Prestation de Serment

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PRESTATION DE SERMENT

(UN THRILLER LUKE STONE—VOLUME 2)

J A C K M A R S

Jack Mars

Jack Mars est actuellement l’auteur best-seller aux USA de la série de thrillers LUKE STONE, qui contient sept volumes. Il a également écrit la nouvelle série préquel FORGING OF LUKE STONE, ainsi que la série de thrillers d’espionnage L’AGENT ZÉRO.

Jack adore avoir vos avis, donc n’hésitez pas à vous rendre sur www.Jackmarsauthor.com afin d’ajouter votre mail à la liste pour recevoir un livre offert, ainsi que des invitations à des concours gratuits. Suivez l’auteur sur Facebook et Twitter pour rester en contact !

Copyright © 2016 par Jack Mars. Tous droits réservés. Sous réserve de la loi américaine sur les droits d'auteur de 1976, aucune partie de cette publication ne peut être reproduite, distribuée ou transmise sous quelque forme ou par quelque procédé que ce soit, ni enregistrée dans une base de données ou un système de récupération, sans l'accord préalable de l'auteur. Ce livre électronique est sous licence pour usage personnel uniquement. Ce livre électronique ne peut être ni revendu, ni donné à d'autres personnes. Si vous désirez partager ce livre avec quelqu'un, veuillez acheter une copie supplémentaire pour chaque bénéficiaire. Si vous lisez ce livre et que vous ne l'avez pas acheté, ou qu'il n'a pas été acheté pour votre usage personnel uniquement, veuillez le rendre et acheter votre propre copie. Merci de respecter le travail de cet auteur. Il s'agit d'une œuvre de fiction. Les noms, les personnages, les entreprises, les organisations, les endroits, les événements et les incidents sont soit le produit de l'imagination de l'auteur, soit utilisés de manière fictive. Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé est purement fortuite. Image de couverture Copyright STILLFX, utilisé sous licence de Shutterstock.com.

LIVRES DE JACK MARS

SERIE THRILLER LUKE STONE

TOUS LES MOYENS NÉCESSAIRES (Volume 1)

PRESTATION DE SERMENT (Volume 2)

SALLE DE CRISE (Volume 3)

LUTTER CONTRE TOUT ENEMI (Volume 4)

PRÉSIDENT ÉLU (Volume 5)

NOTRE HONNEUR SACRÉ (Volume 6)

MOTION MISE (Volume 7)

SÉRIE PROLOGUE LE FAÇONNEMENT DE LUKE STONE

CIBLE PRIORITAIRE (Volume 1)

COMMANDEMENT PRIORITAIRE (Volume 2)

SÉRIE D’ESPIONNAGE L’AGENT ZÉRO

L’AGENT ZÉRO (Volume #1)

LA CIBLE ZÉRO (Volume #2)

LA TRAQUE ZÉRO (Volume #3)

LE PIÈGE ZÉRO (Volume #4)

LE FICHIER ZÉRO (Volume #5)

LE SOUVENIR ZÉRO (Volume #6)

TABLE DES MATIÈRES

CHAPITRE UN

CHAPITRE DEUX

CHAPITRE TROIS

CHAPITRE QUATRE

CHAPITRE CINQ

CHAPITRE SIX

CHAPITRE SEPT

CHAPITRE HUIT

CHAPITRE NEUF

CHAPITRE DIX

CHAPITRE ONZE

CHAPITRE DOUZE

CHAPITRE TREIZE

CHAPITRE QUATORZE

CHAPITRE QUINZE

CHAPITRE SEIZE

CHAPITRE DIX-SEPT

CHAPITRE DIX-HUIT

CHAPITRE DIX-NEUF

CHAPITRE VINGT

CHAPITRE VINGT ET UN

CHAPITRE VINGT-DEUX

CHAPITRE VINGT-TROIS

CHAPITRE VINGT-QUATRE

CHAPITRE VINGT-CINQ

CHAPITRE VINGT-SIX

CHAPITRE VINGT-SEPT

CHAPITRE VINGT-HUIT

CHAPITRE VINGT-NEUF

CHAPITRE TRENTE

CHAPITRE TRENTE ET UN

CHAPITRE TRENTE-DEUX

CHAPITRE TRENTE-TROIS

CHAPITRE TRENTE-QUATRE

CHAPITRE TRENTE-CINQ

CHAPITRE TRENTE-SIX

CHAPITRE TRENTE-SEPT

CHAPITRE TRENTE-HUIT

CHAPITRE TRENTE-NEUF

CHAPITRE QUARANTE

CHAPITRE QUARANTE ET UN

CHAPITRE QUARANTE-DEUX

CHAPITRE QUARANTE-TROIS

CHAPITRE QUARANTE-QUATRE

CHAPITRE QUARANTE-CINQ

CHAPITRE QUARANTE-SIX

CHAPITRE UN

CHAPITRE UN

6 juin

15h47.

