans la ville; le moment paraissait pressant. L'empereur ordonna au roi de Naples de se porter avec le corps de cavalerie du général Latour-Maubourg sur le flanc droit de l'ennemi, et au duc de Trévise de se porter sur le flanc gauche. Les quatre divisions de la jeune garde, commandées par les généraux Dumoutier, Barrois, Decouz et Roguet, débouchèrent alors, deux par la porte de Pirna et deux par la porte de Plauen. Le prince de la Moskwa déboucha à la tête de la division Barrois. Ces divisions culbutèrent tout devant elles; le feu s'éloigna sur-le-champ du centre à la circonférence, et bientôt fut rejeté sur les collines. Le champ de bataille resta couvert de morts, de canons et de débris. Le général Dumoutier est blessé, ainsi que les généraux Boyeldieu, Tindal et Combelles. L'officier d'ordonnance Béranger est blessé à mort; c'était un jeune homme d'espérance. Le général Gros, de la garde, s'est jeté le premier dans le fossé d'une redoute où les sapeurs ennemis travaillaient déjà à couper des palissades: il est blessé d'un coup de baïonnette.

La nuit devint obscure et le feu cessa, l'ennemi ayant échoué dans son attaque et laissé plus de deux mille prisonniers sur le champ de bataille, couvert de blessés et de morts.

Le 27, le temps était affreux; la pluie tombait par torrens. Le soldat avait passé la nuit dans la boue et dans l'eau. A neuf heures du matin, l'on vit distinctement l'ennemi prolonger sa gauche et couvrir les collines qui étaient séparées de son centre par le vallon de Plauen.

Le roi de Naples partit avec le corps du duc de Bellune et les divisions de cuirassiers, et déboucha sur la route de Freyberg pour attaquer cette gauche. Il le fit avec le plus grand succès. Les six divisions qui composaient cette aile furent culbutées et éparpillées. La moitié, avec les drapeaux et les canons, fut faite prisonnière, et dans le nombre se trouvent plusieurs généraux.

Au centre, une vive canonnade soutenait l'attention de l'ennemi, et des colonnes se montraient prêtes à l'attaquer sur la gauche.

Le duc de Trévise, avec le général Nansouty, manoeuvrait dans la plaine, la gauche à la rivière et la droite aux collines.

Le maréchal Saint-Cyr liait notre gauche au centre, qui était formé par le corps du duc de Raguse.

Sur les deux heures après midi, l'ennemi se décida à la retraite, il avait perdu sa grande communication de Bohême par sa gauche et par sa droite.

Les résultats de cette journée sont vingt-cinq à trente mille prisonniers, quarante drapeaux et soixante pièces de canon.

On peut compter que l'ennemi a soixante mille hommes de moins. Notre perte se monte, en blessés, tués ou pris, à quatre mille hommes.

La cavalerie s'est couverte de gloire. L'état-major de la cavalerie fera connaître les détails et ceux qui se sont distingués.

La jeune garde a mérité les éloges de toute l'armée. La vieille garde a eu deux bataillons engagés; ses autres bataillons étaient dans la ville, disponibles en réserve. Les deux bataillons qui ont donné ont tout culbuté à l'arme blanche.

La ville de Dresde a été épouvantée et a couru de grands dangers.

La conduite des habitans a été ce qu'on devait attendre d'un peuple allié. Le roi de Saxe et sa famille sont restés à Dresde, et ont donné l'exemple de la confiance.

Le 30 août 1813.
A S. M. l'impératrice-reine et régente

Le 28, le 29 et le 30, nous avons poursuivi nos succès. Les généraux Gustex, Doumerc et d'Audenarde, du corps du général Latour-Maubourg, ont pris plus de mille caissons ou voitures de munitions, et ramassé beaucoup de prisonniers. Les villages sont pleins de blessés ennemis; on en compte plus de dix mille.

L'ennemi a perdu, suivant les rapports des prisonniers, huit généraux tués ou blessés.

