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Sous Surveillance

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Aus der Reihe: Les Enquêtes de Riley Page #1
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CHAPITRE VINGT-CINQ

La tête de Riley se vidait tandis que l'agent Crivaro la menait dehors parmi les policiers et les agents. L'expérience qu'elle venait de vivre avait été beaucoup plus intense que ses précédentes connexions avec le tueur, et beaucoup plus terrifiante.

Il lui était difficile de se rappeler de tout. Elle savait qu'il y avait eut un sentiment de satisfaction qui appartenait à quelqu'un d'autre, pas à elle. Elle savait qu'elle avait dit des mots qui n'étaient pas les siens.

« Je me sens bien », avait-elle dit, bien que ce n'était pas d'elle-même qu'elle parlait.

« Tout se déroule exactement comme je le veux », avait-elle ajouté. Ou quelqu'un avait ajouté.

Tandis qu'elle marchait aux côtés de Crivaro, Riley vit le Dr. Zimmerman se tenant à distance parmi les policiers qui la dévisageaient.

Elle espérait qu'il viendrait lui parler, pour l'aider à comprendre ce qui venait de se passer.

Mais il garda ses distances, comme s'il ne voulait pas interférer avec...

Quoi ? s'interrogea Riley.

Qu'est-ce qu'il se passe ? Qu'est-ce que je fais ici ?

Crivaro l'amena vers la rue la plus proche. Des voitures de police aux gyrophares allumés étaient garées là.

— Qu'est-ce qu'il vient de se passer ? demanda Riley.

Crivaro hésita un instant.

— J'imagine que vous avez parlé de ce genre de choses avec le Dr. Zimmerman. Que vous a-t-il dit ?

Riley repensa à cette conversation dans le bureau de Zimmerman.

— Il m'a dit que j'avais une intuition exceptionnelle pour... ce genre de choses.

— Je dirais qu'il avait raison, dit Crivaro.

Il l'aida à monter à l'arrière d'une voiture de police et s'assit à côté d'elle.

Un autre agent, Walton, les avaient suivis depuis le dortoir. Il s'assit devant, du côté passager et un policier les conduisit.

Riley voulait toujours une explication de la part de Crivaro.

— C'était si saisissant. Comment je peux connaître ces choses ?

— Eh bien, strictement parlant, vous ne les connaissez pas. Ce n'est pas comme être un voyant ou quelque chose de paranormal. Vous suivez vos pressentiments et vos intuitions, et il s'avère qu'ils sont simplement bien plus puissants et saisissants pour vous que pour la plupart des gens, et peut-être plus précis aussi. En réalité, ce que vous faites surtout, c'est d'utiliser votre imagination, faire preuve d'un genre rare de créativité.

Il s'arrêta un moment.

— Par exemple, vous avez imaginé le téléphone sonner lorsque Trudy et le tueur sont entrés dans la chambre. Je doute que cela soit vraiment arrivé, je n'ai vu aucun message sur votre répondeur. Pourtant, quelque chose à vraiment détourné Trudy du tueur. Celui-ci a profité de l'avantage de ce moment, sorti son couteau, l'a saisie par derrière et...

Riley fut contente qu'il ne finisse pas sa phrase. Elle avait imaginé ce moment bien trop nettement il y a quelques minutes. Elle s'adossa contre l'appui-tête, se demandant quelle était la suite.

Walton avait dit qu'un suspect était en garde à vue et prêt à parler.

Crivaro avait dit...

« Je pense que vous pourriez nous être d'une grande aide là-bas aussi. »

Qu'attendait-il d'elle à présent ?

Lorsque la voiture se gara au poste de police, ils descendirent tous et se rendirent à l'intérieur. La première personne qu'ils croisèrent était le chef Hintz, l'homme âgé grand, maigre et vigoureux qui l'avait interrogée, elle et quatre autres filles, y comprit Trudy, après la mort de Rhea. Il n'avait pas été très sympathique, ce qui avait empiré une nuit déjà horrible.

Hintz hocha la tête en direction des agents Crivaro et Walton.

— Vous devez faire partie des gars du FBI, dit-il.

