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La maison d’à côté

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La maison d’à côté
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La maison d’à côté
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Wird gelesen Nicole Forup
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CHAPITRE DIX-NEUF

Chloé faisait de son mieux pour éviter de penser que Danielle pourrait être coupable ou qu’elle pourrait avoir des informations concernant ce qui était arrivé à Martin. Mais quand elle vit sa voiture gardée devant son immeuble, elle fut tout de même soulagée. Cela indiquait au moins qu’elle ne cherchait pas à éviter une conversation sur le sujet. Si elle était coupable de quoi que ce soit, il serait logique qu’elle évite de rester chez elle à ne rien faire.

Chloé frappa à la porte de Danielle. « Danielle, c’est moi. Il faut que je te parle, c’est urgent ! »

Elle entendit des pas se rapprocher de l’autre côté et la porte s’ouvrit. Quand elle vit Danielle, elle eut l’impression de voir une toute autre personne. Elle n’en comprit pas tout de suite la raison, jusqu’à ce qu’elle regarde sa sœur dans les yeux.

Elle avait l’air effrayée.

Chloé l’avait déjà vue paranoïaque et un peu perturbée. C’était en général l’état dans lequel elle s’était trouvée les dernières fois où elles s’étaient vues. Mais Chloé ne se rappelait pas avoir jamais vu sa sœur effrayée. Et ça, en revanche, ça lui faisait vraiment peur.

« Qu’est-ce qui ne va pas ? » demanda Danielle.

« C’est Martin, » dit Chloé, en réalisant pour la première fois le poids de la nouvelle qu’elle était sur le point d’annoncer. « On a retrouvé son corps dans le coffre de sa voiture. Je suis désolée… »

Danielle hocha la tête et mordit légèrement sa lèvre inférieure qui tremblait. « Mon dieu. Je… Comment c’est arrivé ? »

Chloé entra sans y avoir été formellement invitée, avant de se retourner vers Danielle. « Je ne vais te poser cette question qu’une seule fois et je croirai ta réponse, quelle qu’elle soit, » dit-elle. « Danielle, est-ce que tu as quoi que ce soit à voir avec ce qui est arrivé à Martin ? »

« Non, » dit-elle, en essuyant une larme qui coulait de son œil gauche. « Rien. »

Chloé s’était attendue à voir Danielle offensée par cette question. Mais apparemment, elle était trop effrayée pour être offensée.

« Je sais que c’est un choc et qu’il faut que tu digères la nouvelle, mais on n’a pas beaucoup de temps devant nous. »

« De temps ? » demanda Danielle, sur un ton visiblement incrédule.

« Danielle… on a retrouvé un cheveu et une empreinte digitale partielle sur la scène de crime. Ils sont tous les deux en cours d’analyse. Et sur base de ce qu’on sait pour l’instant, tu es la dernière personne à l’avoir vu en vie. Et le cheveu… il était noir et court, comme les tiens. Il y a également une vidéo qui vous montre tous les deux dans une station-service et c’est le dernier enregistrement prouvant les faits et gestes de Martin. »

« OK, mais qu’est-ce que ça signifie ? » demanda Danielle.

« Ça signifie qu’aux yeux d’un inspecteur, tu auras l’air d’y être pour quelque chose. Que même si tu ne l’as pas tué, tu dois sûrement savoir quelque chose. Alors Danielle… s’il te plait. J’ai besoin que tu sois honnête avec moi. Dis-moi la vérité avant qu’un autre agent ne vienne te parler. »

Chloé vit alors différentes émotions envahir le visage de sa sœur. Pendant un moment, elle eut l’impression qu’elle allait se mettre à sangloter. Puis elle eut l’air presque en colère. Et après quelques secondes, elle s’assit tout simplement dans le divan et regarda Chloé d’un œil vide.