Le duc de Raguse a eu plusieurs affaires d'avant-garde qui attestent l'intrépidité de ses troupes.

Le général Vandamme, commandant le premier corps, a débouché le 25 par Koenigstein, et s'est emparé, le 26, du camp de Pirna, de la ville et de Hohendorf. Il a intercepté la grande communication de Prague à Dresde. Le duc de Wurtemberg, avec quinze mille Russes, avait été chargé d'observer ce débouché. Le 28, le général Vandamme l'a attaqué, battu, lui a fait deux mille prisonniers, lui a pris six pièces de canon, et l'a poussé en Bohême. Le prince de Reuss, général de brigade, officier de mérite, a été tué.

Dans la journée du 29, le général Vandamme s'est placé sur les hauteurs de la Bohême, et s'y est établi. Il fait battre le pays par des coureurs et des partis, pour avoir des nouvelles de l'ennemi, l'inquiéter et s'emparer de ses magasins.

 

Le prince d'Eckmülh était, le 24, à Schwerin. Il n'avait encore eu aucune affaire majeure. Les Danois s'étaient distingués dans plusieurs petites affaires.

Ce début de la campagne est des plus brillans, et fait concevoir de grandes espérances. La qualité de notre infanterie est de beaucoup supérieure à celle de l'ennemi.

Le 1er septembre 1813.
A S. M. l'impératrice-reine et régente

Le 28 août, le roi de Naples a couché à Freyberg avec le duc de Bellune; le 29, à Lichtenberg; le 30, à Zetau; le 31, à Seyda.

Le duc de Raguse, avec le sixième corps, a couché le 28, à Dippoldiswalda, où l'ennemi a abandonné douze cents blessés; le 29, à Falkenhain; le 30, à Altenberg, et le 31, à Zinnwald.

Le quatorzième corps, sous les ordres du maréchal Saint-Cyr, était le 28 à Maxen; le 29, à Reinhards-Grimma; le 30, à Dittersdorff, et le 31, à Liebenau.

Le premier corps, sous les ordres du général Vandamme, était le 28 à Hollendorff, et le 29, à Peterswalde, occupant les montagnes.

Le duc de Trévise était en position, le 28 et le 29, à Pirna.

Le général Pajol, commandant la cavalerie du quatorzième corps, a fait des prisonniers.

L'ennemi se retira dans la position de Dippoldiswalda et Altenberg. Sa gauche suivit la route de Plauen, et se replia par Tharandt sur Dippoldiswalda, ne pouvant faire sa retraite par la route de Freyberg. Sa droite ne pouvant se retirer par la chaussée de Pirna, ni par celle de Dohna, se retira sur Maxen, et de là sur Dippoldiswalda. Tout ce qui était en partisan et détaché de Meissen, se trouva coupé. Les bagages russes, prussiens, autrichiens, s'étaient entassés sur la chaussée de Freyberg; on y prit plusieurs milliers de voitures.

Arrivé à Altenberg, où le chemin de Toeplitz à Dippoldiswalda devient impraticable, l'ennemi prit le parti de laisser plus de mille voitures de munitions et de bagages. Cette grande armée rentra en Bohême après avoir perdu partie de son artillerie et de ses bagages.

Le 29, le général Vandamme passa avec huit ou dix bataillons le col de la grande chaîne et se porta sur Kulm: il y rencontra l'ennemi, fort de huit à dix mille hommes; il s'engagea: ne se trouvant plus assez fort, il fit descendre tout son corps d'armée: il eut bientôt culbuté l'ennemi. Au lieu de rentrer et de se replacer sur la hauteur, il resta et prit position à Kulm, sans garder la montagne; cette montagne commande la seule chaussée; elle est haute. Ce n'était que le 30 au soir que le maréchal Saint-Cyr et le duc de Raguse arrivaient au débouché de Toeplitz. Le général Vandamme ne pensa qu'au résultat de barrer le chemin de l'ennemi, et de tout prendre. A une armée qui fuit, il faut faire un pont d'or, ou opposer une barrière d'acier: il n'était pas assez fort pour former cette barrière d'acier.