Tandis qu'ils se présentaient, Riley put voir que le chef Hintz semblait être très secoué.

Le chef confirma son impression lorsqu'il dit...

— Je ne peux pas y croire. Je n'arrive pas à comprendre.

Pas croire à quoi ? se demanda Riley. Un autre meurtre ou quelque chose d'autre ?

Le chef les conduisit à travers le poste jusqu'à la salle des interrogatoires. Ils restèrent tous à l'extérieur, regardant à travers le miroir sans teint.

Riley reconnut immédiatement le jeune homme assis menotté à la table à l'intérieur.

C'était Harry Rampling.

Elle commençait à présent à comprendre que le chef Hintz soit si troublé. Elle se rappela le regard de désapprobation qu'il lui avait lancé lorsqu'elle avait dit avoir repoussé Harry la nuit de la mort de Rhea.

Hintz regarda tristement le jeune sportif à travers la vitre.

— J'ai toujours pensé le meilleur de ce gamin. Je le prenais pour un vrai héro. Je ne pensais qu'il y avait la moindre trace de méchanceté en lui. Eh bien, on ne peut jamais savoir, j'imagine...

Hintz se tut.

Puis il regarda Crivaro et Walton.

— Je pense que vous feriez mieux de prendre la suite, les gars. Mes hommes et moi, nous sommes vraiment dépassés.

Hintz se retourna et s'éloigna.

Crivaro parla à son collègue.

— Walton, je veux que vous alliez interroger le suspect.

Le jeune agent eut l'air surprit.

— Êtes-vous vraiment certain que je sois prêt pour ça ?

— On apprend au fur et à mesure dans ce métier. Allez-y, commencez.

Walton passa la porte de la salle d'interrogatoire.

— Je veux que vous écoutiez très attentivement ce qui se dit là-dedans, dit Crivaro à Riley.

— Écouter ? Écouter quoi ?

— Vous le saurez quand vous l'entendrez, ou si vous l'entendez.

Riley pouvait entendre les sons provenant d'un haut-parleur tandis que Walton rapprochait une chaise et s'asseyait à la table.

— Dites-moi votre nom, s'il vous plaît, demanda Walton à Harry.

Harry semblait s'ennuyer et s'amuser en même temps.

— Encore ? J'ai l'impression de l'avoir déjà dit une centaine de fois.

— Oui, encore.

— Harry Rampling. En fait, mon nom complet est Henry Wallace Rampling III. Vous savez, vous faites une grosse erreur en me traitant comme ça les gars. Mon père est le maire de Baxter.

Walton eut un léger sourire en coin.

— Baxter ? C'est où ? Une grande ville, non ?

Riley ne put s'empêcher de se sentir momentanément amusée par l'expression atterrée de Harry. Elle savait parfaitement que Baxter se trouvait à environ 150 kilomètres de Lanton, et était considérablement petite. Walton ne semblait pas du tout impressionné, et cela piquait visiblement Harry.

— Je suppose que l'on vous a lu vos droits, dit Walton à Harry.

— Ouais, dit Harry en roulant des yeux.

— Voulez-vous un avocat ?

— C'est tellement stupide.

— Est-ce que je dois considérer ça comme un non ?

— Bien sûr. Très bien. Peu importe.

Walton commença à interroger Harry sur ses activités à des heures spécifiques la nuit dernière.

Harry étira ses jambes sous la table.

— Je dormais dans ma chambre, dit-il.

Walton consulta des notes.

— Votre chambre à Gettier Hall ? Au dessus de l'endroit où s'est produit le meurtre ?

— C'est ça.

— Votre colocataire peut-il le confirmer ?

Harry bâilla, essayant un peu trop d'avoir l'air de s'ennuyer, pensa Riley.

— Nan, Larry était dehors toute la nuit. Il m'avait dit qu'il ne rentrerait pas. Il avait un rencart avec une nana canon chez elle. Ce qui me convenait très bien.

— Pourquoi cela ? demanda Walton.

Harry haussa les épaules comme si la réponse était une évidence.

— Larry et moi, on essaye de coordonner nos activités. Il m'avait dit ses plans, je savais donc que j'avais la chambre pour moi tout seul, et pour n'importe quelle compagnie que je voudrais divertir, si vous voyez ce que je veux dire.

