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Les protestants à Nimes au temps de l'édit de Nantes

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CONCLUSION

Lorsqu’arriva la nouvelle que le roi avait enfin signé l’édit de Nantes, que l’on attendait depuis si longtemps et que l’assemblée générale de Chatellerault avait eu tant de peine à conquérir, il ne sembla pas que les huguenots en ressentissent une grande joie: c’est que le parti était loin d’obtenir ce qu’il avait demandé687. Le synode national de Montpellier qui, composé de députés venus de tous les coins de la France, reflète sans doute l’état d’esprit général des réformés, parle de l’édit en ces termes: «MM. Charnier et Brunier… nous aiant fait entendre que, faute d’une bonne union et intelligence, nous n’avions pas obtenu tout ce qui nous étoit nécessaire pour la liberté de nôtre religion, le jugement de nos causes et la sûreté de nos vies, le sinode, aiant connu ce défaut, a protesté de vouloir étroitement et mieux que ci-devant observer l’union jurée et signée à Mantes…» Il exhorte ensuite les gouverneurs du parti «à faire leur possible afin que l’édit du roi ne soit pas exécuté dans aucun lieu de l’étendue de leur gouvernement, qu’il n’ait été exécuté auparavant dans les lieux qui ne suivent pas la religion réformée688

En Bas-Languedoc, l’édit fut accueilli avec la plus grande froideur. Le synode provincial de Montpellier se contente de le mentionner: «M. Brunier rend la lettre de l’assemblée générale de Chatellerault qui a obtenu de S. M. un édit en faveur des églises du royaume. Il est remercié de sa négociation689

Déjà, durant les interminables pourparlers de l’assemblée de Chatellerault, le Bas-Languedoc ne s’était rien moins que passionné pour la conquête de l’édit. Bien plus, des bruits alarmants avaient couru et s’étaient même répandus au point d’inquiéter l’assemblée. En effet, «adjoustant plus de foy aux advis donnez tantost de la part de quelques particuliers que, estans à la cour, y voulloient faire leurs affaires aux despens du général, tantost de ceux-mesmes qui sont tous ouvertement et par leur profession contraires au bien et advancement des esglizes690», le Bas-Languedoc avait fini par croire ou par faire semblant de croire que l’assemblée générale trahissait les intérêts du parti691. Les choses en vinrent même à ce point que celle-ci s’inquiéta et jugea nécessaire d’envoyer au plus vite le sieur de Saint-Germain pour expliquer la cause de ses longueurs, renforcer le zèle de la province et la raffermir dans l’union «tant nécessaire» des églises692.

La façon dont leur député fut reçu attesta l’impopularité des négociateurs de Chatellerault: non seulement le conseil des églises refusa de convoquer l’assemblée générale de la province pour l’écouter693, mais encore on l’empêcha d’assister à la séance du conseil, «et les particuliers mesmes s’estrangèrent de luy sans luy rendre les debvoirs ausquelz l’honnesteté civille doibt porter un chascun694.» Plus tard, l’assemblée de Chatellerault ne manqua pas de se plaindre aigrement de cette «province sy considérable et qui par le passé avoyt sy heureusement servy en cette cause695»; elle attribua l’insuccès696 de ses négociations à ce que le roi et la cour s’étaient aperçus que l’union des réformés «dont l’apprehension les avoit esmeus, n’estoit pas telle qu’on ne peust y faire brèche», et elle prétendit même qu’à partir de ce moment, «on» avait «non [seulement] reffuzé ce qui n’estoit point accordé encores, mais aussy remis en dispute plusieurs choses qui avoyent esté accordées et… retranché des articles qui ne sont pas de peu d’importance697».

C’était peut-être exagérer l’importance du Bas-Languedoc, mais il se peut cependant que le roi ait connu et exploité contre l’assemblée le mécontentement de cette puissante province.

Or, ce mécontentement vient confirmer les conclusions que je tire de cette étude. Pourquoi les huguenots du Bas-Languedoc, et de Nîmes par conséquent, loin de participer à l’anxiété avec laquelle les réformés du reste de la France attendent du roi un édit, se désintéressent-ils des négociations laborieuses de l’assemblée, et même laissent-ils entrevoir leur mauvaise volonté?

C’est qu’en réalité, ils n’ont pas grande envie que le roi s’occupe de leurs affaires. Une loi applicable à tous les réformés du royaume ne pourra que restreindre les libertés particulières des Nîmois. Ceux-ci vivent tranquillement, en effet, sous leur consistoire (chap. I-III). Le consistoire gouverne, car il dirige officiellement la morale et contrôle entièrement la vie des fidèles (chap. IV), et son influence sur les consuls et les magistrats double son autorité morale de l’autorité matérielle et politique (chap. V). Comment les protestants de ce petit État bien organisé souhaiteraient-ils qu’une loi vînt bouleverser leur situation et surtout changer leurs rapports avec les catholiques, qu’ils dominent et dont en fait ils réduisent à leur gré les libertés (chap. VI-VII)? Chez eux, contrairement à ce qui se passera dans le reste de la France, l’édit de Nantes sera à l’opposé des intérêts huguenots et en faveur des papistes. En effet, la religion catholique se trouve à peu près interdite: l’édit va la rétablir au premier rang et reléguer l’exercice du culte réformé dans certaines localités déterminées. Les protestants jouissent des rentes des bénéfices, imposent les catholiques et leur interdisent les plaisirs que défend la Discipline: l’édit de Nantes changera tout cela. Dans ces conditions, on ne pourra s’étonner de voir, lors de l’exécution de l’édit, les catholiques en réclamer la stricte application et les réformés s’efforcer de l’empêcher698.