Cependant l'ennemi voyant que ce corps d'armée de dix-huit mille hommes, était seul en Bohème, séparé par de hautes montagnes, et que tout le reste était encore au pied en-deçà des monts, se vit perdu s'il ne le culbutait. Il conçut l'espoir de l'attaquer avec succès, sa position étant mauvaise. Les gardes russes étaient en tête de l'armée qui battait en retraite: on y joignit deux divisions autrichiennes fraîches; le reste de l'armée ennemie s'y réunit à mesure qu'elle débouchait, suivie par les deuxième, sixième et quatorzième corps. Ces troupes débordèrent le premier corps. Le général Vandamme fit bonne contenance, repoussa toutes les attaques, enfonça tout ce qui se présentait, et couvrit de morts le champ de bataille. Le désordre gagna l'armée ennemie, et l'on voyait avec admiration ce que peut un petit nombre de braves contre une multitude dont le moral est affaibli.

A deux heures après-midi, la colonne prussienne du général Kleist, coupée dans sa retraite, déboucha par Peterswalde pour tâcher de pénétrer en Bohême; elle ne rencontra aucun ennemi, arriva sur le haut de la montagne sans résistance, s'y plaça, et là, vit l'affaire qui était engagée. L'effet de cette colonne sur les derrières de l'armée, décida l'affaire.

Le général Vandamme se porta sur-le-champ contre cette colonne, qu'il repoussa: il fut obligé d'affaiblir sa ligne dans ce moment délicat. La chance tourna: il réussit cependant à culbuter la colonne du général Kleist, qui fut tué; les soldats prussiens jetaient leurs armes et se précipitaient dans les fossés et les bois. Dans cette bagarre, le général Vandamme a disparu; on le croit frappé à mort.

Les généraux Corbineau, Dumonceau et Philippon se déterminèrent à profiter du moment, et à se retirer partie par la grande route, et partie par d'es chemins de traverse, avec leur division, en abandonnant tout le matériel, qui consistait en trente pièces de canon et trois cents voitures de toute espèce, mais en ramenant tous les attelages. Dans la position où étaient les affaires, ils ne pouvaient pas prendre un meilleur parti. Les tués, blessés et prisonniers doivent porter notre perte dans cette affaire à six mille hommes. L'on croit que la perte de l'ennemi ne peut être moindre que de quatre à cinq mille hommes.

Le premier corps se rallia, à une lieue du champ de bataille, au quatorzième corps. On dresse l'état des pertes éprouvées dans cette catastrophe, due à une ardeur guerrière mal calculée.

Le général Vandamme mérite des regrets: il était d'une rare intrépidité. Il est mort sur le champ d'honneur, mort digne d'envie pour tout brave.

Le 2 septembre 1813.
A S. M. l'impératrice-reine et régente

Le 21 août, l'armée russe, prussienne et autrichienne, commandée par l'empereur Alexandre et le roi de Prusse, était entrée en Saxe, et s'était portée le 22 sur Dresde, forte de cent quatre-vingt à deux cent mille hommes, ayant un matériel immense, et pleine de l'espérance non-seulement de nous chasser de la rive droite de l'Elbe, mais encore de se porter sur le Rhin, et de nourrir la guerre entre le Rhin et l'Elbe. En cinq jours de temps, elle a vu ses espérances confondues: trente mille prisonniers, dix mille blessés tombés en notre pouvoir, ce qui fait quarante mille; vingt mille tués ou blessés, et autant de malades par l'effet de la fatigue et du défaut de vivres (elle a été cinq à six jours sans pain), l'ont affaiblie de près de quatre-vingt mille-hommes.