« Il adorait cette stupide voiture, » dit-elle. « Et quand j’ai découvert qu’il me trompait, j’ai pété un câble. Je sais que c’est stupide mais… c’est plutôt moi en général qui entube les autres, tu sais ? Je n’ai pas l’habitude qu’on me trompe. Et avec ce qui s’était passé à la fête de quartier… j’ai eu l’impression qu’il s’était fichu de ma tête. Alors… je suis allée chercher sa voiture et je l’ai reculée dans le lac. Juste pour lui rendre la pareille. Juste pour l’emmerder. »

« Mon dieu, Danielle… comment as-tu fait pour lui voler sa voiture ? »

« C’est un vieux tas de ferrailles. Les serrures ne fonctionnent plus et il m’avait montré où se

she said, close to tears—a state Chloe had rarely seen her in.

“Danielle, trouvait la clé… un de ces soirs où on avait beaucoup bu et qu’il avait été incapable de prendre le volant. Alors j’ai attendu un peu… qu’il soit endormi. J’ai garé ma voiture à quelques pâtés de maisons et j’ai marché jusqu’à son immeuble pour prendre la voiture. Mais je n’avais aucune idée que son corps se trouvait dans le coffre… Je le jure. »

« Mon dieu, Danielle. Quelle idée stupide ! Où est-ce que tu avais la tête ? »

« Je sais… »

« Si c’est bien ton cheveu qu’on a retrouvé sur lui… ou s’il y a un quelconque indice qui prouve que tu as conduit cette voiture, tu vas avoir de gros ennuis. Tu comprends ça ? »

« Oui, bien sûr. Mais… Chloé, et s’il y avait une intention derrière tout ça ? »

« Qu’est-ce que tu veux dire ? »

« Je pense que quelqu’un essaye peut-être de me faire porter le chapeau. »

« C’est une accusation vraiment sérieuse, » dit Chloé, en priant pour que cela puisse être vrai. « Qu’est-ce qui te fait penser ça ? »

Pour la deuxième fois en quelques jours, Chloé eut l’impression d’avoir quelque chose sur le bout de la langue, quelque chose qu’elle voulait dire mais qui ne parvenait pas à sortir.

« Danielle, il faut que tu me dises s’il y a quoi que ce soit qui puisse t’innocenter dans cette affaire. »

« Non, il n’y a rien, » dit-elle.

« OK, mais il faut au moins que je sache ce qui s’est passé ce jour-là, après que Martin se soit arrêté pour faire le plein d’essence. »

« Rien. On s’est même à peine dit aurevoir. »

Chloé soupira, en se sentant de plus en plus paniquée par la situation. Elle savait qu’il n’y avait pas grand-chose qu’elle puisse faire pour Danielle à ce stade. Mais elle se demanda si elle ne pourrait pas au moins lui faire gagner un peu de temps.

Finalement, tout va se décider une fois que l’analyse de ce cheveu et de cette empreinte sera terminée, pensa Chloé. Peut-être que les résultats ne seront pas concluants ou peut-être même que c’est le cheveu de cette autre femme…

« Danielle, je veux que tu ne bouges pas d’ici, » dit Chloé. « En fonction des résultats d’analyse de l’empreinte et du cheveu, il est très possible qu’un agent du FBI veuille te parler. Et si tu n’es pas là ou que tu es difficilement joignable, ça ne va pas jouer en ta faveur. »

« Je n’irai nulle part, » dit-elle. « Chloé… je sais que c’était stupide. Mais j’étais tellement en colère sur lui. Je ne savais pas quoi faire… »

« Oui, c’était vraiment stupide. Et très immature et… merde alors ! Danielle, je t’adore mais il faut vraiment que tu te reprennes en main. »

Sur ces mots, elle se rua vers la porte. Elle détestait l’idée d’abandonner Danielle dans un tel moment mais si elle restait là, elle allait perdre son sang-froid et vraiment la cuisiner. Elle sortit précipitamment de l’appartement et se dirigea d’un pas décidé vers sa voiture. Elle sentait des larmes lui monter aux yeux en pensant à sa sœur et à la situation incroyablement inconfortable dans laquelle elles se retrouveraient bientôt.

Elle démarra en direction du bureau pour se rendre à nouveau au labo. Elle roulait depuis cinq kilomètres quand son téléphone sonna. C’était Greene et au ton de sa voix, elle sut tout de suite qu’il n’avait pas de bonnes nouvelles à lui annoncer.