 

En somme, nous avons voulu montrer qu’il existait, dans les dernières années du XVIe siècle, à Nîmes, une sorte de république calviniste à l’image de Genève, autonome en fait, et possédant son gouvernement, ses finances et ses intérêts particuliers, opposés à ceux des catholiques et même, peut-être, des réformés de presque tout le reste de la France. C’était un minuscule État dans l’État.

APPENDICES

A. —Les «deniers du roi pour l’entretien des pasteurs»

En 1589, Henri III «avait promis, par l’accord conclu entre lui et le roi de Navarre à Plessis-lez-Tours, de fournir lui-même une partie des gages des pasteurs de la Guyenne, du Languedoc et du Dauphiné. Henri IV prit le même engagement aussitôt après son avènement. Plus tard (1592) il en étendit le bénéfice à toute la France699». Il confirma cette mesure en 1593, malgré l’opposition de son conseil. «Mais par le mauvais vouloir des trésoriers généraux, elle fut d’abord de nul effet… Alors, sur les remontrances de l’assemblée de Mantes (15 janvier 1594), Henri IV décida qu’un fonds serait fait en Espagne, et serait, sous le nom de Madame Catherine, distribué aux Églises. En 1594, le synode national de Montauban détermina le mode à suivre pour le répartir et pour en déterminer l’emploi… Mais l’allocation promise en 1594 ne fut pas payée exactement. En conséquence, les protestants de plusieurs provinces posèrent à l’assemblée de Loudun (1596) la question suivante: «Est-il permis de se saisir des dîmes ecclésiastiques?» Au lieu de répondre, celle-ci pressa le roi de satisfaire, par un bon édit, aux réclamations de ses anciens coreligionnaires. Henri IV déclara verbalement qu’il leur ferait remettre chaque année 25.000 écus, mais refusa de spécifier, par un acte public ou secret, la destination de cette allocation; seulement, à la requête des assemblées de Saumur et de Chatellerault, il porta la somme promise de 25.000 à 45.000700». Il en donna un brevet le 3 avril 1598701, par lequel il déclarait accorder aux protestants 45.000 écus «pour employer à certains affaires secrets qui les concernent que Sa Majesté ne veut estre spécifiez ni déclarez», payables par quartiers, «sans qu’il en puisse estre retranché ni reculé aucune chose pour les non-valeurs ou autrement».

L’assemblée de Chatellerault, retraçant ses négociations au synode de Montpellier, l’avertit que, par déférence, elle lui laisse «le deppartement et distribution desd. deniers», en l’engageant à les faire de suite, et à nommer en chaque province «un personnage fidelle et responsable pour recepvoir et distribuer la part et portion desd. deniers qui escherra, selon et en la forme qu’il sera advisé par les sinodes provinciaux702». En conséquence, le synode fit la distribution; il accorda au Bas-Languedoc, pour 116 églises703, 6.105 l. 15 sols 9 deniers, plus 611 l. 6 sols 8 deniers pour le collège de Nîmes et 500 l. pour celui de Montpellier704. Puis, pour l’année 1598 spécialement, attendu «que le roy ne donne payement que pour trois quartiers, à cause que le brevet n’est accordé que du premier avril», il refit un état qui portait la part du Bas-Languedoc à 4.578 l. 28 sols 4 deniers et celle du collège de Nîmes à 458 l. 20 sols705. En outre, il décida qu’on devait pensionner, sur l’allocation accordée par le roi, les pasteurs qui, par vieillesse ou indisposition, ne pouvaient exercer leurs charges, ainsi que les écoliers proposants, les veuves et orphelins de ministres706. Afin d’établir un contrôle, les provinces étaient tenues d’envoyer au prochain synode national leurs comptes des deniers avec les reçus des pasteurs, proposants, veuves et orphelins. De même, les universités devaient lui faire savoir comment elles avaient employé leur subvention. Enfin, chaque province avait à nommer un receveur de ses propres deniers707.

Mais, en attendant, il fallait recouvrer les sommes promises. Le roi, par son brevet du 3 avril 1598, avait assigné les 45.000 écus sur les «premiers et plus clairs deniers» des recettes générales de Rouen, Paris, Caen, Orléans, Tours, Poitiers, Limoges et Bordeaux708. L’assemblée de Chatellerault chargea ses députés en cour d’en obtenir des assignations «bonnes et certaines709». Malgré ces précautions, la somme fut loin d’être exactement payée. En effet, au lieu de 66.301 écus 30 sols que l’on devait toucher pour les trois derniers quartiers de l’année 1598, à savoir 33.750 écus pour les pasteurs et 32.551 écus pour la solde des garnisons des places de sûreté710, le sieur Palot, receveur des églises, n’avait encore reçu que 32.829 écus 50 sols 6 deniers, en juin 1600711. Ainsi donc, dès la première année, les protestants se voyaient frustrés d’environ la moitié de ce qui leur avait été promis. A la vérité, ils avaient bien des rescriptions pour le reste de la somme, mais elles valaient si peu, qu’en 1600 ils durent renoncer officiellement à l’espoir de toucher entièrement ce qui leur était dû712. D’ailleurs, sur les deniers de l’année 1599, ils eurent moins encore. En juin 1600, ils n’avaient pu obtenir en tout que 42.020 écus, au lieu de 45.000 écus pour les églises, plus 66.372 écus 17 sols pour les garnisons, soit en tout 111.372 écus 17 sols pour lesquels ils avaient eu des rescriptions713. L’assemblée de Saumur se plaignit au roi; le roi promit qu’à l’avenir «ceux de lad. religion auront occasion d’en estre contens», et il continua de ne pas payer714.

