Salle de Crise

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Salle de Crise
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SALLE DE CRISE

(UN THRILLER LUKE STONE—VOLUME 3)

J A C K M A R S

Jack Mars

Jack Mars est actuellement l’auteur best-seller aux USA de la série de thrillers LUKE STONE, qui contient sept volumes. Il a également écrit la nouvelle série préquel FORGING OF LUKE STONE contenant 3 volumes (pour l’instant), ainsi que la série de thrillers d’espionnage de L’AGENT ZÉRO comprenant 6 volumes (pour l’instant).

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Copyright © 2016 par Jack Mars. Tous droits réservés. Sous réserve de la loi américaine sur les droits d'auteur de 1976, aucune partie de cette publication ne peut être reproduite, distribuée ou transmise sous quelque forme ou par quelque procédé que ce soit, ni enregistrée dans une base de données ou un système de récupération, sans l'accord préalable de l'auteur. Ce livre électronique est sous licence pour usage personnel uniquement. Ce livre électronique ne peut être ni revendu, ni donné à d'autres personnes. Si vous désirez partager ce livre avec quelqu'un, veuillez acheter une copie supplémentaire pour chaque bénéficiaire. Si vous lisez ce livre et que vous ne l'avez pas acheté, ou qu'il n'a pas été acheté pour votre usage personnel uniquement, veuillez le rendre et acheter votre propre copie. Merci de respecter le travail de cet auteur. Il s'agit d'une œuvre de fiction. Les noms, les personnages, les entreprises, les organisations, les endroits, les événements et les incidents sont soit le produit de l'imagination de l'auteur, soit utilisés de manière fictive. Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé est purement fortuite. Image de couverture Copyright STILLFX, utilisé sous licence de Shutterstock.com.

LIVRES DE JACK MARS

SÉRIE DE THRILLERS LUKE STONE

TOUS LES MOYENS NÉCESSAIRES (Volume #1)

L’ENTRAÎNEMENT DE LUKE STONE

CIBLE PRINCIPALE (Tome 1)

DIRECTIVE PRINCIPALE (Tome 2)

MENACE PRINCIPALE (Tome 3)

UN THRILLER D’ESPIONNAGE DE L’AGENT ZÉRO

L’AGENT ZÉRO (Volume #1)

LA CIBLE ZÉRO (Volume #2)

LA TRAQUE ZÉRO (Volume #3)

LE PIÈGE ZÉRO (Volume #4)

LE FICHIER ZÉRO (Volume #5)

LE SOUVENIR ZÉRO (Volume #6)