Elle ne compte pas aujourd'hui cent mille hommes sous les armes; elle a perdu plus de cent pièces canon, des parcs entiers, quinze cents charrettes de munitions d'artillerie, qu'elle a fait sauter ou qui sont tombées en notre pouvoir; plus de trois mille voitures de bagages, qu'elle a brûlées ou que nous avons prises. On avait quarante drapeaux ou étendards. Parmi les prisonniers, il y a quatre mille Russes. L'ardeur de l'armée française et le courage de l'infanterie fixent l'attention.

Le premier coup de canon tiré des batteries de la garde impériale dans la journée du 27 août, a blessé mortellement le général Moreau qui était revenu d'Amérique pour prendre du service en Russie.

Le 6 septembre au soir.
A S. M. l'impératrice-reine et régente

Le 2 septembre, l'empereur a passé, à Dresde, la revue du premier corps, et en a conféré le commandement au comte de Lobau. Ce corps se compose des trois divisions Dumonceau, Philippon et Teste. Ce corps a moins perdu qu'on ne l'avait cru d'abord, beaucoup d'hommes étant rentrés.

Le général Vandamme n'a pas été tué; il a été fait prisonnier. Le général du génie Haxo, qui avait été envoyé en mission auprès du général Vandamme, se trouvant dans ce moment avec ce général, a été fait également prisonnier. L'élite de la garde russe a été tuée dans cette affaire.

Le 3, l'empereur a été coucher au château de Harta, sur la route de Silésie; et le 4, au village de Hochkirch (au-delà de Bautzen). Depuis le départ de S. M. de Loevenberg, des événemens importans s'étaient passés en Silésie.

Le duc de Tarente, à qui l'empereur avait laissé le commandement de l'armée de Silésie, avait fait de bonnes dispositions pour poursuivre les alliés, et les chasser de Jauer: l'ennemi était poussé de toutes ses positions; ses colonnes étaient en pleine retraite: le 26, le duc de Tarente avait pris toutes ses mesures pour le faire tourner; mais dans la nuit du 26 au 27, le Bober et tous les torrens qui y affluent débordèrent; en moins de sept à huit heures, les chemins furent couverts de trois à quatre pieds d'eau et tous les ponts emportés. Nos colonnes se trouvèrent isolées entre elles. Celle qui devait tourner l'ennemi ne put arriver. Les alliés s'aperçurent bientôt de ce changement de circonstances.

Le duc de Tarente employa les journées du 28 et du 29 à réunir ses colonnes séparées par l'inondation. Elles parvinrent à regagner Bunzlau, où se trouvait le seul pont qui n'eût pas été emporté par les eaux du Bober. Mais une brigade de la division Puthod ne put pas y arriver. Au lieu de chercher à se jeter du côté des montagnes, le général voulut revenir sur Loewenberg. Là, se trouvant entouré d'ennemis et la rivière à dos, après s'être défendu de tous ses moyens, il a dû céder au nombre. Tout ce qui savait nager dans ses deux régimens se sauva; on en compte environ sept à huit cents: le reste fut pris.

L'ennemi nous a fait dans ces différentes affaires trois à quatre mille prisonniers, et nous a pris deux aigles de deux régimens, avec les canons de la brigade.

Après ces circonstances qui avaient fatigué l'armée, elle repassa successivement le Bober, la Queiss et la Neiss. L'empereur la trouva le 4 sur les hauteurs de Hochkirch. Il fit, le soir même, réattaquer l'ennemi, le fit débusquer des hauteurs du Wohlenberg, et le poursuivit pendant toute la journée du 5, l'épée dans les reins, jusqu'à Goerlitz. Le général Sébastiani exécuta des charges de cavalerie a Reichenbach, et fit des prisonniers.

L'ennemi repassa en toute hâte la Neiss et la Queiss, et notre armée prit position sur les hauteurs de Goerlitz, au-delà de la Neiss.

Le 6, à sept heures du soir, l'empereur était de retour à Dresde.

Le conseil de guerre du troisième corps d'armée a condamné à la peine de mort le général de brigade Jomini, chef d'état-major de ce corps, qui, du quartier-général de Liegnitz, a déserté à l'ennemi au moment de la rupture de l'armistice.