« Salut, » dit-il. « Je suis désolé mais je n’ai pas de bonnes nouvelles. Tout d’abord, Sophie Arbogast dit ne pas avoir vu Martin depuis trois jours. Ils étaient supposés se retrouver il y a deux jours. Elle lui a envoyé toute une série de messages sexy car en général, ça le motivait à répondre à ses appels et à ses messages. On est occupé à vérifier ses alibis mais apparemment, ils tiennent bien la route. »

« Autre chose ? » demanda Chloé.

« Oui. Où es-tu exactement ? »

« À mi-chemin entre l’appartement de Danielle et le bureau. »

« Alors tu lui as déjà parlé ? » demanda-t-il.

« Oui. » Elle eut envie de lui raconter que c’était Danielle qui avait conduit la voiture dans le lac, mais elle ne parvint pas à le faire.

« Eh bien, je pense qu’il vaudrait mieux que tu fasses demi-tour et que tu retournes chez elle. Ils ont trouvé une empreinte sur la clé de contact de la voiture. Une empreinte très récente. Chloé… je suis vraiment désolé… mais c’est l’empreinte de Danielle. »

C’est à ce moment-là que les larmes se mirent vraiment à couler sur ses joues. Elle prit congé de Greene et fit demi-tour dès qu’elle en eut l’occasion. Les larmes continuaient à couler sans s’arrêter.

Elle allait devoir retourner chez Danielle et affronter le fait que sa sœur jumelle soit le suspect principal dans une affaire de meurtre.

CHAPITRE VINGT

Chloé regarda toute la scène se dérouler devant elle comme si elle était sortie de son propre corps. Elle fut surprise et attristée de voir que Danielle ne chercha même pas à nier. Elle ne protesta pas vraiment et il y eut très peu de discussions. Greene se tenait debout près de Chloé tandis qu’un autre agent menottait Danielle pour l’accompagner hors de l’appartement.

Danielle regarda une seule fois en direction de Chloé, juste au moment où on lui lisait ses droits. Elles échangèrent un regard déchirant et Chloé se rendit compte combien sa sœur était perdue. À ce moment-là, Chloé eut également l’impression qu’il était peut-être possible – vraiment peut-être – que Danielle puisse avoir tué Martin. Puisque Danielle avait admis avoir immergé la voiture dans le lac – un élément qui surgirait certainement au moment de l’interrogatoire – est-ce que cela signifiait également qu’elle était capable de le tuer ?

 

Peut-être… peut-être qu’elle l’avait fait.

Chloé eut le cœur brisé en regardant sa sœur. Peut-être que si j’avais été une meilleure sœur… si je l’avais contactée plus souvent et si j’avais essayé de mieux la connaître. Peut-être qu’alors on n’en serait pas là…

C’était une sombre réalité qui commençait peu à peu à s’imposer à elle. Mais en même temps, ça n’avait pas de sens. D’abord, comment est-ce que la frêle petite Danielle aurait pu porter le corps plutôt baraqué de Martin pour le mettre dans le coffre ?

Ces pensées lui envahissaient l’esprit pendant qu’elle s’avançait derrière l’agent qui escortait Danielle à travers la porte d’entrée.

« Est-ce que tu as un avocat ? » demanda Chloé.

« Non, et je te prierais de ne pas m’adresser la parole. C’est toi qui m’as dénoncée, c’est ça, hein ? Tu ne m’as même pas laissé une chance. Tu as tout de suite pensé que c’était moi. »

« Danielle, je… »

« Je t’ai demandé de ne pas me parler, » dit Danielle, en s’énervant.

« Je veillerai à ce que tu aies un bon avocat. Je… »

« Surtout, ne fais rien, » dit Danielle. « Je ne veux pas que tu t’en mêles. »

Chloé fit ce que sa sœur lui demandait. Elle arrêta de parler et continua à suivre l’agent qui menait Danielle vers une voiture banalisée noire. Chloé regarda d’un air impuissant sa sœur se pencher pour s’asseoir sur le siège arrière. L’agent referma la portière, puis regarda Chloé d’un air désolé, avant de s’asseoir derrière le volant.

