Les Pendules à l’heure

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Aus der Reihe: Une Enquête de Riley Paige #4
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Les Pendules à l’heure
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Les Pendules à l’heure
Les Pendules à l’heure
Hörbuch
Wird gelesen Elisabeth Lagelee
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CHAPITRE SEPT

Au volant de sa voiture, Riley rentrait à la maison, quand elle reçut un appel de Bill. Elle mit son téléphone en mode haut-parleur.

— Qu’est-ce qui se passe ? demanda-t-elle.

— On a trouvé un autre corps, dit-il. Dans le Delaware.

— Meara Keagan ?

— Non. Elle n’a pas encore été identifiée. Elle est dans le même état que les deux autres. Pire, peut-être.

On pouvait en conclure plusieurs choses. Meara Keagan était encore prisonnière. Le tueur devait retenir plusieurs filles en même temps. Les meurtres allaient continuer. Combien ? Riley ne pouvait que deviner.

Bill avait l’air agité :

— Riley, je pète les plombs, dit-il. Je n’arrive plus à réfléchir. Lucy est super, mais elle n’a pas d’expérience.

Riley comprenait ce qu’il ressentait. En fait, c’était assez ironique. L’affaire Larry Mullins continuait de la hanter. Pendant ce temps-là, dans le Delaware, Bill pensait que son échec avait coûté la vie d’une femme.

En voiture, ça lui prendrait environ trois heures pour rejoindre Bill.

— Tu as fini ? demanda Bill.

Riley l’avait prévenu qu’elle serait dans le Maryland pour l’audience.

— Ouais, dit-elle.

— Bien, dit Bill. J’envoie un hélico te chercher.

— Quoi ? s’écria Riley.

— Il y a un aéroport pas loin. Je t’envoie les coordonnées GPS. Ils t’attendent déjà. Quelqu’un va ramener ta voiture.

Sans un mot de plus, Bill raccrocha.

Riley conduisit en silence pendant un long moment. L’issue de l’audience l’avait soulagée. Elle voulait maintenant rentrer à la maison, pour retrouver sa fille à la sortie de l’école. Elles ne s’étaient pas disputées hier, mais April n’avait pas dit grand-chose. Ce matin, Riley était partie avant de la voir.

Mais on ne lui demandait visiblement pas son avis. Prête ou non, elle retournait sur le terrain. Il faudrait qu’elle parle à April.

Elle suivit les indications que Bill venait de lui envoyer. Après tout, c’était mieux ainsi. Elle allait soigner son sentiment d’échec en amenant un tueur devant la justice. La vraie justice.

Il était temps.

*

Riley fixait du regard la fille étendue sur le sol du kiosque à musique. C’était une matinée fraîche. Le kiosque se trouvait au milieu d’un belvédère, sur la place principale de la ville, dans un environnement planté d’arbres.

La victime ressemblait aux victimes précédentes. Elle gisait face contre terre. Elle était si émaciée qu’elle avait l’air momifié. Ses vêtements sales et déchirés semblaient anormalement larges. Elle avait des cicatrices, plus ou moins récentes, témoignant de coups de fouet.

Elle devait avoir dix-sept ans, l’âge des deux autres victimes.

Ou peut-être pas…

Après tout, Meara Keagan avait vingt-quatre ans. Le tueur changeait peut-être son mode opératoire. Cette fille était trop amaigrie pour savoir.

Riley se tenait entre Bill et Lucy.

— On dirait qu’elle a encore plus souffert que les deux autres, remarqua Bill. Il a dû la garder plus longtemps.

La voix de Bill était chargée d’amertume. Riley lui adressa un regard en coin. Elle savait ce qui lui passait par la tête. Au moment où il avait enquêté, la fille devait être déjà prisonnière. Il se sentait responsable de sa mort.

Personne n’était responsable, mais Riley ne savait que dire pour le réconforter. Elle traînait, elle aussi, des échecs qui lui laissaient un goût amer dans la bouche.