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TABLE DES MATIÈRES

CHAPITRE UN

CHAPITRE DEUX

CHAPITRE TROIS

CHAPITRE QUATRE

CHAPITRE CINQ

CHAPITRE SIX

CHAPITRE SEPT

CHAPITRE HUIT

CHAPITRE NEUF

CHAPITRE DIX

CHAPITRE ONZE

CHAPITRE DOUZE

CHAPITRE TREIZE

CHAPITRE QUATORZE

CHAPITRE QUINZE

CHAPITRE SEIZE

CHAPITRE DIX-SEPT

CHAPITRE DIX-HUIT

CHAPITRE DIX-NEUF

CHAPITRE VINGT

CHAPITRE VINGT ET UN

CHAPITRE VINGT-DEUX

CHAPITRE VINGT-TROIS

CHAPITRE VINGT-QUATRE

CHAPITRE VINGT-CINQ

CHAPITRE VINGT-SIX

CHAPITRE VINGT-SEPT

CHAPITRE VINGT-HUIT

CHAPITRE VINGT-NEUF

CHAPITRE TRENTE

CHAPITRE TRENTE ET UN

CHAPITRE TRENTE-DEUX

CHAPITRE TRENTE-TROIS

CHAPITRE TRENTE-QUATRE

CHAPITRE TRENTE-CINQ

CHAPITRE TRENTE-SIX

CHAPITRE TRENTE-SEPT

CHAPITRE TRENTE-HUIT

CHAPITRE TRENTE-NEUF

CHAPITRE QUARANTE

CHAPITRE QUARANTE ET UN

CHAPITRE QUARANTE-DEUX

CHAPITRE QUARANTE-TROIS

CHAPITRE QUARANTE-QUATRE

CHAPITRE QUARANTE-CINQ

CHAPITRE QUARANTE-SIX

CHAPITRE QUARANTE-SEPT

CHAPITRE QUARANTE-HUIT

CHAPITRE UN

15 août

7h07

Barrage de Black Rock, Great Smoky Mountains, Caroline du Nord

Le barrage était planté là, immuable, gigantesque, la seule constante dans la vie de Wes Yardley. Les gens qui y travaillaient avaient l’habitude de l’appeler ‘Mère.’ Construit lors de la seconde guerre mondiale, en 1943, afin de générer de l’énergie hydroélectrique, le barrage était aussi haut qu’un édifice de cinquante étages. La centrale qui gérait le barrage faisait six étages de haut, et Mère planait au-dessus d’elle, comme une forteresse sortie d’un cauchemar médiéval.

Dans la salle de contrôle, Wes commença sa journée de travail de la même manière qu’il l’avait fait au cours des trente-trois dernières années : il s’assit au bureau en demi-cercle, y posa sa tasse de café et alluma l’ordinateur qui se trouvait devant lui. Il faisait ça machinalement, sans même réfléchir et encore à moitié endormi. Il était seul dans la salle de contrôle, un endroit tellement désuet qu’il ressemblait à un plateau de l’ancienne série télé Cosmos 1999. Il avait été rénové à un moment des années 60, dans un style futuriste de l’époque. Les murs étaient recouverts de cadrans et de manettes, dont la plupart n’avaient pas été touchés depuis des années. Il y avait de gros écrans que personne n’allumait jamais. Il n’y avait aucune fenêtre.

Tôt le matin était normalement son moment préféré de la journée. Il avait du temps devant lui et il pouvait siroter son café en passant en revue les logs de la nuit précédente et en vérifiant les chiffres de production d’électricité, avant de se mettre à lire son journal. Il se reversait souvent une deuxième tasse de café en lisant la page des sports. Il n’avait aucune raison de faire différemment. Après tout, il n’y avait jamais rien qui se passait ici.

 

Au cours des deux dernières années, il avait pris l’habitude de lire les offres d’emploi au cours de son rituel du matin. Ça faisait dix-sept ans, depuis que les ordinateurs avaient fait leur apparition et que la salle de contrôle avait été automatisée, que les cerveaux de la Tennessee Valley Authority parlaient de contrôler ce barrage à distance. Jusqu’à maintenant, rien de tout ça n’avait eu lieu, et peut-être que ce ne serait jamais le cas. Les offres d’emploi consultées par Wes n’avaient rien donné non plus, d’ailleurs. Et finalement, il avait un bon boulot. Il serait content de terminer sa carrière ici. Il tendit distraitement la main vers sa tasse de café, en feuilletant les rapports de la nuit dernière.

Puis il leva les yeux – et tout changea.

Le long du mur en face de lui, six lumières rouges clignotaient. Ça faisait tellement longtemps qu’elles n’avaient plus clignoté qu’il lui fallut une minute pour se rappeler ce qu’elles signifiaient. Chaque lumière était un indicateur pour l’une des écluses. Il y a onze ans, au cours d’une semaine de pluies torrentielles dans le Nord, ils avaient ouvert l’une des écluses trois heures par jour afin d’éviter que l’eau ne fissure les murs. L’une de ces lumières avait clignoté durant tout le temps où l’écluse avait été ouverte.

Mais six lumières qui clignotaient ? Et toutes en même temps ? Ça ne pouvait que signifier…

Wes plissa les yeux en regardant les lumières, comme si ça allait l’aider à mieux les voir. « Qu’est-ce que… ? » dit-il à voix basse.

Il prit le téléphone qui se trouvait sur le bureau et composa un numéro à trois chiffres.

« Wes, » dit une voix endormie. « Comment se passe ta journée ? Tu as vu le match des Braves hier soir ? »

« Vince ? » dit Wes, en ignorant son commentaire. « Je suis dans la salle de contrôle et j’ai les yeux rivés sur le tableau principal. Des lumières clignotantes indiquent que les écluses une à six sont toutes ouvertes. Là… maintenant… les six écluses. Dis-moi que c’est un dysfonctionnement ? Une erreur de jauge ou un bug informatique ? »

« Les écluses sont ouvertes ? » dit Vince. « C’est impossible. Personne ne m’a rien dit. »

Wes se mit debout et s’avança lentement vers le tableau principal, le cordon du téléphone derrière lui. Il regarda stupéfait les lumières clignoter. Il n’y avait rien d’affiché, aucune donnée qui expliquait quoi que ce soit. Juste ces lumières qui clignotaient à l’unisson, certaines plus rapidement que d’autres, comme un sapin de Noël qui serait devenu fou.