Chloé repensa au matin où elle et Danielle avaient vu leur père entrer à l’arrière d’une voiture de police. Pendant un instant, elle eut l’impression d’avoir refermé une boucle.

« Est-ce qu’ils l’amènent au bureau du FBI ? » demanda-t-elle à Greene.

« Oui, pour commencer. Ils l’interrogeront là-bas. En fonction de la manière dont ça se passe, il est possible qu’ils la transfèrent. J’imagine qu’ils vont également demander un test ADN. Pour voir si ça correspond au cheveu trouvé sur le bras de Martin. Je doute qu’ils la gardent très longtemps. Ce n’est pas exactement du ressort du FBI. Il est plus que probable que ce soit la police de Pinecrest qui finisse par s’en occuper. »

« Il faut que j’y aille aussi, » dit Chloé. « Il faut que je sois avec elle. »

« Attends un peu pour y aller, » dit Greene. « Tu sais comment ça va. Tu peux y aller tout de suite mais tu ne pourras pas lui parler avant un petit temps. Laisse le FBI faire son boulot. Je passerai un coup de fil pour toi. Je m’assurerai que tu puisses lui parler dès que possible. »

Chloé hocha la tête et fit de son mieux pour retenir ses larmes. Elle avait déjà failli vomir devant l’agent Greene. Est-ce qu’elle allait maintenant se mettre à pleurer devant lui ?

« Je veux que tu rentres chez toi, » dit Greene. « Prends le reste de la journée de congé. J’informerai ton supérieur. »

« Vous m’appellerez dès que je peux lui parler ? »

« Tu peux compter dessus. Tu as besoin qu’on te ramène ? Ça va aller ? »

« Je ne sais pas, » dit-elle.

Et sur ces mots, elle lui tourna le dos et se dépêcha d’aller vers sa voiture. Elle n’arrivait plus à retenir ses larmes et elle faisait tout ce qu’elle pouvait pour que Greene ne les voie pas.

***

Il était rare que Chloé laisse Steven la voir dans un état vulnérable mais c’est exactement ce qu’il vit quand elle rentra à la maison. Il était assis sur le divan, occupé à glisser une carte dans une enveloppe. Elle vit qu’il s’agissait d’une carte de remerciement pour le tailleur qui lui avait cousu son smoking pour le mariage.

« Tu rentres tôt, » dit-il, sur un ton indifférent. Puis il vit son visage, remarqua qu’elle avait pleuré et il se mit tout de suite debout. « Qu’est-ce qu’il se passe ? » demanda-t-il.

Elle lui raconta tout. Elle lui parla de la voiture de Martin… du corps de Martin retrouvé dans le coffre, du cheveu et de l’empreinte. Elle lui dit où se trouvait actuellement Danielle et qu’elle avait l’impression que quelque chose ne collait pas.

« Est-ce que tu en es sûre ? » demanda Steven. « Car tu m’as quand même dit qu’elle ne prenait pas toujours ses médicaments pour ses sautes d’humeur, non ? »

« Oui, c’est vrai, » dit Chloé. « Mais même si je ne connais pas très bien ma sœur, je la connais assez pour savoir qu’elle n’est pas capable de tuer quelqu’un. »

Mais en es-tu vraiment sûre ? se demanda-t-elle, en revoyant le sourire sinistre de sa sœur à la fête de quartier.

Ils s’assirent sur le divan et Chloé sentit le poids de la journée peser sur ses épaules. Elle regarda Steven refermer la note de remerciement. Elle se sentait un peu mieux de voir qu’il faisait vraiment preuve d’initiative pour tout ce qui touchait au mariage.

« Qu’est-ce que je peux faire pour toi ? » demanda Steven.

« Rien, » dit-elle. « Juste… juste être là. Je ne sais pas comment gérer ça, Steven. Et j’ai juste besoin que tu sois là pour moi. Pas de commentaires sarcastiques sur Danielle, OK ? Est-ce que tu peux faire ça ? »

Il mit un bras autour de ses épaules, l’attira vers lui et l’embrassa sur le côté de la bouche. « Bien sûr que je peux, » dit-il.

