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CHAPITRE NEUF

Alors que Riley fixait l’image floue, elle pensa…

Qu’est-il arrivé ensuite ?

Après que l’appareil photo lui ait été arraché des mains, qu’était-il arrivé à cette femme ?

Qu’a-t-elle dû endurer ?

Avait-elle résisté à son agresseur jusqu’à ce qu’il la maitrise et la ligote ?

Est-elle restée consciente tout au long de son enlèvement ? Ou avait-elle été assommée juste à ce moment, quand la photo avait été prise ?

S’était-elle ensuite réveillée pour assister à l’horreur de ses derniers instants ?

Ça n’a pas peut-être aucune importance, pensa Riley.

Elle se souvint de ce que le médecin légiste avait dit au sujet de la probabilité que Janet soit morte d’une overdose d’amphétamines.

Si c’était vrai, elle était littéralement morte de peur.

Et à présent, Riley regardait le moment figé où cette terreur funeste avait vraiment commencé.

Elle frémit profondément à cette pensée.

Crivaro montra la photo et dit à Charlie…

— Agrandissez tout. Pas seulement celle-ci, toutes les photos, chaque centimètre carré.

Charlie se gratta la tête et demanda…

— Et on recherche quoi au juste ?

— Des gens, dit Crivaro. Tous les gens que vous pouvez trouver. Janet Davis semblait penser qu’elle était seule, mais elle avait tort. Quelqu’un l’attendait. Peut-être qu’elle l’a photographié sans s’en rendre compte. Si vous trouvez quelqu’un, faites un agrandissement aussi net que possible.

Bien qu’elle ne l’ait pas dit à voix haute, Riley était sceptique.

Charlie va-t-il trouver quelqu’un ?

Elle avait le sentiment que le tueur était beaucoup trop prudent pour se laisser photographier accidentellement. Elle doutait que même une fouille microscopique des photos puisse révéler la moindre trace de lui.

À cet instant, le téléphone de Crivaro bourdonna dans sa poche. Il dit…

— Ça doit être McCune.

Riley et Crivaro quittèrent la chambre noire et Crivaro se retira pour prendre l’appel. Il semblait excité par ce que McCune lui disait. Quand il termina sa conversation, il dit à Riley...

— McCune a localisé le magasin de costumes où Janet Davis a pris des photos. Il est en train de s’y rendre et nous demande de le rejoindra là-bas. Allons-y.

*

Quand Crivaro se gara devant le magasin appelé « Costume Romp », l’agent McCune était déjà là à attendre dans sa voiture. Il sortit et rejoignit Riley et Crivaro alors qu’ils approchaient du magasin. Pour Riley, la devanture du magasin faisait penser à première vue à une boutique un peu modeste. Les vitrines avant étaient remplies de costumes, les incontournables vampires et autres momies, mais également des costumes d’époques fantaisistes. Il y avait aussi un costume de l’Oncle Sam pour le 4 juillet prochain.

Lorsqu’elle emboita le pas à Crivaro et McCune pour rentrer, Riley fut surprise par l’immensité de l’intérieur tout en longueur et en brique, rempli de présentoirs chargés de ce qui semblait être plusieurs centaines de costumes, masques et perruques.

La vue de tant de fantaisie coupa le souffle de Riley. Les costumes représentaient des pirates, des monstres, des soldats, des princes et des princesses, des animaux sauvages et domestiques, des extraterrestres et tout autre personnage qu’elle pouvait imaginer.

Riley n’en croyait pas ses yeux. Après tout, Halloween n’arrive qu’une fois par an. Y avait-il vraiment un marché toute l’année pour tous ces costumes ? Si oui, qu’est-ce que les gens pouvaient bien faire de tous ces costumes ?

Beaucoup de fêtes costumées, je suppose.

Il lui vint à l’esprit qu’elle ne devrait pas s’en étonner, compte tenu des horreurs qu’elle commençait à découvrir. Dans un monde où de telles choses horribles se produisaient, il n’y avait rien d’étonnant à ce que les gens veuillent s’évader dans des mondes féeriques.

Il n’était pas non plus surprenant qu’une photographe talentueuse comme Janet Davis aimait prendre des photos ici, au milieu d’un si riche éventail d’images. Nul doute qu’elle utilisait de véritables pellicules ici, pas un appareil photo numérique.