« Eh bien, c’est ce que je vois. Six lumières, toutes en même temps. Dis-moi qu’on n’a pas six écluses ouvertes, Vince. »

Wes réalisa qu’il n’avait pas besoin d’attendre une confirmation de Vince. Ce dernier se mit à parler mais Wes ne l’écoutait plus. Il avait posé le téléphone et s’avançait le long d’un couloir étroit qui menait à la salle d’observation. Il avait l’impression que ses jambes avançaient toutes seules.

Dans la salle d’observation, tout le mur Sud était une grande baie vitrée arrondie, construite en verre armé. Normalement, il offrait une vue sur un cours d’eau tranquille, qui coulait de l’édifice et tournait à droite à quelques centaines de mètres, avant de disparaître dans les bois.

Mais pas aujourd’hui.

Là, devant lui, il y avait un torrent déchaîné.

Wes resta figé, bouche bée, comme paralysé, et un frisson lui parcourut le corps. C’était impossible de voir ce qui se passait. L’écume s’élevait à trente mètres de haut. Wes ne pouvait même pas discerner la forêt. Mais il pouvait entendre le bruit à travers la vitre épaisse. C’était le grondement de l’eau – plus d’eau qu’il n’aurait jamais pu imaginer.

Des millions de litres d’eau par minute.

En entendant le déferlement de toute cette eau, son cœur se mit à battre la chamade.

Wes retourna en courant jusqu’au téléphone. Il était hors d’haleine.

« Vince, écoute-moi. Les écluses sont ouvertes ! Toutes ! On a un mur d’eau de dix mètres de haut et de soixante-dix mètres de large qui en déferle ! Je n’arrive pas à voir ce qui se passe. Je ne sais pas comment ça a pu arriver, mais il faut qu’on les referme. TOUT DE SUITE ! Tu connais la séquence ? »

Vince avait l’air incroyablement calme, mais en même temps, il n’avait pas vu toute cette eau.

« Je vais chercher mon livre, » dit-il.

Wes alla jusqu’au panneau de contrôle, avec le téléphone collé à l’oreille.

« Allez, Vince. Allez ! »

« OK, je l’ai, » dit Vince.

Vince lui donna une séquence à six chiffres que Wes introduisit sur le pavé numérique.

Il regarda les lumières, en s’attendant à ce qu’elles s’éteignent mais elles continuèrent à clignoter.

« Ça ne marche pas. Tu as d’autres chiffres ? »

« Non, je n’en ai pas d’autres. C’est ceux-là. Tu es sûr que tu les as introduits correctement ? »

« J’ai introduit exactement les chiffres que tu m’as donnés. » Les mains de Wes commencèrent à trembler. Mais en même temps, il se sentait plutôt calme. Il avait l’impression d’être détaché de la situation. Il avait une fois eu un accident de voiture sur une route de montagne enneigée, et au moment où la voiture s’était mise à faire des tonneaux, Wes s’était senti un peu pareil à maintenant. Il avait l’impression d’être dans un rêve.

Il n’avait aucune idée depuis combien de temps ces écluses étaient ouvertes, mais six écluses en même temps, c’était beaucoup d’eau… bien trop d’eau. Une telle quantité d’eau allait faire déborder les rivières et causer d’importantes inondations. Wes pensa au lac géant qui se trouvait juste au-dessus d’eux.

Puis quelque chose lui vint soudain en tête, quelque chose à laquelle il ne voulait pas penser.

« Appuie sur Annuler et on recommence, » dit Vince.

« Vince, il y a aussi l’hôtel à cinq kilomètres en aval. C’est le mois d’août, Vince. Tu vois ce que je veux dire ? C’est la haute saison et ils n’ont aucune idée de ce qui va leur tomber dessus. Il faut qu’on ferme tout de suite ces écluses et qu’on les appelle pour qu’ils évacuent en urgence. »

« Appuie sur Annuler et on recommence, » répéta Vince.