 

La part de chaque pasteur se trouvait ainsi réduite à peu de chose, car, non seulement, comme on l’a vu, le roi ne payait pas à beaucoup près ce qu’il promettait, mais encore la plus grosse part des sommes obtenues à grand’peine était prudemment consacrée à la solde des garnisons715. En outre, sur la part même des ministres, on prélevait encore une certaine somme pour l’entretien des collèges de Nîmes et de Montpellier716 et la fondation d’académies de théologie717. Les protestants attachaient en effet une grande importance à ce que leurs «universités» devinssent florissantes. Leurs synodes en encourageaient le développement718. On décidait de les payer sur les deniers du roi avant toutes les églises719. On tâchait de ne pas prélever sur leur part les frais extraordinaires720, que l’on couvrait au moyen des deniers du ministère. En 1601, les deux collèges de Montpellier et de Nîmes recevaient 1.000 écus, alors que tous les pasteurs de Bas-Languedoc n’avaient à se partager que 3.201 écus 3 sols721. Enfin, les consistoires veillaient soigneusement à ce que les réformés n’envoyassent pas leurs enfants faire leurs études ailleurs que dans les universités de la Religion722.

Outre les sommes consacrées à l’entretien des collèges et des académies, les «deniers du ministère» avaient à supporter certaines dépenses extraordinaires comme celles des députations à la cour et aux assemblées723, et ces dépenses pouvaient monter à de très grosses sommes. Ainsi, en 1601, on se trouvait avoir à prendre sur l’argent destiné aux ministres de Bas-Languedoc, 1.314 écus 45 sols 6 deniers, ce qui réduisait la part de chacun d’eux de près de moitié724.

Ce qui restait pour l’entretien des pasteurs n’était donc que peu de chose, et il fallait encore en distribuer une part aux infirmes, aux proposants, aux veuves et aux orphelins, suivant l’ordonnance du synode national de Montpellier725. En février 1600, l’assemblée de Castres prétend que la part du Bas-Languedoc sur les deniers des pasteurs a été plus faible encore que celle des autres provinces726, mais il est à croire que chaque province devait penser de même, en voyant le peu que lui rapportaient les promesses du roi.

Quoi qu’il en soit, si l’église de Nîmes comptait bien, à l’origine, toucher sa subvention, il ne paraît pas qu’elle en ait eu grand’chose. Le 2 décembre 1598, le consistoire décide d’envoyer un porteur jusqu’à Montauban pour réclamer de l’argent à M. de Viçoze, «recepveur des deniers destinés par le Roy pour le payement de Messieurs les pasteurs727». Il n’avait donc probablement rien reçu encore.

Il est, au reste, très difficile de connaître exactement les sommes que les églises touchèrent. Ainsi, le synode provincial d’Uzès, en mars 1600, déclare que «de l’argent desdié aux professeurs en théologie aux académies de Montpeillier et Nismes, 200 escus seront deslivrés… à M. Gigord… et 50 escus à M. Moinier et aultant aux hoirs de M. de Falguerolles, en recognoissance des lecteures [en théologie] par eulx faictes728». Peut-être le synode a-t-il entre les mains quelque argent et ne donne-t-il pas là qu’une simple promesse, car Moynier, réclamant en 1602 d’être payé de ses leçons de théologie, avoue avoir reçu autrefois 50 écus729. Mais en tout cas, le synode ne doit pas avoir la somme entière, et même, il semble bien qu’il ne possède que ces 300 écus: car s’il pouvait disposer de quelque argent en surplus, il le distribuerait aux académies et le consistoire de Nîmes ne se plaindrait pas, au mois d’août, de ne pas avoir touché les 600 écus qui lui avaient été octroyés par le synode national pour «dresser une académie en théologie730».

Donc, voilà tout ce qu’avait pu obtenir en 1600 le Bas-Languedoc sur les deniers des académies qui lui revenaient: 300 écus environ. Pourtant, comme nous l’avons vu, on faisait passer le payement de ces académies avant celui des pasteurs. Ceci laisse à penser que les ministres n’eurent rien ou à peu près. Je ne trouve aucun texte avant 1602 qui permette de croire qu’ils touchèrent quelque argent sur les deniers du roi. Aussi comprend-on que, par compensation, les églises aient imposé les rentiers des bénéfices quand elles le pouvaient, et au moins pour payer les tailles dont elles n’avaient pu obtenir que le roi déchargeât les pasteurs.

B. —Les pasteurs de Nîmes

Comme nous l’avons vu731, rien n’était plus difficile pour une église que d’acquérir un pasteur «perpétuel» lorsqu’elle s’en trouvait dépourvue. A cette époque, chaque fidèle pouvait venir au consistoire reprendre le ministre sur des points de doctrine732; certains enquêtaient secrètement sur ses mœurs; d’autres se syndiquaient, en dehors du consistoire, pour obtenir son renvoi; le conseil de ville se plaignait de lui aux assemblées ecclésiastiques; enfin, le consistoire pouvait le censurer733. Chacun avait le droit de juger dans sa conscience les actes de son ministre et de se faire sur lui une opinion personnelle, ce qui était bien selon l’esprit de libre examen. Un pasteur «ne peut être imposé à un troupeau contre le gré de la majorité734.» Il faut donc qu’il plaise à tous. Aussi recherche-t-on celui qui a fait ses preuves et s’est rendu célèbre par son éloquence, par sa science ou par sa piété. Les églises se livrent ainsi, pour obtenir certains ministres, à des contestations et à des luttes qui se prolongent de colloque en synode et peuvent durer des années. C’est, en effet, une grande déception d’amour-propre pour l’une d’entre elles que de voir le synode lui enlever son pasteur pour le donner à quelque autre, et c’est pour cette raison que les protestants d’Alais préféraient conserver un ministre qu’ils détestaient que de le livrer aux Nîmois.