— Compagnie ? Vous voulez dire comme Trudy Lanier ?

Harry grimaça à la mention du nom de Trudy.

— Terrible ce qui lui est arrivé. Une nana sympa.

— Alors vous la connaissiez vraiment bien ? interrogea Walton.

— Non, mais on avait passé du temps ensemble plus tôt dans la nuit. Mais j'imagine que vous le savez déjà. Je veux dire, c'est pour ça que je suis là, non ?

Walton soutint le regard de Harry un moment.

Pendant le silence, Riley se rappela de Trudy assise dans ce box en face de Harry, s'évanouissant presque à chacun de ses mots et gestes.

Harry l'avait-elle vraiment tuée ? s'interrogea-t-elle.

En ce moment, cela semblait être une possibilité réelle.

Elle désirait plus que jamais avoir simplement traîné Trudy hors de ce box et l'avoir raccompagnée.

— Parle-moi de toute l'affaire avec Trudy, dit finalement Walton à Harry. Je veux dire, que s'est-il passé entre vous deux la nuit dernière.

La curiosité de Riley s'accentua.

— Je venais juste d'arriver au Centaur's Den et j'errais dans la patio pour voir ce qui s'y passait, dit Harry, quand cette fille a dansé jusqu'à moi...

— Trudy Lanier ?

— Ouais, elle. Et elle n'a pas dit un mot, mais elle m'a bien fait comprendre qu'elle ne me laisserait pas tranquille. Alors...

Il haussa à nouveau les épaules.

— Elle ne voulait pas partir et je ne me sentais pas vraiment de danser, alors je lui ai dit qu'on allait se chercher un truc à boire.

Riley sentit un nœud de colère dans sa poitrine.

Il la fait passer pour une peste, pensa-t-elle.

Puis elle revit l'expression de Trudy lorsqu'elle le fixait.

 

Trudy l'avait peut-être bien approché, et pas l'inverse.

Non pas que Harry n'ait pas été sur le marché. Elle l'avait vu approcher bien trop de filles, y compris elle-même, pour y croire.

— Je n'avais rien à boire, dit Harry, alors je lui ai dit qu'on pourrait peut-être aller au bar et que je paierais pour nous deux. Elle a dit que ça lui convenait. Alors je lui ai pris une vodka Collins et un double bourbon pour moi.

Il fit une pause.

— Bon, je n'étais pas encore sûr de comment les choses évolueraient après...

Riley frémit. Pour la première fois depuis le début de l'interrogatoire, elle était certaine qu'il mentait. Quand il s'agissait de filles, Harry savait toujours comment évoluaient les choses, ou du moins comment il voulait qu'elles évoluent.

— Ensuite, continua Harry, elle m'a traîné en bas, on a trouvé un box, on s'est assis et on a parlé pendant un long moment, et je continuais de faire des allers-retours au bar pour nous chercher des verres.

Riley s'interrogea...

A quel point avait bu Trudy ? A quel point avait-elle les idées claires ?

— Après un moment, elle a dit qu'il était peut-être temps de partir, et je lui ai demandé si elle voulait que je la raccompagne au dortoir.

— Avec des intentions parfaitement innocentes, je suppose, dit Walton.

Harry eut un sourire suffisant.

— Eh bien, je ne sais pas si je l'aurais dit comme ça. Disons juste que je restais ouvert aux différentes possibilités.

Walton tapota son crayon contre la table.

— A-t-elle parlé à quelqu'un d'autre pendant que vous étiez au Centaur's Den ?

Harry s'arrêta pour réfléchir un moment.

— Maintenant que vous en parlez... elle a bien parlé à quelqu'un d'autre. Sa colocataire s'est pointé à la table, Riley quelque chose. Ouais, Riley Sweeney.

Riley jeta un regard à l'agent Crivaro qui la regarda à son tour.

— Riley était vraiment pénible, continua Harry, elle voulait que Trudy rentre avec elle. Trudy lui a dit de dégager.

Riley se retint de souffler, elle se rappelait ce que lui avait effectivement dit Trudy...