Le 7 septembre 1813
A S. M. l'impératrice-reine et régente

Le duc de Reggio, avec les douzième, septième et quatrième corps, s'est porté le 23 août sur Berlin. Il a fait attaquer le village de Trebbin, défendu par l'armée ennemie, et l'a forcé. Il a continué son mouvement.

Le 24 août, le septième corps n'ayant pas réussi dans le combat de Gross-Beeren, le duc de Reggio s'est reporté sur Wittemberg.

Le 3 septembre, le prince de la Moskwa a pris le commandement de l'armée, et s'est porté sur Interbock. Le 5, il a attaqué et battu le général Tauensien; mais le 6, il a été attaqué en marche par l'armée ennemie, commandée par le général Bulow. Des charges de cavalerie sur ses derrières ont mis le désordre dans ses parcs. Il a dû se retirer sur Torgau. Il a perdu huit mille hommes tués, blessés ou prisonniers, et douze pièces de canon. La perte de l'ennemi doit avoir été aussi très forte.

Le 11 septembre 1813.
A S. M. l'impératrice-reine et régente

La grande armée ennemie, battue à Dresde, s'était réfugiée en Bohême. Instruits que l'empereur s'était porté en Silésie, les alliés ont réuni un corps de quatre-vingt mille hommes, composé de Russes, de Prussiens et d'Autrichiens, et se sont portés, le 5, sur Hottendorf; le 6, sur Gieshubel, et le 7, sur Pirna.

Le 9, l'armée française marcha sur Borna et Furstenwalde. Le quartier-général de l'empereur fut à Liebstadt.

Le 10, le maréchal Saint-Cyr se porta du village de Furstenwalde sur le Geyersberg, qui domine la plaine de la Bohême. Le général Bonnet, avec la quarante-troisième division, descendit dans la plaine près de Toeplitz. L'on aperçut l'armée ennemie qui cherchait à se rallier après avoir rappelé tous ses détachemens de la Saxe. Si le débouché du Geyersberg avait été praticable pour l'artillerie, cette armée aurait été attaquée en flanc pendant sa marche; mais tous les efforts faits pour descendre du canon furent inutiles.

 

Le général Ornano déboucha sur les hauteurs de Peterswalde, pendant que le général Dumonceau y arrivait par Hollendorff.

Nous avons fait quelques centaines de prisonniers, dont plusieurs officiers. L'ennemi a constamment évité la bataille, et s'est retiré précipitamment dans toutes les directions.

Le 11, l'empereur est retourné à Dresde.

Le 13 septembre 1813.
A S. M. l'impératrice-reine et régente

Le quartier-général de l'empereur était à Dresde.

Le duc de Tarente, avec les cinquième, onzième et troisième corps, s'était placé sur la rive gauche de la Sprée. Le prince Poniatowski, avec le huitième corps, était à Stolpen. Toutes ces forces étaient ainsi concentrées à une journée de Dresde, sur la rive droite de l'Elbe.

Le comte de Lobau, avec le premier corps, était à Hollendorff, en avant de Peterswalde; le duc de Trévise, à Pirna; le maréchal Saint-Cyr, sur les hauteurs de Borna, occupant les débouchés de Furstenwalde et du Geyersberg; le duc de Bellune, à Altenberg.

Le prince de la Moskwa était à Torgau avec les quatrième, septième et douzième corps.

Le duc de Raguse et le roi de Naples, avec la cavalerie du général Latour-Maubourg, se portaient sur Grossen-Hayn.

Le prince d'Eckmülh était sur Ratzeburg.

L'armée ennemie de Silésie était sur la droite de la Sprée. Celle de la Bohême était: les Russes et les Prussiens, dans la plaine de Toeplitz, et un corps autrichien à Marienberg. L'armée ennemie de Berlin était à Interbock.

Le général français Margaron, avec un corps d'observation, occupait Leipsick.