Ceux-ci se trouvaient en décembre 1599 dans une gêne extrême. Jean de Falguerolles venait de mourir dans sa 39e année735; le vieux Chambrun ne prêchait plus depuis le mois de juin736 et Moynier restait seul pour une église qui aurait occupé largement quatre ministres. Déjà en mai 1596, l’église s’était trouvée dénuée de pasteurs, car Chambrun avait obtenu un congé «pour aller aux bains», Moynier se purgeait, et Falguerolles était assez malade pour ne pas pouvoir prêcher737, mais non trop pour faire la cour à une riche héritière738. On avait alors écrit à MM. Couet, de Bâle, et Goulard, de Genève, pour les engager au service de l’église, mais sans pouvoir s’arranger avec eux739.

Depuis, le consistoire avait continué, assez mollement, il est vrai, à chercher un quatrième pasteur. En mai 1599, il faisait déclarer au synode que l’église réservait son «droict sur Mr Terond pour l’avoir entretenu aux estudes740», et réclamait le ministre Baille, d’Anduze741. En septembre 1599, on paraissait sur le point d’engager M. Caille, et le consistoire faisait annoncer au prêche qu’on allait probablement l’avoir742. Néanmoins, deux mois plus tard, on rompait catégoriquement avec lui. Et si on lui écrivait une lettre de congé qu’on lui renouvela malgré ses réclamations743 et celles de Chambrun744, ce n’était pas à cause de ses «loungs délays» et de ses lettres «du tout incertaines», mais parce qu’il y avait «espérance de recouvrer M. Ferrier745».

Ce Ferrier était un homme de talent. Il avait «assez de courage, l’esprit vif, l’imagination enflammée, une grande facilité à parler, un ton de voix impérieux, une véhémence dans l’action et le discours qui entraînait les auditeurs et qui ne leur laissait pas la liberté de lui contredire». De plus, «il pleuroit à volonté» et «il avoit tellement charmé le peuple, qu’il le menoit comme il vouloit746». Cette dernière assertion est certainement exacte. Il suffit de lire ce qui va suivre pour voir quelle popularité il s’était acquise auprès des Nîmois. C’était un homme d’une grande éloquence, quoi qu’en dise Tallemant des Réaux, et quoi qu’en pensent les auteurs de la France protestante747. Sinon, comment qualifier un orateur doué de toutes ses qualités748?

A peine fut-il à Nîmes que cette église résolut de le conserver. Le 11 décembre, elle le prie de rester749. Il s’en retourne néanmoins. Le 22 décembre, on fait demander à l’église d’Alais de le céder à temps ou à perpétuité750: elle refuse. Le 5 janvier, on envoie à Ferrier trois députés et non, comme à Cailhe, une simple lettre, pour l’engager au service de l’église751 et, sans doute, il se laisse tenter par leurs offres, car il vient à Nîmes. Aussitôt, le consistoire décide qu’il y restera752. Mais ce n’était pas l’affaire de ceux d’Alais: ils réclament la réunion extraordinaire du colloque qui a lieu le 13 janvier753.

Ce colloque ne trancha pas la question, car Ferrier, le 19 janvier, déclare au consistoire de Nîmes que «d’estre detenu en la présente ville, il ne peult que ne soit prouveu par ung sinode ou colloque, mesmes qu’il se doibt acheminer à l’asemblée de Castres». Mais le consistoire affecte de le considérer désormais comme son pasteur légitime. Il décide que M. Ferrier est arrêté pour toute cette semaine, mais que lundi prochain il pourra se rendre à Alais, attendu que cette église «se trouve depourvue754». Ce prêt aux habitants d’Alais d’un ministre qui, en somme, leur appartenait, dut les exaspérer.

On s’en aperçut en mars 1600, au synode d’Uzès. Sur la proposition de Moynier755, les Nîmois y avaient envoyé une députation extraordinaire qui commença par réclamer qu’on lui cédât M. Ferrier, grâce à qui l’église avait «recongnu lesd. apostazies estre arrestées, les fidèles afermis, et l’audace de Coton, jésuite, réprimée;» on n’aurait, disait-elle, qu’à pourvoir l’église d’Alais, «beaucoup moins importante», d’un autre pasteur. Mais ceux d’Alais répondirent par des reproches contre Ferrier qui les avait quittés sans leur permission ni celle du colloque, «d’où seroit survenu que plusieurs de la religion se voyantz sans prêche seroient allés au sermon de Rhodes, jésuite», et contre le consistoire de Nîmes qui avait «voulu pratiquer M. Ferrier et l’aliéner d’eulx.» Le synode trouva moyen de mécontenter les deux églises par son jugement. Il confirma Ferrier à Alais, mais décida qu’elle le prêterait immédiatement à Nîmes pour trois mois, si bien que l’une et l’autre en appelèrent au synode national756.

Néanmoins, la délibération du synode fut suivie par provision, et, sur la requête de Moynier, le consistoire de Nîmes écrivit à Ferrier d’arriver «le plus promptement que faire se pourra757». Il vint, mais il ne devait pas se considérer comme détaché de son église d’Alais, car, le 5 avril, il annonce que le pasteur Baille, d’Anduze, qui lui avait promis de venir faire la cène à Alais, n’y étant pas allé, lui-même est forcé de s’y rendre. Pourtant, il resta758.

