A la Recherche de Traces en Périgord

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A la Recherche de Traces en Périgord
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A la recherche de traces en Périgord

L’histoire d’un prisonnier de guerre

de 1945 à 1947

Jürgen Mietz

Traduit de l’allemand

par Annette Poteloin

Texte: © Copyright by Jürgen Mietz

Maquette de couverture: © Copyright by Jürgen Mietz,

Traduit de l'allemand par Annette Poteloin

juergen.mietz@posteo.de

Photo: privée

Verlag: ebubli.de, Berlin 2016

Druck: epubli ein Service der neopubli GmbH, Berlin

ISBN: quatrième de couverture


Kurt Mietz

1921 – 1998

1941 – 1947

Soldat et prisonnier de guerre

1 Préface

Mener des recherches d’ordre familial et cerner les personnes dans leurs contextes historiques et social est une méthode que je connais de par mon travail de consultation en tant que psychologue. Cette méthode fait partie des étapes de qualification qui sont le but de différents cours de formation pour psychologues. Dans les années 1980, j‘ai fait des recherches concernant mes familles d’origine. Fin des années 90, une nouvelle impulsion a fait jour. Je devais reconnaître que, malgré le fait que j’avais porté un grand intérêt à l’histoire de mes parents et ancêtres, je ne savais pratiquement rien sur l’époque pendant laquelle mon père avait été soldat ni sur les années où il était prisonnier en France. Aucun endroit, aucune personne ...

Les premières années de sa affectation en France signifient qu’il se retrouve soudain arraché de son pays natal, une région de la Westphalie de l’est renfermée sur elle-même, signifient aussi un premier contact avec le monde différent de l’étranger, avec des paysages différents, des habitudes et comportements différents - comme c’était apparemment le cas pour beaucoup de soldats. Mon père a vécu jusqu’en 1998, ce qui explique que ce n’est pas sa mort précoce qui m’a empêché d’en savoir plus.

De 2000 à 2003, j’ai tenté de découvrir des traces de sa vie en tant que soldat et prisonnier. J’ai eu alors l’occasion d’ apprendre des choses étonnantes et de connaître des personnes qui m’ont soutenu de façon émouvante. J’ai appris tout un tas de choses sur l’impression que nous, les Allemands, faisions sur les gens d’un pays voisin de même que sur les intrications, les contradictions et les souffrances qui régnaient au sein de leur propre société.

Au bout des recherches, je me suis rendu compte d’énormément de choses, il y avait matière à réflexion quant à la personnalité de mon père et dans quelle mesure cela pouvait me concerner moi-même. D’autres aspects sont restés dans l’ombre, je devais me résigner à accepter que certaines questions resteraient sans réponse. Ce qui est certain par contre, c’est que le travail de recherches, les expériences que j’avais faites, m’avaient encouragé à poser des questions, à oser émettre des hypothèses et à vérifier toute forme de spéculation. Ce que j’en tirais, était plutôt au niveau personnel et privé, mais pas forcément d’intérêt public ou même social, c’est tout au moins ce que je pensais.

En mars 2016, je tombais sur un livre de Karin Scherf[Fußnote 1]. Elle écrit que son père se trouvait en captivité en France de 1945 à 1948. Or, c’est en vidant un grenier qu’elle a trouvé 120 lettres que son père avait écrites à ses parents durant la captivité - un document pouvant servir de base extraordinairement solide pour des recherches sur le terrain. De plus, en tant que journaliste, elle avait certainement en mains les outils nécessaires pour faire des recherches dans le domaine local, historique et politique. Un des résultats de ses investigations fut que, comme une Chargée de cours à l’université de Bordeaux le souligne dans la préface de son livre, on ne savait que très peu de choses sur les conditions des prisonniers en France. D’un côté, la vie des Français à cette époque était marquée par la misère et la famine, ce qui signifie que la question de la survie était primordiale. C’est ce qui pourrait expliquer que s’occuper de la conservation de documents aurait pu jouer un rôle secondaire. D’un autre côté, on n’était pas sûr si le fait d’employer des prisonniers en vue de la reconstruction correspondait aux Droits de l’homme dictés par la Convention de Genève-même si tant d’hommes avaient été déportés et pas encore revenus de la captivité et du travail forcé ou bien étaient morts. Il se pourrait également que les difficultés d’avoir accès aux archives militaires ait rendu le travail de recherche laborieux. Entretemps, il existe des auteurs d’ouvrages qui font d’énormes efforts pour que cette période de l’histoire ne tombe pas dans l’oubli[Fußnote 2].

S’il faut en croire Arlette Capdepuy, Chargée de cours, à savoir que les conditions du travail de recherche étaient aussi difficiles que cela, je pensais qu’il serait alors sensé de remanier mes documents, d’ y ajouter ceci et cela et d’arriver ainsi à ce que mon texte puisse peut-être avoir une utilité générale, servir tout simplement à tout le monde. Peut-être que s’ouvriraient alors de nouvelles perspectives, tout en sachant bien que ce sujet ne me lâcherait jamais.