Et c’est ce qu’il fit. Ils restèrent assis sur le divan pendant un très long moment. Bien que ce soit réconfortant, Chloé ne pouvait s’empêcher de se demander ce qu’elle avait raté pendant toutes ces années où elle n’avait pas été proche de sa sœur. Quel genre d’épreuves Danielle avait-elle traversées ? Est-ce qu’elle avait dû faire face à des événements qui avaient fait d’elle une toute autre personne – une personne peut-être même capable de tuer ?

Ce qui lui faisait peur dans tout ça, c’était qu’elle n’en avait aucune idée.

Et ce qui lui faisait encore plus peur, c’était le fait qu’elle allait probablement le découvrir dans les prochains jours.

***

Chloé décida de ne pas aller faire son jogging le lendemain matin. Elle n’en avait tout simplement pas le courage. Elle avait l’estomac noué, au point d’avoir envie de vomir. Elle but une tasse de café mais fut incapable de manger quoi que ce soit. Elle n’arrêtait pas de regarder son téléphone, en attendant que Greene l’appelle ou lui envoie un message.

Il finit par le faire, un peu après sept heures du matin. « Tu vas être fâchée sur moi, » dit-il.

« Pourquoi ? »

« Nous avons reçu le feu vert pour que tu ailles lui parler vers minuit. Mais je voulais que tu passes une bonne nuit de sommeil. Ça ne se présente pas bien pour elle et ça veut dire que les prochains jours risquent d’être longs pour toi. »

Effectivement, elle était fâchée mais elle comprenait qu’il avait fait ça pour son bien. Il essayait juste de faire attention à elle.

« Est-ce que vous êtes déjà là-bas ? » demanda Chloé.

« Non, mais je suis en route. »

« Alors je vous y retrouve dans une demi-heure. »

Elle raccrocha et posa l’assiette avec l’omelette qu’elle n’avait pas touchée sur le plan de travail de la cuisine. Steven était assis au bar et consultait le fil des actualités sur son téléphone, en mangeant lentement un bol de céréales.

« Tu veux mon omelette ? » demanda-t-elle, en lui tendant l’assiette.

« Volontiers, » dit-il. « C’était qui au téléphone ? »

« L’agent Greene. J’ai reçu l’autorisation pour parler à Danielle. »

« Oh, » dit Steven. « Et tu penses que c’est une bonne idée ? »

« Pourquoi pas ? » demanda Chloé.

« Je ne sais pas, » dit-il. « Mais il est clair que tu crois qu’elle est innocente. Et si tu vas là-bas, tu vas côtoyer des personnes avec qui tu finiras par travailler et qui, eux, pensent qu’elle est coupable… ça pourrait créer des tensions. »

« Tu as tout à fait raison, » dit-elle. « Mais c’est ma sœur. Je veux être présente pour elle. »

Il hocha la tête et soupira, mais sa frustration était bien visible. Chloé se dit que c’était quelque chose dont ils allaient devoir parler à un moment ou un autre. Mais pour l’instant, ce qui l’intéressait, c’était d’aller retrouver sa sœur.

Au moment où elle prenait son sac et se dirigeait vers la porte, Steven lui dit : « Si tu penses que tu vas rentrer tard ce soir, envoie-moi un message. N’oublie pas qu’on est sensé aller manger chez mes parents. »

« Ouais, » dit-elle, sur un ton un peu énervé. Être en compagnie de ses parents était la dernière chose à laquelle elle avait envie de penser, compte tenu des événements. Et le fait que Steven puisse le mentionner à ce moment précis était vraiment exaspérant.

Elle quitta la maison sans dire un mot de plus et roula en direction de Baltimore. Elle était crispée car ses pensées allaient de la situation avec Danielle à la crise grandissante entre elle et Steven. Au plus profond d’elle, elle savait que la situation actuelle de Danielle finirait par révéler le vrai visage de Steven. Allait-il la soutenir alors que Danielle vivait cet enfer ou allait-il continuer à exprimer son dédain à son égard ?