Le château de Sonnenstein, au-dessus de Pirna, avait été occupé, fortifié et armé.

S. M. avait donné le commandement de Torgau au comte de Narbonne.

Les quatre régimens des gardes-d'honneur avaient été attachés, le premier, aux chasseurs à cheval de la garde; le deuxième, aux dragons; le troisième, aux grenadiers à cheval; et le quatrième, au premier régiment de lanciers. Ces régimens de la garde leur fournissaient des instructeurs, et toutes les fois qu'on marchait au combat, y joignaient de vieux soldats pour renforcer leurs cadres et les guider. Un escadron de chaque régiment des gardes-d'honneur était toujours de service auprès de l'empereur, avec l'escadron que fournit chaque régiment de la garde; ce qui portait à huit le nombre des escadrons de service.

Le 17 septembre 1813.
A S. M. l'impératrice-reine et régente

Le 14, l'ennemi déboucha de Toeplitz sur Nollendorf, et menaça de tourner la division Dumonceau, qui était sur la hauteur. Cette division se retira en bon ordre sur Gushabel, où le comte de Lobau réunit son corps. L'ennemi ayant voulu attaquer le camp de Gushabel, fut repoussé et perdit beaucoup de monde.

Le 15, l'empereur partit de Dresde, et se porta au camp de Pirna. Il dirigea le général Mouton-Duvernet, commandant la quarante-deuxième division, par les villages de Langenhenersdorf et de Bera, tournant ainsi la droite de l'ennemi. En même temps, le comte de Lobau l'attaqua de front. L'ennemi fut mené l'épée dans les reins tout le reste de la journée.

Le 16, il occupait encore les hauteurs au-delà de Peterswalde. A midi, on se mit à sa poursuite, et il fut délogé de sa position. Le général Ornano fit faire de belles charges à sa division de cavalerie de la garde et à la brigade de chevau-légers polonais du prince Poniatowski. L'ennemi fut poussé et jeté en Bohême dans le plus grand désordre. Il a fait sa retraite avec tant d'activité, qu'on n'a pu lui prendre que quelques prisonniers, parmi lesquels se trouve le général Blucher, commandant l'avant-garde, et fils du général en chef prussien Blucher.

Notre perte a été peu considérable.

Le 16, l'empereur a couché à Péterswalde, et le 17, S. M. était de retour à Pirna.

Thielmann, général transfuge du service de Saxe, avec un corps de partisans et de transfuges, s'est porté sur la Saale. Un colonel autrichien s'est aussi porté en partisan sur Colditz.

Les généraux Margaron, Lefèvre-Desnouettes et Piré se sont mis avec des colonnes de cavalerie et d'infanterie à la poursuite de ces partis, espérant en avoir bon compte.

Le 19 septembre 1813.
A S. M. l'impératrice-reine et régente

Le 17, à deux heures après-midi, l'empereur est monté à cheval, et au lieu de se rendre à Pirna, est allé aux avant-postes. Ayant aperçu que l'ennemi avait fait une grande quantité d'abattis pour défendre la descente de la montagne, S. M. le fit attaquer par le général Duvernet, qui, avec la quarante-deuxième division, s'empara du village d'Abessau et repoussa l'ennemi dans la plaine de Toeplitz. Il était chargé de manoeuvrer de manière à bien reconnaître la position de l'ennemi, et à l'obliger de démasquer ses forces. Ce général réussit parfaitement à exécuter ses instructions. Il s'engagea une vive canonnade hors de portée, et qui fit peu de mal; mais une batterie autrichienne de 24 pièces ayant quitté sa position pour se rapprocher de la division Duvernet, le général Ornano l'a fait charger par les lanciers rouges de la garde: ils ont enlevé ces vingt-quatre pièces, et sabré tous les canonniers, mais on n'a pu ramener que les chevaux, deux pièces de canon et un avant-train.