Les masques et les costumes de monstre rappelèrent à Riley une émission de télévision qu’elle avait appréciée au cours des quelques dernières années ; l’histoire d’une adolescente qui combattait et éliminait vampires et toutes sortes de démons.

Dernièrement, cependant, Riley avait trouvé ce spectacle moins attrayant.

Après avoir découvert ses propres capacités à pénétrer l’esprit d’un tueur, la saga d’une fille dotée de superpouvoirs et des super-devoirs qui allaient avec semblait maintenant un peu trop près de sa réalité pour être divertissante.

Riley, Crivaro et McCune regardèrent partout autour sans voir personne.

McCune appela…

— Bonjour, il y a quelqu’un ?

Un homme sortit de derrière l’un des portants à costumes.

— Comment puis-je vous aider ? demanda-t-il.

L’homme était doté d’une silhouette saisissante. Il était grand et extrêmement mince, portait un T-shirt à manches longues imprimé pour ressembler à un smoking. Il portait aussi les fameuses lunettes « Groucho », celle avec un énorme nez blanc, des lunettes à monture noire, des sourcils touffus et une moustache.

Évidemment quelque peu déconcertés, Crivaro et McCune sortirent leurs insignes et expliquèrent à l’homme qui ils étaient, eux et Riley.

Ne semblant d’aucune façon surpris d’une visite du FBI, l’homme se présenta comme étant Danny Casal, le propriétaire de la boutique.

— Appelez-moi Danny, leur dit-il.

Riley s’attendait à le voir enlever ses lunettes. Mais en y regardant de plus près, elle réalisa…

Ce sont des lunettes de vue.

Elles avaient des verres remarquablement épais. Danny Casal portait apparemment ces lunettes tout le temps, et serait certainement totalement myope sans elles.

McCune ouvrit une pochette.

— Nous avons les photos de deux femmes, dit-il. Nous aimerions savoir si vous aviez déjà vu l’une d’entre elle.

Les sourcils, le faux nez et la moustache rebondirent de haut en bas alors qu’il hocha la tête. Riley fut frappée par le fait qu’un homme à l’air si sérieux puisse porter un accoutrement de la sorte.

McCune sortit une photo et la brandit à la vue du propriétaire du magasin.

Danny regarda la photo à travers ses lunettes.

— Ce n’est pas une cliente régulière, je ne peux pas garantir qu’elle ne soit jamais venue, mais je ne la reconnais pas.

— Vous en êtes sûr ? demanda McCune.

— Pas mal sûr, oui.

— Est-ce que le nom de Margo Birch vous dit quelque chose ?

— Euh, peut-être quelque chose aux infos. Je n’en suis pas certain.

McCune sortit une nouvelle photo de sa pochette.

— Et cette femme ? Nous avons des raisons de penser qu’elle est déjà venue dans votre boutique prendre des photos.

Riley, aussi, regarda la photo attentivement. Ça devait être Janet Davis. C’était la première fois qu’elle voyait son visage vivant, non peint, souriant, heureux et inconscient du sort terrible qui l’attendait.

— Ah oui, fit Casal. Elle était encore ici il n’y a pas si longtemps que ça. Janet quelque chose.

— Davis, ajouta Crivaro.

— C’est ça, répondit Casal d’un signe de tête. Une gentille dame. Un bel appareil photo aussi, je suis moi-même un passionné de photographie. Elle m’a proposé de payer pour prendre des photos ici, mais je n’ai pas accepté son argent. J’étais flatté qu’elle trouve mon magasin digne de son intérêt.

Casal inclina la tête et regarda en direction de ses visiteurs.

— Mais j’imagine que si vous êtes là ce n’est pas forcément une bonne nouvelle pour elle, dit-il. Est-ce qu’elle a des ennuis ?

— J’ai peur qu’elle ait été assassinée, dit Crivaro. Ces deux femmes l’ont été.

— Vraiment ? dit Casal. Quand ça ?

— Le cadavre de Margo Birch a été retrouvé il y a cinq jours. Janet Davis a été assassinée avant-hier soir.

— Oh… dit Casal. Je suis navré de l’apprendre.

Riley ne remarqua presque aucun changement dans le ton de sa voix ou dans l’expression de son visage.

McCune changea de tactique. Il demanda…

— Vous avez des costumes de clown ici ?

— Bien sûr, dit Casal. Pourquoi cette question ?

McCune sortit brusquement une autre photo de son dossier. Riley faillit s’étrangler quand elle la vit.