Le consistoire de Nîmes se trouvait alors très embarrassé. Il lui fallait absolument un ministre, ce qu’il cherchait en vain depuis 1596. Or, il n’avait pas d’argent. Moynier le menaçait de quitter la ville pour aller chercher à Marvéjols les sommes nécessaires «pour le mariage de sa fillie» si on ne lui payait ses gages759. Cependant, Chambrun était si inutile qu’on lui accordait peu après un congé d’un mois pour aller baptiser un de ses petits-fils760. Le consistoire dut faire un emprunt761. Et il redoubla d’efforts pour sortir des embarras continuels où le mettait le manque de pasteurs. Le 10 mai, il envoie à Ferrier un ancien «pour luy offrir tous moyens possibles, et s’il veult venir changer d’ert en ceste ville762». Même, il fait une tentative infructueuse auprès du célèbre Daniel Chamier, de Montélimar, pour obtenir son ministère763. Mais rien ne réussit, Ferrier ni Chamier n’acceptent. Aussi, Moynier qui, malgré l’assistance que lui apportaient temporairement les pasteurs du colloque, devait être surchargé de travail764, semble prêt à tout abandonner. Il ne peut toucher ses gages; il a été forcé de faire des dettes pour 3 ou 400 l., et ses créanciers le poursuivent. En conséquence, il réclame ce qui lui est dû et, en même temps, un congé pour aller se reposer dans le Gévaudan. Le consistoire ne peut que le supplier de rester, lui promettre qu’on le payera sur les premiers deniers liquides et déclarer aux créanciers qu’il endosse les dettes de Moynier765.

Dans ces conditions, on paraît renoncer tout à fait à Ferrier et l’on négocie avec le pasteur Gigord. Le 23 août, le consistoire fait offrir à ce dernier un contrat d’engagement766. Mais l’affaire ne se terminant pas, Moynier part sans congé le 13 septembre pour le Gévaudan767. Enfin la réponse de Gigord arrive vers le 8 novembre768: il se contente de charger le diacre Cheyron et l’avocat Chalas de ses intérêts. L’affaire, traînée en longueur, n’aboutit pas.

Ainsi, à la fin de 1600, l’église de Nîmes, chef de colloque, la plus riche et la plus importante de la province avec celle de Montpellier, n’avait pas pu trouver de pasteur depuis si longtemps qu’elle en cherchait un. C’est qu’elle se montrait difficile. En mai 1599, elle s’était contentée de réserver ses droits sur Terond sans le réclamer, sans doute parce qu’il venait d’être consacré et n’était pas encore connu769. Un peu plus tard, elle abandonnait Cailhe pour l’espoir d’obtenir Ferrier770. Puis, lorsque la mort de Falguerolles la force d’acquérir coûte que coûte un ministre, c’est le célèbre Daniel Chamier771, c’est Gigord772, dont la science était si connue que le synode le dispensait, en 1603, de l’examen imposé aux pasteurs pour professer en théologie773, qu’elle s’efforce d’engager. Mais, il n’y avait pas à ce moment de pasteurs libres dans le colloque ni dans la province, et il est à croire que si Ferrier, séparé d’Alais, et mis en distribution au synode le 9 mars 1601774, lui fut enfin donné comme ministre «en jussion775», ce fut uniquement parce qu’il était impossible de le laisser à son église légitime.

Ceux d’Alais, en effet, tout en se refusant à le laisser partir, l’avaient pris en haine. Il se plaignait au synode d’avoir été traité «d’apostat» plusieurs fois par un ancien, et de «caqueteur». On l’avait accusé de se préparer «pour se rendre Jésuite» et de vouloir se «faire trop riche en appovrissant le commun». Alors qu’il partait d’Alais pour «venir vers Mrs les Commissaires», les fidèles «le suivirent avec foule et avec tesmoins et noteres pour luy faire quelques actes de justice», et en voyant qu’il s’en allait, son troupeau criait «après luy que le diable luy rompît les jambes quand jamais il retourneroit dans lad. ville». Il se plaignait d’avoir été diffamé, calomnié, presque emprisonné à deux reprises. Ce à quoi l’ancien d’Alais, après lui avoir donné divers démentis776, répondit que l’église «aimoit et honoroit son ministère». Le synode mit Ferrier et l’église d’Alais en distribution777; et il fit bien. Puis, il donna le pasteur à l’église de Nîmes778 malgré l’appel d’Alais à qui il était dur de voir sa rivale triompher779.