« La nuit ne fait que commencer. Ne gâche pas la fête. »

Elle était certaine que Trudy ne lui avait jamais dit de dégager.

Puis Harry se redressa.

— Eh, c'est peut-être important. Je veux dire que cette Riley Sweeney était dans le coin. Vous savez, elle était aussi dans le coin quand cette autre fille s'est fait tuer. Je l'ai vu moi-même, plantée là juste dans le couloir devant la chambre de la fille. A l'époque, j'ai pensé 'Mais qu'est-ce qu'elle fait là ?' C'est une fille bizarre. Vous devriez la traîner ici et lui parler au lieu de perdre du temps avec moi.

— Continuez, se contenta de dire Walton.

Harry réfléchit un moment.

— On a quitté le bar et on a commencé à rentrer au dortoir. Le temps qu'on arrive au campus, elle s'appuyait sur moi, et je pouvais deviner qu'elle était vraiment intéressée.

Riley se demanda si c'était vrai. Cela ne semblait pas improbable. Mais Trudy avait-elle commencé à se sentir mal à l'aise le long du chemin ? Avait-elle peut-être essayé de s'éloigner de Harry Rampling ?

Harry hésita.

— Et ensuite ? incita Walton.

— Ensuite, j'ai vu deux de mes potes plus loin sur le chemin, Eddie et Monty. Ils nous regardaient et ils étaient vraiment grossiers en me voyant avec une jolie nana. Vous savez, des sifflets, des gestes, et tout. Ils étaient aussi saouls que tous les autres, et ça m'a vraiment gonflé.

— Alors, qu'avez-vous fait ?

— J'ai dit à Trudy de ne pas bouger pendant que j'allais leur parler. J'y suis allé et je leur ai dit de la fermer. Puis ils ont commencé à me poser toutes sortes de questions, du genre comment ça allait avec elle jusqu'à maintenant, et qu'est-ce que je pensais qu'il allait se passer.

Harry se pencha, regardant ses mains menottées.

— Alors j'imagine que j'ai dû leur parler quelques minutes, et puis ils ont recommencé à ricaner comme des idiots. Je leur ai demandé ce qu'ils pouvaient bien trouver de si drôle, et l'un d'eux, Eddie, je crois, à dit 'On dirait que tu viens de te faire larguer'.

Harry laissa échapper un grognement contrarié.

— Alors je me suis retourné, et bien sûr, Trudy était partie.

— Où est-elle allée ? demanda Walton.

— Je n'en sais absolument rien. Vous devriez peut-être demander à Eddie et Monty. Ils l'ont regardé s'en aller sans me le dire. Ils essayaient juste de me faire passer pour un idiot, si vous voyez ce que je veux dire.

Est-ce qu'il dit la vérité ? s'interrogea Riley.

Jusqu'à présent, elle ne parvenait pas à savoir ce qu'il en était.

— Et ensuite, que s'est-il passé ?

— Eddie et Monty sont repartis, et j'étais... eh bien, j'étais un peu énervé contre tout le monde. Je me suis juste promené autour du campus pendant un moment le temps de me calmer. Ensuite je suis retourné à ma chambre et j'ai dormi.

Walton fixait Harry avec un intérêt intense.

— Et vous n'avez pas revu Trudy ? demanda-t-il.

— Non... la pauvre. J'aurais dû la chercher, pour être sûr qu'elle était en sécurité.

— Pourquoi ne pas l'avoir fait ?

Harry haussa les épaules.

— Juste parce que je lui en voulais, j'imagine, dit-il. Enfin bref, maintenant vous connaissez toute l'histoire, ou au moins la mienne. Je peux y aller maintenant ?

— Je ne pense pas, dit Walton, écrivant quelques notes.

Harry tapa du poing d'impatience sur la table.

— Alors, quand ? Parce que c'est vraiment une perte de temps, pour vous et pour moi. Je veux dire, s'il vous plaît, dites-moi que je vais sortir de là aujourd'hui. J'ai beaucoup de travail à faire. Mes notes ne sont pas géniales, et si je commence à échouer, ils vont me virer de l'équipe de football.

Riley sentit soudainement un picotement puissant la parcourir.