Dewey Beach, Delaware

Le corps entier de Luke Stone tremblait. Il regarda sa main droite, celle avec laquelle il avait l’habitude de tirer. Elle était posée sur sa cuisse et elle tremblait. Il ne parvenait pas à la contrôler.

Il eut la nausée et envie de vomir. Le soleil se déplaçait vers l’Ouest et son éclat lui donnait le vertige.

Dans treize minutes, ce serait le moment d’agir.

Il était assis dans le siège conducteur d’une Mercedes SUV série M et regardait la maison où sa famille se trouvait peut-être. Sa femme, Rebecca, et son fils, Gunner. Il avait envie de les y visualiser mais il ne se le permettait pas. Ils pourraient ne pas s’y trouver. Il se pourrait qu’ils soient morts. Peut-être que leurs corps étaient enchaînés à des moellons et se décomposaient au fin fond de la baie de Chesapeake. Pendant une fraction de seconde, il vit les cheveux de Rebecca flotter avec le courant comme des algues, profondément sous l’eau.

Il secoua la tête pour balayer cette image de son esprit.

Becca et Gunner avaient été enlevés la veille au soir par des agents qui travaillaient pour les personnes qui avaient renversé le gouvernement des États-Unis. C’était un coup d’état et ceux qui l’avaient prémédité avaient enlevé la famille de Stone en guise de monnaie d’échange, en espérant l’empêcher de renverser à son tour le nouveau gouvernement.

Ça n’avait pas marché.

« C’est là, » dit Ed Newsam.

« Tu es sûr ? » dit Stone. Il regarda son coéquipier, qui était assis dans le siège passager.

Ed Newsam était grand, noir et tout en muscles. Il ressemblait à un joueur de football américain. Il n’y avait aucune douceur en lui. Il avait une barbe taillée de près et une coupe militaire. Ses bras massifs étaient couverts de tatouages.

Ed avait tué six hommes au cours de la journée d’hier. On lui avait tiré dessus à la mitrailleuse. Un gilet pare-balles lui avait sauvé la vie, mais une balle perdue lui avait fracturé le bassin. La chaise roulante d’Ed était à l’arrière de la voiture. Ni Ed, ni Luke, n’avaient dormi depuis deux jours.

Ed regarda la tablette qu’il tenait en main. Il haussa les épaules.

« C’est bien cette maison-là. Mais je ne sais pas s’ils sont là. C’est ce qu’on est sur le point de découvrir. »

C’était une ancienne maison de plage, qui se trouvait à proximité de l’océan atlantique. Elle faisait face à la baie et avait un petit ponton. Il était facile d’y amener un petit bateau et de l’y amarrer. Après ça, il ne restait plus qu’à traverser le ponton et monter quelques marches pour entrer dans la maison. La nuit était un moment propice pour le faire.

 

L’endroit était utilisé en tant que planque par la CIA depuis des décennies. En été, Dewey Beach était tellement bondée de vacanciers et d’étudiants qu’on aurait pu y amener Osama ben Laden sans que personne ne remarque sa présence.

« Quand ils passeront à l’action, ils ne veulent pas qu’on soit de la partie, » dit Ed. « Ce n’est pas notre mission. Tu le sais, ça ? »

Luke hocha la tête. « Oui, je sais. »

Le FBI était chargé de ce raid, en collaboration avec une équipe SWAT de la police d’état du Delaware qui était spécialement venue de Wilmington. Ils s’étaient discrètement rassemblés dans le quartier au cours de l’heure qui venait de s’écouler.

Luke avait vu ce genre d’actions au moins une centaine de fois. Une camionnette de Verizon était garée au bout de la rue. Ça devait être le FBI. Un bateau de pêche avait jeté l’ancre à une centaine de mètres dans la baie. Également des agents fédéraux. Dans quelques minutes, à 16h, le bateau allait se diriger à pleins gaz vers le ponton de la maison.