687Voy. l’Appendice C sur l’édit de Nantes.
688Aymon, Syn. nationaux, t. I, p. 223.
689Séance du 22 mai 1598 (B. P. F., copie Auzière).
690Instructions données par l’assemblée de Chatellerault à Chamier, son député au syn. national (B. N., ms. franç. 15814, fo 131 vo. Pièce no 6). Ces instructions sont très intéressantes.
691V. les instructions de l’assemblée à Chamier citées, et aussi celles qu’elle donna au sieur de Saint-Germain envoyé en Bas-Languedoc (B. N., ms. franç. 15814, fo 106 vo-107 ro. Pièce no 4).
692Instructions du sieur de Saint-Germain citées (Pièce no 4).
693«Extrait des actes du conseil de Bas-Languedoc» (B. N., ms. franç. 15814, fo 121 vo).
694Instructions de Chamier citées (Pièce no 6).
695Id.
696Car elle considérait bien l’édit comme un insuccès, v. pièce no 6.
697Pièce no 6.
698Voy. les cahiers de remontrances des catholiques et des réformés cités au chap. VI.
699Les protestants de Languedoc s’empressèrent de distribuer sur le papier la «bénéficence royale». On peut voir dans les dires par écrit avec pièces et notes à l’appui de Peiremales, commissaire protestant député pour l’exécution de l’édit de Nantes en la province de Languedoc et Pays de Foix par Louis XIV: «Extrait de la bénéficence accordée par le roy Henry IV aux églises et en l’année 1591»; «Estat de la bénéficence faite par le roy Henry IV aux ministres en l’année 1592»; «Acte ou patente de la bénéficence du roy Henry le Grand en faveur des églises» (1592), etc. (Arch. de la Cour d’appel de Nîmes, 9e division, no 502, dont, à la B. P. F., copie par M. Ferd. Teissier).
700Les passages cités sont d’Anquez, Assemblées politiques, pp. 109-110.
701B. N., Brienne 208, fo 479. – Le brevet est publié dans Anquez, Assemblées politiques, p. 497, avec la date du 13 avril par erreur. – P. de Felice, Protestants d’autrefois, 3e série, p. 149, note 2, se basant sur le ms. franç. 20965 de la B. N., le date du 3 avril. – C’est par erreur que G. de Felice, Hist. des syn. nat., pp. 126-8, d’après Aymon, Syn. nat., t. I, p. 225, parle de 43.000 écus. Le brevet du 3 avril 1598 mentionne 45.000 écus, de même que les comptes du receveur Palot (B. N., ms. franç. 15816, fo 35 vo).
702Instructions de l’assemblée de Chatellerault au pasteur Chamier, député par elle au synode de Montpellier (Pièce no 6).
703Ce qui ne veut pas dire 116 pasteurs. Jusqu’au syn. nat. de Jargeau (1601) deux églises desservies par un seul pasteur comptaient pour deux dans la répartition des deniers, au lieu qu’une église desservie par plusieurs pasteurs comptait pour une. Le synode ordonna que le département se ferait, désormais, non par églises, mais par pasteurs (Aymon, Syn. nat., t. I, p. 252).
704«Distribution des 45 mil escus octroyés par le Roi… faite au synode de Montpellier» (B. N., ms. franç. 15815, fo 75 ro; et ms. Brienne 208, fo 473 ro).
705B. N., Brienne 208, fo 475.
706Aymon, t. I, pp. 226 et 227.
707Aymon, t. I, p. 227.
708Brevet du 3 avril 1598 cité.
709Pièce no 6.
710Le 30 avril 1598, le roi avait signé un brevet qualifié d’«articles secrets», par lequel il promettait aux réformés 180.000 écus par an pour entretenir les garnisons de leurs places de sûreté, «sans y comprendre celle de la province de Dauphiné» qui seraient entretenues «d’ailleurs». Ce brevet est publié dans Anquez, pp. 498 et suiv.
711Clôture des comptes du sieur Palot, «conseiller et secrétaire du Roy, et commis à faire la recepte et distribution des deniers que Sa Majesté a accordés à ceux de la religion réformée de ce royaume», faite à l’assemblée de Saumur le 20 juin 1600 (B. N., ms. franç. 15816, fos 30 et suiv.).
712«Pour laquelle somme de 31.599 écus 9 sols 2 deniers, il [Palot] a par devers luy des rescriptions jusques à la concurrance d’icelle somme, dont le recouvrement est encore à faire, à cause des difficultés et impossibilités qui s’y présentent, et lesquelles led. sieur Palot a fait voir en lad. assemblée si grandes, qu’après les avoir examinées… se trouve qu’il ne peut estre fait estat que de la somme de 18.443 escus, et que le surplus, montant à la somme de 13.156 escus 9 sols 2 deniers, tombent en faute de fonds et non valoirs qui est autant à dire que perte» (Comptes du sieur Palot, ibid., fo 31 ro).
713Comptes du sieur Palot, ibid., fo 35 vo. – En juin 1600, Palot n’avait encore rien pu toucher des deniers de l’année 1600, car il n’avait pu retirer les rescriptions qu’au mois de mai (Ibid., fo 36 ro).
714Cahier des plaintes de l’assemblée de Saumur, répondu par le roi en janvier 1601 (B. N., ms. Brienne 209, fos 238 vo-239 ro).
715Ainsi, pour l’année 1599, Palot ayant touché 42.020 écus, paye 37.000 écus aux garnisons et seulement 5.020 écus aux églises et académies (Clôture de ses comptes à l’assemblée de Chatellerault; B. N., ms. franç. 15816, fo 35 vo).
716Le synode de Montpellier, en 1598, accordait au collège de Nîmes 611 l. 6 sols 8 deniers et à celui de Montpellier 500 l. («Distribution de 45.000 escus octroyés par le Roy», B. N., ms. franç. 15815, fo 75 ro, et Brienne 208, fo 473 ro).
717Pièce no 6.
718Le synode national de Saumur (1596) engage les provinces à établir chacune un collège et deux académies de théologie pour le moins (Aymon, Syn. nat., t. I, p. 197).