Elle montrait une autre femme morte habillée en costume de clown. Elle était flanquée sur du béton à côté d’une benne à ordures. Le costume était semblable à celui que Janet Davis, la victime trouvée dans le parc ce matin, portait. Un habit bouffant orné de pompons. Seuls les couleurs et les motifs étaient quelque peu différents, ainsi que le maquillage.

Margo Birch, réalisa Riley. Comme ils l’ont trouvée.

— Vendez-vous des costumes comme celui-ci ? demanda McCune à Casal.

Riley remarqua que Crivaro grimaçait en direction de McCune. McCune testait évidemment la réaction de Casal à la photo, mais Crivaro ne semblait pas approuver la brutalité de son approche.

Mais tout comme McCune, Riley était curieuse de savoir comment l’homme allait réagir.

Casal se tourna vers Riley. Elle fut tout bonnement incapable de lire son expression. En plus des sourcils touffus et de la moustache, elle pouvait maintenant voir à quel point les verres étaient épais. Bien qu’étant sûrement en train de la regarder dans les yeux, rien ne le laissait transparaître. Déformés à travers les lentilles, ses yeux semblaient légèrement dirigés ailleurs.

 

C’est comme s’il portait un masque, pensa Riley.

— C’est mademoiselle Davis ? demanda Casal à Riley.

Riley secoua la tête.

— Non. Mais le corps de Janet Davis a été retrouvé dans les mêmes conditions ce matin.

Sans aucun changement dans le ton de sa voix, Casal dit à McCune…

— Pour répondre à votre question, oui on vend ce genre de costume.

Il entraina ses visiteurs jusqu’à un long présentoir rempli de costumes de clown. Riley fut surprise de voir à quel point ils étaient variés.

Alors que Casal parcourait des vestes déchirées et des pantalons amples et rapiécés, il dit…

— Comme vous pouvez le voir, il y a plusieurs types de clowns différents. Par exemple, il y a le vagabond, souvent personnifié comme un mendiant ou un clochard, avec un chapeau et des chaussures usés, un maquillage de peau brûlée par le soleil, un regard triste et une barbe peinte. L’équivalent féminin est souvent la femme au caddie.

Il passa à un groupe de costumes plus hétéroclites.

— Également dans le registre du vagabond, on retrouve l’Auguste, un style européen traditionnel, plus un escroc qu’un vagabond, un sous-fifre et un larbin. Il porte un nez rouge et des vêtements mal assortis et alterne entre maladresse absolue et ruse agile.

Puis, il se fraya un chemin à travers des costumes qui semblaient pour la plupart blancs, dont certains étaient étoilés et ornés de fioritures colorées.

— Et voici le traditionnel clown blanc européen, « Pierrot », composé, confiant, gracieux, intelligent, toujours en contrôle. Son maquillage est ce qu’il y a de plus simple ; complètement blanc, avec des traits réguliers peints en rouge ou en noir, comme un mime, et souvent coiffé d’un chapeau conique. C’est une figure d’autorité, souvent le patron d’Auguste, et pas un patron très gentil. Rien d’étonnant, cependant, puisque beaucoup des blagues d’Auguste sont à ses dépens.

Il parcouru des dizaines de costumes tous plus différents les uns que les autres, en disant...

— Et là nous avons tous les différents clowns « personnages », inspirés des modèles de la vie de tous les jours ; policiers, femmes de chambre, majordomes, médecins, pompiers, ce genre de choses. Mais voilà celui qui vous intéresse…

Il montra à son audience une rangée de costumes aux couleurs vives qui rappelaient à Riley les victimes sur la photo et dans le champ.

— Je vous présente le « clown blanc grotesque », dit-il.

Ce mot capta l’attention de Riley.

Grotesque.

Oui, cela décrivait assez bien ce qui avait été fait au corps de Janet Davis.

Pointant du doigt l’une des tenues, Casal poursuivit…

— C’est le type de clown le plus courant, je suppose, du moins ici en Amérique. Il ne reflète pas un type, une profession ou un statut particulier. Le clown blanc grotesque est généralement d’apparence clownesque, ridicule et imbécile. Pensez à Bozo le clown, ou à Ronald McDonald ; ou Ça de Stephen King, pour citer un exemple plus effrayant. Le grotesque porte généralement un costume ample et coloré, des chaussures surdimensionnées et un maquillage blanc avec des traits exagérés, y compris une perruque énorme et un nez rouge vif.