Au même instant, un camion blindé de la SWAT allait débouler dans la rue. Un autre camion ferait de même dans la rue parallèle, au cas où quelqu’un essayait de s’enfuir par l’arrière. Ils allaient frapper fort et vite, en ne laissant aucune marge de manœuvre pour riposter.

Luke et Ed n’avaient pas été invités à participer. Pourquoi l’auraient-ils été ? La police et les fédéraux allaient mener cette action selon les règles. Et les règles disaient que Luke ne pouvait pas être objectif. C’était sa famille qui se trouvait là. Il était possible qu’il perde son sang-froid. Il se pourrait qu’il se mette non seulement en danger, mais également sa famille, les autres policiers et toute l’opération. Il ne devrait même pas se trouver dans cette rue. Il ne devrait pas se trouver à proximité de cet endroit. C’était ce que disaient les règles.

Mais Luke connaissait le genre de types qui se trouvaient à l’intérieur de cette maison. Il les connaissait probablement mieux que le FBI ou le SWAT. C’étaient des types désespérés. Ils avaient tout misé sur la destitution du gouvernement et ils avaient échoué. Ils faisaient face à des poursuites pour trahison, enlèvement et meurtre. Trois cents personnes étaient mortes au cours de la tentative de coup d’état et ce n’était pas terminé, y compris le Président des États-Unis. La Maison Blanche avait été détruite et était radioactive. Il faudrait sûrement des années avant qu’elle ne soit reconstruite.

Luke s’était réuni avec la nouvelle Présidente la nuit dernière et ce matin. Elle n’était pas d’humeur à être clémente. Elle allait suivre la loi à la lettre : la trahison était passible de mort. Pendaison. Peloton d’exécution. Il se pourrait que le pays revienne à certaines mesures anciennes pendant un temps et si c’était le cas, des hommes comme ceux qui se trouvaient à l’intérieur de cette maison allaient en subir les conséquences.

Mais ils ne paniqueraient pas. Ce n’étaient pas des criminels ordinaires. Ils étaient extrêmement compétents et très bien entraînés, des hommes qui avaient combattu et parfois gagné contre toute attente. Capituler ne faisait pas partie de leur vocabulaire. C’étaient des hommes très intelligents et il serait très difficile de les déloger de là. Une équipe SWAT qui suivait les règles à la lettre n’allait pas être suffisante.

Si la femme et le fils de Luke étaient là-dedans et si leurs ravisseurs parvenaient à repousser la première attaque… mais Luke refusait d’y penser.

Ce n’était pas une possibilité.

« Qu’est-ce que tu vas faire ? » demanda Ed.

Luke regarda le ciel bleu à travers la vitre de la voiture. « Qu’est-ce que tu ferais si tu étais à ma place ? »

Ed n’hésita pas une seconde. « Je foncerais dans le tas et je tuerais tous ceux sur mon chemin. »

Luke hocha la tête. « Moi aussi. »

***

L’homme n’était qu’une ombre.

Il se trouvait dans une chambre à coucher à l’étage de l’ancienne maison de plage et regardait ses prisonniers. Une femme et un petit garçon, cachés dans une pièce sans fenêtre. Ils étaient assis côte à côte sur des chaises pliables, les mains menottées dans le dos et les chevilles attachées ensemble. Ils portaient une capuche noire sur la tête pour les empêcher de voir. L’homme leur avait retiré leur bâillon pour que la femme puisse parler à son fils et le tranquilliser.

« Rebecca, » dit l’homme, « il se pourrait qu’il y ait un peu d’action d’ici peu. Si c’est le cas, je veux que vous restiez tous les deux tranquilles. Je ne veux pas que tu cries ou que tu appelles à l’aide. Si tu le fais, tu m’obligeras à revenir ici pour vous tuer. C’est bien compris ? »

« Oui, » dit-elle.

« Gunner ? »

En-dessous de sa capuche, le petit garçon laissa échapper un petit gémissement.

« Il est trop effrayé pour parler, » dit la femme.

« Tant mieux, » dit l’homme. « Il fait bien d’être effrayé. C’est un garçon intelligent. Et en tant que tel, il ne fera rien de stupide, n’est-ce pas ? »

La femme resta silencieuse. Satisfait, l’homme hocha la tête.