Le 18, le comte de Lobau était resté dans la même position, occupant le village d'Arbessau et tous les débouchés de la plaine. A quatre heures après-midi, l'ennemi envoya une division pour tâcher de surprendre la hauteur au village de Keinitz. Cette division fut repoussée l'épée dans les reins, et mitraillée pendant une heure.

Le 18, à neuf heures du soir, S. M. est arrivée à Pirna, et le 19, le comte de Lobau a repris ses positions en avant de Nollendorf et au camp de Gushabel.

La pluie tombait par torrent.

Le prince de Neufchâtel est un peu incommodé d'un accès de fièvre.

S. M. se porte très-bien.

Le 26 septembre 1813.
A S. M. l'impératrice-reine et régente

L'empereur a passé les journées du 19 et du 20 à Pirna, S. M. y a fait jeter un pont, et établir une tête de pont sur la rive droite.

Le 21, l'empereur est venu coucher à Dresde, et le 22, il s'est porté à Hartau: il a sur-le-champ fait déboucher au-delà de la forêt de Bischoffswerda, le onzième corps, commandé par le duc de Tarente, le cinquième corps, commandé par le général Lauriston, et le troisième corps, commandé par le général Souham.

L'armée ennemie de Silésie qui s'était portée, la droite, commandée par Sacken, sur Kamenz, la gauche, commandée par Langeron, sur Neustadt aux débouchés de Bohême, et le centre, commandé par Yorck, sur Bischoffswerda, se mit sur le champ en retraite de tous côtés. Le général Gérard, commandant notre avant-garde, la poussa vivement, et lui fit quelques prisonniers. L'ennemi fut mené battant jusqu'à la Sprée. Le général Lauriston entra dans Neustadt.

L'ennemi refusant ainsi la bataille, l'empereur est revenu le 24 à Dresde, et a ordonné au duc de Tarente de prendre position sur les hauteurs de Weissig.

Le huitième corps, commandé par le prince Poniatowski, a repassé sur la rive gauche.

Le comte de Lobau, avec le premier corps, occupe toujours Gushabel.

Le maréchal Saint-Cyr occupe Pirna et la position de Borna.

Le duc de Bellune occupe la position de Freyberg.

Le duc de Raguse, avec le sixième corps et la cavalerie du général Latour-Maubourg, était au-delà de Grossenhayn. Il avait repoussé l'ennemi sur la rive droite au-delà de Torgau, pour faciliter le passage d'un convoi de vingt mille quintaux de farine qui remontait l'Elbe sur des bateaux, et qui est arrivé à Dresde.

Le duc de Padoue est à Leipsick; le prince de la Moskwa entre Wittenberg et Torgau.

Le général comte Lefèvre-Desnouettes était, avec quatre mille chevaux, à la suite du transfuge Thielmann. Ce Thielmann est Saxon, et comblé des bienfaits du roi. Pour prix de tant de bienfaits, il s'est montré l'ennemi le plus irréconciliable de son roi et de son pays. A la tête de trois mille coureurs, partie Prussiens, partie cosaques et Autrichiens, il a pillé les haras du roi, levé partout des contributions à son profit, et traité ses compatriotes avec toute la haine d'un homme qui est tourmenté par le crime. Ce transfuge, décoré de l'uniforme de lieutenant-général russe, s'était porté à Naumbourg, où il n'y avait ni commandant ni garnison, mais où il avait surpris trois à quatre cents malades. Cependant le général Lefèvre-Desnouettes l'avait rencontré à Freybourg le 19, lui avait repris les trois ou quatre cents malades que ce misérable avait arrachés de leurs lits pour s'en faire un trophée; lui avait fait quelques centaines de prisonniers, pris quelques bagages, et repris quelques voitures dont il s'était emparé. Thielmann s'était alors réfugié sur Zeitz, où le colonel Munsdorff, partisan autrichien qui parcourait le pays, s'était réuni à lui: le général comte Lefèvre-Desnouettes les a attaqués le 24, à Altenbourg, les a rejetés en Bohême, leur a tué beaucoup de monde, entre autres un prince de Hohenzollernn et un colonel.