Riley balaya du regard les environs. On n’apercevait que le palais de justice – un grand bâtiment en briques avec une horloge. Redditch était une charmante petite bourgade à l’architecture coloniale. Riley n’était pas surprise que le tueur ait pu déposer le corps ici, au milieu de la nuit, sans que personne s’en aperçoive. Tout le monde devait dormir, à ces heures-là. Bien sûr, le tueur n’avait laissé aucune empreinte sur les trottoirs en béton.

La police avait délimité la zone et gardait les badauds à l’écart. Cependant, la presse locale commençait à s’agglutiner.

Ça l’inquiéta. La presse n’avait pas encore fait le rapprochement entre les deux précédents meurtres et la disparition de Meara Keagan, mais ils finiraient par comprendre. Les gens sauraient. Et l’enquête deviendrait difficile.

Le chef de la police de Redditch, Aaron Pomeroy, se tenait non loin.

— Quand et comment le corps a-t-il été découvert ? demanda Riley.

— Un balayeur nettoie le matin. C’est lui qui l’a trouvée.

Pomeroy avait l’air très affecté. C’était un homme vieillissant et en surpoids. Même dans une petite ville comme ça, un policier de cet âge avait dû enquêter sur un meurtre ou deux, mais jamais rien d’aussi troublant.

L’agent Lucy Vargas s’approcha du corps.

— Notre tueur a beaucoup d’assurance, dit-elle.

— Pourquoi ?

— Il dépose les corps à la vue de tous, dit-elle. Metta Lunoe a été retrouvée dans un champ. Valerie Bruner au bord d’une route. Seulement la moitié des tueurs en série déplacent les corps après leur mort. Et ceux que le font les cachent ou les jettent. Celui-là doit être du genre arrogant.

Lucy avait bien retenu ses leçons…. Cependant, Riley n’était pas certaine de la suivre dans son raisonnement. Le tueur n’essayait pas de flamber. Il avait un objectif. Riley n’arrivait pas à mettre le doigt dessus.

Ce devait être lié à la manière dont le corps était disposé. D’une manière à la fois maladroite et délibérée. Le bras gauche de la fille était levé au-dessus de sa tête, tout droit. Son bras droit, également très raide, descendait le long de son corps. Même la tête, dont la nuque avait été brisée, avait été alignée avec le reste du corps.

Lucy avait une tablette à la main.

— Lucy, tu peux me montrer les photos des deux autres corps ?

Elle les fit apparaître sur son écran. Riley et Bill se rapprochèrent.

Bill pointa le doigt vers l’image.

— Celui de Metta Lunoe est positionné exactement pareil. Celui de Valerie Bruner, c’est le contraire : c’est le bras droit qui est levé et le bras gauche qui descend le long de son corps.

Riley s’approcha et souleva le poignet du cadavre pour essayer de le bouger. Le corps était déjà trop raide. Il faudrait envoyer le corps à la médecine légale pour savoir à quelle heure elle était morte. Sans doute neuf heures plus tôt, d’après l’estimation de Riley.

Comme les autres, elle avait été déplacée peu de temps après sa mort.

Une idée commençait à chatouiller Riley… Le tueur avait disposé le corps avec beaucoup de soin. Il l’avait porté jusque là, en montant une volée de marches, puis l’avait soigneusement arrangé sur le sol. La position n’avait rien de logique.

Le corps n’était pas parallèle aux murs du belvédère. Il n’était pas orienté en direction de l’entrée du kiosque ou du palais de justice. On aurait dit que c’était le hasard.

Non, il ne fait rien par hasard, pensa-t-elle.

Le tueur essayait de dire quelque chose, mais quoi ?

— Que penses-tu de la position ? demanda-t-elle à Lucy.

— Je ne sais pas. Ce n’est pas courant chez les tueurs en série. C’est bizarre.

Elle débute, se rappela Riley.

Lucy n’avait peut-être pas remarqué que les affaires « bizarres » étaient justement la spécialité de Riley et du FBI en général. Pour des agents expérimentés comme Riley et Bill, ce qui était bizarre était devenu la routine.