Elle était certaine d'une chose, bien qu'elle ne sache pas encore pourquoi.

Elle se tourna vers l'agent Crivaro et lui dit...

—Il dit la vérité. Il n'a pas tué Trudy.

CHAPITRE VINGT-SIX

Riley regarda l'agent Crivaro dans les yeux pendant un long moment. Elle laissa les mots qu'elle venait d'exprimer faire leur chemin...

« Il dit la vérité. Il n'a pas tué Trudy. »

Cela lui semblait maintenant limpide, et elle se sentait si sûre d'elle.

Crivaro n'avait pas du tout eu l'air surpris en l'entendant.

— Qu'est-ce qui vous fait penser ça ?

Riley plissa les yeux en réfléchissant.

Qu'est-ce qui me fait penser ça ? s'interrogea-t-elle.

C'était juste une intuition, bien sûr. Mais d'où venait-elle ?

Elle se tourna pour regarder à nouveau la salle d'interrogatoire dans laquelle l'agent Walton continuait de questionner Harry Rampling. Elle cessa de prêter attention à ce qu'il s'y disait. Ils ne l'intéressaient plus à présent.

Elle repensa plutôt au moment où elle avait trouvé Trudy et Harry, assis ensemble au box, au Centaur's Den la nuit dernière.

Harry l'avait régalée avec une histoire sur une prouesse athlétique.

Trudy avait été suspendue à chacun de ses mots...

… mais l'avait-elle vraiment été ?

Elle ne s'intéressait vraiment pas à ce qu'il disait, réalisa Riley.

Trudy avait plutôt lorgné son joli visage et son physique musclé, elle avait fantasmé comme une folle, se demandant comment la nuit aller se finir. Trudy avait cherché quelque chose qui aurait pu l'aider à oublier ses peurs.

Mais qu'est-ce que cela indiquait à Riley ?

Elle repensa à son expérience dans le dortoir, lorsque l'agent Crivaro l'avait aidée à se glisser dans l'esprit du tueur. Elle se rappela de ce moment, quand elle avait imaginé Trudy ouvrir la porte de leur chambre pour laisser entrer le tueur.

Mais pourquoi Trudy avait-elle fait cela ?

Riley avait senti que son amie et le tueur n'étaient pas des amis proches.

Mais il devait y avoir une raison.

Riley tenta de revivre la scène de façon aussi nette qu'elle le pouvait.

Elle ferma les yeux et essaya de pousser un peu plus loin.

L'homme avait parlé à Trudy...

Riley réalisait à présent que celle-ci avait ressenti un vif intérêt à ce qu'il disait, si vif qu'elle voulait qu'il rentre pour qu'ils puissent s'asseoir et en parler.

Alors elle avait ouvert la porte et l'avait invité à entrer.

Riley sentit son cerveau prendre de la distance d'une nouvelle et étrange façon, et quelque chose que venait de dire Harry lui revint à l'esprit...

« Mes notes ne sont pas géniales, et si je commence à échouer, ils vont me virer de l'équipe de football. »

Riley sentit son pouls s’accélérer tandis que son intuition prenait tout son sens.

Elle s'expliqua à l'agent Crivaro.

— L'homme qui a tué Trudy était intéressant, intelligent. Elle aimait l'entendre parler et était fascinée par ce qu'il avait à dire.

— Et ? dit Crivaro.

Riley montra le jeune homme dans la salle d'interrogatoire.

— Harry n'est pas très intelligent, et il est tout sauf fascinant. En fait, il est un peu bête et il ne parle que de lui. Je connaissais Trudy, et si Harry l'avait raccompagné au dortoir, elle aurait sans doute été fatiguée de l'entendre avant d'y arriver. Ce n'est pas lui qu'elle a laissé entrer dans la chambre.

Riley regarda fixement Jake qui était tourné vers la salle d'interrogatoire.

Est-ce qu'il me croit ? se demanda-t-elle.

Elle ressentit le besoin de le persuader.

— Agent Crivaro, j'en suis sûre. Je ne supporte pas Harry Rampling. C'est un connard égocentrique. Mais le fait d'être un connard n'en fait pas un tueur.

Crivaro se tourna vers elle avec un petit rire.