Il y eut une époque où l’homme avait un nom. Puis, au fil du temps, il avait eu une dizaine de noms. Maintenant, il ne perdait plus son temps avec ça. Il se présentait sous le nom de ‘Brown’ s’il fallait vraiment se présenter. Monsieur Brown. Il aimait ce nom. Ça lui faisait penser à des choses mortes. Des feuilles mortes en automne. Des forêts désertiques et calcinées, des mois après qu’un incendie ait tout ravagé.

Brown avait quarante-cinq ans. Il était grand et encore robuste. C’était un soldat d’élite et il s’entretenait pour le rester. Des années plus tôt, il avait appris à résister à la douleur et à l’épuisement, au cours de sa formation en tant que Navy SEAL. Il avait appris à tuer et à ne pas être tué, dans une dizaine d’endroits dangereux un peu partout dans le monde. Il avait appris comment torturer à l’École des Amériques. Et il l’avait mis en pratique au Guatemala et au Salvador et, plus tard, à la base Air Force de Bagram et à Guantanamo Bay.

Brown ne travaillait plus pour la CIA. Il ne savait pas pour qui il travaillait et il s’en fichait. Il travaillait comme indépendant et il était payé pour effectuer un boulot.

L’argent, beaucoup d’argent, était livré en cash. Des sacs en toile remplis de billets neufs de cent dollars, laissés dans le coffre d’une voiture de location à l’aéroport national Reagan. Un attaché-case en cuir avec un demi-million de dollars en billets de dix, de vingt et de cinquante, datant de 1974 et 1977, l’attendant dans le casier d’un fitness dans la banlieue de Baltimore. C’étaient de vieux billets mais ils n’avaient jamais été utilisés et ils valaient autant que des billets de cinquante dollars émis en 2013.

Deux jours plus tôt, Brown avait reçu le message de venir dans cette maison. Ça allait être chez lui jusqu’à nouvel ordre et sa tâche consistait à la garder. Si quelqu’un montrait le bout de son nez, il devait prendre les choses en main. OK. Brown était bon dans beaucoup de choses et l’une d’entre elles était justement de prendre des décisions.

Hier matin, quelqu’un avait fait sauter la Maison Blanche. Le Président et la Vice-Présidente étaient allés se réfugier dans leur bunker à Mount Weather, avec la moitié du gouvernement civil. Hier soir, quelqu’un avait fait sauter Mount Weather avec tout le monde à l’intérieur. Deux heures plus tard, un nouveau Président était entré en scène, l’ancien Vice-Président.

Un retournement total de situation, les libéraux au pouvoir avaient cédé leur place aux conservateurs, et tout ça, en une seule journée. Naturellement, la population avait besoin d’un responsable et les nouveaux maîtres avaient montré l’Iran du doigt.

Brown attendait de voir ce qui allait se passer ensuite.

Tard hier soir, quatre hommes étaient arrivés en bateau au ponton à l’arrière de la maison. Ils amenaient cette femme et cet enfant. Les prisonniers étaient famille avec un type du nom de Luke Stone. Apparemment, certaines personnes pensaient que ce Stone pouvait devenir un problème. Ce matin, il devint évident que c’était bien le cas.

Une fois les hostilités terminées, tout le coup d’état avait échoué en l’espace de quelques heures à peine. Et Luke Stone se trouvait là, chevauchant les décombres.

Mais Brown avait toujours la femme et le fils de Stone, et il ne savait pas ce qu’il devait faire d’eux. Les communications étaient interrompues. Il aurait probablement dû les tuer et abandonner la maison, mais il attendait des ordres qui n’arrivaient pas. Il y avait maintenant une camionnette de Verizon garée devant la maison et un bateau de pêche non identifié à cent mètres de là dans la baie.

Ils pensaient vraiment qu’il était aussi stupide ? Mon dieu. Il les voyait venir à des kilomètres à la ronde.

Il sortit dans le couloir. Deux hommes s’y trouvaient. Ils avaient tous les deux la trentaine, des cheveux en bataille et une longue barbe – opérations spéciales. Brown reconnaissait leur look. Il connaissait également l’expression dans leurs yeux. Ce n’était pas de la peur.

C’était de l’agitation.

« C’est quoi le problème ? » demanda Brown.