— Lucy, fais voir la carte.

Lucy fit apparaître la carte sur son écran. Les points indiquaient les endroits où avaient été découverts les deux corps précédents.

— Ce n’est pas loin, dit Lucy. C’est dans un mouchoir de poche de moins de dix miles.

Oui, Lucy avait raison. En revanche, Meara Keagan avait disparu à quelques miles au nord, à Westree.

— Quelqu’un voit quelque chose ? demanda Riley à Lucy et à Bill.

— Pas vraiment, dit Lucy. Le corps de Metta Lunoe était dans un champ, en bordure de Mowbray. Valerie Bruner était le long de l’autoroute. Et maintenant, celle-ci, sur la place d’une petite ville. On dirait que le tueur cherche surtout des endroits qui n’ont rien en commun.

Ce fut alors qu’un cri retentit parmi les badauds.

— Je sais qui c’est ! Je sais qui l’a tuée !

Riley, Bill et Lucy se retournèrent. Un jeune homme gesticulait derrière la rubalise de la police.

— Je sais qui a fait le coup ! s’écria-t-il encore.

CHAPITRE HUIT

Riley détailla du regard l’homme qui criait. Plusieurs personnes autour de lui hochaient la tête et murmuraient, comme pour confirmer.

— Je sais qui a fait ça ! On le sait tous !

— Josh a raison, renchérit une femme non loin de lui. C’est sûrement Dennis.

— C’est un taré, dit un autre. Une bombe à retardement depuis le début.

Bill et Lucy s’approchèrent, mais Riley resta à sa place. Elle appela un policier.

— Faites-le venir, dit-elle.

Il était important de le séparer du groupe. Si tout le monde y allait de sa petite histoire, il serait difficile de démêler le vrai du faux. Dans l’hypothèse où il y avait effectivement du vrai à démêler…

Les journalistes s’agglutinaient déjà autour de l’homme. Riley ne pouvait tout simplement pas l’interroger devant eux.

Le policier leva la barrière de rubalise et fit signe à l’homme.

Il continuait de hurler :

— On sait tous ! On sait qui a fait ça !

— Calmez-vous, dit Riley en le prenant par le bras pour l’éloigner de la foule.

 

— Demandez à n’importe qui, répéta l’homme d’une voix agitée. C’est un taré. Tout le temps tout seul. Il fait peur aux filles. Il emmerde les femmes.

Riley sortit son calepin, tout comme Bill. Son partenaire avait un regard particulièrement concentré, mais elle savait qu’il ne fallait pas s’emballer. Ils ne savaient encore rien. Et puis, l’homme était si nerveux que Riley n’était pas certaine de faire confiance à son jugement. Elle voulait entendre quelqu’un d’un peu plus neutre.

— Quel est son nom complet ? demanda Riley.

— Dennis Vaughn, dit l’homme.

— Continue, souffla Riley à Bill.

Bill hocha la tête, sans cesser de prendre des notes. Riley s’avança vers le belvédère, où le chef de la police, Aaron Pomeroy, se tenait toujours près du corps.

— Chef Pomeroy, que pouvez-vous me dire sur Dennis Vaughn ?

A l’expression qui traversa le visage du policier, Riley comprit que ce nom n’était que trop familier.

— Qu’est-ce que vous voulez savoir ?

— Vous pensez que c’est un suspect potentiel ?

Pomeroy se gratta les cheveux.

— Maintenant que vous le dites, peut-être. Ça vaut le coup de l’interroger.

— Pourquoi cela ?

— Eh bien, il nous cause des problèmes depuis des années. Exhibitionnisme, comportement obscène, ce genre de trucs. Il y a quelques années, il observait aux fenêtres. Il a passé quelques temps dans le centre psychiatrique du Delaware. L’année dernière, il s’est pris de passion pour une pom-pom girl du lycée. Il lui écrivait des lettres d’amour, il la suivait partout. La famille de la fille s’est débrouillée pour obtenir une injonction du tribunal, mais il l’a ignorée. Du coup, il a fait six mois de prison.