2 Comment tout a commencé

A partir du moment où des descendants de soldats de la Wehrmacht veulent avoir des renseignements sur leur histoire et savoir ce qu’ils sont devenus, ils sont obligés de se rendre à la « Deutsche Dienststelle » à Berlin. Et effectivement, ce service a répondu à mes questions. Le 28.06.2000, trois semaines à peine après ma demande, la « Deutsche Dienststelle » me faisait parvenir la liste des endroits où mon père avait séjourné durant sa période à la Wehrmacht.

Si je comprends bien les indications notées sur la copie d’une fiche, il était depuis le 30.1.1941, donc à l’âge d’un peu plus de 19 ans, affecté à la marine. Peut-être pas officiellement comme soldat, mais dans ce que l’on appelait « une entreprise de chantier naval » puisqu’on peut lire dans une colonne de la fiche intitulée « cause du licenciement » qu’on l’avait licencié parce que cette entreprise « s’était séparée du chantier naval » le 31.3.1943. On précise bien qu’il travaillait comme mécanicien.

Il faisait partie, comme le mentionne bien le dossier d’ensemble de la « Deutschen Dienststelle », du « 3-ième Bataillon de Grenadiers de la Marine » en tant que soldat. On a également noté le numéro de matricule, le jour et le lieu de la captivité, à savoir : le 10.5.1945 à Pornic. Ensuite, il a fait 4 camps :

• Le 13.6.1945,il se trouvait au Dépôt de Tulle, Corrèze

• le 15.8.1945 au Dépôt 125 à Brantôme, en Dordogne,

• le 16.9.1946 au Dépôt 222 à Fort-de-Noisy,dans le département de la Seine,

• le 11.2.1947 au Dépôt 62 à Sainte Mènehould, dans le département de la Marne,

• le 16./17.3.1947, on lit que Kurt Mietz s’est enfui du camp.

Je n’ai jamais appris pourquoi il avait été prisonnier à différents endroits. On pourrait cependant supposer que les administrations françaises avaient des difficultés à caser les prisonniers, à les répartir de telle façon que leur travail puisse être investi selon les besoins de la reconstruction. Karin Scherf raconte qu’il y avait plus d’un million de prisonniers de guerre en France qui, en grande partie, avaient été livrés par l’armée américaine.

Les deux premiers camps de captivité tout au moins se trouvaient à des endroits où la Wehrmacht et les SS avaient répandu la peur et l’horreur par leurs exécutions, leurs incendies et prises d’otages. Les habitants avaient alors face à eux les prisonniers qui faisaient partie de l’organe de domination et de répression des années passées. Et les prisonniers se retrouvaient face à des hommes blessés physiquement et moralement et face à des parents de personnes qui avaient trouvé la mort. Les prisonniers, dont Kurt lui-même, ont du ressentir de la honte et la peur d’être punis. Peut-être avaient-ils aussi le sentiment d’être innocents, d’être traités injustement puisqu’ils « n’ avaient fait qu’ » obéir aux ordres. On ne peut pas en vouloir aux autochtones s’ils attendaient, aussi bien de la part des administrations que de la part des prisonniers qu’ils aident (au moins) à la reconstruction du pays. En apportant leur aide, les prisonniers allemands pouvaient déjà se trouver satisfaits qu’on ne veuille pas se venger sur eux ou qu’on les haїsse.

Je sais moi-même ce que cela signifie que de ressentir des sentiments de culpabilité, de honte et d’insécurité. Le fait d’ exiger de moi-même des explications et de ne pas être en mesure de les fournir, me pose des problèmes; le fait que je n’ignore nullement que la politique et la justice dissimulent des faits, que je sais fort bien qu’elles sont superficielles et ne veulent rien savoir des profondes répercussions de la guerre ni des incendies ni des crimes; et le fait de constater que la RFA se soit concentrée sur le succès économique et la banalisation de l’inhumanité me désorientent et me déséquilibrent à chaque fois.

Une autre question s‘impose toujours et toujours: quelle attitude est-ce que j’adopterais si j’étais confronté à des ordres et des exigences de la part de l’Etat? De quelle façon est-ce que je pourrais résister? A partir de quel moment la résistance devient-elle un devoir? Et comment puis-je empêcher qu’il soit « trop tard » pour se lancer dans la résistance? Est-ce que je ne devrais pas déjà me montrer solidaire avec ceux qui sont menacés et opprimés sachant très bien que durant le fascisme grand nombre d’hommes avaient eu l’espoir d’être épargnés et se sont quand même retrouvés pris dans les contraintes et les pressions du régime ? Comment peut-on alors s’armer pour ne pas prononcer la phrase : « De toute façon, je n’aurais rien pu faire tout seul »?

 
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