719Synode national de Jargeau en 1601 (Aymon t. I, p. 252).
720«Pour faire face aux despenses des voyages ordonnés vers le roy… on ne touchera pas à l’argent affecté au payement des universités» (Actes de l’assemblée provinciale de Castres, analysés par M. de France dans le Bull. de la Soc. de l’hist. du protestantisme, t, XXXI, p. 307).
721Syn. prov. de Nîmes, séance du 10 mars 1601 (B. P. F., copie Auzière).
722V. ci-dessus, p. 17, note 2. – Malgré tout, on eut de la peine à faire prospérer les académies de théologie en Bas-Languedoc. En 1601, il n’y a que 8 écoliers inscrits à la matricule des proposants de l’académie nîmoise (Borrel dans Bull. de la Soc. de l’hist. du protestantisme fr., t. III, p. 46). Au syn. prov. de Nîmes en 1601, on propose de distribuer aux pasteurs la part réservée aux académies de Nîmes et de Montpellier, attendu «qu’il n’y a point de professeurs en théologie ny aucun exercice, et ce, jusqu’à ce que les professeurs servent actuellement». Mais le synode n’y consent point et décide que les églises de Nîmes et Montpellier devront s’être pourvues de professeurs pour leurs académies avant le prochain synode. Il ajoute qu’«aucuns de ceste compagnie qui peuvent estre propres pour lire en théologie» seront examinés «par deux textes du Vieulx Testament et du Nouveau à rendre d’un jour à l’aultre, comme aussy respondre aux thèses» (Séance du 10 mars, B. P. F., copie Auzière). En 1603, Gigord et Ferrier se présentent pour passer cet examen; le syn. prov. d’Uzès les en dispense vu leur notoriété et les «reçoit et authorize pour docteurs et professeurs en théologie, M. Gigord pour l’Académie de Montpellier et M. Ferrier pour l’Académie de Nismes» (Séance du 23 avril).
723L’assemblée de Castres, en avril 1599, décide que «pour faire face aux despenses des voyages vers le Roy, l’assemblée de Chatelleraut et M. de Ventadour», on prendra de l’argent des deniers du ministère (Actes publ. par de France dans le Bull. de la Soc. de l’hist. du protestantisme, t. XXXI, p. 307). – Cf. aussi le syn. prov. de Saint-Germain de Calberte, séance du 14 mai «au matin» (B. P. F., copie Auzière), et une délib. du synode d’Uzès (séance du 24 avril 1603) pour réfréner «le grand abus, tant de M. Palot à bailler l’argent à quiconque luy en demande que des villes et assemblées politiques qui font leur députation à ces fraiz-là» (B. P. F., copie Auzière).
724«Tarife des colloques» de 1600 ou 1601. Elle se trouve, en effet, entre un rôle de 1600 et un autre de 1601, dans le «Livre des actes des synodes provinciaux» (Arch. du consist. de Nîmes, A, 10, fo 71 ro).
725En 1598 (Aymon, Syn. nat., t. I, pp. 226 et 227).
726Cahiers de remontrances de l’assemblée de Castres, faits le 1er février 1600 et répondus par le roi le 7 mai; art. 9e (B. N., ms. Brienne 209, fo 129 vo).
727Arch. du consist. de Nîmes, B. 90, t. VII, fo 249.
728Séance de mars 1600 (B. P. F., copie Auzière).
729Syn. prov. d’Alais, séance du 27 avril 1602 (Ibid.).
730Pièce no 8.
731V. ci-dessus, pp. 14 et suiv.
732V. ci-dessus, p. 2.
733V. ci-dessus, pp. 25-26.
734P. de Felice, Protestants d’autrefois, 2e série, p. 12.
735V., sur les pasteurs Jean de Falguerolles, Jean Moynier et Pineton de Chambrun, Puech, Le pamphlétaire Guillaume de Reboul, pp. 81 sq., et la France protestante. Puech dit que Jean de Falguerolles était mort en octobre 1599, sans doute à Cologne, âgé de 39 ans (p. 84). Mais il préside encore le consistoire le 11 novembre 1599 (Arch. du consist., B, 90, t. VII, fo 312).
736«M. Moynier et M. Falgayrolles se régleront pour les prédications… affin que M. Chambrun n’en soyt plus en peyne» (Délib. du consist. du 16 juin 1599, loc. cit., fo 291). Il avait pourtant conservé assez de vigueur pour contracter un troisième mariage dont lui naquit un fils (Puech, op. cit., p. 91).
737«Sur la lettre mandée par M. de Falguerolles… à cause sa malladie et indisposition qui empêche l’exercice de sa charge» (Délib. du consist. du 31 mai 1596, loc. cit., fo 93).
738Elle se nommait Suzanne Dutour. Falguerolles était agréé par la mère, mais refusé par les oncles et le tuteur qui protégeaient d’autres prétendants. L’affaire alla en justice (Arch. du Gard, E, 207, fo 47, cité par Puech, p. 83. Arch. du Gard, E, 629). Tout finit par s’arranger en décembre 1596, et Falguerolles épousa Suzanne Dutour (Ibid., E, 313, fo 1089).
739Cf. aux arch. du consist. de Nîmes, B, 90, t. VII, fos 95 et 96, deux délib. du 12 juin 1596. – En octobre 1596, on continue encore de négocier avec Goulard (Ibid., fo 131, délib. du 16 octobre, et fo 132, délib. du 18 octobre). Mais on ne put s’arranger, car on ne les voit plus mentionnés.
740V. sur ce Jean Terond, ci-dessus, pp. 20 et suiv.
741Syn. prov. de Saint-Germain de Calberte, séance «du 14e may au matin» 1599 (B. P. F., copie Auzière).
742Délib. du 1er septembre 1599 (fo 300). L’église avait, en effet pensionné Jean Terond alors qu’il étudiait comme proposant.
743Délib. du 11 décembre 1599 (fo 312).
744Délib. du 15 décembre 1599 (fo 313).
745Délib. du 11 novembre 1599 (fo 309).
746France protestante, 2e éd., t. VI, p. 492, d’après E. Benoist, Hist. de l’édit de Nantes, et Tallemant des Réaux, Historiettes.