— Il a été relâché ? demanda-t-elle.

— En février.

Cette conversation devenait de plus en plus intéressante. Dennis Vaughn était sorti de prison juste avant les premiers meurtres. Etait-ce une coïncidence ?

— Les filles du coin n’arrêtent pas de se plaindre, dit Pomeroy. Apparemment, il prend des photos d’elles. Ce n’est pas un motif pour l’arrêter. Pas encore, du moins.

— Qu’avez-vous d’autre ? demanda Riley.

Pomeroy haussa les épaules.

— C’est un glandeur, si je puis me permettre. Il a trente ans et il n’a jamais travaillé. Il survit grâce à la famille – des tantes, des oncles, des grands-parents… Il est plutôt grincheux, ces derniers temps. Il en veut à tout le monde en ville, parce qu’il a fait six mois de taule. Il n’arrête pas de répéter : « un de ces jours… ».

— Un de ces jours… quoi ? demanda Riley.

— Personne ne le sait. Les gens disent que c’est une bombe à retardement. Ils ne savent pas ce qu’il a l’intention de faire. Mais il n’a jamais été vraiment violent.

Les pensées de Riley défilaient à toute allure. Etait-ce une piste fiable ?

Pendant ce temps, Bill et Lucy avaient terminé leur interrogatoire. Ils rejoignaient Riley et le chef de la police.

Bill avait l’air anormalement confiant – un changement d’attitude brutal.

— Dennis Vaughn, c’est notre homme, dit-il. Il correspond parfaitement au profil.

Riley ne répondit pas. C’était vrai, mais elle préférait ne pas tirer de conclusions hâtives.

De plus, la certitude dans la voix de Bill la mit mal à l’aise. Depuis qu’elle était arrivée, le comportement de Bill était instable. C’était une affaire très personnelle : il culpabilisait de n’avoir pas su la résoudre plus tôt. Mais son émotion pourrait devenir un problème. Elle avait besoin de s’appuyer sur lui.

Elle se tourna vers Pomeroy.

— Vous pouvez nous dire où le trouver ?

— Bien sûr, dit Pomeroy en pointant le doigt. Remontez la rue principale jusqu’à Brattleboro. Tournez à gauche. Sa maison est la troisième sur la droite.

Riley se tourna vers Lucy :

— Reste là et attends l’équipe des médecins. Ils peuvent emporter le corps. On a assez de photos.

Lucy hocha la tête.

Bill et Riley s’éloignèrent de la scène de crime. Aussitôt, des journalistes s’approchèrent, avec caméras et micros.

— Le FBI a-t-il un commentaire ? demanda l’un d’eux.

— Pas encore, dit Riley.

Elle se pencha pour passer en dessous de la rubalise, puis se faufila entre les badauds.

Un autre journaliste hurla :

— Ce meurtre a-t-il un rapport avec ceux de Metta Lunoe et de Valerie Bruner ?

— Ou avec la disparition de Meara Keagan ?

Riley se crispa. La rumeur n’allait pas tarder à courir qu’un tueur en série sévissait dans le Delaware.

— Pas de commentaire, dit-elle sèchement.

Elle ajouta :

— Si vous nous suivez, je vous fais arrêter pour obstruction à la justice.

Les journalistes reculèrent. Riley et Bill s’éloignèrent. L’affaire attirerait bientôt des journalistes et des équipes de télé plus agressives et aux méthodes douteuses. Ils allaient devoir gérer l’attention médiatique, en plus du reste.

La maison de Dennis Vaughn n’était pas loin. Ils atteignirent Brattleboro et tournèrent à gauche.

Sa maison était en mauvais état. Le toit penchait et avait été endommagé par la grêle. La peinture s’écaillait. L’herbe du jardin montait jusqu’aux genoux. Une vieille voiture était garée dans l’allée. Elle était sans doute assez large pour transporter un corps.