— Ma fille, vous n'avez pas idée à quel point c'est vrai.

— Alors, vous me croyez ?

Crivaro se tut un instant.

— Mes propres instincts sont assez bons, si je puis dire. Et je ne pense pas que cet enfoiré odieux ait ce qu'il faut pour être un tueur.

Riley se sentait maintenant assez agitée.

— Nous devons dire au chef Hintz qu'ils ont le mauvais gars.

Crivaro se frotta le menton.

— Oh, je vais lui en parler, dit-il. Mais...

— Mais quoi ?

Crivaro secoua la tête.

— Hintz ne voudra pas me croire sur parole là-dessus, encore moins vous. Et à vrai dire, il n'y a aucune raison valable pour que ce soit le cas. Les pressentiments et les intuitions ne sont pas des indices. Vous et moi, nous n'avons pas la moindre preuve pour soutenir nos dires. En ce moment, beaucoup de preuves amènent vers le gars là-dedans. Bien sûr, ce sont simplement des preuves de circonstances, mais c'est assez convaincant.

Riley avait du mal à en croire ses oreilles.

— Mais ils ne peuvent pas juste garder Harry ici ! objecta-t-elle. Il n'a rien fait de mal !

Crivaro tapota l'épaule de Riley.

— Ma fille, il y a quelque chose que vous devez savoir. Ce talent que nous avons tous les deux, cette faculté à entrer dans l'esprit d'un tueur, ce n'est pas une science exacte. J'ai raison la plupart du temps, mais je me trompe aussi une fois de temps en temps. Et au mieux, ce que nous avons est incomplet. Si vous continuez de faire ce genre de travail, vous finirez aussi par vous tromper à un moment.

Riley se contenta de la fixer. Elle ne savait pas quoi dire.

Crivaro la regardait maintenant avec une profonde inquiétude.

— Vous avez l'air horriblement fatiguée, ma fille. Vous avez traversé beaucoup de choses, et j'ai bien peur de n'avoir fait qu'en rajouter. Vous avez fait bien assez pour le moment, et il ne sert à rien que vous restiez dans les parages. Vous devez vraiment sortir de là et vous reposer. Mais où allez-vous aller ?

Riley réalisa que c'était une bonne question.

Sa chambre n'était pas disponible, non pas qu'elle veuille y retourner de toute façon. Elle se demanda si elle serait capable un jour de rentrer à nouveau dans le bâtiment, encore plus dans la chambre jadis partagée avec Trudy.

Elle se souvint des paroles du Dr. Zimmerman un peu plus tôt...

« Je pourrais vous emmener chez moi, juste pour la nuit. J'ai une chambre d'amis. »

 

Elle se demanda si elle devait accepter cette offre ?

Elle ne savait même pas comment le contacter. Et même si elle y parvenait, elle se sentait mal à l'aise de s'imposer chez lui.

— Ne vous inquiétez pas pour moi, dit-elle à l'agent Crivaro. Je vais trouver quelque chose.

Elle hésita un moment.

— Juste... trouvez celui qui a fait ça, d'accord ?

Crivaro hocha la tête et lui tendit une carte de visite.

— Il y a mon numéro de beeper. Contactez-moi si... eh bien s'il y a quoi que ce soit.

Riley remercia l'agent Crivaro et s'éloigna vers l'entrée.

Elle se rappela alors du message alarmé laissé par Ryan sur le répondeur...

« Tu es là ? Tout va bien ? Tu es en sécurité ? »

Ce n'était pas correct de le laisser dans l'inquiétude.

Je dois l'appeler, pensa-t-elle.

Elle trouva la cabine de téléphone la plus proche et composa le numéro de Ryan.

Lorsque celui-ci répondit, sa voix tremblait.

— Riley ? Oh mon dieu ! Je suis tellement content que tu appelles. J'étais mort d'inquiétude. Comment tu vas ? Tu vas bien ?

Riley se demanda comment répondre à cette question.

Est-ce que je vais bien ?

A peine. Elle sentit l'éventualité qu'elle n'irait jamais bien à nouveau.

Pourtant...

— Je suis en sécurité, dit-elle.

— Où es-tu ?