Crivaro sembla vraiment intéressé par ce que Casal venait de dire.

— Avez-vous vendu des costumes comme ceux-ci récemment ? demanda-t-il.

Casal réfléchit un moment…

— Pas que je m’en souvienne, du moins pas ces derniers mois, dit-il. Je pourrais regarder nos reçus, mais ça prendrait du temps.

Crivaro lui tendit sa carte professionnelle et ajouta…

— J’apprécierais que vous le fassiez et que vous me rappeliez.

— Comptez sur moi, dit Casal. Mais rappelez-vous que le costume grotesque est extrêmement commun. Il aurait pu être acheté dans n’importe quel magasin de costumes de la ville.

McCune ricana un peu.

— Oui, mais on n’est pas dans n’importe quel magasin de costumes. Une des victimes était ici récemment à prendre des photos.

Son expression toujours impénétrable, Casal mit les mains dans ses poches.

— Oui, je peux comprendre pourquoi ça vous préoccupe.

Casal regarda un instant dans le vide, comme profondément perdu dans ses pensées.

Puis il sursauta, semblant à nouveau habiter son corps.

— Oh, mon Dieu, dit-il, l’air troublé. Je viens de penser à quelque chose que vous devriez savoir.

CHAPITRE DIX

Riley ressentit une vague d’excitation alors que les deux agents du FBI et elle suivaient Casal, s’éloignant du porte-costumes.

Allons-nous faire une avancée ? se demanda-t-elle.

Sans faire part de ce dont il venait de se souvenir, le gérant du magasin fit volte-face et se dirigea vers l’avant du magasin.

Quand il arriva à la réception, Casal s’arrêta et commença à s’expliquer.

— Janet Davis est revenue ici un deuxième jour pour prendre d’autres photos. Mais elle est partie assez brusquement, et elle n’avait pas l’air très contente.

Riley, Crivaro et McCune échangèrent des regards intéressés.

— Vous savez pourquoi ? demanda Crivaro.

Casal ouvrit un classeur et feuilleta son contenu.

— Elle s’est plainte d’un jeune homme qui travaillait ici à l’époque, Gregory Wertz. Apparemment, il lui avait dit quelque chose de déplacé. Elle n’a pas dit quoi exactement, mais elle était très contrariée, et ce n’était pas la première fois qu’une cliente se plaignait de lui. Je le soupçonnais aussi de vol depuis un moment, alors je l’ai viré sur-le-champ.

— Pouvez-vous nous donner une adresse ? lui demanda Crivaro.

— Bien sûr, répondit Casal, sortant une feuille de papier d’un tiroir et la remettant à Crivaro. Voilà son nom, son numéro de sécurité sociale, son numéro de téléphone et son adresse. Également, le dernier jour où il a travaillé ici, il y a exactement deux semaines aujourd’hui.

Crivaro le remercia pour sa coopération et Riley suivit les deux agents hors du magasin.

Elle fut surprise lorsque, dès leur sortie, Crivaro attrapa McCune par l’épaule.

— Qu’est-ce que vous croyiez faire là-bas ? demanda-t-il avec colère.

McCune eut l’air surpris.

— Vous voulez dire lui montrer la photo ? Je voulais voir sa réaction, bien sûr.

— C’était un pari risqué, dit Crivaro. Je n’aime pas les paris risqués.

McCune rougit de colère.

— Risqué, hein ? répéta McCune. Ne me dites pas que vous croyez ce Casal ? Il m’a paru tout ce qu’il y a de plus suspect. En fait, il m’a donné la chair de poule avec sa façon de parler et tout. Il ne nous a même pas même pas laisser correctement voir son visage.

Il a raison, pensa Riley.

Mais ça ne lui était pas venu à l’esprit de soupçonner Casal de quoi que ce soit.

Crivaro faisait les cents pas, aboyant sur McCune.

— Alors vous avez pensé que vous alliez lui mettre la pression, hein ? vous avez décidé d’aller chercher une confession immédiate. Vous avez sans doute pensé obtenir beaucoup de gloire si ça fonctionnait. Eh bien, laissez-moi vous rassurer sur quelque chose. Casal n’est pas notre tueur.

— Comment le savez-vous ? demanda McCune.

Crivaro leva les yeux au ciel.