Bill et Riley frappèrent à la porte.

— Vous voulez quoi ? lança une voix.

— Vous êtes Dennis Vaughn ? répondit Bill.

— Oui, peut-être, pourquoi ?

Riley dit :

— Nous sommes du FBI. Nous aimerions vous parler.

La porte s’ouvrit. Dennis Vaughn apparut de l’autre côté de la moustiquaire, qui était toujours fermée. C’était un homme assez jeune, mais en surpoids et à l’allure négligée. Des poils se laissaient entrevoir sous son tee-shirt taché de nourriture.

— Qu’est-ce qu’il y a ? demanda Vaughn d’une voix agacée. Vous allez m’arrêter ?

— Nous voulons seulement vous poser quelques questions, dit Riley en lui montrant son badge. On peut entrer ?

— Pourquoi je vous ferais rentrer ? demanda Vaughn.

— Pourquoi vous ne nous feriez pas entrer ? rétorqua Riley. Vous avez quelque chose à cacher ?

— On pourrait revenir avec un mandat, ajouta Bill.

Vaughn secoua la tête. Il ouvrit le verrou et laissa les deux agents rentrer.

La maison était dans un désordre inouï. Le papier peint pendait. Le plancher était troué, ça et là. Il y avait très peu de mobilier, à part une paire de chaises et un canapé éventré. De la vaisselle sale traînait partout. Ça sentait mauvais.

Riley remarqua immédiatement les photographies punaisées sur les murs. Elles représentaient toutes des femmes ou des filles, qui ne savaient visiblement pas qu’on les prenait en photo.

Vaughn suivit le regard de Riley.

— C’est un passe-temps, dit-il. C’est grave ?

Riley ne répondit pas. Bill non plus. Il n’y avait sans doute rien d’illégal dans le fait de prendre des passantes en photo, mais Riley en eut des frissons.

Vaughn s’assit sur une chaise paillée qui craqua sous son poids.

— Vous êtes venus pour m’accuser de quelque chose, dit-il. Alors, allons-y.

Riley s’assit en face de lui. Bill resta debout.

— A votre avis, de quoi va-t-on vous accuser ? demanda-t-elle.

C’était une astuce qui marchait bien. Parfois, il était utile d’aborder le sujet indirectement et de laisser un suspect potentiel s’emmêler les pinceaux avec sa propre histoire.

Vaughn haussa les épaules.

— Un truc ou un autre, dit-il. Y a toujours quelque chose. Personne comprend rien.

— Personne ne comprend quoi ? demanda Riley.

— J’aime les filles, d’accord ? dit-il. Comme tous les mecs de mon âge. Pourquoi c’est mal ? Juste parce que c’est moi ?

Il jeta un coup d’œil aux photos, comme dans l’espoir qu’elles le défendent. Riley attendit qu’il reprenne la parole. Elle espéra que Bill ferait de même, mais l’impatience de son partenaire était palpable.

— J’essaye d’être sympa avec les filles, dit-il. C’est de ma faute, si elles comprennent pas ?

Il parlait d’une voix traînante. Riley comprit qu’il avait bu ou pris des substances. Peut-être qu’il avait un retard mental ou un problème neurologique.

— Pourquoi pensez-vous que les gens vous traitent différemment ? demanda Riley d’un ton compatissant.

— Qu’est-ce que j’en sais ?

D’un filet de voix à peine audible, il ajouta…

— Un de ces jours…

— Un de ces jours, quoi ? demanda Riley.

Vaughn haussa les épaules.

— Rien. J’en sais rien. Mais un de ces jours… C’est tout ce que je dis.

Il commençait à dire n’importe quoi. C’était à ce moment-là qu’un suspect pouvait se trahir.

Mais, avant que Vaughn n’ait eu le temps de reprendre la parole, Bill le toisa d’un air menaçant :

— Que savez-vous sur les meurtres de Metta Lunoe et de Valerie Bruner ?

— Jamais entendu parler, dit Vaughn.