— Au poste de police.

Ryan sembla confus autant qu'inquiet.

— Le poste de police ? Pourquoi ?

Elle hésita. Que pouvait-elle lui dire sur ce qui était arrivé et ce qu'elle avait fait ? Elle-même le comprenait à peine.

— Riley, s'il te plaît, dis-moi qu'ils ne...

Il ne finit pas sa pensée, mais elle avait comprit sa question.

Est-ce qu'ils me suspectent ?

— Non, je ne suis pas un suspect.

— Est-ce qu'ils ont quelqu'un d'autre en garde à vue ?

— Ouais.

Qu'y avait-il de plus à en dire ? Comment pouvait-elle commencer à expliquer ses propres doutes sur Harry Rampling, ainsi que ceux de l'agent Crivaro ?

— Est-ce qu'ils ont une quelconque raison de te garder ? Parce que je m'y connais en droit, tu sais. Tu as tes droits, quoi qu'il arrive.

— Non, ils ne me gardent pas. Je suis libre de partir. Mais...

Sa voix s'estompa alors qu'elle pensa...

Mais je ne sais pas où aller.

Un court silence s'ensuivit.

— Je viens te chercher, dit alors Ryan. Attends-moi devant le poste de police.

— Ryan, tu n'as pas à...

— Pas de discussion, la coupa-t-il. Je serai là dans quelques minutes.

Il raccrocha. Riley resta là, tenant le téléphone, se sentant soudainement seule, fatiguée, effrayée et triste. Puis elle raccrocha à son tour et marcha jusqu'à atteindre la porte d'entrée, et sortit.

La vive lumière du jour fut un choc pour elle.

Sans savoir pourquoi, elle avait eu l'impression qu'il devait faire nuit, une nuit profonde, sombre et sans étoiles.

Mais aujourd'hui, c'était un jour de printemps lumineux et joyeux, agrémenté d'une légère brise rafraîchissante et de chants d'oiseaux.

Encore une fois, elle repensa à ce vieux cliché...

La vie continue.

C'était peut-être vrai, après tout.

Mais tout de suite, Riley ne pouvait s'empêcher de penser que cela ne devrait pas être vrai.

La vie devrait simplement cesser, pensa-t-elle. Au moins pendant un moment.

Mais ce n'était pas prêt d'arriver, et des milliers de personnes inconscientes et insouciantes allaient profiter de cette journée parfaitement charmante sans ressentir le mal caché derrière.

Riley s'assit sur les marches devant le poste et patienta.

Ses pensées étaient à présent étrangement suspendues. Elle ne pensait plus à rien. Il ne semblait y avoir aucun intérêt à cela. Penser n'allait rien changer. Penser n'allait pas ramener Trudy à la vie.

Mais le moment eut l'air de passer lentement à cause de l'absence de pensées.

Il sembla qu'une éternité passa avant que Ryan ne se gare avec sa Mustang. Sans raison apparente, Riley ne parvenait pas à se mettre debout et simplement avancer vers la voiture. Au lieu de cela, Ryan laissa tourner le moteur, descendit de la voiture et marcha vers elle. Il l'a prit doucement par le bras et l'aida à se relever, puis la mena vers la voiture et l'aida à monter dedans.

Un silence embarrassant s'installa tandis que Ryan la ramenait chez lui.

— Riley, s'il te plaît, parle-moi. Dis-moi juste...

Il s'arrêta et Riley se demanda...

Lui dire quoi ?

Par où pouvait-elle bien commencer ?

Elle ouvrit la bouche pour parler, mais peu de mots en sortirent.

— Ryan... je ne peux pas tout te dire... je ne peux juste pas...

— C'est pas grave.

Ils s'arrêtèrent bientôt devant le bâtiment, et Ryan l'aida à monter les escaliers jusqu'à son appartement. Il ouvrit la porte et l'amena à l'intérieur. Dès qu'elle aperçut l'intérieur douillet et agréable, quelque chose sembla craquer en elle.

L'angoisse qu'elle avait retenue pendant des heures jaillissait à présent de son corps.

En sanglot, Riley Sweeney s'effondra dans les bras accueillants de Ryan Paige.