« Au cas où vous ne l’auriez pas remarqué, nous sommes sur le point d’être attaqués. »

Brown hocha la tête. « Oui, je sais. »

« Je ne peux pas aller en prison, » dit Barbe nº1.

Barbe nº2 hocha la tête. « Moi non plus. »

Brown pensait de même. Même avant tout ça, si le FBI avait découvert sa véritable identité, il aurait fait face à plusieurs condamnations à vie. Et maintenant ? Même pas la peine d’y penser. Il leur faudrait peut-être des mois avant de l’identifier et pendant ce temps, il croupirait quelque part dans une prison de comté, entouré de voyous de basse classe. Et vu la situation actuelle, il ne pouvait pas s’attendre à l’intervention d’un bienfaiteur pour le tirer d’embarras.

Mais il se sentait néanmoins très calme. « Cet endroit est plus résistant qu’il n’y paraît. »

« Oui, mais il n’y a aucune porte de sortie, » dit Barbe nº1.

C’était vrai.

« Alors, on les tient à distance et on voit si on peut négocier quelque chose. On a des otages. » Mais au moment même où il prononçait ces mots, Brown en douta lui-même. Négocier quoi ? Une sortie de secours ? Mais pour aller où ?

« Ils ne vont pas négocier avec nous, » dit Barbe nº1. « Ils nous mentiront jusqu’à ce qu’un sniper nous ait en ligne de mire. »

« OK, » dit Brown. « Alors, qu’est-ce que vous voulez faire ? »

« Nous battre, » dit Barbe nº2. « Et si on n’arrive pas à les repousser, je veux venir mettre une balle dans la tête de nos invités avant d’en recevoir une moi-même. »

Brown hocha la tête. Il s’était déjà souvent retrouvé dans des situations délicates et il avait toujours trouvé un moyen de s’en sortir. Et il se pourrait que ce soit encore le cas cette fois-ci. Il le pensait mais il ne le leur dit pas. Tous les rats ne pouvaient pas quitter le navire.

« OK, » dit-il. « C’est ce qu’on va faire alors. Maintenant, allez prendre vos positions. »

***

Luke enfila son lourd gilet pare-balles. Il en sentit le poids sur ses épaules. Il attacha la ceinture du gilet, pour soulager son dos. Son pantalon était doublé d’une légère protection. Sur le sol, à ses pieds, se trouvait son casque de combat avec un masque attaché.

Il était debout derrière la portière arrière ouverte de la Mercedes. La vitre fumée le cachait à la vue. Ed se tenait à côté de lui et s’appuyait contre la voiture pour tenir debout. Luke sortit la chaise roulante d’Ed, la déplia et la posa au sol.

« Super, » dit Ed, en secouant la tête. « Maintenant que j’ai mon chariot, je suis prêt pour la bataille. » Il laissa échapper un soupir.

« Voilà ce qu’on va faire, » dit Luke. « Toi et moi, on ne va pas perdre notre temps. Quand le SWAT lancera l’attaque, ils prendront sûrement position sur le porche arrière qui fait face au ponton et ils vont essayer d’enfoncer la porte. Je ne pense pas que ça va marcher. Je pense que la porte arrière est blindée en acier et qu’elle ne bougera pas. À l’intérieur de cette maison, on a des hommes entraînés et ils n’auraient pas couvert leurs arrières et blindé les portes ? Ça m’étonnerait. Je pense que nos hommes vont être repoussés par des tirs adverses. En espérant que personne ne soit blessé. »

 

« Amen, » dit Ed.

« Je vais m’approcher juste après la première attaque. Avec ça en main. » Luke sortit une mitraillette Uzi du coffre.

« Et avec ça. » Il sortit également un fusil à pompe Remington 870.

Il soupesa les deux armes. Elles étaient lourdes et c’était quelque chose de rassurant.

« Si les forces de police finissent par entrer et sécuriser l’endroit, tant mieux. Mais s’ils n’y parviennent pas, on n’aura pas une seconde à perdre. La mitraillette est équipée de cartouches perforantes. Elles devraient passer à travers toute protection pare-balles que ces types pourraient porter. J’ai six chargeurs remplis à fond, juste au cas où. Si je me retrouve assez près, j’utiliserai le fusil à pompe et je viserai les jambes, les bras et la tête. »

« Oui, mais comment tu penses entrer ? » dit Ed. « Si les forces de police n’y parviennent pas, comment tu vas faire ? »

Luke tendit le bras dans le coffre de la SUV et en sortit un lance-grenades M79. Ça ressemblait à un gros fusil à canon scié, avec une crosse en bois. Il le donna à Ed.