747Loc. cit.
748L’abjuration de Jérémie Ferrier lui a fait du tort dans l’esprit de ses historiens. – Il naquit vers 1570, fut ministre à Aumessas, puis, quelques mois plus tard, à Alais (1596), enfin à Nîmes. Il était fort savant, car il fut reçu sans examen comme lecteur en théologie à l’acad. de Nîmes (v. ci-dessus, p. 167, note 2). Il fut déclaré indigne du ministère pour désobéissance aux colloques et synodes. Il obtint du roi la place d’assesseur criminel, puis de conseiller au présidial de Nîmes (1613); il fut alors excommunié (14 juillet 1613), ce qui provoqua à Nimes une émeute où il faillit perdre la vie (15 et 16 juillet). Enfin, il revint à Paris, se convertit au catholicisme, obtint la faveur de Richelieu, fut nommé conseiller d’État et privé en 1626, et mourut le 26 septembre de la même année. – V. sa vie et une bibliographie de ses ouvrages dans la France protestante (loc. cit.). On trouve de nombreux renseignements sur sa vie dans les actes des syn. prov. de Bas-Languedoc (B. N., ms. franc. 8669, fo 196, et Arch. du consist. de Nîmes, A, 10, pass.). – L’émeute qui eut lieu à Nîmes en 1613 est rapportée dans Émotion arrivée en la ville de Nîmes en Languedoc le 15e de juillet de l’an 1613 (B. N., impr. Ld17653). – V. encore à ce sujet: Considérations d’état sur les mémoires envoyés par les consuls de Nismes… (B. N., impr. Lb36 187); et Le procès de la ville de Nismes… (B. N., impr. Lb36 190). – V. sur les négociations qui eurent lieu afin d’obtenir de Louis XIII l’abolition de ses ordres pour la répression de l’émeute de 1613, aux Arch. comm. de Nîmes: DD, 1, deuxième partie; et DD, 4. – Ferrier fut mis sur la liste des apostats au syn. nat. de Tonneins (Aymon, Syn. nat., t. II, p. 49). – V. sur sa fortune. Arch. nat., TT, 450. – Sur ses enfants, v. les registres de baptêmes et de décès de l’église réformée de Nîmes aux Arch. comm. de cette ville, UU, 94; UU, 118.
749Arch. du consist. de Nîmes, B, 90, t. VII, fo 312. Délib. du 11 décembre 1599.
750Ibid., fo 314. Délib. du 22 décembre 1599.
751Ibid., fo 318. Délib. du 5 janvier 1600.
752Ibid., fo 319. Délib. du 12 janvier. On décide que «M. Ferrier demeurera icy.»
753Ibid., fo 319. Délib. du 12 janvier 1600. «A esté propozé par M. Chambrun que le colloque s’assemblera extraordinairement demain à Allès pour raison de M. Ferrier que ceulx d’Allès préthendent encores avoir en leur églize.»
754Ibid., fo 321. Délib. du 19 janvier 1600.
755Ibid., fo 331. Délib. du 5 mars 1600.
756Syn. prov. d’Uzès. Séance du «vendredy 17 mars» 1600 (Arch. du consist., A, 10, fos 45 vo sq.). A ce synode, le 19 mars, l’église de Nîmes rappelle ses droits sur le pasteur Terond pour l’avoir pensionné comme proposant. Mais elle ne le réclame pas, ce qui montre bien que c’est Ferrier qu’on voulait (B. P. F., copie Auzière).
757Délib. du 22 mars 1600 (fo 335). «M. Moynier a remonstré qu’il seroit besoing escripre de surcharge à M. Ferrier de s’en venir le plus promptement que faire se pourra… et qu’il n’a moien survenir à l’entier menistère de lad. esglize.»
758Délib. du 5 avril 1600 (fo 339). – Il semble que M. Baille ait été à ce moment fort mal disposé à l’égard de Ferrier. En effet, au syn. de Nîmes, séance du 9 mars 1601, «après disner», Ferrier se plaint qu’on l’ait calomnié dans la maison de Baille, de qui l’ancien d’Alais invoque le témoignage contre Ferrier (loc. cit., fos 59 vo sq.).
759Délib. du 10 mai 1600 (fo 347).
760Délib. du 24 mai 1600 (fo 351).
761Délib. du 24 mai 1600 (fo 350).
762Délib. du 10 mai 1600 (fo 347).
763Délib. du 24 mai 1600 (fo 350).
764Il se plaint, le 22 mars, au consist. de ne pouvoir «survenir à l’entier menistère de lad. esglize» (fo 335).
765Délib. du 19 juillet 1600 (fo 356).
766Délib. du 23 août 1600 (fo 361).
767Délib. du 13 septembre 1600 (fo 366).
768Délib. du 8 novembre 1600 (fo 371). On annonce qu’il est arrivé une lettre de M. Gigord, et l’on décide de convoquer une assemblée extraordinaire, le 11, pour en entendre la lecture. Cette délib. du 11 ne s’est pas conservée.
769V. p. 172.
770Cf. pp. 172-3.
771Il faut voir sur Daniel Chamier les deux ouvrages de Ch. Read, Henri IV et le ministre Daniel Chamier et Daniel Chamier, journal de son voyage à la cour en 1607.
772Sur le pasteur Gigord, voir, outre la France protestante: Corbière, Académie protestante de Montpellier dans Mémoires de l’Académie des sciences et lettres de Montpellier, Lettres, VIII (1888-9), p. 429 et suiv.
773V. le syn. prov. de Nîmes, séance du 10 mars 1601; celui d’Alais, séance du 20 avril 1603; et celui d’Uzès, séance du 23 avril 1603 (B. P. F., copie Auzière).
774Syn. prov. de Nîmes, séance du 9 mars «après disner» (Arch. du consist. de Nîmes, A, 10, fo 61 vo).
775Même syn., séance du 13 mars «après disner» (fo 66 vo).
776V., outre la délib. du syn. prov. de Nîmes citée ci-dessus, celle du 11 mars 1601 (Arch. du consist. de Nîmes, A, 10, fos 63 et suiv.).
777Syn. prov. de Nîmes, séance du 9 mars 1601 «après disner» (Ibid., fos 59 vo et suiv.).
778Même syn.
779L’église d’Alais obtint le pasteur «de Marity» au syn. prov. d’Uzès, séance du 21 avril 1603 «après disner» (fo 94 ro).