Bill s’approcha tout près et Riley s’inquiéta. Elle aurait voulu lui dire d’arrêter, mais elle ne pouvait pas interférer avec sa stratégie.

— Et Meara Keagan ?

— Jamais entendu parler, non plus.

Bill parlait plus fort.

— Où étiez-vous jeudi soir ?

— Je sais pas.

— Vous voulez dire que vous n’étiez pas chez vous ?

Vaughn transpirait à grosses gouttes. Il ouvrait de grands yeux paniqués.

— Peut-être pas. Je fais pas attention. Parfois, je sors.

— Où allez-vous ?

— Je roule. Je quitte la ville. Je déteste cette ville. Je voudrais vivre ailleurs.

Bill cracha presque la question suivante :

— Et où êtes-vous allé jeudi ?

— Je sais pas. Je sais même pas si je suis sorti.

— Vous mentez, s’écria Bill. Vous êtes allé à Westree, je me trompe ? Vous avez rencontré une gentille fille, là-bas, je me trompe ?

Riley bondit de sa chaise. Bill était en train de perdre le contrôle. Elle devait l’arrêter.

— Bill, dit-elle doucement en l’attrapant par l’épaule.

Bill repoussa sa main. Il poussa Vaughn. La chaise sur laquelle ce dernier était assis cassa. Le suspect s’étala. Bill l’attrapa par le col et le poussa à travers la pièce, avant de le plaquer contre le mur.

— Bill, arrête ! cria Riley.

Bill pouvait sortir son pistolet d’une seconde à l’autre.

— Prouve-le ! grogna Bill.

Riley glissa un bras entre eux et repoussa Bill.

— Ça suffit ! siffla-t-elle. On s’en va !

Bill la dévisagea, ses yeux brillants de rage.

Riley se tourna vers Vaughn et dit :

— Je suis désolée. Mon partenaire est désolé. On s’en va.

Sans attendre de réponse, Riley poussa Bill vers la porte.

— Mais qu’est-ce qui t’a pris ? siffla-t-elle.

— Qu’est-ce qui t’a pris ? J’y retourne. On le tient. Je sais que c’est lui. On doit trouver son nom complet, on…

— Non, dit Riley. On ne va rien faire du tout. Merde, Bill, tu pourrais te faire virer pour un truc pareil. Tu vaux mieux que ça.

Bill la regarda comme s’il n’en croyait pas ses oreilles.

— Pourquoi ? On le tient. On peut le pousser à avouer.

Riley eut envie de le secouer comme un prunier.

— On n’en sait rien. Peut-être que c’est lui, mais je ne crois pas.

— Et pourquoi ça ?

— Pour commencer, sa voiture est trop reconnaissable.

Bill réfléchit.

— Il pourrait en utiliser une autre.

— Peut-être, mais je ne pense pas qu’il soit assez organisé pour planifier plusieurs meurtres et s’en tirer si longtemps.

— Il fait peut-être semblant.

Riley s’impatienta :

— Bill, réfléchis. Pense à la position des corps. Les bras disposés de la même manière.

— Il aurait très bien pu faire ça.

Riley étouffa un grognement. Bill pouvait être têtu.

— Non, je ne pense pas, dit Riley. Regarde sa maison. Tout est en mauvais état, même les photos. Il ne fait attention à rien. Absolument rien.

— Sauf qu’il a de mauvaises intentions, dit Bill.

Il était toujours en colère, mais Riley comprit qu’il se calmait.

— Bill, ce tueur a un objectif qu’il pense rationnel. On ne sait pas ce que c’est, mais j’ai bien l’intention de trouver.

 

Ils n’échangèrent pas un mot sur le chemin du retour. Quand ils atteignirent le belvédère, l’équipe de la médecine légale était arrivée. On emportait le corps.

Riley tremblait intérieurement. L’interrogatoire avait été un vrai désastre et elle ne savait toujours pas si Dennis Vaughn était suspect.

Si je ne peux pas compter sur Bill, sur qui je peux compter ?

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