« Vince ! »

« Wes, tu as entendu ce que je viens de te dire ? On va fermer ces écluses. Et j’appellerai l’hôtel juste après. Alors maintenant, appuie sur Annuler et on recommence. »

Consciencieusement, Wes fit ce que Vince lui ordonnait, en redoutant au fin fond de lui que ça ne marcherait jamais.

*

Le téléphone de la réception n’arrêtait pas de sonner.

Montgomery Jones était assis dans la cafétéria du Black Rock Resort et essayait de savourer son petit déjeuner. Ils servaient le même petit déjeuner tous les jours – des œufs brouillés, des saucisses, des pancakes, des gaufres – tout ce qu’on voulait. Mais aujourd’hui, vu que l’endroit était plein, il était assis dans un coin de la cafétéria qui était plus près de la réception. Il y avait une centaine de lève-tôt qui occupaient toutes les tables et qui ralentissaient le service. Et ce téléphone commençait vraiment à gâcher la matinée de Monty.

Il se retourna et regarda en direction de la réception. C’était un endroit rustique, avec des panneaux en bois et une cheminée en pierre. Il n’y avait personne pour répondre à l’appel et celui qui appelait n’avait pas l’air de le comprendre. Chaque fois que le téléphone cessait de sonner, il y avait une pause de quelques secondes avant qu’il recommence à sonner. Monty en déduisit qu’à chaque fois qu’elle tombait sur la messagerie vocale, la personne qui appelait raccrochait et essayait à nouveau. C’était vraiment ennuyant. Cette personne s’acharnait et lui gâchait son petit-déjeuner.

« Rappelle, espèce d’idiot. »

Monty avait soixante-neuf ans et il venait à Black Rock depuis au moins vingt ans, souvent deux à trois fois par an. Il adorait cet endroit. Ce qu’il aimait le plus, c’était se lever tôt, prendre un bon petit déjeuner et parcourir les pittoresques routes de montagne sur sa Harley Davidson. Cette fois-ci, il avait emmené sa petite amie, Lena. Elle avait presque trente ans de moins que lui, mais elle était encore endormie dans la chambre. Elle aimait faire la grasse matinée, cette Lena. Ce qui voulait dire qu’ils démarreraient un peu plus tard aujourd’hui. Mais ce n’était pas grave. Lena en valait la peine. Lena était la preuve que réussir dans la vie avait ses avantages. Il l’imagina dans le lit, avec ses longs cheveux bruns éparpillés sur les oreillers.

Le téléphone arrêta de sonner. Mais cinq secondes plus tard, il recommença à nouveau.

OK, j’en ai marre. Monty décida qu’il allait décrocher ce fichu téléphone. Il se leva et se dirigea vers la réception. Mais il hésita une seconde avant de décrocher. Oui, c’est vrai, il venait souvent ici. Mais il ne connaissait pas très bien l’endroit… pas comme s’il y travaillait. Il ne pourrait pas prendre une réservation, ni même un message. Alors il dirait juste à son interlocuteur de rappeler un peu plus tard.

Il décrocha. « Allô ? »

« C’est Vincent Moore, de la Tennessee Valley Authority. Je suis à la station de contrôle du barrage de Black Rock, à cinq kilomètres en amont de l’hôtel. Ceci est une urgence. Nous avons un problème avec les écluses et demandons une évacuation immédiate de votre hôtel. Je répète, une évacuation immédiate. Il y a un torrent qui déferle vers vous. »

« Quoi ? » dit Monty. Quelqu’un devait lui faire une blague. « Je ne comprends pas. »

Juste à ce moment-là, il y eut un tumulte dans la cafétéria. Un brouhaha de voix se fit entendre. Soudain, une femme se mit à hurler.

L’homme au téléphone répéta à nouveau. « Je suis Vincent Moore et je travaille pour la Tennessee Valley… »

Quelqu’un d’autre se mit à hurler. C’était une voix d’homme, cette fois-ci.

Monty tenait toujours le téléphone en main mais il n’écoutait plus. Les gens dans la cafétéria s’étaient levés de leurs chaises. Certains se dirigeaient vers les portes. Puis, en un instant, ce fut la panique.

Monty vit les gens se mettre à courir, se pousser et tomber l’un sur l’autre. De nombreuses personnes couraient dans sa direction, les yeux écarquillés et la bouche ouverte de frayeur.