— Vous l’avez bien vu ? Il est aveugle comme une chauve-souris sans ses lunettes, et il est maigre comme un clou. Notre tueur a enlevé deux femmes, au moins l’une d’entre elles par la force. Puis il a réussi à les maîtriser. Vous imaginez Casal faire ça ?

L’air aussi gêné que furieux, McCune commença…

— Peut-être qu’avec un complice...

— Il n’y avait pas de complice, l’interrompit Crivaro. Mon instinct me dit que notre tueur agit seul. Et ce n’est certainement pas Danny Casal. Mais Casal est peut-être un témoin important. On a eu de la chance que vous ne le dissuadiez pas de coopérer en l’effrayant.

McCune baissa la tête et remua des pieds.

Crivaro le poussa du bout de l’index.

— Maintenant, écoutez-moi. Plus de paris, pas quand vous travaillez avec moi. Si vous avez des idées, parlez-m’en d’abord. On n’est pas chez les scouts. L’initiative n’est pas une vertu ici. Soit c’est moi qui décide, soit vous vous retirez de l’affaire.

— J’ai compris, dit McCune dans un chuchotement. Ça n’arrivera plus.

— Il ne vaudrait mieux pas, grogna Crivaro.

Un silence s’installa entre eux trois.

Riley se sentit vraiment mal à l’aise et un peu désolée pour McCune.

Elle se souvint de ce que McCune lui avait dit à propos de Crivaro quand ils s’étaient rencontrés pour la première fois...

« Il a la réputation d’être un peu brusque. »

Brusque était plutôt bien choisi, pensa-t-elle.

Elle avait eu un bon aperçu de sa brusquerie hier quand elle avait déconné à la planque des dealers. Quand ils s’étaient rencontrés à Lanton, elle ne l’avait pas trouvé si irritable. Bien sûr, elle avait réalisé entre temps que Crivaro avait désormais une bonne raison d’être comme ça avec elle...

« J’ai fait des pieds et des mains pour vous faire entrer dans ce programme. » avait-il dit.

Mais elle ne s’était pas vraiment attendue à ce qu’il s’en prenne à un véritable agent du FBI comme McCune.

Elle se demanda une fois encore ce que cela allait être de suivre Crivaro. Allait-elle avoir l’impression de marcher sur des œufs à chaque instant ?

Pendant ce temps, Crivaro avait retrouvé son calme et regardait la feuille de papier que Casal lui avait remise.

Finalement, il dit...

— Ce Gregory Wertz semble intéressant, en particulier le fait que quelque chose de mauvais s’est passé entre lui et Janet Davis, peu de temps avant les deux meurtres. On n’en a pas assez sur lui pour obtenir un mandat d’arrêt. Mais je pense qu’on ferait mieux de lui rendre une petite visite.

Puis il regarda McCune et Riley et ajouta...

— Mais je ne veux aucun coup tordu de votre part à tous les deux. Suivez mes ordres, ni plus, ni moins. Vous m’entendez tous les deux ?

Riley hocha la tête, et McCune aussi.

Crivaro donna ensuite l’adresse de Gregory Wertz à McCune. McCune monta dans sa voiture et Riley et Crivaro retournèrent dans la leur.

Crivaro les conduisit dans un quartier un peu comme celui dans lequel ils se trouvaient la veille, délabré et avec des graffitis partout. Mais il y avait plus de gens à l’extérieur, y compris des enfants sur des planches à roulettes. Les gangs et la drogue étaient probablement un problème ici aussi, mais ils n’avaient pas complètement fait fuir tout le monde des rues, du moins pas encore.

Riley se demandait si le genre de « mini poste » dont McCune avait mentionné l’installation dans l’autre quartier ne serait pas une bonne idée ici aussi. Il semblait dommage que personne n’envisage cette possibilité avant que les choses n’empirent.

Crivaro gara la voiture, et McCune s’arrêta à une place juste derrière eux.

Crivaro se tourna vers Riley.

— Attendez ici.

Quand les agents sortirent de leur voiture, ils se rejoignirent tous les deux pour discuter de ce qu’il fallait faire ensuite.

Riley eut du mal à croire ce que Crivaro venait de dire et de faire...

Il me laisse complètement à l’écart.

Comment était-elle censée apprendre en étant sur la touche comme ça ?

Et pourquoi Crivaro avait-il pris cette décision ?