C’était une façon égoïste de penser mais elle savait que, d’une façon ou d’une autre, sa vie allait être nettement différente une fois que tout cela serait terminé. Elle pouvait se culpabiliser autant qu’elle voulait de ne pas avoir été une sœur attentive, mais ça ne changerait rien. En revanche, si Danielle s’en sortait indemne… eh bien, beaucoup de choses allaient changer.

Quand elle se gara sur le parking à côté du bureau du FBI, elle dut se retenir pour ne pas piquer un sprint jusqu’à l’entrée. En entrant dans l’édifice, elle vit que certaines personnes la regardaient avec compassion, d’autres la saluèrent d’un signe de tête tandis que certaines détournèrent le regard.

Alors qu’elle se dirigeait vers les salles d’interrogatoire, Greene vint à sa rencontre avec une tasse de café en main. Il la lui tendit avec un air préoccupé dans le regard.

« C’est quoi cet air préoccupé ? » demanda Chloé. « Il y a quelque chose qui ne va pas ? »

« Non, pas vraiment. Mais on lui a dit que tu venais pour lui parler. On s’est dit que ça pourrait lui remonter le moral. Mais elle refuse de te voir. »

« Quoi ? »

Greene l’accompagna jusque dans une salle de réunion vide et referma la porte derrière eux. « Elle ne va pas bien, » dit-il. « Je pense qu’elle a peur que tu sois déçue par elle. Elle est déprimée et honnêtement, elle ne veut parler à personne. »

Chloé eut un peu le cœur brisé en entendant ça mais en même temps, elle comprenait.

« Elle pense que je l’ai dénoncée. Elle pense que j’ai tout de suite cru qu’elle était coupable. »

« Oui, ça aussi. »

« Est-ce qu’elle a dit quoi que ce soit qui puisse indiquer qu’elle l’ait tué ? »

« Non. Mais ses alibis ne sont pas très solides. Vu qu’elle est antisociale de nature, elle n’a pas grand-chose à offrir. Il n’y avait personne d’autre en-dehors de Martin qui la voyait. Elle dit qu’elle t’a vue entre la fête de quartier et la découverte de la voiture, mais le timing n’a même plus vraiment d’importance. Car ça ne pourrait pas être utilisé comme alibi solide. »

« Il faut que vous sachiez… c’est impossible pour moi d’y croire, » dit Chloé, sur un ton presque suppliant. « Elle a ses problèmes, c’est sûr… mais ce n’est pas un assassin. Enfin… mon dieu, je ne sais plus trop quoi penser maintenant. Mais ça ne ressemble pas à ma sœur, vous savez ? »

Greene eut l’air d’hésiter avant de répondre. Après un moment, il finit par dire : « Je pense que je te crois. Mais pour l’instant, on doit faire avec ce que l’enquête nous donne. Tu comprends ça, n’est-ce pas ? »

« Oui, bien sûr, » dit-elle. « Merci pour votre soutien. Autre chose encore… elle prend des médicaments pour la dépression. Je ne sais pas exactement lesquels. Mais est-ce que vous pourriez vérifier si elle les prend ? »

« Oui, elle les prend, » dit-il. « Elle les a réclamés un peu après qu’elle soit arrivée ici. Un agent est allé les chercher chez elle. »

« Tant mieux. Merci. »

« J’imagine que c’est vraiment dur pour toi. Mais garde la tête froide. Je sais que tu es d’abord une sœur, mais c’est un moment idéal pour prouver que tu peux être un excellent agent avant toute autre chose. Il est probable que ce ne soit pas ce que tu penses pour l’instant, mais c’est un moment idéal pour prouver de quoi tu es capable. »

 

« C’est une pensée qui donne à réfléchir, » dit-elle, avec un petit rire.

Mais plus elle pensait à ce que Greene venait de lui dire, plus elle appréciait le commentaire – et plus elle était décidée à trouver un moyen de prouver l’innocence de Danielle.