À travers la vitre, Monty vit un mur d’eau d’un mètre de haut déferler sur les jardins alentours. Un préposé à l’entretien en voiturette de golf fut pris dans la marée. La voiturette bascula, en jetant l’homme à l’eau et en se retournant sur lui. La voiturette glissa ensuite sur le côté, poussée par la force de l’eau, en direction du bâtiment principal.

Elle arrivait très vite et glissait droit vers les fenêtres.

CRAC !

La voiturette heurta la vitre et la brisa – suivie par un torrent d’eau.

L’eau s’engouffra dans la cafétéria et poussa la voiturette à travers la pièce. Un homme essaya de l’arrêter, avant de perdre l’équilibre et disparaître sous les flots.

Partout, les gens tombaient, incapables de lutter contre la force du courant. Les tables et les chaises glissèrent à travers la pièce et s’empilèrent contre le mur du fond.

Monty se protégea derrière le comptoir de la réception. Il regarda ses pieds. Il avait déjà de l’eau jusqu’aux mollets. Soudain, en face de lui, la fenêtre de la cafétéria se brisa, en envoyant des morceaux de verre un peu partout.

On aurait dit une explosion.

Monty se prépara à fuir. Mais avant que ses pieds trouvent une prise et qu’il puisse grimper sur le comptoir, il fut submergé par le torrent.

CHAPITRE DEUX

7h35

Observatoire Naval des États-Unis – Washington DC

Pour Susan Hopkins, la première femme Présidente des États-Unis, la vie ne pourrait pas aller mieux. C’était l’été, alors Michaela et Lauren étaient en vacances. Pierre les avait amenées dès que la situation était revenue à la normale, et finalement, toute la famille séjournait ici, dans la Nouvelle Maison Blanche. Michaela s’était remise de son enlèvement comme si ça avait été une aventure complètement dingue qu’elle avait choisi de surmonter. Elle avait même participé à quelques talkshows pour parler de son expérience et elle avait cosigné avec Lauren un article dans un magazine national.

 

En effet, Susan et Pierre s’étaient décarcassés pour que Lauren ne soit pas mise à l’écart de toute cette publicité. Après la première interview télévisée, ils avaient insisté pour que les filles soient interviewées ensemble. C’était tout à fait normal – tandis que Michaela était coincée en haut d’une tour de cinquante étages, gardée par des terroristes, Lauren était seule à la maison. On lui avait arraché sa sœur jumelle et son amie de toujours.

Il arrivait parfois à Susan de suffoquer à l’idée de perdre sa fille. Ça lui arrivait de se réveiller en pleine nuit, en ayant du mal à respirer, comme si un démon était assis sur sa poitrine.

Elle pouvait remercier Luke Stone pour lui avoir ramené Michaela. Luke Stone l’avait sauvée et ramenée à la maison. Lui et son équipe avaient tué chacun des kidnappeurs. C’était un homme dur à cerner. Tueur impitoyable d’un côté, mais aussi un père aimant de l’autre. Susan était convaincue qu’il n’était pas allé sur ce toit parce que c’était son boulot, mais parce qu’il aimait tellement son fils qu’il ne pouvait pas se faire à l’idée que Susan puisse perdre sa fille.

Dans dix jours, toute la famille, excepté Susan, retournerait en Californie pour se préparer à une nouvelle année scolaire. Elle allait à nouveau les perdre mais ce n’était que temporaire. Et elle avait été tellement heureuse de les avoir auprès d’elle. À un tel point… qu’elle avait presque peur de penser à leur départ.

« À quoi penses-tu ? » demanda Pierre.

Ils étaient étendus sur le lit King-size de la chambre à coucher principale. La lumière du matin filtrait à travers les fenêtres orientées au Sud-est. La tête de Susan était posée sur la poitrine nue de son mari et elle avait un bras autour de ses hanches. Et quoi, s’il était homosexuel ? C’était son mari et le père de ses deux filles. Elle l’aimait. Ils avaient partagé tellement de choses ensemble. Et cet instant-là, le dimanche matin, c’était leur moment privilégié.

Vu que leurs filles étaient adolescentes, elles avaient tendance à dormir tard. Elles resteraient au lit jusqu’à midi si Pierre et Susan les laissaient faire. Et il faut dire que Susan serait également ravie de faire la grasse matinée, si le devoir ne l’appelait pas. Être Présidente des États-Unis était un boulot à temps plein, sept jours sur sept, avec seulement quelques heures de répit le dimanche matin.