Pas plus tard que ce matin, les choses avaient l’air d’aller bien entre eux. Crivaro lui avait même assuré que ce qu’elle avait fait hier n’avait pas été un désastre total. En fait, il lui avait dit qu’elle avait permis d’appréhender d’autres membres du gang.

Qu’est-ce qui avait changé ?

Peut-être rien, pensa-t-elle.

Peut-être qu’il s’inquiétait simplement pour sa sécurité. Si c’était le cas, peut-être qu’elle devrait se sentir reconnaissante qu’il la tienne à l’écart du danger.

En même temps, elle ne pouvait s’empêcher de se demander...

Il m’en veut toujours pour hier ?

*

Alors qu’il marchait avec Crivaro vers l’immeuble, l’agent spécial Mark McCune était toujours en train de digérer les réprimandes qu’il avait reçues un peu auparavant. Il ne comprenait toujours pas pourquoi Crivaro avait réagi de cette façon. Et il ne pensait toujours pas avoir dépassé les bornes en mettant la pression à ce Danny Casal.

 

Qu’est-ce que ça peut faire ? se demanda-t-il. Casal avait quand même donné des informations, s’il n’avait pas menti. McCune ne lui faisait toujours pas confiance.

Et il n’aimait vraiment pas avoir été humilié comme ça, surtout devant une stagiaire comme Riley Sweeney.

Comme beaucoup d’autres dans l’agence, McCune se demandait...

C’est quoi son délire avec elle, de toute façon ?

Il avait entendu toutes les histoires sur la façon dont elle avait aidé à arrêter ce tueur en série à Lanton. On disait que Crivaro pensait qu’elle était une sorte de prodige. Il s’était certainement donné beaucoup de mal pour l’inscrire au programme, et il avait énervé certaines personnes dans la manœuvre.

Il y avait aussi des rumeurs selon lesquelles Crivaro en pinçait pour elle.

McCune sourit à l’idée. Il n’avait rien senti de tel entre Riley et Crivaro. D’une part, Crivaro avait fait preuve de bon sens en la laissant dans la voiture pendant qu’ils vérifiaient un suspect potentiel. De plus, Crivaro avait la réputation d’être d’une intégrité sans faille, et il n’avait pas l’air d’être du genre à se laisser distraire professionnellement par une jeune femme attirante.

Non pas que je lui reprocherais.

La première fois qu’il l’avait vue, McCune avait remarqué qu’elle était vraiment très belle. Il se serait intéressé à elle s’il n’avait pas remarqué qu’elle portait une bague de fiançailles.

Bien sûr, il se pouvait qu’elle ne la porte que pour éloigner les hommes.

Quoi qu’il en soit, il se rappela...

Riley Sweeney est définitivement hors limites.

Alors qu’ils montaient les marches jusqu’à la porte vitrée de l’immeuble, McCune se rappela qu’il devait se recentrer sur l’affaire. Le suspect qu’ils espéraient interroger pourrait être dangereux.

Crivaro inspecta la liste des sonnettes jusqu’à ce qu’il trouve le bon nom et l’appartement, puis il appuya sur le bouton.

Quand quelqu’un répondit à l’interphone, Crivaro demanda…

— Gregory Wertz ?

— Qui le demande ? tonna la voix.

Crivaro échangea un regard significatif avec McCune.

Puis il dit dans l’interphone…

— Nous sommes les agents spéciaux McCune et Crivaro, FBI. Nous aimerions juste vous poser quelques questions.

Un silence tomba.

— De quoi s’agit-il ? demanda la voix.

— Nous aimerions en discuter face à face, dit Crivaro.

McCune entendit un grognement grave dans l’interphone, et puis...

— OK, montez.

L’ouvre-porte bourdonna et McCune et Crivaro entrèrent dans l’immeuble. Le hall d’entrée était miteux, et une odeur aigre de champignon et de moisissure imprégnait l’air. Ils montèrent les escaliers jusqu’au premier étage, où ils trouvèrent l’appartement de Wertz.

Crivaro frappa vivement à la porte.

Une voix cria…

— Entrez.

McCune regarda Crivaro et hocha la tête d’un signe interrogateur en direction de son arme encore dans son étui.

Crivaro secoua la tête et chuchota …

— Tenez-vous simplement prêt.

Crivaro tourna la poignée de la porte, laissant apparaitre un appartement sale et chaotique. Un homme afro-américain musclé, coiffé de dreadlocks se tenait à quelques mètres, face à eux. Il portait un T-shirt, un jean et des baskets, et avait les mains dans les poches.