« C’est toi qui me feras entrer. »

Ed prit le lance-grenades en main. « Magnifique. »

Luke sortit deux boîtes de grenades M406 du coffre, avec chacune quatre grenades.

« Je veux que tu t’avances un peu derrière les voitures garées de l’autre côté de la rue. Juste avant que j’atteigne la maison, fais-moi un beau trou à travers le mur. Ces types vont concentrer leurs efforts sur les portes, en s’attendant à ce que la police essaye de les défoncer. Au lieu de ça, on va leur exploser le mur à la grenade. »

« Pas mal, » dit Ed.

« Après la première grenade, envoie une deuxième, juste pour me porter chance. Après ça, mets-toi à l’abri. »

Ed caressa le canon du lance-grenades de la main. « Tu penses que c’est sûr de s’y prendre comme ça ? Je veux dire… avec ta famille là-dedans. »

Luke regarda la maison. « Je ne sais pas. Mais dans la plupart des cas, les otages sont gardés soit à l’étage, soit dans la cave. Vu qu’on est sur la plage, il ne doit pas y avoir de cave. Alors j’imagine que s’ils se trouvent dans cette maison, ils doivent être à l’étage, dans le coin du fond, là où il n’y a pas de fenêtres. »

Il consulta sa montre. 16h01.

Juste à ce moment-là, une voiture blindée fit irruption au coin de la rue. Luke et Ed la regardèrent passer. C’était une Lenco BearCat avec des canonnières, des projecteurs et tous les équipements habituels.

Luke sentit une légère pointe dans la poitrine. C’était de la peur. C’était de l’appréhension. Il avait passé les dernières vingt-quatre heures à prétendre qu’il ne ressentait rien face au fait que des tueurs professionnels aient enlevé sa femme et son fils. De temps à autre, ses véritables sentiments avaient failli ressurgir. Mais il était parvenu à les refouler.

Mais il n’y avait pas de place pour les sentiments, maintenant.

Il regarda Ed, qui était assis dans sa chaise roulante, avec le lance-grenades sur les genoux. Le visage d’Ed s’était durci. Il avait le regard fixe. Ed était un homme avec des principes, Luke le savait. Et ces principes incluaient la loyauté, l’honneur, le courage et l’utilisation d’une force phénoménale pour ce qui était juste. Ed n’était pas un monstre. Mais à cet instant précis, il pouvait très bien le devenir.

« Tu es prêt ? » demanda Luke.

Le visage d’Ed changea à peine. « Je suis né en étant prêt. La question, c’est de savoir si toi, tu es prêt ? »

Luke chargea ses fusils et prit son casque. « Je suis prêt. »

Il enfila son casque noir et Ed fit de même avec le sien. Luke baissa son viseur. « Interphones allumés, » dit-il.

« Allumé, » répondit Ed. On aurait dit que la voix d’Ed résonnait à l’intérieur de la tête de Luke. « Je t’entends parfaitement. Maintenant, allons-y. » Et Ed se mit à s’éloigner pour traverser la rue.

« Ed ! » dit Luke. « Il me faut un beau grand trou dans ce mur. Quelque chose à travers lequel je peux passer. »

Ed se contenta de lever le bras et continua d’avancer. Un instant plus tard, il se trouvait derrière les voitures garées de l’autre côté de la rue, à l’abri des regards.

Luke laissa le coffre de la voiture ouvert. Il s’accroupit derrière et caressa ses armes. Il avait une mitraillette Uzi, un fusil à pompe, un revolver et deux couteaux, si nécessaire. Il prit une profonde inspiration et leva les yeux vers le ciel bleu. Il n’était pas exactement en très bons termes avec dieu. Peut-être qu’un jour, ils pourraient se mettre d’accord sur certaines choses. Mais s’il y avait jamais eu un moment où Luke avait vraiment eu besoin de son aide, c’était maintenant.

Un gros nuage blanc flottait lentement à l’horizon.

« S’il vous plaît, » dit Luke au nuage.

Un instant plus tard, des coups de feu commencèrent à retentir.