« Je pensais que j’étais vraiment heureuse, » dit-elle. « Pour la première fois depuis le six juin, je suis totalement heureuse. J’ai été tellement contente de vous avoir auprès de moi. Comme avant. Et avec tout ce qui s’est passé, j’ai l’impression que je commence vraiment à me sentir à l’aise dans mon rôle de Présidente. Je ne pensais pas en être capable, mais si, finalement, j’y suis arrivée. »

« Tu t’es endurcie, » dit Pierre. « Tu es plus résistante. »

« Et c’est une mauvaise chose ? » dit-elle.

Il secoua la tête. « Non, pas du tout. Tu as beaucoup muri. Tu étais beaucoup moins mature quand tu étais Vice-Présidente. »

Susan acquiesça d’un mouvement de tête. « C’est vrai que j’étais plutôt immature. »

« C’est clair, » dit-il. « Tu te rappelles quand Mademoiselle t’a fait faire ton jogging en pantalon moulant orange ? Très sexy. Mais tu étais également Vice-Présidente des États-Unis à cette époque-là. C’était un peu… trop informel comme attitude. »

« C’était amusant d’être Vice-Présidente. Ça m’a vraiment beaucoup plu. »

Il hocha la tête et rit. « Je sais. J’ai remarqué. »

« Mais après, les choses ont changé. »

« Oui. »

« Et on ne peut pas retourner en arrière, » dit-elle.

Il baissa les yeux vers elle. « Est-ce que tu le ferais, si tu le pouvais ? »

Elle y réfléchit pendant une seconde. « Si tous ces gens pouvaient encore être vivants, ceux qui ont perdu leur vie à Mont Weather, je rendrais tout de suite son poste à Thomas Hayes, sans hésiter une seconde. Mais sinon, non. Je ne retournerais pas en arrière. J’ai encore deux années devant moi avant de décider si je veux me présenter aux élections. J’ai l’impression que les gens commencent à me suivre et si j’obtenais un autre mandat, je pense qu’on pourrait faire de très grandes choses. »

Il fronça les sourcils. « Un autre mandat ? »

Elle se mit à rire. « C’est une conversation qui peut attendre. »

À ce moment-là, le téléphone à côté du lit se mit à sonner. Susan tendit la main vers le cornet, en espérant que ce ne soit rien de grave.

Mais ça ne l’était jamais.

C’était sa nouvelle chef de cabinet, Kat Lopez. Susan reconnut tout de suite sa voix.

« Susan ? »

« Salut, Kat. Tu sais qu’il n’est même pas huit heures du matin et qu’on est dimanche ? Même dieu se reposait un jour par semaine. Tu peux en faire de même, tu sais. »

Le ton de la voix de Kat était très sérieux. De toute façon, c’était toujours le cas. Kat était une femme hispanique qui avait débuté tout en bas de l’échelle et qui avait dû lutter pour grimper les échelons. Elle n’y était pas arrivée en souriant. Susan trouvait que c’était dommage. Kat était extrêmement compétente. Mais elle était également jolie. Et ça ne lui ferait pas de mal de sourire de temps en temps.

« Susan, un important barrage vient juste de s’effondrer à l’Ouest de la Caroline du Nord. Nos analystes pensent qu’il s’agit d’une attaque terroriste. »

Susan ressentit cette pointe familière de crainte. C’était quelque chose à laquelle elle ne parviendrait jamais à s’habituer. C’était une chose qu’elle ne souhaiterait pas à son pire ennemi.

« Il y a des victimes ? » demanda-t-elle.

Elle vit l’expression du visage de Pierre changer. C’était le boulot. Un cauchemar. Et il y a à peine une minute, elle avait nonchalamment envisagé de se représenter pour un autre mandat.

« Oui, » répondit Kat.

« Combien ? »

« On ne le sait pas encore. Probablement des centaines. »

Susan eut l’impression de suffoquer.

« Susan, il y a un groupe qui est occupé à se mettre en place dans la salle de crise. »

Susan hocha la tête. « Je serai là dans un quart d’heure. »

Elle raccrocha. Pierre la fixait des yeux.

« De mauvaises nouvelles ? » demanda-t-il.

« Comme toujours. »

« OK, » dit-il. « Vas-y, va faire ton boulot. Je m’occuperai des filles. »

Mais Susan était déjà debout et se dirigeait vers la douche, avant même qu’il eut terminé de parler.