Rien dans son attitude ne suggérait un danger pour McCune. Le gars semblait juste essayer de faire en sorte que ses visiteurs ne se sentent pas les bienvenus.

C’est réussi, pensa McCune.

Mais McCune sentit que Crivaro s’était brusquement tendu, comme en état d’alerte.

McCune se demanda...

Qu’est-ce que Crivaro a vu que j’ai raté ?

— Qu’est-ce que vous voulez ? demanda Gregory Wertz

— Nous aimerions savoir ce que vous faisiez le dimanche soir et toute la journée de lundi, lui dit Crivaro

Un sourire arrogant apparut sur le visage de Wertz…

— Je ne sais plus exactement, dit-il.

— Et vendredi et samedi ? ajouta Crivaro.

Wertz laissa échapper un petit rire et jeta un coup d’œil autour de l’appartement.

Il dit d’un ton sarcastique…

— Comme vous pouvez le voir, je suis un gars assez occupé, donc je ne peux pas vous dire avec certitude. Vous devriez demander à mon assistante personnelle. Elle est en congé aujourd’hui. Revenez peut-être quand elle sera là. Je ne sais pas quand ce sera, par contre.

McCune pouvait penser à une demi-douzaine de questions qu’il voulait poser, mais il se souvint de ce que Crivaro avait dit…

« Suivez mes ordres, ni plus, ni moins. »

McCune décida qu’il ferait mieux de laisser Crivaro mener la danse.

— Vous avez récemment travaillé pour Danny Casal dans un magasin appelé « Costume Romp », dit Crivaro.

Le sourire de Wertz s’élargit.

— Ouais. Ça n’a pas vraiment marché.

— Que s’est-il passé ? demanda Crivaro.

— J’ai démissionné. Danny est un connard paranoïaque. Il n’arrêtait pas de m’accuser de choses que je n’avais pas faites.

McCune se demanda s’il n’était pas tout bonnement en train de dire la vérité.

Si c’était le cas, Danny Casal les avait-il délibérément envoyés dans une impasse ?

— J’en déduis que vous avez parlé de moi à Danny, dit Wertz. Qu’est-ce qu’il a dit, cet enfoiré de menteur ?

McCune remarqua que Crivaro avait fixé son regard sur Wertz.

Au lieu de répondre à la question, Crivaro dit...

— Le nom Margo Birch vous dit quelque chose ?

Wertz haussa un peu les épaules.

— Je ne peux pas dire que c’est le cas.

— Et Janet Davis ? demanda Crivaro.

— Je ne crois pas avoir fait la connaissance de cette dame. Pourquoi cette question ?

McCune remarqua qu’un changement se préparait sur Wertz. Il semblait de plus en plus anxieux et nerveux sous le regard constant de Crivaro.

Crivaro avança légèrement vers lui.

— Joli petit appartement que vous avez là. Vous voulez peut-être qu’on s’assoie, qu’on fasse comme chez nous.

— Je ne crois pas, dit Wertz, fronçant les sourcils.

— Pourquoi pas ?

— Vous avez un mandat ? demanda Wertz.

Crivaro lâcha un petit grognement de fausse surprise.

— Pourquoi en aurions-nous besoin ? C’est juste une visite amicale.

Wertz se tint debout et le regarda fixement, les dents serrées. Ses mains étaient encore dans ses poches.

— Pourquoi parlez-vous de mandat ? demanda Crivaro. Je ne me souviens pas avoir dit qu’on était là pour fouiller quoi que ce soit. Vous vous rappelez avoir dit ça, McCune ?

McCune secoua la tête silencieusement, se demandant où cela allait les conduire.

Crivaro fit un petit pas de plus vers lui.

— Cachez-vous quelque chose, M. Wertz ? demanda-t-il. Devrions-nous demander un mandat ?

Wertz recula d’un pas.

— N’approchez pas, dit-il.

— Pourquoi pas ? dit Crivaro, faisant un pas de plus. Je ne veux pas d’ennuis.

Wertz sortit les mains de ses poches et les tint sur ses côtés. Puis il esquissa un geste de la main droite.

En une fraction de seconde, Crivaro avait sorti son arme et la pointait droit sur Wertz.

Sans changer le ton de sa voix, Crivaro dit...

— On peut faire ça gentiment ou un peu plus méchamment, M. Wertz.

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